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leur a aufli donné , offre des notions plus
rapprochées. Le premier des infeétes Hottentots
dont il s’occupe, eft celui qui eft
connu depuis M. Geoffroy fous le nom de
Criocèrc du lys. C ’eft un très-petit coléoptère
dont le cotcelet & les étuis font d’un rouge
de cire d’Efpagne , Sc donr le deffous du
corps eft noir. Il vit fur les lys; fon Ver,
court, gros & ramaffé en mange les feuilles;
il eft couvert de fes excrémens qui forment
autour de lui une maffe humide, arrondie,
oblongue , informe, de couleur de feuilles
macérées & broyées. On ne voit du Ver
que la tète qui déborde & fes fix jambes ;
fon anus eft à la partie fupérieure du pénultième
anneau, & les excrémens , à leur
fortie , font pouffés fur le dos du côté de
la tète par la direétion de l’inteftin recourbé
de ce coté ; ils font gluans, mais pas allez
pour fortement adhérer ; le mouvement alternatif
d’élévation & d’abaiffement des anneaux
du «orps ftiffit pour les faire gliffer d’arrière
vers la tète. A mefure que les excrémens
fe defsèchent ils bruniffent & deviennent
moins humides; dans ce dernier cas,
lorfque l’infeéte en eft trop’ chargé il fe dé-
barralfe par un frottement brufque contre
quelque partie de la plante qui le nourrit;
il refte alors à découvert, mais pour peu
de tems. Si on enlève fon tégument & qu’on
lui fourniffe des alimens, oti le voit environ
deux heures après rendre des excrémens
qui fervent à lui former une nouvelle
couverture.
La femelle de l’infeéte qui nous occupe,
fait fa ponte par ras de dix à douze oeufs :
les jeunes Vers vivent quelques jours près
les uns des autres ; ils fe féparent enfuite ;
ils ont' atteint leur grandeur à-peu près en
quinze jours. Iis font très - voraces ; près
de leur terme ils font couverts de moins
d’excrémens, fouvent même ils font nuds ;
ils font alors plus aélifs que dans leur premier
âge qu’ils paffent a ne changer de place
qu’autant qu’il n’y a plus de quoi vivre autour
d’eux ; ils entrent en terre pour devenir
chryfalide ; ils fe font une coque couverte
de grains de terre, liffe & luifante à
l’intérieur, tapiffée de foie blanche & farinée.
Cependant cet enduit n’eft pas un tiflu
de fils dé foie, mais un vernis produit par
une humeur que-le Ver diftiile de fa bouche
, qui s’étend fur l’intérieur de la coque
& s’y aefsèche.
Sur les feuilles de différens gramens on
trouve auflî des Vers Hottentots, & les
feuilles de l’orge & de l’avoine en nour-
riffent une elpèce qui devient un très-petit
Scarabé. Ceux-ci font couverts d’excrémens
tantôt prefque fluides & tranfparens, tantôt
plus compaéts ; ils ne mangent que le pa-
renchime des feuilles ; ils fe retirent en terre
pour fe métamorphofer.
L ’artichaut & quelques chardons des plus
grandes efpèces nourriflent aufli un Ver
Hottentot. Celui-ci eft couvert d’une maffe
de grains noirs ; elle n’eft pas immédiatement
portée par le corps qu’elle couvre ,
mais l’infeéte l’y applique ou l’en éloigne ,
l’élève ou l’abaiffe à volonté. Son dernier
anneau fe re'ève & fe recourbe du côté de
la, tête ; il donne naiffance à deux appendices
membraneux ou écailleux recourbés vers la
tête & prefqu’auflî longs que le corps ;
c’eft fur ces appendices que fort reçus les
excrémens ; ils y font pouffes par l’anus &
portés en avant par le mouvement que Pin—
leéte donne à des poils qui bordent les de-ux
appendices. ,
Ces grains', collés les uns aux autres, en
fe defféchant & foutenus fur la fourchette
qui refaite des deux appendices, forment
un toit que le Ver foulève, abaiffe félon
les mouvemens des appendices. Ce Ver fe
métamorphofe fur la plante qui l’a nourrit,
ne fait point de coque , demeure fous le
toît qui Ia‘ couvert, qu’il fortifie en-deffous
de fa dépouille de Ver ; en la quittant , 'il
devient un Scarabé du genre de ceux que
les nomenclateurs modernes ont appelles
Boucliers , ou CaJJid.es.
8'. M S M O I B. *■
Des faujfes Teignes.
