
leur corps qui «oit roulée fur elle-même en
fpirale ; ils en frappent l’eau à - peu - près
comme les cruftacés de leur queue ; dans
l ’état de repos , dans l'état habituel , dans
le calme, ces larves ont le corps pendant en
bas , la queue dirigée en en haut , & fou-
tenue à la furface de l’eau par d*s poils qui
en s’épanouiflanr , forment un pavillon au
centre duquel eft retenu un globule d’air ; fi
quelque, chofe effraie les larves , elles plient
& reflerrenc les poils du pavillon de leur
queue , elles laiffent échapper le globule
d'air , la pefanteur de leur corps tend à les
entraîner au fond , mais elles précipitent
leur defcence , en roulant leur queue fur
ell e-même , & en la déployant rapidement
& fuccefîivement; elles en frappent avec une
extrême vîtelfe, la furface de bas en haut ;
fon effort précipité les poulfe rapidement
vers le fond ; pour remonter , elles n’or.t
befoin que d’étendre leur queue , d’épanouir
les poils qui forment un pavillon en s’écartant
, d’engager entre ces poils une bulle
d’air, qu’elles y font paffer de leurs trachées ;
plus légères alors que l’eau , elles montent
doucement à fa furface ; elles n’ont donc
qu’un mouvement de haut en bas , & de
bas en haut ; c’eft à-peu-près le feu! quelles
exécutent, elles plongent & remontent au
même endroit fi l’eau eft calme , fans mouvement,
fi elle ne les a pas emportées avec
elle d’une place à une autre ; les nymphes
ont la partie antérieure du corps beaucoup
plus groffe que les larves , la queue plus
courte & plus grêle ; elles ont près de la
tête , un peu au-deflous, un appendice latéral,
eu une nageoire de chaque côté ; à la
faveur de cet appendice, elles fe foutiennent
à la furface de l'eau , da ns une fituarion in-
verfe de celle des larves, c’elt - à - dire , la
queue pendante en bas , & la partie antérieure
du corps tournée vers la'furface de
l ’eau; ellesconfetventleur ftation tant qu’elles
ne remuent pas leurs nageoires , qui fervent
feulement à les foutenir , mais en les agitant
de devant en arrière , en les fécondant par
les mouvemens de leur queue, elles nagent
latéralement , Sc paffent fort vite d’un côté
ou de l’autre, au lieu de ne faire que def-
cendre ; cependant elles plongent un peu en
nageant latéralement à la faveur des replis de
leur queue, qui les tire en en bas ; mais elles
plongent moins rapidement, moins profondément
quejes larves , parce que leur queue eft
moins forte, Sc que les nageoires contrebalancent
fon aétion, la retardent & la diminuent.
Nous favons déjà que les larves & les
nymphes des Demoifelles t des Ephémères,
des Friganes , _&c. ne nagent qu’arciden-
tellemenc ,.,que le marcher dans l'eau eft
leur mouvement progreilif naturel ; que les
larves des Ditiques Sc des Hydrophiles ,
nagent Sc marchent naturellement dans l’eau ;
que ces infeétes nagent très-bien , & marchent
fort mal dans leur dernier état ; ajoutons
que les JVépa, la Naucore , les Corifes,
les Notonecla , les Punaifes aquatiques , &c.
dans letat de nymphe ou d’infeéle parfait ,
nagent très bien , & fort vite, tandis que
dans l ’un ou l’autre état, ces infeéles ne
marchent qu’avec peine , Sc fort lentement.
Les Ditiques & les Hydrophiles ont les
pieds de derrière très-longs , articulés de manière
qu’ils les amènent très facilement à une
poficion tranfvetfale avec le corps , qu’ils les
portent même au-delà de cette pofition en
avant, & les etendent avec force Sc facilité
en arriéré ; ils font plats des deux côtés ,
tranchants fur les bords à leur extrémité ;
enfin ils ont la forme , la coupe & la mobilité
d’une rame parfaite ; ils font donc d’un
excellent ufage pour la natation : ce font leurs
mouvemens, femblables à celui d’une rame ,
qui rendent les Hydrophiles Sc les Ditiques
de très-bons nageur^. Mais leurs quatre pieds
anterieurs font courts à proportion , ils fonc
foibles , les deux poftérieurs ne peuvent fe
mouvoir que de devant en arrière ; d’arrière en
devant ; les pièces en font articulées de façon
qu’elles ne fauroient fe plier au-deflus les
unes des autres, Sc que le pied eft toujours
neceffairement étendu horizontalement : il
eft donc non-feulement inutile pour marcher,
mais il nuit par fa longueur , fa pofition à
l’effet des quatre pieds antérieurs : il eftaifé
de voir pourquoi les Hydrophiles & les Ditiques
nagent parfaitement, & marchent fort
mal. Les autres infeéfes que j ’ai nommés dans
cet alinéa ont les pieds difpofés comme les
Ditiques Sc les Hydrophiles ; ils les portent
de même à..plat, ne les meuvent que de devant
en arrière , & d’arrière en -avant ; ils
ne fauroient les redreffer, & relever les pièces
dont ils font formés, au-deffus les unes des
autres ; ils n’en fauroient courber au plus que
l’extrémité, & feulement celle des pieds de
devant : la plupart ont les pieds, fur - tout
ceux de derrière , très-longs ; ils font par ces
raifons , comme les Ditiques & les Hydrophiles,
de très-bons nageurs ,& ils marchent
très-mal, fqit dans l’état de nymphe, foit
dans celui d’infedes parfaits, pendant lef-
quelsleurspiedsconfervent la mêmepofition.
