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la circulation du fang, commence avec la vie
& ne ceife qu’avec elle, parce que le fang
contenant toutes les humeurs , aufli tôt quil
rraverfe toutes les parties , il fournit partout
aux befoins, & qu’aufli-tôt qu’il ne cir-
cule plus , la fource qui fournit aux befoins
eft tarie par-tout: ainfi, en traverfant le cer
veau , il lui fournit le principe de i’irritabi-
lite que le cerveau communique à-toutes les
parties , & qui eft la première condition né-
ceffaire pour la vie; mais aulfi-tôt qu’il n’y
circule plus, la fource de l’irritabilité eft tarie,
& la vie celle.
Après cet apperçu fur la circulation , examinons,
i° . li lès infeétes ont du fang; a °. fi
leur fang circule; 30. s’il contient différentes
humeurs.qui en font extraites à mefure
qu il circule ; 40. enfin, quels font les parties
qui fervent à la circulation.
1«. si r on ne devoir appeller fang qu’un
fluide coloré en rouge, il s’enfuivroic. que
les infectes 11’ont pas de fang; leurs vaiffeaux
11e contiennent aucun fluide qui leur appartienne,
qui falfe partie de leur conftitution
& qui foit de cette couleur. Cependant il
arrive qu’en écrafant certains infeétes, ou
certaines parties de quelques-uns, on expri
me des parties écrâfées une humeur rouge ,
& quelquefois de véritable fang : par exemple
, la tête de la plupart des mouches colore
en rouge le plan fur lequel on l’écrafe, &
il en arrive autant fi c ’elt le corps des cou-
lins; Dans le premier cas , la liqueur colorante
n’eft pas du fang, mais une humeur
qui couvroit la furface interne de la cornée ,
& qui fervoit à la vifion ; dans le fécond
ca s, c’eft vraiment du fang, mais non pas
celui des coufius; il ne leur appartient que
comme aliment; c’eft le fang dont ils s’é-
wient nourris , & qu’ils avoient pompé pat
leur piquure des vaifleaux de quelque animal.
Ce défaut de fluide coloré en rouge dans
les infeétes, n’eft pas une raifon de croire
qu’ils n’ont pas de: fang, parce que ce n’eft
pas de la couleur que dépend là nature de
ce fluide, mais de fa circulation du centre
O U R S
à la circonférence, de fon retour de-celle ci
au centre,de fa propriété de fournit dans
fon rajet à la fecrétion des différentes hu-
meurs, d’en être la fource, de les réunir
toutes., de porter la nourriture dans les différentes
parties,& de fubvenir à leurs befoins.
On trouve 8c on fuit dans les infeétes: le
cours d’un pareil fluide, comme nous allons
le prouver plus en détail en traitant des
organes de la circulation. Les infectes ont
donc du fang, mais le leureeft limpide. &
ordinairement fans couleur.;:;
1 ° . Le fang des infeétes circule - t - il ?
3 °. Contient-il différentes humeurs qui en
font extraites à mefure qu’il circule ? On n’a
pas fait par rapport aux infeétes, & il feroit
fort difficile de faire les expériences, q u i,
: ayant eu lieu par rapport aux autres animaux,
ont prouvé que leur fang'circulé :
- mais puifqu’il y a dans les infeétes & Iss
autres'animaux le même appareil d’organès ,
de vaiffeaux qui fervent à la circulation , ou
un appareil correfpondant, comme nous t’allons
voir, il eft infiniment probable que
! leur fang circule ; il ne l’eft pas moins,, &
' il eft en quelque façon prouvé que lèuffàhg
fournit dans fon cours à la fecrétion de leurs
différentes humeurs ; i°. parce qu’il eft aifé
d’en reconnoitre en eux de differente nature,
ainfi que dans les autres animaux ; 1 “ . parce
que l’appareil pour lès fecrériofis fe cotref-
pond; 3U. parce qu’on ne peur affîgner d’autre
fource de ces humeurs que le fang, &
qu’il ne peut les fournir qu’aurant que fa
totalicé pafle à travers les couloirs qui les
féparent, & qu’autant par conféquent qu’il
circule.
