
fement des corps en mouvement ou qu’il
heurterait, à la rapacité d’ennemis foibles,
de la plus petite taille , & par conféquent
innombrables ; il lait reconnoître & choilît au
fond de l’eau, ou une coquille vuide, ou une
coquille dont l’habitant commence par devenir
fa proie 5 il la choilît en volute ou cornet y
il y introduit la partie de fon corps qui a
befoin d’un abri, & il la traîne par-tout avec
lui ; la portion de fon corps dépourvue de
tê t, eft plus grade dans fon milieu qu’à fa
jonétion avec le corps, elle eft un peu coutbe
& fléchie en bas à fon extrémité ; la coquille
préférée eft plus large dans fon milieu, que
palTé fon entrée , où un relferrement circulaire
la rétrécit ; c’eft cette forme qui eft la
caufe du choix qu’en fait le cruftacé , la partie
renflée de fon corps introduit un peu de
force, & en la contraignant, eft logée à l’aife
dans la cavité qui eft au milieu de la coquille,
le refferrement qui fait fon entrée, empêche
la partie du crabe , qui s’eft dilatée , de ref-
fortir , & fa convexité à fon extrémité, fert
de crochet pour la traîner; quand elle devient
un logement trop étroit, il n’en coûte
au crabe que de contrafter la partie renflée
de fon corps, de l’alonger, de la retirer ,
Sc de choifir une autre coquille :_il eft un
exemple frappant des rapports entre' les habitudes
, ou les aétions, tes befoins & les
moyens d’exécuter. Mais c’eft fur-tout parmi
les infeéles , que ces exemples font multipliés
, qu’ils font variés & portés jufqu’à
l ’évidence.
Les infeéles parvenus à leur dernier état,
dans lequel la plupart ne vivent que peu de
rems, cou verts ou d’une forte de têt, ou d’une
peau membraneufe , agiles, ayant une vue
perçante , découvrant de tous les côtés,
prompts à fe dérober au danger , par le vo l,
lacourfeoa le faut, n’entreprennent, neconf-
truifent rien pour leur fureté individuelle ;
ils n’en ont pas befoin : dans les inftans de
repos , pendant le mauvais tems , & durant
la nuit , une feuille fous laquelle ils s’attachent
le corps renverfé , les gerfures de l'écorce
des arbres, des fentes dans de vieux
batimens, les troncs des arbres creux , les
cavités qui font entre dès pierres amoncelées,
une touffe d’herbe , &c. leur fervent de retraite
, & les dérobent à la vue de leurs ennemis
; dans-leur courfes, une armure quelconque
les gênerait, les rendrait plus pefans,
Sc ils perdraient plus à être couverts qu’à
échapper nuds en fuyant : d’ailleurs ils font,
en quelque forte, cuirafles, & leur peau eft
une armure commode , fuffifante , qui ne
gene aucun de leurs mouvemens : mais dans
leur premier état, dans celui de Larves,
lents à fuir, peut-être tous ou probablement
en grand nombre, privés de la faculté de
voir . couverts d’une peau molle, ils feraient
expofés à un grand nombre de dangers. Ils
courroienr encore plus de rifques fous la
forme de chryfalide ; privés de la vue, hors
d état de fe défendre , & de changer de
place, ils feraient dans cet état expofés au
froiffement de tous les corps en mouvement,
à l’attaque de leurs ennemis de toute efpèce.
-C’eft donc dans l’état de larves qu’ils travaillent
pour leurs befoins , pour leur fureté
individuels , & pour la chryfalide , incapable
de rien exécuter pour elle-même. Avant de
moccupper des travaux des larves, je ferai
quelques remarques qui trouveraient difficilement
place ailleurs. En général, les infeéles,
parvenus à leur dernier état, ne travaillent
pas pour leur fureté individuelle ; ils n’en
ont- pas befoin , comme nous l’avons vu :
cependant ceux qui vivent en fociété , comme 1 Abeille, les Guêpes, les Bourdons, les
Fourmis , qui bâtiiTent ou creufent , & préparent
des logemens pour leur poftériré, en
profitent eux-mêmes dans leur dernier état.
