
XIV D I S C O
portion que les fibres, les membranes, les j
vaiffeaux font plus raprochés, joints plus
intimement par un tillu cellulaire plus court,
plus ferré , plus denfe , ou par un fuc plus
confiftant, plus agglutinant.
Il n’eft point de parties du corps des infectes
qu’on ne puifle, par un procédé convenable
, réduire en fibres élémentaires comme
toutes les parties des autres animaux;
leur corps a donc pour bafe, pour partie
conftituante, le même élément. Gette première
notion étant indiquée, paflons à l’irritabilité.
C ’eft une propriété commune à tous les
corps organifés d’être compofés de fibres
auxquelles on peut réduire toutes leurs parties
, & de la réunion defquelles leur enfem-
ble eft formé ; cette propriété appartient
aux végétaux comme aux animaux ; mais
la fibre végétale eft inerte , c’eft - à - dire,
qu’elle ne fent pas, qu’elle ne réagit point ,
ne fait pas d’effort, & n’entre pas en mouvement
à l’occafion du contaâ d’une fubftance
étrangère ; la fibre animale au contraire ne
fauroit, au moins étant vivante, être touchée
fans femir , fans réagir, faire effort & entrer
en mouvement; fi elle eft libre, ellefe retire
fur elle-même & fe racourcit ; fi elle eft
retenue par fes extrémités , elle entre en
ofcillation. C ’eft cette propriété que j’appelle
irritabilité ; & l ’irritabilité me paroît être le
caraâère propre 8 diftinétif de la fibre animale
, par conféquenc des animaux dont la
fibre eftl’élément. Non-feulement les infeétes
ne donnent pas moins d’indices d’irritabilité
dans tout leur enfemble que les autresani-
maux, mais leurs parties, leurs fibres, fépa-
rées du refte du corps, confervent pluslong-
terns la propriété de fe racourcir, d’entrer
en mouvement, ou l’irritabilité ; elle eft
donc en eux, comme dans les autres animaux,
le principe primitif de toute aétion, le premier
agent & la bafe de l’exiftence, & la
leur paroît en cela plus folide, plus durable;
ce n’eft pas l’effet d’une propriété particulière
à leur fibre, mais celui du concours
de piufieurs caufes dont nous parlerons bientôt,
U R S
Après avoir expofé ce qu’on doit entendre
par la fibre & [‘irritabilité, je paffe a l’aétion
de l’irritabilité fur la fibre, & à la réaétion ou
mouvement de la fibre, pour en déduire le
mécanifme & l’explication des fonctions.
Du cerveau & des parties qui en tirent leur
origine.
Le cerveau eft un vifcère mou , vafculaire,
pulpeux, compofé de deux fublîances , l’une
grife , l'autre blanche, qu’on nomme , la
première; fubfiance corticale, ou fubfiance
grife, parce qu’elle eft à l’extérieur , & que
fa fécondé dénomination exprime fa couleur.
La fécondé fubftanre eft appellée médullaire;
le cerveaujeftdivifé à fa furface, &, jufqu’en-
viron le tiers de fa profondeur, en deux feg-
mens auxquels on donne le nom de lobes ,
réuni à fa. bafe en une feule malle, placé
dans la cavité du crâne qui le foutient,
l’entoure , le défend du choc & de la pref-
fîon des corps extérieurs qui peuvent heurter
la tête ou la comprimer.
Dans la cavité du crâne des infeétes, eft
placé un vifcère fi femblable au cerveau par
toutes les circonftances énoncées, que les
anatomiftes n’ont pas héfité à lui en donner
le nom. Quant ..aux deux hémifphères, ou
à la croûte d’une fubftance membraneufe, qui
couvrent la tête des infeétes, on ne peut leur
refufer le nom de crâne.
Au-deffous deslobes du cerveau, en arrière,
eft fitué un vifcère analogue au cerveau par
fa ftruéture, égalementdivifé en deux lobes,
mais qui a plus de confiftance, & dont les
deux fubftances, la grife & la médullaire, font
difpofées dans un ordreoppofé à celui qu’elles
tiennent dans le cerveau. On donne à ce
vifcère le nom de cervelet-, il n’a pas encore
été obfervé dans-les infeétes ; mais ce vifcère,
de même nature que le cerveau, a auffi les
mêmes ufages, quoiqu’il exerce fon aétion
fur des parties qui ne font pas les mêmes :
cette différence n’en eft donc qu’apparente
, & ne change rien au fond du mécanifme
, fi le cerveau & fes dépendances,
donc nous allons parler, fupplceut dans les
infeétes , comme il eft très-probable au cervelet
, & fuffifent aux fonétions des deux
vifcères : d’ailleurs, le cerveau paroîr, dans les
grands animaux, deftiné tant aux fonétions
mécaniques particulièrement , qu’à celles
dont les facultés font le réfultat, telles que
la rémiuifcence , la combinaifon, la compa-
raifon des fenfations, un jugement & une
aétion déterminés par leur impreffiou. Mais
les facultés font moins nombreufes, elles
font plus bornées dans les infeétes ; ils n a-
voient donc pas befoin, pour l’exercice de.
