
cette jambe applatie & triangulaire : on peut
appeller cette pièce palette triangulaire. La
quatrième piece dans les jambes de la fécondé
& troifieme paire eft auflï applatie & M de
Réaumur lui donne le nom de pièce quafrée
ou brojje. Enfin la cinquième patrie de chaque
jambe ou le pied eft très - déliée &
compofée de cinq articles , dont le dernier
eft armé de deux crochets recourbés en
en bas.
Les Abeilles amaffent fur les fleurs, non
la cire, mais la matière dont elles la compo-
fent; elles ne trouvent cette matière que fur
les fleurs & jamais fur les feuilles' des plantes
, comme quelques petfonnes l'ont penfé ;
elles ne la rencontrent même que fur les étamines
qui feules la foutniffent; elle y eft dé-
pofée fous la forme d’une pouflière dont les
grains, vus au microfcope, ont tous la même
figure dans la même plante & une forme différente
dans les plantes de diverfes efpèces.
Cette pouflière eft peu adhérente aux étamines
& s’attache aifément aux poils dont le corps
des Abeilles eft couvert : celles-ci fechargent,
en fe frottant contre les étamines, d’une fi
grande quantité de pouflière qu’elles en font
couvertes & qu’elles paroiflent diverfement
colorées félon la teinte des pouflïères dont
elles fe font chargées.
Les unes retour ent dans cet état à la ruche;
les autres fe nétoient avant de la regagner;
mais toutes ramaffent les pouflïères
dont elles fe font couvertes par le moyen des
brodes dont leurs deux jambes poftèrieures
font garnies ; elles réuniflent ces pouflïères
en deux pelottes que celles qui fe nétoient
avant de retourner à la ruche, placent dans
une cavité que des poils longs & roides forment
à la partie fupérieure & poftérieure des
deux dernières jambes ; elles font enfuite leur
trajet chargées de ce fardeau. L’auteur remet
au mémoire fuivant à parler de l’emploi de
la matière à cire que les Abeilles ont tranfpor-
tée à la ruche , & il pafle dans celui-ci à la
récolte du miel.
M. Linné a remarqué mieux qu’on ne l’a-
voit fait avant lui, que les fleurs ont des vef-
fies remplies d ’une liqueur miellée ; il les a
nommées ncBairs. Ce font les réfervoirs où les
Abeilles puifent le miel. La trompe eft l’inf-
trument qui leur fert à le ramafler.
M. de Réaumur décrit cette partie dans un
très-grand détail; je me contenterai ici, ayant
fuivi cet objet dans l’extrait de Swammerdam,
de remarquer que la trompe eft compofée
d’un étui double, qu’elle eft elle-même formée
de deux lames, qu’elle paroît coudée
dans l’inaétion, qu’elle eft terminée par un
mamelon percé accompagné de poils, & c.
Cependant M. de Réaumur ajoute beau-
■ coup à la defcription faire par Swammerdam,
& il faut, pour avoir une idée completre de
la trompe des Abeilles, lire ce qui en eft éctit
' dans le mémoire que les bornes prefcrites ne
me permettent pas de copier & dont cette
partie n’eftpas fufceptible d’extrait. Enfin M.
de Réaumur ne penfe pas que la trompe agifle
en pompant, mais il la compare à une langue
qui lappe ou qui lèche. 11 faut voir les preuves
de fon fentiment dans fon propre ouvrage.
7e. M É u o r R E.
De taxgxàllon des Abeilles , de leurs combats
& des différences remarquables entre
les parties extérieures des Abeilles ordinaires
& les parties extérieures des mâles
& des mères.
L ’aiguillon eft une arme [défenfive dont
il eft rare que l’Abeille fe ferve quand on ne
la provoque pas : toutes les efpèces d’Abeil-
les, Guêpes, Bourdons en font pourvus &
l’aiguillon de tous ces inferftes eft à peu près
fait fur le même modèle. Il fuffit par confisquent
de donner une idée de la conformation
de celui des Abeilles.
