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On a remarqué de tout tems les prétendues
métamorphofes des infectes , parce
quelles font très-frappantes, parce qu’il n’y
a aucun rapport entre leurs différentes formes
dans leurs différens âges ; mais un enfemble
dans les jeunes animaux, qui ne,diffère de
celui qu’ils conferveront toute leur viej que
par le défaut de proportion entre les parties
, que parce que les membres font moins
correâement deflinés ; enfin, que pat le
manque de quelques parties que les animaux
acquérront , a empêché de faire ,
aux changetlîenS qu’ils fubiffenr, l’attention
qu’ils méritoient, & loin d’examiner s’ils
avoient , foras ce point de vue , quelques'
rapports avec les infeétes, on conclut que
ceux-ci différoient totalement, à cet égard,
; des autres animaux.
J’examinerai dans l’article fuivafit fi cerre
conféquence n’eft pas trop étendue , fi tous
les animaux fubiffenr des changemens de
leur naiffance à l’âge où ils font en état de
fe reproduire ; quelle :eft la nature de ces
changemens , & s’ils ont quelques rapports
avec ceux que lés infectes fubiffenr -également
avant d’avoir atteint leur perfeéfckm. ,
Des changement que tous les 'animaux, & les
infecles en particulier ,'fubijfent de l’ infiant
de leur naiffance, à l’âge où ils ont acquis
toute leur perfection , & où ifs font en État
de fe reproduire.
Quoique les 'animaux naiffent en général
avec la même forrne-qu’ils-confervetont toute
leur vie, & qu’ils reffemblent en total à
ceux qui les-ont-engendrés, ils-different cependant
à plufieurs égards & dé ce qu’ils
deviendront ’eux’- mêmes-, •& -des‘animaux
auxquels ils-doivent leur exiftenCê pils-éptou-
vent -, en avançant en âge, des changemens
dans toutes les parties de leur corps , & ils
en acquièrent qui leur manquoienr en «aidant.
Les jeunes animaux ont tous la tête d’une
‘ groffeur di(proportionnée avec le réfte du
corps ; leurs pieds font de même beaucoup
O U R S
plus gros à proportion qu’ils ne le deviendront
par la fuite, leurs fibres ont une mollede Sc
une foupleffe qu’elles perdront en grande
partie, leur tiffu cellulaire eft abreuvé d’une
férofité dont l’abondance diminuera. Il ré-
fulte de ces deux derniers faits que toutes
leurs chairs paroiffent comme empâtées,
qu’aucun de leur membre, aucun de leurs
traits n’eft correctement deüïné ; les nerfs
font beaucoup moins gros & d’une fubftance
moins pülpeufe dans l’âge adulte que dans
l’enfance ; les extrémités des os, à ce premier
âge , manquent de dureté & ne fout
que cartilagineufes : dans les nouveaux nés,
une glande-, dont l ’ ufage n’a pas encore
■ éïé bien déterminé, le thymus occupe une
place fort vafte dans la poitrine , elle diminue.,
s’affaiffe & s’oblitère prefqu’entiè-
rement ! à mefiïre q-u’iis croiffent ; ils ont
les organes -de la génération , mais petits,
affaidés, fans exercice ; ils ne fe développent
que quand l’ individu a pris fon accroiffe-
mént ; les tefticules, qui doivent être externes
, -font contenus à l'intérieur dans les
jeunes mâles, & ne defcendent dans Le
Ictotùm que quand l’individu devient adulte.
Jufqu’à cette époque les -jeunes animaux
n’ont rendu que des fons foibles & aigus,
ils en rendent alors de -graves & de forts ;
tous leurs traits fe forment & fie deffinent,
& la proportion s’établit entre leurs membres.
-Les jeunes animaux qui -parodient fem-
biables en naiffant à ce qn’ils deviendront,
en diffèrent donc à beaucoup d’égards ; ils
fubiffenr, du moment de leur -naiffance à
l’âge -où. ils ont pris leur accroiffement, ou
ils font dans leur état de perfeétion , des
changemens confidérables dépendan-s d’un
développement fucceilif. Ils fe rapprochent,
fous ce poin t de vue général, des infeétes qui
fubiffenr leurs changemens de l’inftant de leur
'naiffance au moment où ils arrivent à leur état
de perfection , ■ & qui les fu'biffent par l’effet
d'ün développement progreffif. Mais ces clian-
gemens ont été bien plus remarqués dans
■ les infeétes, parce qu’ils font plus ‘appareils,
quoiqu’il- y ait de grands -rapports pour -le
P R E L I M
fond. En effet , les principales différences
entre les.jeunes animaux & les animaux
adultes ou parvenus au point de leut perfection
, confident dans la molletfe des fi-
•bres, dans l’abondance de la férofité qui les
abreuve , dans le manque de folidité des
parties qui fervent de foutienaurefteducorps,
dans le défaut de développement des organes
de la génération, dans la foiblelfe des fons
que rendent les jeunes animaux ; mais les
infectes, dont les premiers états répondent à
la jeur.effe des autres animaux , & le dernier .'
