cclxij D I S C
la facrifie ôc qu’on l’ouvre, dans le moment
où elle eft en pleine ponte , on découvre
à la vue (Impie des grains en grand nombre,
& d’autres plus petits, à l’aide d’une loupe ,
en quantité innombrable. 11 eft aifé de re-
connoître que ces grains font des oeufs, & c’eft
déjà une allez forte preuve que c’eft par des
oeufs que lès Abeilles fe multiplient , que,
c’eft la mère qui les produit. Si on prelfe
l’extrémité du corps des Bourdons > on en
fait fortir deux appendices ou corps charnus/
Ce li on ouvre le ventre de ces infeétes, on y
remarque des vailfeaux remplis d’une liqueur
blanche. Ces feuls indices fuffifent pour faire
préfümer que ce font des mâles deftinés à
féconder la mère. Mais en quelque tems au .
contraire qu’on faire l’anatomie des Abei lies
ordinaires ou Mulets, on ne reconnoît en
elles que les vifeères qui fervent à l’entretien
de l’individu , & aucune partie relative
à l’un-des deux fexesj 'on eft donc fondé à
penfer que les Mulets n’en ont pas,
Lorfque la mère Abeille fait fa ponte,
elle parcourt les rayons à cercaines heures,
& c’eft ordinairement le marin , de fepe a
dix heures; elle marche d’un pas lent, accompagnée
de quelques Mouches rangées autour
d’elle ; elle introduit fa tête dans chaque
alvéole ouvert, comme pour l’examiner, &
lorfqu’elle la trouvé vide, elle y fait entrer,
en fe retournant , l’extrémité de fon corps ,
elle y dépofe vers le "haut, au parois qui fait
le fond j un oeufqu’elle introduit par fa pointe
à la furface de la cire. L’oeuf eft oblong, il
demeure dépofé dans une fi tua non horizontale
plus ou moins incliné ; cette opération
ne demande qu’un inftant & eft fucceflive-
ment répétée un très-grand1 nombre de fois,
car la fécondité de la mère Abeille eft fi
grande, que dans les commeiicemens de l’é-
rabliffement d’une ruche, les ouvrières ont
bien de la peine à conftruire un allez grand
nombre d’alvéoles pour fuffire à la ■ fécondité
de la mère qui ne dépofe cependant qu’un
ceuf dans chaque alvéole , mais qui en :dépofé
fouvent dans des alvéoles qui ne font que
commencés, M, de Réaumur évalue à douze
O U R S
mille le nombre des oeufs qu*une mère produit
en moins de deux mois au printems, faifonou
la propagation eft dans toute fa force.
Les alvéoles deftinés aux Vers qui fe changent
en mâles , ceux conftruits pour les Vers
qui deviennent des mères ont plus d'étenduè
que lès alvéoles ordinaires. La mère Abeille
depofe dans chacun de ces alvéoles l’efpèce
d’oeuf auquel il eft deftiné ; la relation entre
la coftnoiffance de l’alvéole & de l’oeuf qu’elle
va y dépofer, font un de ces phénomènes
qu’on ne peut expliquer que par le mot vague
à’injlmcï. Un alvéole deftiné pour une mère
a une telle capacité , il coûte l’emploi dé tant
de cire , qu’un feul pèfe autant que cent* alvéoles
ordinaires & même plus. Cependant
une mère pond quelquefois de quinze à
vingt oeufs deftinés à donner nai{Tance à de
nouvelles mères ; mais quelquefois elle n’en
pond que trois'ou quatre, & même aucun *
alors la ruche riè fournit pas cfeffaim. Ce
n’eft pas’ feulement par l’étendue^, mais encore
par la forme qtfe lés alvéoles ou cellules
pour les mères' diffèrent des ordinairesces
alvéoles ne relTemblent pas mal à un gobelet
renverfé , attaché au gâteau 4e cire par un
pédicule.
Après les faits dont nous venons de donner
un extrait -, M. de Réaumur entre dans des
détails anatomiques fur lés parties fexuelies
des mères & des mâles ou JE'çlux-Bdurions*
L ’ovaire de chaque mère Abeille eft double,
8e comme celui de plufieurs autres in-
| feétes , un aflembiage de vailfeaux q u i t i rant
leur origine du même point, aboutifféne
tous à un canal commun. Ces vailfeaux, dans
les tems éloignés de la ponte , CQmme.cn
hiver, font d’une ténuité extrême, mais au
printèmSj dans la faifon de la ponte, ils font
gonflés & remplis d’uqe prodigieufe quantité
d’oeufs? v
Les differens vailfeaux des deux ovaires
aboutiffent à deux canaux qui fe termiriçnç
en un feul canal. Ce dernier conduit a çç§
tegardé par Swammerdam comme la matrice ;
c’eft un canal fort coure, dans le trajet duquel
les oeufs font enduits, félon le même
auteur, d’une matière vifqueufe propre à lés
fixer contre les parois des alvéoles.