4°. L ’organe immédiat & principal de là
circulation, eft le coeur :■ c’éft un vîfcère m u t
culaice, de forme pyramidale, triangulaire ,
firné dans la poitrine , unique dans tous les
animaux en général, creux, divifé dans le
plus grand nombre des ammanx- -en- deux1
cavités qu’on appelle ve-mricules , 3 n'ayant
dans plulieurs qu’une feule ca-vité toiturifèul
ventricule, doué d’urte irritabilité 3is||piî|l§îl
ayant, fans interruption, depuis le premier
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jufqu’au dernier moment, de la vie , deux
mouvemens , l’un de comraétion , qu on appelle
diajlole, l'autre de dilatation,-qu’on
nomme fvftole. A lu ba'e de ce vifcèrefonf
placés , fuivant le'nombre de fes ventricules,
un ou deux appendices;, creux , nui feuiaires,
capables de : contraction ,, nommes, d apres
leur forme oreillettes. Ge font des refervpirs
dans lefquels le fang , à fon retour des différentes
parties;, eft reçu un inftanr pendant
que-le coeur fe contraéte-, & d ou il paffe
dans fa cavité à, l'inftant où i l . fe dilate, Il
y.a de plus à labafe du coeur, fel,q>n. le nombre
.des. ventricules 8c celui des- oreillettes,
quatre ou deux vaiffeaux , dont un ou deux ,
félon leur nombre, fervent à porter le fang
du coeur dans lesdifférentes parties, & l’autre
ou les deux autres à le rapporter des différentes
parties au coeur. On nomme artères
les vaiffeaux qui rempliffent ie premier ufagg,
& veines ceux qui fervent au fécond. Les
artères naifl'ent immédiatement du coeur , &
elles .s’ouvrent dans fa cay_ité;. les. veines au
contraire aboutiffenc au coeur, & elles-s'ouvrent
dan?la cavité des .oreillette?!: ces' .vaiffeaux
contiennent à leur intérieur des valvules
ou foupapes ; qui-fe ; lèvent ;ou. s’akaif-
fent, permettent ou refufent au fang le paf-
fage, félon qu’il eft uéceflaire pour qu’il
circule : ainfi , quand le!coeur-fe comraéte. &i
darde . le iang dans les -artères , .leurs valvules
fe lèvent dé livrent paffage-ati fluide qui
eft lancé: ; mais dans: rinftani[fniv;anr,;,où le,
coeur fe' dilate, & où le fang , prelfé parla
comraétion des artères, comme nous l’expo-
ferons plus bas , pourrait rétrograder, les
valvules' artérielles- s’abaiffent & s’oppofent
aü retour du fang: dans le même inftanr,
àû Contraire, -les oreillettes fe dilatent, les,
valvules des veines. s’abaiffent & ouvrent
paffage à la colonne du fluide qui eft rapporté;
& dans le moment fuivant, où le
coeur fe dilate, où les valvules artérielles
s’abàiffent, s’oppofent au retour dm fang,
les oreillettes Le contraétent, verfent le fang
dans'là cavité du coeur , les valvules des
veines s’élèvent, & fufpendent, pour un moment,
le cour? de la colonne du fluide qui
revient aux oreillette«. Il y a donc une op-
pofition confiante entre la comraétion & la
dilatation du coeur & des oreillettes, entre
l’élévation 8c l ’abàiffement des valvules,
des altères & des valvules des veines; 8c
cette contrariété de mouvemens pourvoit à
tous les,, befoins de la circulation, en remplit
toutes les conditions.
Les artères, & les veines font des vaiffeaux
coniques compofés de membranes; celles qui
entrent dans la formation des artères, ont
plus d’épailfeiir, d elafticiié,, il y en a une
qui,eft mufculaire;.celle-ci ne fe trouve pas
d^ns les veines; les artères font des vaiffeaux,
à la fois palfifs 8c aétifs , capables
de, dilatation 8c de çontraétion ; les veines
font purement paflives; le fang eft dardé
dans les ;artères, il . circule à travers leur cavité,
& elles contribuent elles- memes à fa
circulation; dans le moment où le fang eft
dardé dans les artères, par la comraétion
du coeur , elles font dilatées., portées au-delà
de leur, diamètre parle, jet du fang; elles
font galfives;, mais elles réagiffent.aufli-tôt,
elles,, fe;.çontraétent, elles preffent le fang,
q ç i, ne pouvant retourner en arrière à caufe
des valvules, eft pouffe en avant. C ’eft
pour cette raifon que leurs mouvemens fonc
inyerfes de ceux du coeur, qu’elles font dilatées
quand il'fecontraéle, & qu’elles fe contraétent
au moment de fa dilatation ; ce mouvement
alternatif, & jamais Interrompu, comme celui
du coeur, eft défigné par le nom de pouls.
11 indique l’écat de la circulation ; & comme
c’eft une des fonétions les plus intéref-
fanres pour la v ie , on juge, diaprés le pouls,
déférât des forces vitales, de leur énergie
ou de leur foibleffe , de, leur calme, ou de
leur trouble,, de l’uniformité ou de l’inéga<-
lité de leur aétion..
Les veines ne fe contraétent pas , le fang
y eft verfé, & coule à travers fans les dilater.
Çette différence vient de ce que des troncs
artériels naiffenc des branches qui ont moins
de diamètre que les troncs, ainfi le fang
paffe d’un canal plus large dans un plus
étroit ,;t ce qui fuppofe & néceffite, pour
qu’il trouve place, la dilatation des branches;