
«Ions les entourent de nouvelle pâtée ; c’elt
une forte de miel aigrelet : Fauteur croit que
ce miel eft préparé dans les vifcères des Bourdons
qui le dégorgent ; outre cette pâtée, on
ne manque pas de trouver fur chaque gâteau
quatre à cinq petits godets en forme de go
blets , formés d’une cire brute , de remplis
d’un fort bon miel : l’ufage de ce miel ., félon
la conjecture de notre auteur, eft' de
fervir â humeéter la pâtée quand elle vient
à fe defïécher.
Les Vers qui ont cru au milieu de la parée
y filent une coque pour le rems de leur
métamorphofe; mais alors les Bourdons fe
nourriftent de la pâtée, où ils en forment
de nouveaux godets pour d’autres oeufs, car
les coques reftent toujours à découvert.
Nous avons déjà dit que les plus grands'
des Bourdons font les femelles, ceux de
taille moyenne les mâles, de les plus petits
les mulets. Chaque femelle' a un ovaire double
chargé d’oeufs ^ mais , en bren moindre
nombre que les ovaires des Abeilles ;- aulli
les républiques des Bourdons font-elles très-
peu peuplées en comparaifon de celles des
Abeilles.
M. de Réaumur croit, d’après des obfer-
vations qui rendent fa conjeâure aflez vrai-
femblable, qu’il n’y a que les mères Bourdons
qui réfiftent à l’hiver; 8c qu’au prin-
tems toute république de ces infe&es eft le
produit d’une mère qui a commencé par
conftruire feule un nid & y dépofer fes
oeufs..
En vain chercheroit-on dans les mulets
les organes d’un fexe; ils en font abfolu-
ment privés. Les mâles n’ont point d’aiguil
Ion, tandis que les femelles 8c les mulets
en (ont armés..
Les Bourdons ont pour ennemis une forte
de pe'its pons dont ils funt fouvent couverts;
les Fourmis qui font friandes de ia
pâtée qui fetc de nourriture aux Vers; plufieurs
efpèces de Mouches à deux ailes,
dont les Vers fe nourrilfent de la pâtée
amafTée par les Bourdons, ou des larves memes
& des nymphes de ces infectes ; une
faulfe Teigne qui dévafte leur'nid. Mais les
Mulots, les Rats, les Fouines, & peut-être
d’autres quadrupèdes de ce genre , letu font
une rude guerre, dévaluent leurs nids, les
mettent-en pièce, & dévorent les Bourdons
eux- mêmes.
Ce qui a été dit de la ftruâure de la
trompe & de celle de l’aiguillon des Abeilles
, peur donner une idée fuffifante des mêmes
objets par rapport aux Bourdons.
On ne trouve, pendant l’hiver , aucun
Bourdon dans les nids de ces infeétes ; ou
n’y voir, au retour du printems , que des
femelles ; il eft .probable que celles ci paffent
l’hiver dans quelques trous de murs, dans
des arbres creux, peut-être dans des trous
en terre ; que les mâles & les mulets périf-
fenr tous en automne.
ae. M É M O I R E.
Des Abeilles Perte - Bois.