L Abeille trouve dans la ruche un abri, pendant
fa nuit , dans les jours de mauvais tems,
durant l’é t é u n e retraite Contre la ripueur
de l’hiver , & des vivres amaffés pendant la
belle faifon, pour les tems de difette. La
fourmi pafle l’hiver engourdie , au centre
delà fourmilière qu’elle a ou cr-euféé , ou
élevée,&c. L’Abeille & laFourmi travaillent
donc en même-tems, & -pour elles & leur
profpérité : mais les Guêpes , les Bourdons ,
qui languiflent au retour des premiers froids,
que leur continuité , ou leur degré de force
augmenté, tuent dans la retraite que cès infeéles
ont préparée, où il ne furvit que la
mère en qui réfide la confervation de l’efpèce,
ne travaillent en effet que pour la poftéricé;
car tant que la faifon eft douce , ils fe paf-
feroient d’un abri qu’ils pourraient remplacer,
comme les autres infeéles, en fe réfugiant
dans des trous, des fentes, des retraites
toutes préparées, & qu’ils n’auroient pas
conftruites ; il n’eft pas probable que celles
qui font le produit de leurs travaux , foient
deftinées au retour du froid , à prolonger une
vie languiffame; il ne paroît pas dans le plan
de la nature , d’étendre une vie miférable
qui ne peut être confervée, & qui doit né-
ceffairement finir bientôt.
Les araignées qui ne changent pas de forme,
qui ne font couvertes que d’une peau molle,
qui épient, attendent long-tems leur proie ,
& la prennent à un piégequ^ilslui ont drefle^
comme certaines Araignées j celles en particulier
qui habitent les maifons, fe placent dans
des angles, dans des recoins, dans des fentes ,
des trous, où aboutirent les rets qu’elles ont
tendus , où l’ébranlement communiqué les
avertit qu’une proie y a donné lieu au dehors :
d autres Araignées, comme l’Araignée fau-
mif e j qui s’élance fur fa proie,le Faucheur qui
la pourlüiu, font couvertes d’une peau qui a
plus de ré fi (la n ce j elles font obligées de courir
fur les plantes,1 dë s’y expofer en vue ; mais
elles fontmi’eux garanties,& dans les momens1-
dina&ion , elles fe cachent fous les plantes,
fous les pierres , &c. Mais les Araignées qui
vivent dans les campagnes, dans les jardins ,
qui y tendent des rets circulaires dans une
pofition verticale, qui en couvrent , & en
falifient j, en embarrafient les arbres à la fin
de 1 été , ont le corps couvert -d’une peau
roollé j elles font fort expofées aux coups de
vent, aux météores aqueux , au ohocdedif-
férens corps, & à la vue de leurs ennemis
elles attendent fort long-tems au centre de
leur filet, qn,’une proie heurte & fe prenne
^quelque point de fa circonférence; elles
nom de retraite que fous les feuilles, fous
les angles que forment les branches ; elles
ne s’y retirent que par les plus mauvais tems ,
& elles demeurent le plus fouvent expofées
a tous les dangers qui les menacent : auftî ,
quoique les efpèces parmi ces fortes d’Arai-
gnées, foient très-fécondes , quoiqu’il y ait
un fi grand nombre <^e jeunes à la fin de
1 etc , qu il femble que leur poftérité devrait
couvrir la furface des arbres l’année fuivante,
il n’y a que peu d’individus à la fin du prin-
tems, au commencement de l’été, & un
grand nombre feulement à la fin de cette
faifon. C ’eft que non-feulement le froid tue
à l’automne les individus qui ont furvécu ,
"mais qu’un grand nombre de ceux qui font
nés de la ponte précédente , qui commencent
à tendre leurs lacs en été , périt par divers
accidens avant d’avoir atteint fa croif-
fance, & de s’être reproduit.
Je n’entreprendrai pas d’épuifer la def-
cnpcion des travaux que les larves entreprennent
& exécutent pour elles ou.pour la chry-
lalide dont elles doivent prendre la forme,
je me bornerai aux plus remarquables.
Les larves qui ont le corps couvert de
poils, ou d’epines qui les garantiffenr, celles
qui font nues , mais qui nailfent parmi des
fubftances au milieu defquelles elles trouvent
en même tems-& delà nourriture & un abri,
n’onc ni befoin de rien exécuter, ni n’entreprennent
rien ; les premières fupportent,
fans incommodité', le choc ordinaire des
corps qui peuvent les toucher, l’influence de
l’air & la chûte des météores aqueux qui ne
fonr ni exceffifs , ni trop violens ou trop répétés
: les autres font fulfifamment à couvert
par les fubftances qu’elles dévoreur, & daiis
lefquelles elles s’infinuenc : ainfi les Chenilles
velues, les Chenilles épineufes -, les larves
qui vivent de chairs corrompues , dans les
excrémens des animaux , au milieu des
fubftances végétales- qui fe pourriffènt ,
n ont befoin de rien exécuter pour fe mettre
à l’abri ; les dernières ne travaillent pas même
en faveur de la Chryfalide, parce que
leur peau qui éroit molle, fans réfiftance ,