
fit me , & fucceflivement un nombre allez
grand pour former un amas de la grofleur
d’un grain de plomb à lièvre. Quand ce premier
amas eft formé , la Mouche le faific entre
fes mâchoires pour le tranfporter au lieu
où elle veut bâtir. Ce lieu eft fouvent diftant
'de'plus de cent pas dé' l’endroit où la Mouche
ramaffe & prépare le mortier qu'elle emploie
; aufli le tranfport en dure-t-il cinq à
fix jours ; il' faut remarquer que le fable employé
par les Abeilles eft toujours mêlé de
terre , ce qui en facilite la iiaifon.
On fait déjà que le nid eft compofé de
cellules ; elles ont la forme d'un dez à coudre
, & l’ouvrière les conftruit à la fuite tes
unes des autres, en en lai (fan t l’entrée ouverte;
arrivée fur le lieu où elle bâtit , fa
Mouche péïrjt le mortier avec fes pieds ,
l ’applique & ’le façonne .avec fes dents ; elle
polit l’intérieur de la cellule autant qu’il en
eft fufceptible, & elle mouille d’une nouvelle
liqueur toute la charge qu’elle vient de mettre
en oeuvre. Chaque cellule à environ un pouce
de hauteur & fix lignes de diamètre. Lorf-
qu’une cellule eft élevée à peu près aux deux
tiers de fa hauteur , la Mouche la remplit
d’une pâtée femblable a celle dont il a été
queftion dans l’hiftoire des Abeilles Perce-
bois. Cette pâtée eft compofée de pouflîères
d’étamines de fleurs fur lefquelles l’Abeille
dégorge du miel, & avec lequel elle les réduit
en pâtée , en pétrifiant le tour. Quand la
cellule, élevée des deux tiers de fa hauteur ,
a été remplie de pâtée, la mouché achève de
lui donner toute fa hauteur , elle y ajoute de
nouvelle pâtée , elle dépofe un oeuf, & elle
ferme la cellule avec un couvercle conftruit
d’un mortier pareil à celui qui en fait le fond
& les côtés.
C ’eft dans les cellules que les Vers doivent
naître , vivre, paiïèr à 1 état de nymphe
& à celui de Mouche. M. de Réaumur s’eft
alluré que les parois des cellules font perméables
à l’air & qu’ainfi celui dont les infectes
qui y font renfermés ont befoin, fe renouvelle.
tj
Les nids ne font quelquefois compofés
que de quatre cellules, quelquefois de nombres
intermédiaires jufqu’à huit. Elles font
placées à côté les unes des autres fans beaucoup
de régularité; leur direétion ou pofi-
tion fur le plan qui les foutient varie beaucoup.
Lorfque toutes les cellules font achevées,
l’Abeille les couvre d’un enduit commun
qui les dérobe toutes à .la vue.
Cet enduit eft d’un fable plus gros que
celui des cellules. Les Abeilles fe difputent
a (fez fouvent la pofleflion des cellules commencées
& elles fe livrent des combats ou
pour les conferver ou pour les ufurper. C ’eft
du quinze au vingt d’Avril jufqu’à la fin de
juin que les Abeilles maçonnes font occupées
de la conftruétion de leur nid. Ce n eft
que l'année fuivante que les jeunes Abeilles
fortenc des nids dans lefquels elles ont cru
pendant l’été & elles fe font confervées pendant
l’hiver. Le ver fe file une coque de
foie fous laquelle il pâlie à l’état de nymphe
; ce changement a lieu en novembre ,
mais ce n’eft au plutôt qn’en avril que la
Mouche quitte l’état de nymphe & qu’elle
fort de fa cellule. Ce font les jeunes mouches
qui percent & qui ouvrent le couvercle
de leur cellule & l’enduit commun : ce qui
ne permet pas d’en douter, c’eft que des
Mouches font forties de leurs cellules fous
un entonnoir donc elles avoient été couvertes.
Les mâles font les premiètes Mouches
qui fartent des cellules : la manière dont fe
fait l ’accouplement n’eft pas connue : différentes
efpèces d’Ichneumons dépofent leurs
oeufs dans les-ceUtiles ouvertes que les Abeilles
conftruifent, & les Vers qui y naiffenc
deviennent la pâture des Vers des Ichneu-
môiis. Le Ver d’une efpèce deScarabé armé
de fortes dents eft un ennemi encore plus
dangereux pour lesVers des Abeilles maçonnes,
il pénètre d’une cellule à une autre & il
détruit croisa quatre Vers. 11 y a des Abeilles
maçonnes eh différens pays & la couleur
de leur nid diffère, félon celle des matériaux
que les lieux qu’elles habitent leur
fourniffenc.