Les Abeilles qui ont été le fujet des mémoires
precedens, & les Bourdons viveur eu
fociece; il va être queftion d’Abeilles qui
vivent folitaires. Cependant on trouve plu-
fieurs de celles-ci dans un même endroit ;
mais ce n’eft pas qu’elles y travaillent les
unes pour les autres , c’eft parce que le
terrain & le lieu leur conviennent à chacune
en particulier. Les travaux de ces Abeilles
ont pour but, non elles - mêmes, mais leur
poftérite; ils font entrepris & exécutés pour
lui procurer le logement & ia nourriture;
l’efpece de ces Abeilles que notre auteur con-
fidère la première en eft une qui perce &
qui creufe le bois. C'eft un des premiers infeétes
qu’011 voit paroître au retour du printems
, & des derniers qui fréquentent les jardins
; cette efpece n’eft jamais très-commit ne;
1 mais on voit en tout tems des Abeilles Perce
bois, excepté dans la fin de l'automne , 8c
pendant l ’hiver ; elles font remarquables
par leur grandeur , par le noir violet qui
eft leur couleur, par l’éclat de leurs aîles qui
font de couleur d’acier poli, 8c qui en ont le,s
.reflets. Ces Abeilles ne percent que le bois
more, & jamais celui qui eft en végétation;
elles commencent par ouvrir un trou , 8c
creufer enfuite une gallerie un peu oblique
de quinze à vingt pouces de longueur, fuffifante
pour qu’elles puiffent s’y retourner ,
ce qui exige une allez grande capacité ; aufli
peuton introduire facilement le. doigt index
dans une pareille galerie. C ’eft avec les dents
que les Abeilles Perce-bois creufent les trous
qui font néceflaiues à leur poftérité ; elles
coupent les fibres du bois , 8c les réduifent
en grains , femb labiés à ceux que détache 1
une foie groflière ; elles jettent ces grains hors
du trou à mefure qu’elles en ont détaché une j
certaine quantité. La gallerie n’eft cependant
que le commencement de l’ouvrage , 8c un
vide préparé pour des logemens qui doivent
y être conftruits. Une Abeille partage en
douze loges environ la gallerie qu’elle a creu-
fée ; elle établit ce partage par le moyen de
cloifons ou de planchers qu’elle compofo des
brins de foiure quelle reprend 8c qu’elleagîu-
tine par le moyen, d'une liqueur vifqueuie ;
elle commence par le fond de la gallerie ;
mais avant de pofer le premier plancher/,
elle amafledans la cellule qu’il formera , une
pâtée propre à nourrir le Ver qui doit y nai
tre 8c y croître ; elle dépofe fur cette pâtée
un oeuf, elle conftruit le premier plancher ,
& elle concinue fon travail de cellule en cellule.
Le Ver qui naîc dans chacune, y trouve
la nourriture qui lui eft néceifaire ; il pâlie
dans fa prifon à l’état de nymphe , & parvient
à celui de. Mouche ; il ouvre alors la
demeure avec fes dents , fans pafier de la
cellule où il eft né , dans une des cellules
yp fines , mais en pratiquant une ouverture
fur le coté,.
L’Abeille , dont les travaux viennent d’être
décrits, eft la femelle de fon efpèce , le
f l l f c eft un peu plus j^tir & dépourvu d’ai-
! guillon _, au lieu que la femelle en a un très-
fort. M. de Réaumur n’a pu remarquer fi le
mâle concourt aux travaux de la femelle.
Les Abeilles Perce-bpis font tourmentées
par une Mitre très-petite & remarquable par
un poil deux fois plus longs que leur corps,
placé à fon extrémité.
3e. MEMOI R E .
Des Abeilles Maçonnes.
Les Abeilles dont il s’agit dans ce me*»
moire, conftruifent-leur nid dune forte de
mortier, ce qui leur a fait donner le furnom'
de Maçonnes : il y en a de toutes noires 8c
de ratifies, qui approchent de la eouleur des
Abeilles. Les noires font munies d un fort aiguillon
, 8c font les femelles; elles font chargées
feules de la conftruéfion du nid , 8c de
tout le travail qui y eft relatif ; les roufles
n’ont point d’aiguillon 8c font les males.
C ’eft fur les murs conftruits de pierres 8c
fans enduit, qu’on peut ebforver les nids des
Abeilles Maçonnes. C ’eft fur-tout a 1 expofi-
tion du midi qu’ils font plus nombreux ; 01I
en trouve aufli à Pexpofition du levant, 8c a
celle du couchant, mais jamais au nord. Ces
nids attachés au corps de la pierre meme ,
noffrent, à l’extérieur, qu’une éminence ra-
boteufe ; en dedans ils font partages en plu-
fieurs cellules ; ils acquièrent une dureté Ci
grande qu’il eft fort difficile de les entamec
avec un couteau.
Une Abeille qui s'apprête à bâtir un nid,*
commence par roder le long d’un mur convenablement
conftruit 8c bien expofé ; après
qu’elle a reconnu l’endroit qui lui convient ;
elle cherche aux environs , quelqu’amas ds
fable , elle y choifit les grains de la grofleur
& de la nature propre à l’exécution de fon
ouvrage ; elle mouille chaque grain d une liqueur
vifqueufe qu’elle dégorge , 8c qui fore
à l.e.r un fécond' grain au premier ; elle
i mouille le fécond grain , en attache un troi-
m m f