c i? D I S C
Les poiffons 8c les oifeaux qui s'élèvent,
montent ordinairement par degrés, & avancent
en meme-tems qu’ils montent ; mais
quelquefois ils s’élancent à pic ou à peu près,
ceft ce quon appelle fauter, par rapport aux
poiffons, & piquer, relativement aux oifeaux.
Les poiffons exécutent ce mouvement en
ramenant leurs nageoires d’arrière en avant
par un mouvement demi-circulaire, & les
faifant paffer de la pofition ou inclinée en
arrière, ou perpendiculaire, où elles étoient,
à la pofition horizontale; ils plient en même-
tems 8c courbent l’extrémité de leur corps
& leur queue en en bas autant qu’il leur
eft poffible. Le mouvement demi-circulaire
des nageoires refoulent l’eau en arrière &
de bas en haut ; le poids de la queue entraîne
le corps vers le fond; les nageoires, dans une
pofition horizontale, le foutiennent & s’op-
pofent a fa defcente; ces mouvemens combinés
lui font faire un demi-tour fur lui-
meme, ou la bafcule, en tournant fur les
nageoires comme fur un axe : il devient
perpendiculaire, la tête tournée en en haut
& la queue pendante en en bas ; dans ce
mouvement, le poiffon frappe horizontalement
l’eau avec fes nageoires, il courbe l’ex-
tremite de fon corps tantôt d’un côté, tantôt
de l’autre, l’élève latéralement, la rabat rapidement
, en frappe l’eau , s’élève à fa fur-
face & s’élance même perpendiculairement
au deffùs.
Les oifeaux, pour exécuter le même mouvement,
abaiflent leur queue, en rapprochent
les grandes plumes , & la refferrent
pour la rendre plus pefante ; ils laiffent pendre
leurs jambes , ils étendent leur cou , ils
Je dreflenr perpendiculairement, ils font
foiblement, autant qu’il leur eft poffible,
tourner les ailes fur elles-mêmes, & de la
pofition horizontale , ils les font paffer à
une pofition légèrement inclinée à l’horizon
de devant en arrière. Ces.mouvemens , la
pefanteur des jambes & de la queue pendantes
en arrière, font un peu tourner le
corps fur lui-même, l’approchent de la direction
verticale j le mouvement rapide des
O U R S
allés d’arrière en avant, de devant en arrière J
exécuté par une légère rotation de la tête de l’os
principal, ou de celui du bras fur la cavité
dans laquelle il eft reçu, en frappant l’air à
petits coups, mais à coups redoublés & précipités
, de haut en bas , pouffe le corps en
haut par la réfiftance & l’élafticité de l’air,
8c produit le vol à pic. Il eft toujours pénible,
jamais long 8c jamais direét, quand
l’oifeau l’exécute en partant d’un point où
il étoit pofé ; il ne peut le tenter en quittant
la terre, & feulement en s’élançant d’une
branche ou d’un point élevé. Mais quelquefois
l’oifeau qui voloit horizontalement, s’élève
fubitement à pic ; c’eft ce qui arrive
a l’Alouettte mâle qui fe lève de terre en
chantant ; d’abord elle file , puis tout-à-coup
elle s’élève très-haut verticalement : c’eft ce qui
arrive également aux oifeaux de proie, rameurs
, quand ne découvrant pas de proie fur
un horizon trop borné, ils s’élèvent à une
immenfe hauteur pour découvrir une plus
vafte étendue fur la terre* en planant dans
les hautes régions ; mais l'Alouette, les rameurs
& tous les oifeaux, qui, au milieu
de leur v o l, montent tout-à-coup à pic, ne
changent pas leur pofition ; ils s’élèvent en
frappant précipitamment l’air , à coups redoublés
de leurs aîles , qu’ils lèvent & baillent
tour-a-tour horizontalement, fans les étendre
ni en avant ni en arrière,
La facilité que les poiffons ont de faire
tourner leurs nageoires prefque completté-
ment fur elles-mêmes , la réfiftance que les
oifeaux éprouvent à exécuter le même mouvement,
le peu d’étendue qu’il a dans ces
animaux , la pefanteur plus grande de la
partie poftérieure du corps des poiffons,
comparativement à la pefanteur de la queue
& des jambes des oifeaux , font autant de
caufes que les poiffons prennent, pour fauter
, une direction parfaitement verticale, &
que les oifeaux n’en fauroient prendre qu’une
inclinée. La fituation horizontale des nageoires
dont les poiffons frappent l’eau, celle
des aîles des oifeaux qui s’élancent à pic en
partant, qui ne font qu’inclinés à l’horizon,
K
P R É L I M
les efforts de' la queue des poiffons fur l’eau,
le manque d’une puiffançe qui y réponde dans
les oifeaux , font autant de caufes que le
faut des poiffons,eft moins pénible & plus
prompt que la montée à pic des oifeaux.
