
miel ; il eft. auffi avantageux aux Abeilles de
les forcer à changer de logement quand les 1
faulîes Teignes fe font trop multipliées dans •
leur habitation , & qu’elles y détruifent plus
que les Abeilles ne peuvent réparer. Mais
c’eft fur-tout par ce palfage d’une ruche à une
autre que l’ôbfervateur s’allure de certains '
faits, comme de ce qu’il n’y a qu’une mère dams
chaque ruche pendant la plus grande patrie
de l’année, du tems où il y en a plufieurs,
que pendant neuf mois on h’y trouve pas de
mâles, ficc.
La manière ordinaire de vider une ruche
pour en remplir une autre, eft de renverfer
la première fans deffus delfous , de la fixer
dans cette pofition , (oit par le moyen d’un
trou fait en terre & dans lequel entre fon
fommet, foit par quelques groifes pierres qui
l’étaient ; on choifit pour cette opération le
matin ou le loir d’un jour un peu frais1, 8c
les momens où des nuages cachent le foleil ;
celui qui renverfe la ruche s^eft auparavant
couvert d’une forte de demi-domino de toile
de crin, à travers lequel il voit suffi - bien
qu'à travers un verre ; ce domino eft lié
fous les bras autour du corps, les mains font
garanties par un gant couvert d’un fécond
gant de laine, & les jambes le font ou par,
des botines de cuir ou des ferviettes qui forment
plufieurs tours j de cette façon on n’a
pas à craindre d’être piqué. Par-deffus la
ruche pleine & renverfée, on en pofe dans
fbn fens naturel une vide de même diamètre,
& l’on bouche les vides entre les deux ruches
avec de la terre grade ou de la fiente de
vache, puis de deux baguettes que l’on tient
une de chaque main , on frappe précipitamment
fur les côtés de la ruche renverfée :
fa pofition, le bruit, l’ébranlement des coups
de baguette déterminent les Abeilles à monter
de la ruche .inférieure dans ta fupérieure;
on juge , au bourdonnement qu’on entend
dans cette dernière, du nombre des Mouches
qui y ont paffé, & lorfqu’il eft confidérable,
on enlève la ruche fupérieure, on la porte à
l’endroit où étoit l’inférieure , & on l’y met
dans U même pofition, circonftance effètttielle
: mais fi les Abeilles font lentes à monter
dans la ruche fupérieure, on agite les deux
ruches à bras, ce qui détermine au moins
un petit nombre d’Abeilles à monter dans
la fupérieure, effet qui fuffit; on étend auprès
de la nouvelle ruche un drap , on fe-
coue rudement deffus l’ancienne ruche dont
l’ouverture eft tournée en bas ; on a foin de
pofer une planche d’un bout fur le drap, &
de l’autre à l’ouverture de la nouvelle rûche;
les Abeilles renverfées de force fut le drap,
près d’une habitation qu’elles connotffent,
s’acheminent vers celle qui en occupe la
place. Cependant il y en a qui s’obltmenc a
refter dans leur ancienne demeure ; on les
néglige, on les enlève en féparaur de la ruche
avec un couteau fait exprès les gâteaux de
cite ; on balaie avec les barbes d’une plume
les Mouches qui y font reflets cramponnées.
M. de Réaumur décrit enfuire la manière
de faite paffer lesAbeitles dans une autre ruche
par le moyen de la fumée & par le moyen
de l'eau. De ces deux méthodes, la première
a l’inconvénient de faire périt fouvent un
affez grand nombre d’Abeilles , & l’execution
en eft affez difficile. Je ne m’arrêterai
pas par cette taifon à la décrire ; je donnerai
une idée de l’autre méthode qui eft plus
fimple, plus commode, & qui entraîne moins
de perte.
Le foir du jour qui précède le changement
qu’on médite pour le lendemain, on fait a
la ruche qu’on veut dépeupler quelques ouvertures
à fon fommet ; le lendemain de bon
matin on la trânfporte près d’un puits, fur
le bord duquel on a placé un baquet suffi
profond que la ruche eft haute ; on la pofe
fût le fond du baquet ; on pofe au - deffus
de l’ancienne ruche la nouvelle , pat fa bafe
qui reçoit le fommet de l’ancienne, on lutte les
ouvertures qui peuvent être entre les deux,
en fe lervant de terre glaife ; on remplit le
baquet d’eau qui force les Abeilles à monter
dans la ruche nouvelle, on l’enlève, on la
pofe, dans le voifinage , fur un tetrein uni
& folidfi qui bouche fon ouverture, & on
la porte, quand le tumulte commence à y
diminuer, à la place qu’on lui deftine. Cependant
des Mouches en affez grand nombre
tombent dans l’eau par divers accidens ; il
faut les pêcher avec une écumoire à la furface
où elles font foutenues, les étendre, fut un
drap près de la nouvelle ruche ; bientôt elles
reprennent leur vigueur, elles fe relèvent 8c.