11 y a quelques autres efpèces d’Abeilles
auxquelles le nom de maçonnes convient
aufli parce qu’elles bâtiffent de même des
nids; mais ils font Amplement de terre &
Tes unes les placent fous des lieux abrités,
les autres dans des'trous qu’elles trouvent dans
du bois & dont elles profitent.
4e. M i M O I R E.
Des Abeilles qui creufent la terre pour y
faire leur nid & des Abeilles coupeufes;
de feuilles, ou de celles qui font de trls-
jolis nids avec des morceaux de feuilles.
Un allez grand nombre d’Abeiiles folitai-
res d’efpèces différentes, au lieu de conftrui-
re des nids en maçonnerie, ne font que
creufer la terre pour y dépofer leurs oeufs &
la pâtée néceffaire aux Vers qui en naiffenr;
Les trous qu’elles ouvrent en terre font du
diamètre de leurs corps , mais ils ont quelquefois
jufqu’à un pied de profondeur, quelquefois
ils n’ont que fix pouces; ils font le
plus fouvent en ligne droite & quelquefois
ils forment des finuofités ; ces trous font
d’une exécution très-longue parce que les
Abeilles n’enlèvent à la fois que’ très - peu
de terre qu’elles portent à l’entrée du trou
qu’elles creufent; les unes les ouvrent à la
furface des terres battues, comme celle des
allées de jardin, les autres à la furface des
terres greffes coupées à pic ou fous un an
gle peu incliné, quelques-unes dans la terre
qui ferc à lier les pierres des murs de jardin.
Notre auteur n’entre pas dans l’énumération
des différentes Abeilles qui pratiquent des
trous en terre ; il remarque feulement qu il
y en a de toutes grandeurs, depuis de très- .
petites jnfqu'à de plus greffes que les Abeilles
ordinaires ; elles ne diffècenc pas moins
par les couleurs. Leurs travaux fe bornent à
creufer des trous au fond defquels elles amaf-
fenc de la pâtée; elles dépofent un oeuf &
ferment enfuite le trou qu elles ont ouvert.
Mais il y en a d’autres qui, après avoir
également creufé des trous préparent au-fondun
nid artiftement compofé de morceaux de
feuilles, ce font celles-ci qui fixent particulièrement
l’attention de notre auteur. Leurs
nids ont la forme & la longueur des étuis
dans lefquels nous confervons des cure-dents;
ils font fort gros , elles les cachenc fous
terre ; ils font formes de plufieurs petits
étuis ajuftés tse abouchés les uns aux autres;
chaque petit étui eft formé de plufieurs morceaux
de feuilles que les Abeilles faveur
couper, plier & affujettir. Je me contenterai
de cette indication de leur travail, le lecteur
qui voudra le connoître plus en détail,
trouvera amplement à fe fatisfaire dans la
lecture du mémoire même. M. de Réaumur
n’y laiffe tien à defirer fur aucune circonf-
tance. Cependant l’étui total eft compofé de
plus petits étuis, comme on l’a déjà dit;
chaque petit étui a la figure d'un dez à
coudre & eft une cellule deftiuée à recevoir
un oeuf après qu’elle a été remplie de pâtée.
Des cloifons mitoyennes féparem à l’intérieur
chaque étui ou chaque cellule ; mais comme
la pâtée en contaét des cloifons à leurs deux
furfaces pourrait trop les affoiblir, l’ouvrière
laiffe un vide intérieur entre chaque étui.
On peut juger par ce qui a été die des di-
mentions de l’étui total , de la capacité du
trou néceffaire pour le loger & du travail
que ce trou exige de l’Abeille qui le creufe
avant d’y conftruire l’étui, Aufli ces Mouches
font-elles en général affez grandes & d’une
raille moyenne entre celles des mâles ou
bourdons parmi les Abeilles & les ouvrières
parmi ces mêmes mouches. Elles ont routes
une trompe qui diffère peu de celle des
Abeilles; M. de Réaumur ne détermine pas
fi elles font pourvues d’un aiguillon. Leurs
Vers fe métamorphofent fous une coque de
foie très-forte qu’ils fe filent dans leur cellule.
Malgré les foins de la mère qui leur donne
naiffance, ils font fouvenc viétimes des Vers
dont un infeéle étranger a fu introduire le
germe dans les cellules en l’abfence de celle
qui les conftruifoit.