'deleurs fonétions, de deux vifcères diftinéts ;
le même peut fiiffire aux mouverhens mécaniques
, à la perception des fenfacions &
au réfultat borné de cette perception. C ’eft
peut-être par laraifon du peu de facultés dej
infeâes que leur cerveau eft, même à proportion,
plus petit que celui des autres animaux.
Nous allons voir que ce vifcère s’étend dans les
infeétes dans toute la longueur de leur corps ;
que de diftance en diftance il paroît fe renouveler
& fe multiplier : c’eft une nouvelle
raifon pour qu’il n’ait pas befoin d’un volume
auffi ample dans un point déterminé , d’être
aidé par un fécond- vifcère', & pour qu’il
fuffife feul aux différentes fonétions.
Les parties dépendantes du cerveau , ou
qui en tirent leur origine, & qui concourent
à fon aétion , font i ° . la moelle alongée ;
c’eft un prolongement de la fubftance médullaire.,
qui paffe & qui fort de la tête,
à la bafe du crâne en arrière, par une ouverture
qu’on nomme trou occipatal; 20. la
moelle épinière qui occupe toute la cavité de
la .colonne vertébrale , depuis l’occiput ou le
derrière de la tête , à fa bafe , iufqu’à l’extrémité
de cette même colonne., & qui eft
elle -même un prolongement de la moëlle-
alongée 3 & par conféquent de la fubftance
- du cerveau.; 3Q. les nerfs qui tirent leur
origine ou du cerveau & du cervelet, &
naillent par des trous de la bafe du crâne,
ou qui paflent de la moelle épinière, de qui
fortent de la colonne vertébrale encre chacune
des pièces, ou des os dont cette colonne
eft compofée. Les nerfs font blancs, pulpeux
; on n’a pas encore bien déterminé fi ils
font pleins ou creux ; ils font beaucoup plus
pulpeux à leur naifïance, de ils deviennent
plus folides à mefure qu’ils s’alongent ; ils
font adhérentes les uns aux autres â leur origine,
ils y forment un cordon ou faifeeau
formé de cordons plus petits qui fe touchent, de
que lie un ri (Tu cellulaire affez lâche ; dis
naillent toujours, par paire, du cerveau ou
de la moelle épinière, c’eft-â-dire, qu’il fort
toujours de chaque coté, ou du cerveau, ou
dé la colonne vertébrale , un nerf pareil,
dont l’un fuit fa direction à droite j l’autre
â gauche : les nerfs fe propagent du point
de leur origine à toutes les parties du corpSj
de viennent fe terminer à fa furface de d
celle des différences parties dont ils pénètrent
le tiffu : comme ils font nombreux très-difr
féminés , ils forment eux-mêmes une portion
confid érable des différentes parties ; ils ne fe
diftribuent pas en jectant des rameaux qui naïf*
fent d’un tronc commun, niais en fe féparant
les uns des autres, en forte que le faifeeau qu un
nerf formoit â fon origine, devient plus petit
a mefure qu’il s’en éloigne, & finit par un
filet délié à peine perceptible; c’eft ce filet qui
s’étend jufqu’à lextrémitédes différentes parties,
de qui à la furface de la peau s’épanouit
fous-' l'épiderme en forme de ho ope
piufieurs de ces nerfs ou filets , détachés d’un
même tronc, fe rencontrent en différens endroits,
fe croifent > s’entrelacent dans leur
trajet , de forment des efpèces de noeuds
qu’on nomme ganglions '3 piufieurs nerfs, fé-
parés de différentes paires ou de différens
troncs , fe rencontrent & fe joignent fouvenc
à des diftances très-éloignées de leur origine ;
la jonéfion de ces nerfs écablic ce qu’on appelle
la Jympathieic'eR.t2i-d'u'ei communication
entre les troncs qui ont donné naiffanceaux
: filets ou. nerfs qui fe font rencontrés, touchés
de joints, de entre les parties auxquelles
les autres nerfs, émanés de ces mêmes troncs.,
fe diftribuent ; il en réfulte que les impref-
fions qui ont lieu fur une des parties qui
reçoit des nerfs du tronc qui a correfpon-
dance avec un autre de la manière qui vient
d’être dit, participent-de l’imprelfion,exercée
fur la partie qui lui correfpond par la com