
di lunes des lieux habités & des bois, les
Vers à foie auroienr peu à craindre des oi-
feaux qui font les plus grands deftructeurs des
Chenilles ; & les oifeaux qui habitent & qui
nichent dans les campagnes intermédiaires
entre les habitations & les bois, ne nuiraient
que peu à la propagation des vers. 11 y
a bien d’autres oifeaux avides de Chenilles,
& tous ceux qui fe nourriffent d’infeéles le
font, mais la plupart de ces oifeaux vivent ou
dans les bois ou dans les prairies ; les premiers
ne fe répandent pas dans les campagnes ,
& les féconds ne détruifent que les Chenilles.
qu’ils trouvent fur les plantes, ils ne fe po-
fent point fur les arbres fur lefquels ils ne
perchent pas , pour y donner la chaflè aux
Chenilles.
La réuflïte des expériences que je propofe
n’étant pas affûtée , & leur effet ne pouvant
être conftaté qu’après plufieurs années , il eft
à propos de nous occuper des caufes de la
mortalité des Vers à foie en certaines années,
dans l’état àétuel des chofes , en fuivant la
manière de les élever qui eft en nfage , de
rechercher les moyens de prévenir l’effet de
ces caufes ou d’y remédier.
Il y a deux maladies & deux circonftances
qui font périt beaucoup de Vers; les deux
maladies font la pourriture & le mufeardin ,-
lés deux circonftances, une chaleur excef- ",
liv e , de violens & frequens orages. La pour
riture eft une maladie commune au ver à |
foie & à toutes les efpèces de Chenilles; elle
attaque d’abord les anneaux qui font vers la
partie poftérieure du corps, & elle remonte
jufque vers ceux auxquels les pieds écailleux
font attachés : les anneaux attaqués fe tuméfient,
la peau qui les couvre devient livide,
elle fe gerce , fe fend, & laide fuinter une
férofîté roufsâtre ; à mefure que le mal augmente
, les anneaux s’aftàiffent, la peau fe
détruit, tombe en macération, & laide
échapper les parties internes qui fe réfol-
vent elles mêmesen ichor j fi, dans cet état,
une Chenille fe. trouve pofée fur une feuille.
un peu concave, elle nage dans un amas de
fanie qui a coulé de fes différentes parties ;
cependant les anneaux antérieurs paroilfent
encore fains, ainfi que la tête : cette feule
partie vivante fe meut encore , & fait effort
pour traîner après elle le relie de fes membres
, fans vie , qui lui demeurent attaches
; la.Chenille tente , encore même de
manger & meurt enfin flétrie, ne laiffant
que des fibres ridées qui rappellent fa forme,
& la fanie qui l’entoure.
Cette maladie a lieu dans nos climats
dans les mois de Juillet & d’Août , & elle
fe fait remarquer quand il a tombé ou qu’il
tombe dans ces mois de longues & abondantes
pluies, fur tout lorfqu’ell es rendent
l’air plus froid qu’il n’a coutume d’être en
cette faifon. 11 paroît qu’elle eft occafionnée
par le relâchement des fibres, le manque
de chaleur qui eft le principe vital, la fura-
bondance de fucs cruds & aqueux : ces fuc s
vifqueux diftendent les vaifleaux fans.aétion,
les gonflent, les engorgent , s’y corrompent
& en corrodent les membranes en devenant
âcres. C ’cft une forte de feorbut.
