rapide , & qu’elles compriment par leur
bafe , les glandes ou les réfervoirs de cette
liqiieur.
Les autres irifedtes, qu'une arme qu’ils
fourniflent protège fans leur- participation ,
font les larves , qui font très-vélues, & dont
les poils font forts & roides; telles font plu-
fieurs efpèces de Chenilles : lorfque ces
larves font prêtes de muer ou de changer
de ..peau , leurs poils fe détachent aifément ;
on ne peut toucher les larves fans que leurs
poils pénètrent,- comme autant de dards très-
fins , dans les pores de la peau ; fans qu’on
touche même les larves , il fuffit de pafler
près d’elles au-deflous dn vent; pour peu
qui! fpuffle, il emporte les poils & les lance
contre la peau dans laquelle ils pénètrent;
ces mêmes larves employait’ les poils dont
elles éroient couvertes dans la conftruéïion
de leur coque Sc dans celle de. leur nid,
parmi les efpèces qui vivent en fociété. On
n= peut donc.ouvnr ni les coques ni les nids,
ni même çp pafler près fous le vent fans
êire incommodé par. les poils qui s’en dé-,
lâcheur. Ce font, dans les diffère ns cas, des
corps.étrangers introduits dans la peau; mais
des.corps très-déliés qui n’y excitent qu’un
très-foible gonflement, une très-légère inflam
mation : le grand nombre de ces poils devient
fort incommode par la quantité de parties
qui font affeétées , par les cuiffbns nom-
breiifes qu’ils excitent , & cette défenfe
éloigne bientôt des infeâes -qu’on touchoit
ou dont.on s’étpit.trop approché. C ’eft cet
effet des poils qui a fait regarder les Chenilles
comme vénimeufes, quôiqn’aiicune
ne .le ü?ic, & l’approche de celles mêmes,
qui four véiues u’eft incommode que dans
les, rems où leurs poils .font prêts de tomber
; elles jj® caufenc ni-ampoules , ni dé-
maijgeaifons dans les autres rems ; celles,
qui font rafes ne caufent jamais aucune incommodité.
; De Veicijlence relative à l’avenir.
J’ai partagé , au commencement de ce
difcours, la durée de la v .e des animaux eu
trois tems ; l'exiftence a&uelle, ou l’exif-
teece du moment ; l’exiftence confervée ou,
prolongée, qui n’eft que l’exiftence du moment
renouvellée d’inftant en inftant; l’exif-
cence relative à l’avenir. J’ai examiné de
quels organes dépendent les deux premiers
genres d’exiftence, & par quelles fondions
ces organes produifent.l’une & confcryent
ou prolongent l’autre. Le troifième genre
d’exiftence, ou l’exiftence que j’appelle relative
à l ’avenir, fait partie de la vie des
individus, mais elle fe rapporte fur-tout aux
efpèces dont elle allure & conferve la durée ;
elle ne concerne les individus qu’en ce quJiîs
en font 1 es agens , qu’ils jouiffent en la
communiquant des fenfations les plus vives;
mais ils pourroient , à la rigueur , s’en
palier ; ils n’en vivroient pas moins, ils
n’en parcourroient pas moins les périodes
différences de-leur vie, ils meneroient feulement
une vie plus trifte , dont des fenfations
exquifes ne compenferoient pas les
traverfes Sc les calamités. Mais les efpèces
ne fe conferveroient pas , elles périroienc
avec les individus, fans l ’exiftence que j’appelle
relative à l’avenir. Elle appartient donc
plus proprement aux efpèces qu’aux indivi-
! dus j elle eft effentielle & indifpenfable pour
les unes , & elle n’eft pour les autres qu’un
acceftoire , qu’un fujet de fenfations agréables.
Il n’eft pas befoin que j’avertiffe que
l ’exiftence relative à l’avenir & la génération
font une ôc même chofe, que ces deux
exp.rpffio.ns , ont _, au fond , la même ftgni-
ncation ; j’aurois donc pu n’employer que
le terme communément ufité ; mais l’ex-
preffion que je lui ai fubftituée m’a paru
plus propre à fournir le développement
de l’idée que je, me forme de la chofe dé-
fignée par l’une ou l ’autre manière de s’exprimer.