Dans l’état de repos l’aiguillon eft entièrement
caché à l’intérieur du corps ; mais quand
l’Abeille s’en fert pour fa défenfe, elle le fait
fortit
fortir de l’extrémité de fon corps près de
l ’anus, elle le darde en avant & le retire en
dedans alternativement, en pliant en tous
fens les anneaux de fon ventre & en cherchant
à piquer fon ennemi. En même tems
que l’aiguillon paroît fous la forme d’un dard
aigu, on voit fortir avec lui deux corps blanchâtres
qui l’accompagnent, mais au-delà
defquels il s’élance beaucoup : ces corps font
deux envelopes entre lefquelles il eft contenu à
l ’intérieur du corps de par le moyen defquelles
il eft garanti de l'adion des parties environ-
nantes comme ces parties font garanties de la
fienne. A l ’extrémité de l’aiguillon darde
hors du corps on apperçoit une goutte d’une
liqueur très-limpide, bientôt remplacée par
une fécondé goutte, fi la première a éré dif-
fipée. Les faits qui viennent d’être rapportés
peuvent être obfervés à la vue fimple. Mais
il faut fe fervir d’une forte loupe pour mieux
connoître la ftru&ure de l’aiguillon que M.
de Réaumur développe dans les termes
fuivans.
L ’aiguillon fi’eft pas un infiniment auffi
(impie qu’il le paroît. Sa bafe eft folide, épaif-
fe & va en groflîflant ; elle diminue cependant
à mefure qu’elle s’élève ; il y a à fon ex-
trémité une efpèce de talon du côté du dos
de la Mouche; & c’eft de là que part l’aiguillon
proprement dit ou le dard : le tout eft
d’un brun châtin & de la fubftance de la
corne ou de l’écaille ; le dard s’effile en s’a-
longeant, & finit par une pointe très-fine. Cependant
ce dard n’eft que l’enveloppe d’un
autre dard beaucoup plus fin, ou plutôt de
deux dards femblables Si égaux.
L ’aiguillon eft donc compofé d’une gaine
de deux dards ; ils ont chacun fur un de
leurs côtés des dentelures fines ; ces dentelures
prbduifant un grand frottement quand
les dards ont été introduits dans les chairs,
font caufe que l’aiguillon y refte fouvent
engagé.
L ’Abeille ne pique pas feulement, mais elle
verfie dans la piquure une liqueur limpide, dont
Hifîoire N a tutelle, Infectes, Tome iy.
le réfervoir eft une veftïe firuée à la bafe de
liaiguillon, entre les deux dards; cette veflïe
eft tranfparente, d’une forme olivaire ; elle
fe termine par un vaifleau qui s'ouvre entre
les deux dards dans leur étui, & à l’extre-
mité oppoféeon voit deux vaifleaux dont l’in-
fertion n’eft pas connue, que Svvammerdam
regarde comme des vaifleaux aveugles.
Lorfqu’une Abeille a piqué, fi quelque
circonftance lui fait hâter fa retraite, il arrive
fouvent qu’elle laifle dans les chairs, les
dards, leur étui, fesenveloppes, la veflïe du
venin & des parties mufctjlaire; ; c’eft pour elle
une perte mortelle.
C ’eft la liqueur qui coule - du dard des
Abeilles & de celui des autres infeétes qui
en ont un femblable, qui eft la caufe principale
de la douleur que ces piquures font
éprouver. Entre les preuves que M. de Reau-
mur cite à ce fujet en voici deux qui font
couvaincantes.
Si l’on fis pique avec une épingle, on n'é-
ptouve qu’une très-légère douleur, mais fi on a
chargé la pointe de l’épingle de la liqueur
ramaflée à l’extrémité du dard d’un Abeille,
la douleur eft femblable à ce qu’elle aurait
été fi la piquure eût été faite par cet infecte
même.
Lorfqu’une Guêpe ou un infeâe à dard analogue
a piqué plufieurs fois de fuite, les dernières
piquures font à peine fenfibles & diminuent
à mefure que la liqueur eft moins
abondante.
On vante l’huile d’olive comme un bon-
remèdecontre l’effet de la piquuredes Abeilles.
L’action de ce médicament eft fouvent fans
vertu, félon la fenfibilité des perfonnes 5c
des parties qui ont été piquées.
L aiguillon eft à la fois une arme offen-
five & défenfive dont les Abeilles fe fervent
pour fe défendre & pour attaquer. C ’eft par
leur piquure quelles fe fouftraient fouvent