Enfin, la faculté de porter les nageoires aus
tant d’arrière en avant, que d’avant en arrière,
au-delà de la ligne tranfverfale de leur
jonéfcion avec le corps, & d’exécuter à volonté
l’un ou l’autre de ces mouvemens , eft
caufe que les poiffons peuvent, en nageant,
fuivre une direétion en avant ou une direétion
rétrograde, comme il leur arrive quelquefois
; au lieu que les oifeaux qui ne fauroient
autant amener les aîles d’arrière en avant,
au-delà de leur axe, qu’ils les portent d’a-
vantven arrière, paffë ce point, ne peuvent,
en volant, fuivre qu'une direétion en avant,
& ne fauroient rétrograder.
La natation 8c le Vol que j’ai comparés à
caufe de leurs rapports, font, comme je l’ai dit
déjà, un mouvement naturel ; l’une, aux poiffons
au milieu des eaux , l’autre, aux oifeaux au
milieu de l’air. La natation eft également un
mouvement naturel à quelques oifeaux, àplu-
fieurs quadrupèdes ovipares & à un affez grand
nombre d’infeétes ; mais c’eft un mouvement
que les oifeaux, quelques quadrupèdes ovipares
8c quelques infeétes exécutent plus
ordinairement à la furface- qu’au milieu de
l’eau ; pour les autres- animaux , excepté
quelques efpèces, comme /’ Yppopocame parmi
les quadrupèdes , le Natrix ou ferpent à
collier parmi les reptiles, &c. La natation n’eft
qu’un mouvement accidentel, une manière
forcée de paffer d’une place à une autre. L’article
de la natation deviendroit beaucoup
trop long , fi j’examinois en détail les parties
ou les inftrumens qui y fervent dans les
différens animaux dont il me refte à parler.
Je me bornerai donc à remarquer que foit
que les animaux nagent naturellement, foit
par accident, les inftrumens de la natation
examinés , réduits à leur valeur, fe rapportent
à la rame ; c’en font, de figures différentes
, de glacées à diverfes parties du corps,
Ile meilleures ou de moins bonnes ; mais
llijloire Naturelle Infectes , Tome I,
1 N A I R E. cv
dans les animaux même qui fe fervent, pour
nager , des mêmes parties que pour marcher,
ces parties font l’office des rames , & en deviennent
de véritables pendant la natation.
Nous allons nous en convaincre , en jettant
un coup d’oeil fur la manière dont les différens
animaux nagent, & fur les parties qui
leur fervent à exécuter ce mouvement.
Les oifeaux qui fréquentent habituellement
les eaux pour y chercher ou la totalité
ou une partie de leur nourriture, font ceux
qui hagent naturellement. Il faut cependant
excepter les oifeaux du genre du Héron 8c
ceux du genre du Martin-Pêcheur qui vivent
de poiffons, & qui ne nagent que par accident
; mais les Hérons épient & faififfent le
poiffon du bord de l’eau , au moment où il
y paroît à la furface ; les Martins-Pêcheurs
l’enlèvent en volant à fleur d’eau à l’inftant
ou il faute. Ces deux oifeaux n’avoient pas
befoin , pour ce genre de capture , de nager
naturellement. C ’eft au contraire au milieu
des eaux que les autres oifeaux qui y cherchent
leur nourriture la trouvent, foit qu’ils
pourfuivettt le poiffon qui fuit horizontalement
, foit qu’ils plongent pour le faifir, pendant
qu’il tend à échapper vers le fond , ou
que fe nourriffànt du frai des poiffons, des
plantes aquatiques, de leurs femences , des infeétes
, des coquillages, des vers qui vivent
dans l’eau , ils y cherchent ces alimens à différentes
diftances du bord , & à différentes profondeurs
de la furface : il étoit donc né-
ceffàire que ces oifeaux nageaflenc naturellement
; ils nagent en fe fervant des mêmes
parties , au moyen defquelles ils marchent à
terre ; à proportion que ces parties font plus
propres pour nager , elles conviennent moins,
pour marcher ; de la vient que les oifeaux
nageurs marchent mal en général , lentement
& d’une façon gênée qui paroît leur
leur être pénible ; qu’à proportion qu’ils font
meilleurs nageurs , ils marchent moins bien :
air.fi les Manchots qui fe tiennent toujours à
la mer, qui ne viennent à terre que pour y
faire leur ponte , dont les jambes font placées
à l’extrémité du corps, fuivant fa direéliea
o