Tous les animaux fe reproduifent., de
quelqu’efpèce qu’ils foient, par le concoius
des deux fexes : les individus de chaque
eipece font ou males ou femelles ; il y a cependant
quelques efpèces parmi les vers dont
les individus réunifient les deux fexes ; mais
ils ne fauroient fe féconder eux-mêmes, ils
ne peuvent multiplier & propager leur ef-
pèce fans s’être unis auparavant comme s’ils
n’avoient qu’un fexe. Les infeétes font fou-
mis à cette loi comme les autres animaux.
Il eft aujourd’hui démontré par des expériences
nombreufes, variées de toutes les
manières , fou vent répétées pair différents
obfervateurs, que Rhédi a la gloire d’avoir
le premier tentées , que les infeétes fe re-
produifenc par le concours des deux fexes;
qu’ils ne font point engendrés par la corruption
, comme l’antiquité i’avoit imaginé,
& comme on l’a long*-tems cru faute
d’examen. Un féal genre jufqu’à préfent ,
celui du Puceron, paroît tout à la fois fournis
à la loi commune & s’en ccarter. En
effet, on a vu des Pucerons en libe’rté s’accoupler,
& des Pucerons ifolés au moment
de-leur naiffan.ce , reproduire feuls jufqu’A la
feptième génération. On trouvera dans l’hif-
toire du Puceron lès détails fur cette fin-
gulariré , qui , placés en cet endroit, nous,
éioigneroient de notre objet.
Je comparerai dans ce paragraphe les
différens animaux entt’eux , i°. quant à
l’âge où ils fe reproduifent ; 2°. quant au
temps de 1 année où les fexes fe cherchent
& s’uniffent ; 30. quant à la manière dont
ils s’approchent; 40. quant aux organes qui
fervent à la reproduction de. leur efpèce ;
50. quant à la durée de la portée „des femelles
, les différences dans le produit de
fon union avec le mâle fui va ne les genres
différens. Pour ce qui concerne les foins
que les animaux prennent de leur pofté-
rice , il en a été traité dans l’article précédent.
De l’âge auquel les animaux fe reproduifent.
Aucun animal ne fe reproduit , excepté
les poilfons , avant d’avoir arceinr. le te me
de fon accroilïemenc fi nous .voyons quelques
anima x domeftiques devancer ce terme,
celt qu’une nourriture ou irritante ou trop
fubftanti ve les provoque avant le rems, c’eft que
la domefticité, le manque d’exercice, dé cou r-
fes,. fixent leur attention fur des objets qui ne
l’auroient pas attirée dans l’état de liberté.
Tant que l’individu n’a pas acquis la grandeur
qui eft propre à fon efpèce, le produit
de fes alimens eft. employé au développement
à l 'agrandi dément des organes & des
membres qui lui font, propres ; les parties
de la génération, qui font moins importantes
pour lui que pour l’efpèce , ne prennent
point, ou très-peu, d’accroiflemetit :
mais quand il eft parvenu au terme de fa
grandeur , alors les fucs- fournis par la di-
gsftion , plus abondans qu’il ne le faut.pour
l’entretien de l’individu, fe portent aux parties
de la génération , les développent &
les mettent promptement en état d'exercer
leurs fondions. 11 en réfuke de grands chan-
gemens dans l’économie de l’individu , fur-
tout dans les mâles. Le jeune animal acquiert
une vigueur qu’il n’avoir pas; fa fibre ,
qui étoit lâche, devient tendue , fes membres
perdent la mollette du premier'âge*
& leur forme eft mieux deftinée ; il éprouve
a l’intérieur un feu qui l’agite, il fen-t des
befoins qu’il ne connoifloir pas, & dont il
difeerne encore mal "l’objet ; mais bientôt il
apprend à le -connoître par les défi rs qu’excite
en lui la-vue d’un individu de fou efpèce
U’un fexe -différent du lien ; il n’étoit
qu’agité, il devient impatient de jouir, il
s’irrite de tout obftacle qui s’y oppofe, $c
du défit il patte fouvent à la fureur.
Ces grands & rapides changeméns ont
pour caule celui qui eft arrivé danslespaF-
ties de la génération ; elles communiquent
dans les femelles,? par l’intermède des nerfs,
à un grand nombre d’autres parties, aux
principaux vifeères, & prefqne au fyftême
général des nerfs : l’ébranlement de ceux
qui entrent dans leur compofuion fe communique
à toute l’habitude de l’individu ;
ils (ont titillés par des fues que les parties
de la génération extraient du fang, & qui
les abreuvent; elles deviennent le-foyer
d’une fenfation qui fe propage dans tous les