entrent dans la nouvelle habitation, il en
périt fort peu & moins que de toute autre
manière. Mais lé miel qui fe trouve dans
des cellules ouvertes eft endommagé; c’eft
une perte fort médiocre, parce que la plus
grande partie du miel eft contenue dans des
alvéoles fermés , ou il eft garantit par la
cite.
L’obfervation qu’une Abeille qui paroit
noyée & privée de la vie peut la reprendre,
conduifit M. de Réaumut à fe fervit de l’eau
pour obferver les Abeilles d’une ruche une à
une, les pouvoir compter, y diftinguer les
bourdons, y chercher lamère.&c.
Il remarqua & connut par divers effais
qu'une Abeille peut refter long-tems fous
l’eau, neuf heures 8c davantage fans y perdre
la vie, qu’en l’effuyant, ou-la réchauffant,
elle reprend fes forces & fon activité ;
quand il eut fait fes tentatives fur quelques
individus ifolés, il n’héfita plus à fubmerger
les Abeilles d’une ruche entière & par ce
procédé il eut un moyen d’examiner l’intérieur
d’une ruche, l’état de fes habitans fans
les faire périr, en tour tems & toutes les fois
qu’il le jugea à propos. 11 décrit dans le refte
du mémoire les manipulations. néceffaires
pour fubmerger les Abeilles, les fécher, les
réchauffer & les rappeller à la vie; pour fécher
leur habitation qu’on a inondée, la remettre
en état de les recevoir; & il expofe les
différentes obfervations qu’on peut fe prôpo-
fcr de faire par le moyen de ,1a fubmerfion.
Ces divers objets font fort carieux, mais ils
font d’un détail qui ne permet pas d’extrait
& nous exhortons le le&eur que ces mêmes
objets poutroienc intéreffet, à lire le mémoire
même. -
Hifteirc Naturelle , Infelles. Tome IV ,
i i e. M é m o i r e .
De ce qui fe pajfe dans chaque alvéole d une
ruche depuis qu'un oeuf y a été dépofé, juf-
qu'à ce que le V:r forti de cet oeuf parvienne
d être une Abeille.
Les oeufs des Abeilles font oblongs, plus
gros à un bout qu'à l’autte , de couleur tirant
fur celle de lagirafole, ils n’ont pour enveloppe
qu’une fimple membrane ; la mère n’en depo-
fe qu’un dans chaque cellule 8c , comme on
l’a déjà dit ailleurs, elle l’enfonce par fon
bouc pointu à l’orifice de la cire ; il demeure
fufpendu & incliné par le moyen d’un glucen
qui le retient. Cependant il arrive quelquefois,
lorfque le nombre des alvéoles ne répond
pas à la fécondité de la mère, qu’elle dépofe
plufieurs oeufs dans un même alvéole ; le
plus grand nombre qu’on y en ait obfetve eft
de quatre.
C ’eft un fentimentqui a long-tems ete accrédité
que les Abeilles couvent leurs oeufs
& cette fonâian avoir été adjugée aux males
; mais on a reconnu pat des obfervations
plus exactes que les oeufs n ont befoin pour
éclorre que dudegréde chaleur répandu dans
la ruche ; ce dégté , toujours confidérable,
l’eft fouvent autant que celui de 1 incubation
d’une poule.
La fortie du Ver hors de l’oeuf a lieu deux
ou trois jours après la ponte, fes métamorphosés
font promptes & au bout de vingt
à vingt & un jour l’Abeille dans laquelle il
s’eft transformé prend fon effor.
Le Ver nouveau né eft long; il fe tient en
rond; il pofe fut le fond de la cellule couvert
d’une forte dé bouillie qui lui fert
de couffin & de nouriture; cette bouillie ne
fuffiroitpas à Ton entretien, fi elle n’étoit fré-,
quemment renouvellée , c’eft un loin que
prennent les ouvrières attentives à vifiter les
cellules & à les approvifionneren y dégorgeant
la pâtée dont les Vers fe nourriffent. Cette
pâtée ou bouillie a un goût infip'ide ou p!û~