L'auteur a défini les Teignes des, infeétes
qui v.vent dans un fourreau qu’ils tranfpor-
tent par-tout avec eux ; les tauffes Teignes
en diffèrent en ce que leur fourreau n eft
pas tranfportable, mais qu’il eft attache au
plan de pofition. Sous ce point de vue c el
un logement, une retraite plutôt qu un fourreau
, & les Vers à tuyau , fi communs dans
les eaux de la mer, pourroient erre regardes
comme de fauffes Teignes; mais ces Vers
diffèrent à tant d’autres • égards , qu’ils me
'peuvent être confondus avec les faillies
Teignes qui, comme les véritables, fnbiffent
des métamorphofes. L auceur commence par
l’hiftaire de fauffes Teignes qui vivent dans
les ruches des Abeilles, s’y multiplient quelquefois
au point de forcer les Abeilles a
ou fix pouces, & quelquefois au double ,
elles y trouvent le logement, un abri contre
l’aiguillon des.Abeilles& leur nourriture ; l’intérieur
chercher elles-mêmes un autre afyie ; elles
fe nourriflent de la cire préparée par celles-ci.
Elles n’ont point de goût pour le^ miel ,
n’attaquent que les cellules où il n y en a
pas encore de dépofé , 5i ne touchent pas
à celles qui en contiennent. Ces Teignes,
très-anciennement connues, Si qui le font
de tous ceux qui ont traite des Abeilles ;
deviennent des Phalènes ; Virgile & Ariftote
en parlent ; le premier les appelle, durum
Tjnes. genus, & le fécond les confondant avec
d’a,utres infeftes, leur donne le nom de Te-
rédines.
Deux efpèces de fauffes Teignes vivent
à l’intérieur des ruches. Toutes deux font
des Chenilles à feize jambes ; leur^ peau eft
blanchâtre & rafe. La première efpece, plus
petite que les Chenilles de médiocre grandeur
, eft la plus commune; la fécondé eft
un peu plus grande. Toutes deux ont les
mêmes habitudes & la même maniéré de
vivre. Elle's percent la cire, s’y introduifent
& y ouvrent des galeries qui leur fervent
de retraite j elles n’en fortent point 3 mais
elles alongenc ces galeries félon leurs befoins,
en portent la longueur communément a cinq
du tuyau ou galerie eft tapiffé de foie
couverte de grains de cire qui font les excrémens
de la Teigne; ces grains, endurcis
par l’aflion digeftive, parc ffent rendre la
galerie plus impénétrable a 1 aiguillon des
Abeilles,
Cependant les rayons font compofés de
cellules partagées par des cloifons mitoyennes;
lorfque les Teignes ont percé ces cloifons,
elles fe trouvent à découvert dans le vide
des cellules; pour y remédier elles divifenr,
avec leurs mâchoires , les cloifons en grains
très petits qu’elles pouffent devant elles, ces
grains font des matériaux dont elles continuent
leur galerie à travers les cellules, Sc
qui les couvrent ; elles attaquent enfuite^ une
nouvelle cloifon Si fe condutfent de meme*
l’ouvrage n’eft point pouffe en ligne droite,
mais il fuit des contjburs plus ou moins tortueux
, & il eft par-tout affez large pour
permettre aux'Te-gnes de fe retourner. Lorf-
qu’elles onc atteint le terme de leur gran-
, deur elles fe font une coque de foie blanche
qu’elles recouvrent de leurs excremens comme
elles en ont couvert la galerie. L auteur ne
dit point fi c’eft dehors de cette demeure
quelles filent leur coque, ou fi c’éft à 1 intérieur
de la galerie même ; il n’a pas non
plus obfetvé combien de tems les fauffes
Teignes des ruches relient en chryfalide,
mais il dit qu’au mois de juin ou au commencement
de juillet les Papillons font nés
eu grand nombre. Ils ont les ailes & le corps
d’un gris de fouris , le devant de la tête
jaunâtre, les yeux d’un rouge de bronze éclatant.
Cependant il y a aufli des Papillons
d’un gris de cendre , dont les yeux font
bruns, & qui ont derrière la tête des%poils
çouleur de feuille morte. Cette différence
entre des Papillons nés de fauffes Teignçs
de la première efpèce ou de la plus petite,
fait foupçonner à l’auteur qu il y a deux
efpèces de ces Teignes. Quoique la cire foie
l’aliment quelles préfèrent, elles s’accom-.