
maux , il eft très-probable que 'les mâles de
toutes les efpèces de Poiffbns qui ufent de
ce genre de contadl, ont de pareilles organes
& qu’ils communiquent tous intimement
avec leur femelle. l acté n’eft que momentané
comme parmi la plupart des oifeaux,
parce que l’organe du mâle eft de même
interne, qu’il ne s’élance au dehors qu’au moment
de l’acte , & qu’il eft aufti-tôt rappelle à
l'intérieur. M ais, de même encore que parmi
les oifeaux, il y a des poiffbns dont le mâle a un
organe d’un volume beaucoup plus grand que
les mâles qui nes’unilTenren apparence à la femelle
que par comaét; cet organe eft interne,
mais il fe dilate, il fe tuméfie, il s’étend hors
du corps au moment de l’aéte , il eft le
lien d’une union intime bien marquée entre
le mâle & la femelle, & ce même organe
peur, comme dans les oifeaux, être facilement
reconnu lorfqu’on furprend un couple
pendant l’aéte ou dans l’inftant qui le
termine.
Après que les mâles, qui ne font que toucher
leurs femelles , ont communiqué avec
elles, celles-ci répandent leurs oeufs , & le
mâle qui fuit, les arrofe d’une liqueur abondante
qu'il répand par la même ouverture,
par laquelle l’organe, dont il a touché la
femelle , fort au-dehors ; .cette ouverture eft
placée auprès de l’anus. 11 y a ici deux quef-
tions à propofer , le contaéf a-t-il fervi à
féconder les oeufs ? le mâle a-t-il répandu
une liqueur vivifiante qui les ait pénétrés,
ou le comaft n’a-t-il fait que folliciter les
organes de la femelle, en exciter l’irritabilité,
les faire entrer en contraéfion & les difpo-
fer à répandre les oeufs ? La liqueur abondante,
dont le mâle les atrofe après que la
femelle lesadépofés, eft-elle-prolifique, eft-
ce le principe aétif qui vivifie les germes,
ou cette liqueur n’eft - elle que nutritive ,
porte-elle dans les oeufs, à travers leur enveloppe
molle & membraueufe, des fucs né-
celfaires au développement de l’embrion ? car
les oeufs des poiffbns augmentent de volume
avant que las foetus en fortent, foit que cette
augmentarioa-dépends des fucs qui ont pafié
j de l’eau a travers les pores de l’enveloppe de
l ’oeuf dans fon intérieur, foit feulement parce
que cette enveloppe molle fe prête au déve-
j loppement deTembrion, qui, en changeant
de forme , occupe plus d’efpace ? Une autre
j queftion , dont il ne me paroît pas non plus
I qu’on ait donné la folution, c’eft de favoir
fi les mâles des poiffons, qui contraéfent une
j union plus intime & moins momentanée ,
i répandent, fur les oeufs, après le frai, une
j liqueur, de même que les poiffons qui ne
! s’uniffent que par contaél. Plufieurs de ces
I poiffons dépofent la maffe de leurs oeufscon-
■ tenue dans une enveloppe ou fac commun-,
i qu’on nomme très - improprement matrice ;
! telles font les Rayes. Cette enveloppe , qui
j eft épaifle, qui n’a d’ouverture que d’un côté,
• paroît devoir empêcher l’effet de la liqueur
] que les mâles verferoient, & indiquer qu’ils
j n’en répandent pas après le frai.
Le mode de l’accouplement eft varié
parmi les infeéfes, & nous trouvons toujours
fur chaque objet , dans cette claffe
I dont les efpèces font très-multipliées, les
différences, les particularités que nous avons
obfervées parmi les autres animaux. Pour
en donner un exemple & comparer dans les
infeéfes un fait dont la mémoire foit récente,
je commencerai par l’accouplement
des éphémères ; ces infeéfes vivent pendant
trois ans dans l’eau fous leur première forme ;
en laquittant & en devenant habitans de l’air,
ils ne vivent que quelques heures , ou au plus
quelques jours , fuivanc l’efpèce dont ils
font ; tous ceux qui font de la même, patient
à la fois, ou à peu de jours d’intervalle,
à leur dernier état : ii y a parmi eux des
mâles &des femelles. Uneefpèce plus abondante
que toutes les autres, qui a été mieux
obfervée, à laquelle les pêcheurs qui l’ont
remarquée, ont donné le nom de Manne,
parvient à fon dernier état du quinze au
vingt Août dans nos contrées. C ’eft fur les
quatre à cinq heures du foir que ces infectes
revêtiffent leur dernière forme : leur
nombre eft fi grand fur les neuf à dix heures
du foir, que fi on fe promèneen bateau
fur le bord fle l'eau,’ en fe faifant éclairer
par des flambeaux, les éphémères qui voltigent
à cinq à fix pieds d’élévation, dont
les aîles & le corps font blanchâtres, pa-
roiffenr comme les fioccons de la neige qui
tombe certains jours en hiver, & que le
vent difperfe. En les obfervant on s’appeu
çoit que plufieurs s’approchent dans leurs
voltes , fe touchent par l’extrémité de leur
corps en paffant, & fans s’arrêter ; qu’après
cec exercice répété quelques inftans, les
éphémères qui s’y font livrés, s’abaiffent-
fur la furface de l’eau, s’y foutiennent le
corps perpendiculaire, la tête en en-haut,
appuyés fut les filets de leur queue & par
le battement de leurs aîles; que les uns répandent
des oeufs & les autres une liqueur
dont ils arrofent le frai. Cet accouplement
ne diffère pas de celui de la plupart des
poiffons , & préfente le fujet des mêmes
queftions.
