
neuvième mémoire du volume précédent,
celle d’une très-petite Mouche ou Moucheron
, très-commune prefque dans tous les
rems de l’année. Cette Mouche eft attirée par
toutes les fubftances qui, ayant été douces,
commencent à s’aigrir, comme la lie de vin,
le marc de railin, & c ., Ton corps & Ton cor-
celet font jaunâtres-; fes yeux font à réfeau
& rougeâtres; elle n’a que deux ailes; on
jonore h elle eft vivipare ou ovipare. Les
Vers font femblables à ceux de la viande,
mais beaucoup plus petits; ils fe métamor-
phorfent fous leur propre peau, & parodient
fous la forme de Mouche, dix à douze jours
après avoir pris celle de nymphes.
M. de Réaumur ajoute ici un fuppletnent
à l’cgard des Vers des truffes dont il a parlé
dans le neuvième mémoire du volume pré-
cèdent. Ce fupplémenr confifte dans la def-
cription d’une Mouche, qui naît d’un Ver
des truffes ; l’auteur ne connoiffoit alors que
les Vers & non les Mouches. Nous nous bornerons
à remarquer que les Mouches ont
quelque reffemblance avec celles qui dépofent
leurs oeufs fur les excrémens humains.
Le fupplement au douzième mémoire du
volume précédent a pour objet des Vers qui
vivent dans l’arriere-bouche des cerfs ; on
trouve ces Vers daes deux efpèces de poches
charnues , limées près du pharinx ; le
mois de Mars eft la faifon où on les trouve.
Ils n’ont point de jambes; ils font de la
cla(Te des Vers à: tête de figura variable ;
ils fe traînent à l’aide de deux crochets placés
près de la tête; ils font blanchâtres,
& ils relfemblent, pat la forme , aux Vers des
nazeaux des moutons. M. de Reaumur eftime
qu’une poche ou bourfe qu il examina , en
conrenoit au-delà de cent ; iis étoiencd'une
groffeur fort différente; il y en avoir de
fort petits, & les plus grands 1 etoient autant
que les Vers des nazeaux des moutons;
ils adhèrent fi fortement aux chairs for lef-
quelles ils. fe cramponnent, qu’on ne peut
les détacher de force fans déchirer ou les
Vers ou les chairs. Defctiption de ces Vers.
Les chaffeurs leur attribuent la chute da
bois des■ cerfs ; cette fuppofition eft abfolu-
ment dénuée de tout fondement. Cependant
il ne faut pas imaginer que les Vers occa-
fionneric les bourfes dans lefquelles on les
trouve ; ces bourfes font des parties propres
au cerf dans lefquelles les Vers vivent. M.
de Réaumùr n’a point vu la Mouche dans
laquelle ils fe transforment ; il füppofe par
analogie que cette Mouche s'introduit pat
les nazeaux du cerf, qu’elle pénétré jnf-
qu’aux bourfes, qu’elle y dépofe fçs oeufs ;
que quand les Vers font à leur terme, ils
fortent par les nazeaux & fe métamorphofent
en fe retirant fur terre fousquelqu’abri.
3e. M é m o i r e ,
& le premier fur les Mouches à quatre ailes.
Des fauffes Chenilles & des Mouches à file
dans lefquelles elles fe transforment.
Les fauffes Chenilles reffemblent allez par
leur forme aux véritables pour en impôfér,
mais les vraies ont au plus dix jambes mem-
braneufes, & les fauffes en ont au moins
douze. Cette différence peut ftifEre pour les
diftinguer ; on peut ajouter que les jambes
membraneufes des fauffes Chenilles ou font
dépourvues de crochets, ou que ceux dont
elles font garnies ne font pas difpofés comme
les crochets des jambes membraneufes des
véritables Chenilles; que la tête des fauffes
eft fphétique ou approche beaucoup de l’être,
au lieu que celle des vraies eft applatie.
Le nombre des jambes des fauffesChenilles
varie , & pourroit fournir un moyen de les
claffer à raifon de leur nombre. Notre
auteur n’entre pas dans ce détail, & il s’attache
dansce mémoire à rapporter les faits les
plus remarquables de l’hiftoire des fauffes
Chenilles. Elles changent plufieurs fois de
peau comme les vraies Chenilles; mais celles-
c i, à chaque mue, confervent les mêmes
couleurs, au lieu que les fauffes Chenilles
en changent à plufieurs roues, & fur-touc
à
1 celle qui précède leur changement ; elles ont
des couleurs plùs brillantes dans leur premier
âge, & de pliiïfombres dans le dernier. 11 y
en a qui, avant leur dernière mue, ont des .
tubercules, d’autres des épines, & qui les
perdent dans cette mue.