De l ’action de ramper.
C ’eft en rampant, c’eft-à-dire, en gliffant
fur les terreins que les Serpens , les vers
propremens dits , les larves des infedes qui
ont la forme des vers , paffent d’une place à
une autre. Les Serpens rampent en pliant
leur corps en différens fens , & en l’étendant
alternativement, en formant des finuofités
de droite à gauche, de gauche à droite ;
cés finuofités étant égales entr’elles, le marcher
exécuté par l’aétion de ramper, a lieu
par la ligne droite qui eft moyenne entre
les finuofités : les vers Sc les larves qui en ont
la forme , rampent en raccourciflànt leur
corps, en faifant rentrer les anneaux dont
il eft formé en partie les uns dans les autres,
en ramenant par ce moyeu les parties pof-
térieures vers la têre , en la portant enfuite
en avant, en même-tems que leurs premiers
anneaux , en étendant le corps en avant, &
en rapprochant, après, les anneaux poftérieurs
de la tète , comme dans le premier inftant
du mouvement. Les animaux qui rampent
n’ont point de pieds apparens, & l’on-croit
communément qu’ils en font dénués ; ils
nont pas en effet de pieds à proprement
parler , mais ils ont des parties qui leur en
tiennent lieu, qui en rempliffent les fonctions
, qu’on peut par conféquenc regarder
comme des pieds ; ces parties font plus multipliées
que les pieds proprement-dits dans
les autres animaux ; c’eft par leur moyen que
les reptiles rampent, Sc c’eft parce qu’ils font
fort multipliés, des pieds très-propres à fe
cramponner, à faifir la plus légère afpérité du
terrein que les reptiles rampent avec vîtelfe,
fur les lurfaces les plus polies , qu’ils y montent
& defeendent perpendiculairement. Si
les reptiles n’avoient pas le moyen de fe
cramponer fur le ' terrein , ils auraient beau
raccourcir leur corps , ramener vers la têre
les anneaux poftérieurs, ils demeureraient
toujours à la même place ; leur corps, raccourci
couvrirait moins d’efpace ; étendu,
il occuperoit le même qu’avant de fe raccourcir;
la tète fe rapprocherait de la queue
autant que la queue de la tête ; & ce ne ferait
qu’une alternative de raccourcilfement Sc
d’alongement, fans changement d’une place
àune autre ;ilfaut donc, pour que les reptile*
rampent & .cheminent en avant, qut la partie
antérieurepuiffe fe cramponner, fervir de
point d’appui , vers lequel la contraétion des
anneaux poftérieurs les en approche , fans
que la partie antérieure cède Sc s’approche
des anneaux poftérieurs ; ce point d’appui
néceffaire , ne peut être fourni que par des
pieds ou des parties qui en tiennent lien ;
c’eft ce qu’on va mieux fentir en examinant
la manière de ramper des différons reptiles,-
Sc les parties qui fervent à cette action.
Les ferpens ont le corps couvert d’écail-
les minces, très-fertées, tranchantes par leurs
bords ; elles tiennent à la peau pat la
plus grande partie de leur furface , mais leur
bord inférieur n’y adhère pas ; il eft libre ;
elles fonc rangées au-deflus les unes des autres
par lignes parallèles, Comme les atdoifes
dont un coït eft couvert, & elles débordent
de même les unes fut les autres ; fuppofons
que le ferpent plie à droite fes quatre premières
vertèbres , & à gauche les quatre l'ui-
vantes ; qu’il contracte les- mufcles des
quatre premières vertèbres ; ces mufcles fe
gonflent, leur gonflement diftend la peau ,
écarte en - deflous les écailles, en foulève