
Les Scorpions fe rallèmblent eh grand nombre
dans les lieux foïhbrés , humides, un peu
frais, comme les ret-de-châufféès , fous les.
amas de bois ; mais ils fe répandent auffi
partout, fous les feuillet & les herbes dans
les jardins, lés bois & les champs ; ils entrent
dàn's les nouions, l'es parcourent, s’y cachent
dans des rentes , fous les meubles , & même
dans lés lits ; on eft donc fouvent expofé à
en être piqué s parce qu’il eft impoffib'le
qu’on examine à chaque mouvement qu’on
fait, fi on lie touchera pas à quelque Scorpion ;
dans te cas , l’infeâe replie àufti - tôt fa
longue queue & fe défend en piquant. C ’en
'eft àifez pour defirer d’avoir toujours prêt
un Uniment qui calme en peu de fems urte
doolenr qui augmenterait ■ & qui durerait
pliv'fieurs heures.;Ii paroît dohcqu'e c’èftà cette
faifon qu’il faut •, comme nous l’avons dit,
rapporter l’ufage de tenir de l’huile de Scorpion
toujours prête au befoin ; quant à ce
remède, il n’agit que par là propriété relâchante
& adouci (faute de l’huile & les Scorpions
qti’cm y fait pébir, n’y ajoutent rien;
nous l’avons fait remarquer ailleurs. Cependant
on àfthr'e que dans les pays très-chauds,
comme les contrées brillantes de l'intérieur
de l’Amérique, les Indes, fa piqunre des Scorpions
excite les fymptômés les plus -graves,
& peüt même donner larmort. Il eft difficile
de décider fi dette afiettion n’excède pas
la vérité ; niais il eft probable que la piquure
des Scorpions doit être plus dangereufe
dans les pays très-chauds-, i°. parce que ces
infeâes font bien plus grands dans ces contrées
, & qu’ils verfent par conféquent une
plus grande quantité de venin dans la plaie ;
i° . parce que leur aiguillon étant beaucoup
plus long, pénètre bien plus profondément
& intéreffêdeSpartiesplusfenfibles'; 3°. parce
qûe , quelle que foie la nature d’une humeur,
elle eft toujours d’autant plus exaltée & plus
aétive , que la chaleur eft plus forte. 'C’eft aux
médecins, témoins des açcidens que les Scorpions
occafionnent dans les pays très-chauds,
â preferire les moyens d’y remédier, à nous
apprendre fi , par les lotions , on pourrait
introduire dans la piquure un fluide -dont la
nature, oppofée à celle du venin, eh rendît
l’effet nul : en attendant fur cet objet les
lumières qu’une faine obfervation fur les
lieux peut feule procurer , nous croyons
pouvoir préfumer, â juger 3 es accidens de
la piquurè des Scorpions par ceux qu’elle
excite en Europe, que'ces accidens font du
genre inflammatoire , & que par conféquent
le moyen d’y remédier èft un traitement an-
tiphlogiftique proportionné au degré de l’inflammation
: mais fi , comme cela n’eft pas
probable, d’après ce qui a lieu en Europe,
la' piquure des Scorpions porte, dans les pays
chauds, un défordre général dans toute l’économie
I fi la liqueur qu’ils verfent dans la
plaie corrompt toute la maffe des humeurs
à la manière du venin des Serpens, alors
c’eft dans les cordiaux , dans les alexiphar-
maques qui foutiennent les forcés & qui
pouffent le venin au dehors par la voie des
fueurs, qu’on doit chercher les remèdes convenables.
Jufqu’ici nous n’avons confidéré que les
infeâes qui tourmentent l’homme dans fon
propre individu ; nous allons nous occuper
dé ceux qui l’attaquent ou lui nuifent dans
les objets qui font à fon ufage.
Je commencerai .par les infeâes qui , en
s’attachant aux animaux utiles à -l’homme,
altèrent lear conftitution , diminuent, leurs
forces Scieur docilité, troublentenfin l’homme
dans lés fervices qu’il en retire ; j’examinerai
enfuite les différens torts que les infeâes
nous caufent dans les fubftances animales que
nous employons à différens ufages , dans nos
meubles, dans nos comeftibles, à l’intérieur
de nos maifons, enfin de différentes manières.
De ces objets je -parferai aux fubf-
tances végétales,’ & comme -c’eft dans ces
fubftances que l'es infeâes nous font ■ & le
plus de mal St des maux plus gravés, je
lui Vrai leurs ravages partie par partie des
végétaux, en commençant depuis le bouton
jufqh’à la racine; après avoir parlé des
végétaux frais, je finirai par les dégâts
que les infeâes exercent fut les végétaux
fecs.