La plupart des fauffes Chenilles ne font
étendues que lorfqu’elles mangent , & elles
demeurent roulées fur elles-mêmes le refte
du rems ; plufieurs prennent en mangeant des
attitudes bizarres, elles relèvent la partie antérieure
de leur corps , faififlant avec leurs
jambes le bord des feuilles, & elles contournent
le refte de leur corps en différens fens ;
il y en a qui fe tiennent délions les feuilles &
qui n’en mangent que leparenchime; celles-ci
ont une peau luifante & gluante, elles font
d’un vett brun, on les trouve principalement
fur les arbres fruitiers. Il y en a qui creufent
l’intérieur des tiges, telle eft une efpèce qui
s’attache au tôlier-, d’autres qui pénètrent
dans les fruits nouvellement noués, fur-tout
les poires, & qui en caufenc la chute au prin-
cems.
Lorfque les fauffes Chenilles font prêtes
de leur métamorphofe , elles fe filent une
coque lifte & molle à l'intérieur , mais fo-
lide & en état de réfifter à l’extérieur ; elles
fe changent en nymphes fous cette coque ;
elle eft compofée de deux tiffus , dont l’extérieur,
quoiqu’à réfeau, eft très-folide, &
l ’intérieur , quoiqu’il ne foie point à maille,
mais continu, eft doux 3c mollet. Il y a des
fauffes Chenilles, comme celles du rofier ,
du chèvre-fueille, qui entrent en terre pour fe
métamorphofer,d’autres qui filent leur coque
dans des trous d’arbres creux, d’autres fur
les feuilles. Les coques des différentes efpèces
font plus ou moins folides & travaillées
avec plus ou moins de foin.
Les fauffes Chenilles deviennent des Mouches
à quatre ailes, dont la bouche eft armée
de mâchoires ; elles fortent de leur coque
plus tôt ou plus tard, fuivant la faifon
Hijtoüc Naturelle, Infectes, Tome lh'.
où elles s’y font renfermée^ ; car fi c’eft eu
été , elles en fortent au bout de quinze
jours ou trois femaines fi c’eft en automne
,elles n’en fortent qu’au ptintems fuivant.
Elles ouvrent leur coque à l’aide de leurs
mâchoires.
Toutes les Mouches qui naiffent de fauffes
Chenilles ont dans leurenfemble une reffemblance
de conformation , qui les rend faciles
à recounoître. Elles ont le corps affez
court & fore gros, le corcelet & le ventre
peu diftinéts , l’air lourd & pefant. On les
approche & on les prend plus aifément que
la plupart des autres Mouches. Les femelles
font ovipares; lès ùnes ldépôfént leurs oeufs
dans l’intérieur ou fous l’épiderme des plantes,
les. autres fur les feuilles; cependant toutes
font pourvues d’une forte de carrière donc
la conformation a faic donner à ces Mouches
le nom de Mouches à feie. Cette carrière
eft compofée de deux pièces internes
& d’un étui fait de deux plaques. Les deux
pièces internes font de fubflance cornée,
pointues , hériffées fur les côtés de dents
comme une feie , & fur leur furface d’af-
pérités ou de dents plus courtes comme une
lame; en forte que c’eft en même-tems une
feie & une râpe : ces deux pièces jouent de
manière que qua'nd la Mouche en pouffe
une , elle retire l’autre. Quanc à l’érui , il
fert à conferver à ces pièces le foutien donc
elles ont befoin. Lorfqu’une Mouche veut
dépofer fes oeufs elle perce donc le bois, elle
le feie, elle agrandit l’ouverture par l’effet
des furfaces femblables à une râpe. Mais à
quoi fert cet inftrument à celles qui dépofent
leurs oeufs à la fuperficie des plantes?. Cet
objet n’a pas été déterminé. Une autre remarque
importante, c’eft que les oeufs des
Mouches à feie font du nombre de ceux qui
augmentent de volume du moment de U
ponte à celui où les vers fortent des oeufs:
cette augmentation eft fi confidétable , que
des oeuts de même efpèce , comparés peu
de rems après la ponte, avec d’autres oeufs
dont les Vers étoienc prêts à fortir étoienc
moitié plus petits. .