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modem de beaucoup d’autres fubftances ;
renfermées dans des bocaux où la cire leur
manquoit, elles ont vécu de bois, de ferge,
de peau qui avoir fervLà couvrir des livres,
de carton, de feuilles sèches. Des générations
nourries dans des bocaux où la cire fembloit
epuifée & toute réduite en excrémens s’y
font multipliées & renouvellées pendant plu-
fieurs années ; les dernières employoient
comme aliment las excrémens rendus par les
premières ; mais il eft aifé de fentir que ces
réfidus contenoient encore des fubftances
nutritives, & que la première digeftion n’avoit
extrait qu’une partie de la fubftance alimentaire
de la cire.
Enfin , les faulfes Teignes n’attaquent volontiers
la cire qu’autant qu’elle eft mince,
les pains de cire même bruts & les bougies
ne font pas de leur goût', & elles ne s’en
noiirriffenc que-par nécellîté.
Les Papillons des faulfes Teignes de la
plus grande efpèce font des Phalènes fans
trompe , dont les ailes font d’un gris-
brun.
Les nids de ces efpèces d’Abeilles qu’on
connoît communément fous b nom de Bourdons
, qui conftruifent les leurs d’une cire
brute qu’ils amoncèlent fous des mottes de
gazon font auffi fujets à être dévaftés par
une forte de faulfe Teigne plus petite que
la moins grande des deux précédentes , &
qui devient une Phalène d’un gris uniforme.
M. de Réaumur fait une remarque bien
fenfée , c’eft que les excrémens d’un animal
qui fe nourrit d’une fubftance auffi fingu-
kère que la cire mériteroient d’être examinés
, que leurs qualités, leur altération
pourraient éclairer fur la nature peu connue
de la cite ; il a tenté à cet égard des ex-
■ périences qu’il ferait trop long de rapporter,
8c dont le réfultat eft qu’une par.ie de la
cire eft changée par l’aâion digeftive des
Teignes, mais que leurs excrémens con-
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tiennent encore de la cire qui n’a pas été
dénaturée , qui en a les différentes propriétés,
& qui cependant, par fon mélange avec
la partie altérée des excrémens, eft miffible
à-l’eau & foluble dans ce fluide.
Des Teignes dont il vient d’être parlé,
M. de Réaumur palfe à d’autres faulfes
Teignes dont les unes rongent les étoffes de
lame, d’autres le cuir, & - particulièrement
les peaux employées par les relieurs ; 8c
d’autres enfin endommagent les grains & dif-
férens alimens dont nous vivons.
Les premières, plus grandes que les Teignes
communes des étoffes , mais de même de
la clafle des Chenilles à feize jambes, ne
fe font point un fourreau proprement dir ;
elles creufent l’éroffe , y tracent un fillon ,
fe logent dans fa cavité, & rendentau-deffiis
d’elles une tente formée en partie de foie
qu’elles filent & de brins de laine ; -el!es
attachent la rente à l’étoffe dans toute fa
longueur , & ne laiffent d’ouverture que du
côté de leur tête, elles fe retournent pour
rendre leurs excrémens.
Il efi difficile de remarquer les tentes des
fauflès Teignes dont nous nous occupons ;
placées dans i’épaiflbur de l’étoffe, elles pa-
roiffent feulement dans des endroits ou le
tiflu eft bourreux & mal travaillé; on ne
peut guère non plus faire tomber ,' ni détacher
les rentes en btoffant, ou en battant
les meubles , comme, il eft plus aifé de le
faire par rapport aux fourreaux dés vraies
Teignes j mais heureufement les fauffes
Teignes 11e font pas fort communes. Elles
nailfent vers le commencement de juillet,
& ne deviennent Papillons que vers la fin
de mai ou le commencement de juin fui-
vanf ; elles s’attachent aux étoffes qui doublent
les voitures par préférence aux meu1-
bles , Ôc elles font rares dans les appartenons.