à l’âge adulte, préfentent les mêmes différences
; ils abondent en férofité .dans l’état
de larve, de nymphe ou de chryfalide ! tous !
leurs organes en font abreuvés, l’enveloppe
extérieure de leur corps ou leur tégument,
qui répond aux os, en ce qu’il eft le fou-
tien des autres parties, n’a que peu de fo
lidité ; ils ont les organes de la génération,
mais afïaiffés ; ils n’en ont que le germe ,
ils ne rendent point de fons. Quand les infeétes
ont pris tout leur développement,
qu’ils font parvenus à leur degré de perfection,
leurs fibres ne font humeétées que par
peu de férofité; leur tégument a beaucoup
de folidité ; leurs organes de la génération
ont pris l’accroiffement dont ils font fufeep-
tibles, ils font en activité ; les infectes qui
font entendre des fons en produifent alors.
11. y a donc des rapports entre les changemens
que les animaux & les infeétes fubifiènt
pendant leur accroiffement, & de leur naiffance
» à l’âge où leur développement eft
complet. Mais ces changemens, qui fe cor-
refpondent relativement au fond du méca-
nifme, s’exécutent d’une manière différente ;
ils s’opèrent, dans les animaux, pat l’évaporation
de la férofité furaboudante, pat le
développement & le defféchemçnt de la
fibre ; dans les infeétes, par les mêmes caufes
& pat le dépouillement fucceilif d’enveloppes
qui mafquoient les infeétes, qui empêcnoient
de reconnoître les changemens qui leur ar-
rivoient. Ceux donc nous venons de nous
occuper fonc relatifs aux parties exiftentes
dès l’inftant de la naiffance , ils concernent
les infe&es 8c tous les animaux en général.
mjloire Naturelle ? Infecles, Tome /.
I N A I R E. ccxvij
II nous refte à parler des changemens qui
confiften-t dans l’addition de parties qui man-
quoient ou à tous les animaux en naiffant,
ou à quelques-uns feulement.
Les jeunes animaux ne voient pas pendant
les premiers jours qui fuivenc leur naiffance ,
leurs paupières baiffées 8c rapprochées font
un voile qui couvre leurs yeux. Les’ jeunes
quadrupèdes n’ont que le germe des dents,
il eft renfermé dans les os des mâchoires ,
ce n’eft qu’en les perçant, en s’élevant au-
deffus, en fe développant, qu’il forme les
dents j 8c qu’alors qu’elles font apparentes.
Les oifeaux font nuds au fortir de
l’oeuf, ou couverts d’un (impie duvet; les
plumes pouffent fucceflî vendent fur différentes
parties de leur corps. Les efpèces
qui doivent avoir -des armes défenfives on
des brnemens, en font d’abord dépourvues^
les jeunes ne commenceront à en êtré revêtus
que quand ils approcheront de l’âge adulte,
8c leurs armes ou leurs ornemens ne feront
complets qu’après avoir atteint cet âge.
Les cornes , les Bois, parmi les quadrupèdes ,
la crête, les caroncules, qui accompagnent la
tête ou le haut du cou de certains oifeaux ,
l’ergot, ne paroiffent que quand l’animal a
pris la plus grande partie de fon accroiffement.
La plupart des infeétes ne voient pas.
dans leur premier âge; les enveloppes -qui
mafquent tout le corps couvrent les yeux en
ceux mêmes en qui on en remarque la forme,
8c en empêche l’ufage : beaucoup manquent
d’antennes, 8c tous en auront par la fuite.
Ceux qui doivent avoir un jour des armes
ou des ornemens, comme des appendices
en forme de bois ou de cornes fur la tête
ou fur le thorax, un aiguillon ou une trompe
propreàpercer , compofée de dards, n’en ont
pas encore d’apparens ; tous manquent d’ailes.
Les jeunes animaux acquièrent donc en croif-
fant 8c en approchant de leur degré de perfection
des barties dont ils étoient privés en
naiffant, ou dont ils ne poffédoient que ie
germe 8c qui fe font développées; ils fe
rapprochent donc fous ce fécond point de
vue, dans ce fécond genre de changement,
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