Le mâle du ver à foie s’unit d’une manière
intime avec fa femelle : l’accouplement
eft long; très-peu après qu’il eft terminé,
la femelle dépofe fes oeufs, & lorfque
la ponte eft finie le mâle les arrofe d’une
liqueur abondante qui change leur état. Ils
font blancs & deviennent d’un gris - violet
après avoir été arrofés par la liqueur du
mâle ; s’ils n’en ont pas été arrofés , ils ne
changent pas de couleur, leur coque fe
ride, elle s’enfonce dans fon milieu en-deflus ;
s’ils ont été arrofés, ils confervenc leur forme,
enfin, fuivant qu’ils l’ont été ou qu’ils
ne l’ont pas été, ils font ftériles ou féconds,
il en fort, ou il n’en fort pas des larves au
printems fuivanc. Cet exemple fourni par le
ver à foie, indiqueroic - il que lei mâles
des poiffons , qui ont une union intime avec
leur femelle, répandent une liqueur fur les
oeufs après la ponte ? feroit-ce un indice
que la liqueur vèrfée fur les oeufs par les
mâles, eft prolifique? Ne fe peut - il pas
qu’elle ne foit que nutritive , qu’elle ne loit
que l’aliment du .germe & non le principe
qui l'a vivifié , que l’oeuf du ver à foie ne
s’affaiffè que parce que , faute de cette liqueur
, il n’eft pas allez plein; car, quant
au changement de couleur, c’eft un incident
qui ne concerne que la coque, & qui
ne peut être important.
Les mâles des infeéfes cherchenten gé- i
lierai, les femelles & les poutfuivent, ils le
combattent entr’eux pour en jouir, ils s’en
difputent la pofleflîon ; les femelles les évitent
d’abord, leur réfiftent,& fimffent par
fe rendre. Mais il y en a-qui leur refufent
long rems ce qu’ils exigent ; c’eft le plus fou-
vent en volant au milieu des airs que les
mâles font les premières tentatives auprès
des femelles, que celles-ci les éludent ou
réfiftent à force ouverte ; c’eft de même en
volant que les mâles ont le plus fouvenr
coutume.de s’attaquer , & de chercher réciproquement
à s’éloigner les uns les autres
des femelles. Ces ,combats font particulière-,
ment remarquables de la part de certains
Papillons.
Des exercices de même nature ont lieu fur
la terre , de la part des infeéfes qui ne volent
pas. Mais l’accouplement n’eft pas précédé
de ces préludes dans toutes les efpèces. 11 y a
des femelles privées d’ailes dont les mâles en
ont, d’autres qui font pefantes & qui volent
peu , tandis que les mâles font plus agiles j
ils cherchent dans ces efpèces leur femelle en
volant, ils fe pofent fur elle en l’apperçë-
vant j & jouiffent auffi-tôt; telles font les
Galinfeétes, certaines Phalènes dont les femelles
ne font pas ailées, otl n’ont que h moignon
des aîles, &c. Parmi d’autres infeéfes dont
le mâle & la femelle font tous deux pefans,
comme le Hanneton, le Monoceros; les mâles
prennent leur effor dans les heures de la
journée les plus chaudes, fonc quelques
volées, & viennent fe pofer près des femelles
, ou ils s'avancent vers elles en cheminant
lur les arbres que l’efpèce couvre en
grand nombre, comme les Hannetons; ils fe
préfentent & font fouvenr reçus , quelquefois
cependant rebutés ; dans ce dernier cas, un
mouvement de la femelle fur laquelle ils ten-
toient de fe pofer les renverfe ; ils reviennent