C ’eft dans les années où il tombe beaucoup
de pluie pendant l’éducation des vers , &
fur-tout à proportion que ces pluies rendent
l’air plus frais que de coutume , qu’il périt la
plus grande quantité de Vers. Leur mortalité
eft donc due en ces années à l’abondance des
pluies , à l’humidité des feuilles & au défaut
de leur maturité. Y a-t-il des moyens’.de remédiera
ces inconvéniens? Nous ne pouvons,
que diminuer l’influence des pluies fur les
Vers & fur les qualités de la feuille, qu’on leur
donne. Ce qui eft en notre pouvoir à cet
égard , dépend fur-tout de la difpofition des
lieux deftinés à l’éducation des Vers, Dans les
endroits où cette éducation fe fait en grand ,
il eft indifpenfable d’y confacrer un local ;
fon expofition , la manière dont il eft difpofé
peuvent fervir beaucoup à modifier les influences
de l’atmofphère & fes effet'. Le lieu
d’éducation, fi on eft libre d’en déterminer la
place ou fes ouvertures , doit dans chaque
p3ys être tourné à l’expofition la plus fèche,
jamais à celle des vents\jui ont coutume de
foufler dans les tems pluvieux. Lorfque les
pluies font extraordinaires & abondantes,
lur-tout fi elles font froides , il convient de'
tenir le lieu d’éducation fermé ; ' on peut ,
fuivant fon étendue , placer dans le milieu,
ou à différentes diftances des poêles de terre
dont le tuyau foit entouré d’un fécond tuyau
de fer-blanc fort large : en brûlant dans ces
poêles deux où trois frois dans la journée ,
dans Jes jours ou les'pluies font plus continues
, quelques bourées de bois fec auquel on
en mêlerait d’aromatique , comme du thim,
de la lavande, on difliperoit l’humidité de
l’air enfermé dans le lieu d’éducation , & on
y répandrait une odeur qui, par la nature des
molécules qui la produifent , ferait propre â
releyer le ton des fibres. Mais comme il y aurait
à craindre qu’une chaleur tout-à-coup
trop forte ne devînt nuifible , ou que l’air
échauffé chargé de la tranfpiration des vers,
de l ’émanation des feuilles ne leur devînt
préjudiciable, il faudrait placer un ou plufieurs
thermomètres dans le lieu d’éducation ,
pour n’y-pas porter la chaleur au-deffus du
18 au aoe dégré..Si les pluies étoienr plus
abondantes que froides , 8c que ce fût, fur-
tout , l’humidité qu’on eût à combattre, il
faudrait ouvrir les fenêtres du lieu d’éducation
pendant qu’on brûlerait les bourées : en
général ce lieu doit avoir des ouvertures dif-
pofées de façon qu’on puiffe , à volonté , y
établir des courans d’air, rafraîchir ou échauffer,
en ouvrant oii en fermant; nous verrons
que cette difpofition n’eft pas feulement né-
celfaire pour la circonftance dont il s’agir. Une
autre confidération à l’égard de ce même lieu ,
c’eft qu’il foit fulHfarament fpacieux pour la
quantité de vers qu’on y veut nourrir ; car
tous les animaux répandent une tranfpiration
qui corrompt l’air, qui leur devient nuifible;
8c ce qui s’oppofe le plus à ce qu’oit en élève
un grand nombre dans un même lieu , c’eft
qu’on y en ralîemble ordinairement trop, il
y a un inconvénient de plus par rapport au
Ver à foie; les émanations de la feuille fraîche
, les excrémens qui fermentent avec les
relies de la feuille ancienne , qu’on n’enlève
pas toujours affez promptement, furchargenc
l ’air de miafmes. 11 importe donc d’après ces
confidéracions : i° . que le lieu d’éducation
foit faffifamment fpacieux ; 2.°. qu’il foit
tourné à l’expofition la plus fèche ; ■ j 0, qu’il
ait des ouvertures pratiquées de façon qu’on
y puiflè renohv.eller l’air , en établiffant un
courant dont la direélion foie au centre du
lieu , & non au-deffüs des claies chargées de
Vers , ce qu’on peut obtenir par une ouverture
à chaque extrémité ;.4°. qu’on place au
centre un ou plufieurs poêles pour s’en fervir
au befoin ; 5 °. qu’on y obferve un ou plufieurs
thermomètres pour s’alfurer du degré de chale
u r ; 6°. qu’on ouvre ou qu’on ferme à propos
les ouvertures ; 70. qu’on enlève les vieilles
feuilles & les excrémens, ainfi que les
vers qui ont péri, le plus fouvent poflîble, 8c
qu’on n’en lailfe que le moins qu’on pourra;
8°. qu’on renouvelle l’air toutes les fois que1
les ouvertures auront été fermées quatre ou
cinq heures de fuite , qu’on prenne pour ce
renouvellement les milans les plus favorables ;
& fi les pluies font fi continuelles , que tous
les momens foient fâcheux, qu’on faffè ufage
des poêles en renouvellant l’air. 9°. Une dernière
condition ferait d’une grande utilité ,
. c’eft qu’au milieu du plancher fupérieur ou
du toit du lieu d’éducation , il y eût une ouverture
qu’on pût fermer & ouvrir à volonté ,
qui fervîc de ventilateur ; les miafmes légers
- s’échapperaient en tout tems par cette ouverture
vers laquelle l’air fe raffembleroit 8c
monterait de toutes les parties du local : de
plus, dans les tems fâcheux , l’humidicé combattue
par l’aélion des poêles , s’échapperait
par le ventilateur ; fans être obligé d’ouvrir
d’ailleurs, fi la chaleur n’étoit pas portée trop
loin.
Il fuit de tout ce que je viens de dite qu’un
lieu d éducation ne fauroit être bien placé au
rez-dë chauffée , mais qu’il doit toujours être
élevé ; qu’il faut que l’air puiffe circuler extérieurement
autour, & fur tout que des bois
ou des plans trop voifins n’ y entretiennent
pas d’humidité.