Les fauffes Teignes des cuirs font encore
des Chenilles dé la première claffe , ôc des
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Chenilles de médiocre grandeur ; elles le
fonc un long tuyau qu’elles attachent,-au corps
qu’elles rongent, elles le recouvrent de grains
qui ne font -prefque que leurs excrémens ;
elles ne fe nourriffenc pas feulement de cuir
& de la peau qui couvre les livfes , mais de
touie efpèce de fubftance animale defféchée,
elles s’accommodent-des mfeétes morts, &
l’on en trouve fous l’écorce des arbres aux
endroits où il a vécu des infeéles, où ils ont
laiffé leurs dépouilles, où il en a péri. Elles
filenc , pour fe métamorphofer des coques
blanches qu’elles recouvrent de leurs excrémens
qui font des grains noirs.
Une rroifième efpèce de faulfe-Teigne
plus petite que les précédentes , nous fait
cependant un-beaucoup plus grand torr-;
elle s’attache aux grains, qui nous font ies
plus néceffaires, particulièrement au froment
& au feigle; elle- lie qjlufieurs grains ensemble
par des fils de foie , &,fe fait , entre
les. vuides que'laiffent ces grains,.uu tuyau
de foie blanche d'ç>ù elle alonge fa têre pour
ronger les grains qui font autour d’elle; emportée
avec- fon tuyau'& àTabri dedans,
elle n’eft point incommodée par le tranfport
,du grain qu’on remue. Leuwenhoeck a parlé
de cette Teigne & l’a confondue lma-1 à
‘propos avec celle des étoffes. Le rapport encre
les Papillons des deux Teîgnes a été la fource
. de cette erreur.
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quelle elle fe couvre d’un tuyau de foie
blanche ; c’eft une Chenille à feize jambes,
& le Papillon eft une Phalène d’un gris un
peu jaunâtre, tacheté de quelques points
bruns. Il eft plus que probable que cette
Teigne fe nourrit d’autres fubftances que de
chocolat qui n’eft pas fouvent à fa portée.
Mais fon hiftoiré .lierait pas encore bien
connue au tems où M. de Réaumur écri-
voit.
Les Papillons des fauffes Teignes du bled
font de fort petites Phalènes à antennes en
filet'; elles portent leurs ailes en toît.élevé;
le fond des fupérièures eft un gris-blanc ,
terne à l’ombre , argenté au foleil;-(ùr ce
fond fonc diftribuées d’affez grandes tâches
irrégulières d’un brun-clair. Le corps, le
deflous des ailes fupérieures-& les. deux faces
des inférieures font d’un gris-blanchâtre. Ce
Papillon commence à paraître vers la fin
de mai.
' La dernière fàuffe Teigne idont il eft; fait
• mention dans ce mémoire fe nourrit de la.
pâte, d e ‘chocolat .quelle creufé, & fut la-;
9e. M È m o 1 K E.
.Hijloire. des Pucerons.
M. de Réaumur dbferve qu’après .avoir
donné, 1,’hiftoite des infeéteS qui fe font des
logemens, des fourreaux , &c. il ferait dans
l’ordre de parler de ceux q u i, en fnçant les
plantes , occafionnent des extrav.afations de
fucs , des excroiffances qui les couvrent &
leur fervent de logement.. Tels font les. in-
[ feftes qui vivent dans les gales produites, pat
leur piquute ;: mais l’hiftoire de ces infefles
faits prépareront la connoiffance de ceux qui
appartiennent aux infeétes des galles. ,
Les-Pucerons font non - feulement très-
nombreux, ils font encore fi .variés que
peut-être: chaque plante en nourrit une efpèce
particulière ; toutes au moins en font plus
ou moins couvertes en differens tem,s. Mais
ce ferait un travail tuiffi long qu’inutile de
donner l’hiftoite de toutes les efpèces de
Pucerons; elle 11e doit comprendre pour tous
que les faits, qui leur font communs, & les
■ obferyations particulières pourchaque efpèce.
Leuwenboek & Hartfoeker , dans l’extrait
critique des lettres de -cet auteur , ont traité
des Pucerons. Mais le premier.,s’eft quelquefois
trompé , 8c le fécond beaucoup plus
fouvent; b
: Les' Pucerons,font en’,général, fort petits;
lourds & lents dans-leur marche1; ce caraétère
oppofé à celui qu’indique -le nom qu’on leur
a donné , & $ui préféré; iiidéê d’un infeéte