Tandis que tout confidéré dans la nature
en général, y paroît dans un état d’ordre , de
paix & de bonheur , tout examiné en particulier
, y découvre un état de guerre , de
trouble & de divifion. Chaque . individu
n’exifte qu’en détruifant , 8c eft fans -cerfe
lui-même expofé à fa propre deftruâion. C ’eft
la mort qui entretient & qui perpétue la
vie ;ce font les guerres inteftines qui maintiennent
l’ordre général, & ce font les dangers
, les malheurs particuliers qui entretiennent
la fureté 8c le bonheur communs.
. C ’eft des débris des minéraux ufés par le
rems 8c les viciffitudes de l’atmofphère que
les végétaux tirent leur fubfiilauce pour
fervir de pâture à une partie des animaux
dévorés eux-mêmes par les efpèces qui ne
fe nourriffent que de chair.
Les végétaux & les animaux qui n’ont
pas été détruits pendant leur durée , qui font
parvenus au terme que doit fubir tout être
organifé , rendent à la terre ce qu’elle-leur
a prêté, 8c quelle fournit, en le recevant,
à des efpèces nouvelles. Ainfi l’éclat de la
vie brille fans cerfe à fa furface & couvre
les débris de la mort qui l’entretient. Ce
ferait fans doute un tableau intéreffanr que
celui qui préfenteroit la fuite de cet ordre
toujours uniforme, 'entretenu par des vicif-
fîtudës continuelles ; mais ce tableau appartient
à une 'hiftoire de la nature en général,
& je ne dois traiter que des infeâes en particulier.
En fuivant ceux qui nuifent à l ’homme
dans les animaux dont il retire le plus
d’utilité 8c en fuivant les degrés de forvice
qu’ils lui fendent, je trouve dabord le genre
des ’Oeftres, qui s’attachent au Cheval, au
Boeuf & au Mouton , qui fe noutrifTent de
leur fuliftance, & leur font endurer des tour-
teiens d’autant plus grands qu’ils les exercent
far des parties internés & plus fenfibles ; l ’un
s’introduit dans l’anus du Cheval, y dépofe
■ fes oeufs , en -lui cailfant de.s tortures fi vives
que ce docile & patient animal, en devient
hors de lui, ne connoîr plus la vok de fon maître,
brave l’étreinte du frein, & fe livre aux
mouvemens impétueux que l’excès de la douleur
lui infpire ; un autre Oeftrè,armé d’une
forte tartière, en perce la peau du Boeuf,
y dépofe un oeuf dont la préfence change
la plaie en une tumeur fauieufe , 8c dépo-
fant fes oeufs l’un après l’autre fur différentes
pariies du corps, il le couvre de plaies :
un Oeftre différent des deux premiers s’iii-
finu-e dans les nafeaux du Mouton , y dépofe
fes oeufs dont il fort des vers ou larves
qui y remontent, y prennent leur accroirfe-
ment, & s’y nourilïent aux dépends de l’animal
qui leur fournit en même-rems leur
retraite ; ils la quittent quand ils font prêts
à fe métamorphofer , fe laiflènt tomber à
terre, & fubiffent leur changement fous quel-
qu’abri. Quelqu effrayant que foit un tableau
qui préfente des infeâes vivans à l’intérieur
d’autres animaux, il ne paroît pas que les Oeftres
falfent aurant de mal qu-’on pourrait le
croire â ceux aux dépends de qui iis fe nourrif-
fent. C ’eft au Cheval qu’ils femblent être le
plus préjudiciables par les douleurs qu’ils lui
caufent ; mais on peut douter fi d’ailleurs, en
eonfommant des fucs trop abondans, ils
ne lui font pas utiles ; on a remarqué que
les Boeufs couverts d’Oeftres font les mieux
portans, & il eft poflïbie que les plaies qu’ils
occafionnent remplilfent les fonâions d’autant
de cautères utiles dans les marécages ;
quant au Mouton, i’Oeftre ne femble lui
caufer aucune incommodité, & peut-être le
délivre-t-il de fucs furabondans qui feraient
devenus nuifibles.
Les Oeftres ne doivent donc être mis aa
nombre des infeâes funeftes aux animaux
qui nous font utiles, qu’autant qu’ils leur
caufent de vives douleurs. Mais la foule des
inlèâes qui tourmentent au dehors les différens
animaux, tant domeftiques que fau-
vages, leur eft infiniment plus funeftes par
la continuité, ou la violence des piquures
ou des morfures, par le nombre qui aflaille
le même animal , l’épuîfement dans lequel
j le jette la multiplicité des piquures répétées