Swammerdam évalue â cent quarante le
«ombre des vailfeaux de chaque ovaire, 8e
il a compté dix-fept oeufs par chaque vaif-
feau , fans ceux qui, étant*encore loin de pa
roître au jour, étoient trop petits pour être
remarqués , ainfi il a pu compter cinq mille
cent oeufs fur les deux ovaires, 8e l’on peut,
fans fe tromper, fuppofer qu’il y en avoit
le double que leur petitefle deroboit à la vue
de 1 obfervaceur. On ne doit donc plus être
furpris qu’une feule mère donne nai fiance
a onze ou douze mille Abeilles.
L ’ouverture des mâles ou Faux-Bourdons;
montre leur corps rempli dé vailfeaux fper-
matiques, 8e l’on ne trouve aucune partie
fembiable à ces vailfeaux , ni à l’intérieur des
mèrès, ni dans les Abeilles ouvrières. En
preffant l’extrémité de leur corps on en fait
fortir, non du bout du dernier anneau, qui
n’eft pas percé à fon extrémité, mais en -
deffous de cet anneau, différentes pièces dont
l’auteur fait la defeription, dont on né peut
donner une juûe idée fans le fecours des
figures , ce qui nous force de renvoyer à
1 ouvrage. Ces parties font vifiblement defti-
nées pour l’accouplement; cependant perforine
ne dit avoir vu une mère dans cet aéte,..&
beaucoup d’auteurs prétendent qu’il n’a p -,s
lieu. Mais ce n’eft pas une preuve que la mère
Abeille ne s’accouple pas. L’analogie.eft contraire
à cette opinion. Notre auteur a vu des
Bourdons s’accoupler , d’autres ont vu des
Guêpes dans l’accouplement, 8e les familles
des Bourdons & des Guêpes font, comme celies
des Abeilles, compofées de mères, de maies &
d’ouvrières. Il eft.donc très-probable que le mê-
me aéfce a li u de la part des Abeilles. Les anciens
penfoient que les mâles répandoient fur
les oeufs, après la ponte , une liqueur qui les
fécondoit, 8c Swammerdam a imaginé que
les oeufs étoient fécondés dans les ovaires de
la mère Abeille, par les efprits ou odeurs qui
émanent^cles mâles, fans qu’il futbefoin que
celles ci s’unilfent aux males Le nombre des
mâles, qui monte'quelquefois A mille pour
une feule mère , eft un argument allez fort
en faveur de ces deux opinions. Mais on a
vu des mères Bourdons 8e des mères Guêpes
qui vivent dans les mêmes-circonftances par
rapport au nombre des mâles, jointès avec
un de ceux-ci ; il parole donc qu’il ne manque
que d’avoir furpris une Abe_ille mère dans
le même acbe, obfetvation qui ne peut qu être
fort rare, a caufe des gâteaux de cire , des.
grouppes d’Abeilles qui dérobent la mère aux
yeux de l’obfervateur hors les tems où elle
paffe d’une cellule à une autre pour y faire
fa ponte. L’auteur termine ce mémoire par
des faits qui paroiffent bien forts en faveur
de l’accouplement des Abeilles : deux mères
jeunes & vigoureufes, renfermées dans des
poudriers de verre avec des mâles a Lifo vigoureux,
ont fait à ceux-ci les ayances, les
ont recherchées , leur ont offert du miel ,
ont pris à leur égard différentes, ateiru—
des , ont paru chercher à les animer ,
& dans plufieurs circonftances fextrémité'
de leur corps s’eft trouvée en contaél. il pa-
roît donc que ce font les mères qui excitent
les Bourdons naturellement froids , 8e que
l’aéte ne eonlifte que dans une juxta-poSitipa
des parties, un attouchement ou une union
"momentanée, comme là chofe a lieu par
rapport aux oifeaux 8c aux Poiffons.
io e. M e m o I K E.
Des moyens de faire paffer les Abeilles cCum
ruche dans une autre , &• comment on peut,
examiner une à upe toutes'celles d'une ruche.
Il eft également utile pour l’obfervateur 8c
pour celui qui entretient des Abeilles par des
vues économiques, de connoître des moyens
de les faire paffer d’une ruche dans une autre. ■
De cette façon on fe mec en poffefiion de.
.le.utstravaux fans les perdre, comme il arrive
pari la pratique^ ufitée de les fufifoquer dans
leur ruche, pour s’emparer de la cire & du