
xcij D I S C O U R S .
uns , que l’homme co n tra in t, s’y forment
par habitude ; mais il y en a auxquels il eft
iamiher , dont il eft une allure prefqu’auffi,
ordinaire que le marcher , 8c quelques-uns
enfin pour qui il eft le feul moyen de paflèr
d ’une place à une autre. Ainfi la Gerboife
q u i, au lieu de pieds de d ev an t, n’a à proprement
parler, que deux moignons , ne s’appuie
pas d elfu s, ne s’en fert pas , & ne pourront
s’en fervir pour marcher ; mais elle faute
& bondit d’une place à une autre ; le Bouquetin
, le Chamois qui fur les montagnes,
dont ils habitent le fom m e t, ont à chaque
moment des précipices à franchir , fautent
avec iegéreré , & prefqu’auffi fouvent qu’ils
marchent ou qu’ils courent ; mais leurs
courfes, ainfi que celle des quadrupèdes, n’eft
qu ’une fuite de fauts moins hauts plus répétés
, comme nous l’aurions expofé s’il eût
entré dans notre objet de traiter de la courfe.
Q u o i qu’il en fo it , le faut eft fi aifé aux B o u quetins
, aux C h am o is, il leut coûte fi peu ,
que conduits en plaine , on les voit chercher
les tertres, pour avoir le plaifir d’y monter ou
d’en delcendre en fautant.
Nous avons vu que le faut bas & répété
eft l’allure des petits o ifeau x; le faut plus
élevé eft quelquefois une forte d’exercice de
délaifement pour certains grands difeaux ;
ainfi la Grue , la Cigogn e s'exercent quelqu
efois, comme par gaieté , à des courfes
plus ou moins lo n g u es, qui font une fuite
de fauts.
Parmi les in feâ es , la Podure n’a , comme
la Gerboife , parmi les'quadrupèdes, d’autre
allure que le faut ; certains Charmfons, piaffe
tirs .Mordilles , quelques efpèces dans différeras
genres , les Criquets 8c les Sauterelles,
fautent peut-être plus fouvent qu’ils ne marchent
, & ne manquent jama'is de fauter toutes
les fois que le befoin de paffer d’une place à
une autre j d e s’éloign er, eft urgent pour eux.
L e faut n’eft: donc pas pour les animaux que
nous venons de nommer, & ceux qui leur rèf-
fèm b lent, au même égard , un exercice violent
& pén ib le, comme il l’eft pour les autres
animaux ; mais ceux-ci ont pour l’exécuter,
des mufcles plus forts , les pieds de derrière
plus gros , plus fournis , plus longs dans
beaucoup d’efpèces. C ’eft ce qu’il eft aifé de
remarquer , fur-tout dans les infeftes , &
particulièrement dans les Sauterelles & dans
les Criquets : nous les choifirons pour exemple
; leur faut nous préfenrera quelque différence
avec le faut des autres animaux , &
comme tous les infeâes qui fautent leur ref-
femblent plus ou moins , il fera facile de
leur appliquer ce que nous aurons dit.
Les Sauterelles & les Criquets ont les
pieds de derrière exceffivement longs , dif-
proportionnés- aux quatre autres pieds ; les
deux antérieurs font les plus courts ; il en
réfulte que dans la pofition , lorfque les pieds
font pliés, le corps eft incliné & baiffé en
avant, au lieu d’être foulevé & incliné en
arrière , comme- dans les autres infeétes ;
fleurs cuiffes font très-gtoffes & garnies de
mufcles très-forts , qui fervent à l’extention
des pieds ; leurs tarfes font plats , larges,
garnis d’afpérités , ils couvrent une efpace
confidérable , 8c fe cramponnent fortement
fur le terrein. Lorfque les Criquets & les
Sauterelles viennent y pour fauter , à étendre
leurs pieds de derrière , leur effet eft fembla-
bleà celui d’un reffort puiflant & long, fortement
courbé , fixé lblidement pat un bout,
& qui fe débande par l’autre ; un pareil ref-
fort lanceroit fort haut un corps qui ferait
pofé fur le bout qui fe débanderait, & fi ce
corps étoit incliné en devant , le reflbrt le
projetreroit dans le même fens; c’eft ce qui
arrive aux Sauterelles & aux Criquets dans le
moment où ils fautent ; leurs longues jambes
pliées, vigoureufement étendues, fermement
appuyées par leur bafe fur le terrein,
lancent le corps très-haut 8c le projettent,
à câufe de fou inclinaifon , fort en avant ;
cependant fon poids, d’après fa pofition ,
favorife la projeâion & la fécondé; c’eft
d’après ces caufes combinées, que les Sauterelles
& les Criquets s’élancent par un feul faut
à de fi grandes diftances. Qu’on applique ce
que nous venons de cjire aux autres-infeâes,
P R È r Ï 'M
particulièrement à l a ’pucê1,-o h verra que
la force des fauts dépend de la longueur des
pieds de derrière;dè la difproportioti avec ceux-
ci des pieds antérieurs , & de l’inclinaifon du
corps en avant. Quant aux Sauterelles 8c aux
Criquets , il leur arrive fo u v e n t, en' fau -’
ta n t, d’étendre les ailes , de retarder , par ce
moyen , leur ch û te, de diminuer la courbure
de la ligne par laquelle ils rétombent, & d e ;
l’alonger , ce qui augmenté lej produit clu;
f a u t , & ' les pforte à une jffus grande d if-
rance.
Le faut des in feâes produit un- effet plus
grand à proportion , que- le. .faut des autres ;
animaux , parce qu’il eft l’eflèt oe puiflances
proportipnnémeup plus énergique«,'.parce que
i’inclinaifon dit, corps en, dpvantufavorife &
fécondé la prqjedion déterminée par ces
puiflances , & il ne dépend pas,.com m e o n'
pourrait, fe l’im a g in er, du peu de poids., d u -
corps.. .
Du vol.
L'e vol eft l’appanage des oifeaux , excepté '
un .petit nombte.qui né’ vole pas’,.d u plus;,
grand nombre dès infeétes , 8c de la Chauve-
Souris .parmi les quadrupèdes ; car les ccii- '
rèùits , les Lézards , qu’on a nomme Voluns,
fort improprement , lie font , étant places :
fur un lieu élève , qué s’élancer Vers un autre
point plus bas , en retardant leur chute à la
faveür dés mèmbranes étendues de leurs pieds
dé devant à ceux de derrière , le long du
côrps ; ils ne peuvent ni s'élever , ni fe diriger
par le'moyen de ces membranes , ils tombent
feulement moins précipitamment, & ils ne
volent' pas.1 ‘
> Pour connoître le mécanifme du v o l, & le
comparer dans les différais animaux, il faudrait
décrire'& comparer les inftrumens qui
y fétvertc. C e ferait un travail très-long , &
par rapport aux oifeaux q u i , comme jouiflant
par excellence d e lajfaculté.de voler y doivent'
fetvir dfobjet de cojnpa'raifon , ce feroit la
répétition d e-ce q u i a. .été dit., à cet égard ,.
dans le dictionnaire d’Ornithologie , faifant
partie de la.nouvelle Encyclopédie. Je ren-
I N À 1 R E. xciij
verrai donc à ce didionnaire pour les détails
de la defcription des inftrumens 8c de l’explication
du mécanifme du vol des oifeaux.
J’en rappellerai feulement én cet endroit l’idée1
en précis.
L ’aîie des oifeaux contient intérieurement ■
des parties ofleufes , divifées en trois portions
-, une qui répond au bras , la fécondé à
l’avant-’nras, la troifième àu poignet & à la
,main : c-elle-ci n’eft qu’un appendice. Ces parties
fontcouvertes par des mufcleS : lapremiè-
re eft mue par des mufcles attachés au thorax;
la fécondé , par des mufcles fixés à la pre-'
itnière & la troifième par des mufcles attachés
à la fécondé ; les mufcles font couverts
par la peau ; elle fondent les. plumes ? elles
compofent , en apparence , l’aîle , & elles;
jfont de deux efpèces ; les unes courtes , les
.autres fort longues ; les premières ne ferveur
qu’à couvrir la peau & à confervér la chaleur,
les autres font des inftrumens du vol ; les
premières foncconcaves & foibles; les fecon--.
des fonc.planes & fortes ; les oifeaux n’ont
ique deux ailes ; elles font attachés au thorax ,
fur lequel font fitués les mufcles les plus forts
& les pius volumineux du corps : à proportion
qu’elles ont plus d’étendue, qu’elles font plus
planesétant déployées, elles font de meilleurs
foftrumens ; les-oifeaux Volent mieux : de là
'vient que les uns -, en volant -, ne fout que
foLitenus par leurs ailes & pouffes par le courant
de l’air auquel ils obéiffenc comme un
vaiffeau foutenu. fur l’eau, eft pouffe par le
Venr qui frappe fes voiles en arrière. Ce font
les Voiliers ; de là. vient auffi que les autres
font non-feulement foutenus par leurs ailes ;
mais qu’ils peuvent «’en fervir pour voler
‘contre le vent & le’forcer , comme' le batet
lier a l’aide des rames, ou le poillon par le
moyen des nageoires , remontent contre le
cours de l’eau & le forcent. Ce font les oifeaux
rameurs. Ces noms, conviennent aux oifeaux
èn qui les conditions font extrêmes , les autres
poffedent plus ou moins des facultés des
Rameurs , & sien rapprochent , ou relfem-
blent davantage aux voiliers. C ’eft parmi les
oifeaux dé proie que les deux, extrêmes font
bien exprimés ; le vol des -autres oifeaux eft