
le bord inférieur, elles pincent les plus
légères afpérités du terrein , & la con-
traâion des mufcles attire les quatre vertèbres
-poftérieures vers iet quatre antérieures;
quand elles en font approchées autant qu’il
eft poflîble , leurs mufcles fe contraétenc ,
leurs écailles inférieures font foulevées , elles
s’appuient fur le terrein ; les mufcles des quatre
vertèbres antérieures tombent dans le relâchement
, Ies,vertèbres tendent, par l’élaf-
ticité des parties, à s’écarter , la partie anté-
, risure du corps à s’étendre fon extenfion ne
peut avoir lieu en arrière , les écailles des
quatre vertèbres poftérieures implantées fur
le terrein s’y oppofent; l’expanfion des quatre
premières vertèbres a donc lieu toute entière
en avant. Alors les mufcles des quatre vertèbres
fecondaires fe contractent & attirent
une nouvelle fmuofité du ferpent ; celle-ci
devient bientôt un point d’appui pour les quatre
vertèbres intermédiaires dont i’expanfion
» lieu en avant, au moment ou la contraction
des mufcles .celle; les finuofités que
forme le corps du ferpent, font fucceffive-
ment attirées les unes vers les autres, & fe
fervent fuccelïivement de point d’appui pour
leur expanfion en avant, en commençant de
la première finuofité du côté de la tête, juf-
qu a la dernière du côté de la queue ; quand
celle-ci a été rapprochée de celle qui la précède
, & lui a fervi de point d’appui, les
tnouvemens recommencent du côté de la tête ;
comme ils fe fuccèdent rapidement, l’allure
eft prompte. Si quelqu’un doute que le Serpent
rampe en attirant & pouffant alternativement
en avant les replis de fort corps les
uns par les autres, qu’il laiffe en liberté dans
une chambre, un Natrix ou Serpent cl collier,
couleuvre dont la morfure n’eft pas véni-
meufe , il verra ce reptile , en cherchant à fe
fauver , monter le long des murailles , en
defeendre , ce qu’il ne peut exécuter qu’à la
faveur des points d’appui qu’il rrouve dans fes
écailles foulevées ; il verra fenfiblement fes
finuofités s’attirer 8c fe pouffer en montant,
s’arrêter & fe Ibutenir en defeendant.
Les ver» proprement dits , les larves qui
ont la même forme , comme celles de beaucoup
de mouches à deux ou quatre ailes ,
n’ont point d’écailles. Mais la peau des
vers , celle des Lombriques ou vers de terre,
par exemple , eft gluante ; en l’appuyant fur
une furface , elle y prend un certain degré
d’adhéfion. Le Lombrique qui veut paffer
d’une place à une autre, contourne fon corps
à-peu-près comme le Serpent, en formant,
cependant', des finuofités moins nombreufes
& plus alongées ; il applique la première
fur le terrein , elle y adhère ; il contracte les
mufcles de fes premiers anneaux , qui rentrent
en partie les uns dans les. autres; la peau
qui fe raccourcit , forme des rides , ' elles
pincent les inégalités du terrein, & deviennent
un nouveau &plus ferme point d’appui,
la première finuofité attire la fécondé que le
ver foulève pendant quelle eft attirée ; il
l’applique enfuite fur le terrein, il en contraéte
les mufcles , elle devient un point d’appui
pour la première finuofité dont les mufcles fe
relâchent, & dont l’expanfion a lieu en avant;
ce mouvement alternatif s’exécute comme
dans les reptiles de la tête à la queue, & recommence
du côté de la tête.
Les larves , trop courtes pour former des
finuofités, cheminent en raccourciffant 8c
alongean’talternativement leur corps, fuivanc
une ligne droite ; leur peau eft , en général,
vifqueufe , comme celle des Lombriques,
elle eft donc fufceptible d’adhérer au terrein ;
elle forme également des rugofités dans l’inf-
tant du raccourciffement, ou de la contraction
des mufcles ; les larves rampent donc en
appliquant fur le fol , en y appuyant leurs
premiers anneaux , en en contractant lés mufcles
, 8c fucceflîvement ceux des anneaux
poftérieurs qui s’attirent & fe fervent alternativement
de points d’appui de la tête à la
queue , pour leur rapprochement & leur
expanfion en avant. Mais , en outre , on peut
à l’aide de la louppe , obferver fur la peau de
beaucoup de larves , au bord de chaque anneau,
fur les côtés, des mammelons proprès à
fervir de points d’apuis , & l’on peut regarder
comme autant de pieds les rugofités de
la
la peau des larves font des points fixes fi
fondes , elles remplacent fi bien les écailles
des ferpens , les pieds des autres animaux ,
même ceux qui font le; plus propres, à fe
cramponnèr, comme les pieds des infeétes
dans leur état de perfection, que beaucoup de
larves graviffent perpendiculairement lé long
des parois des furfaces les plus polies : des
larves de la mouche bleue de la viande nourries
au fond d’un bocal ou poudrier de verre , en
.fottent en montant le long des parois. Cependant
, il y a des larves qui ne cheminent
pas de la manière que je viens de décrire,
qui ne rampent pas , & ne font que fe traînée
& fe pouffer par le moyen de leur mâchoire
& de leur queue , ou leur dernier anneau.
Leur mâchoire eft un crochet engagé
dans le premier anneau ; elles appuient le fécond
ou le troifième fur le terrein ; en contractent
les mufcles, qui , en fe gonflant ,
pouffent en avant Je premier anneau que la
larve foulève ; elle abaiffe le premier anneau,
cramponne le bout de fa mâchoire fur le terrein
, contra t e tous fes anneaux, plie un peu
fon corps en arc , .& appuie l’extrémité du
dernier anneau fur le fol ; elle .foulève le
premier anneau , dégage fa mâchoire ; fes
mufcles. tombent dans le relâchement, l’a-
longement du corps, opéré par l’élafticité ,
& fon expanfion ont lieu en avant , à caufe
de la réfiftance du dernier anneau appuyé
fur le terrein, il eft entraîné vers les antérieurs,
par une fuite de l’expanfion en avant,
au moment où la larve le redrelfe ou celle de
l’appuyer fur le terrein.
Des mouvement de la fécondé efpèce , ou de
ceux au moyen defquels les animaux approchent
d'eux les objets., s’en faifîffent en
tout ou en partie , en difpofent à leur gré,
& des mouvement, au moyen defquels'ils
fapportent le choc des corps, ils en diminuent,
l’effet, ou les repouffent; de la manière dont
ils attaquent leur ennemi ou leur proie , ou
dont ils fe défendent.
J’ai traité dans l’article précédent , des
mouvemens par lefquels les animaux chan-
Hijloire NaturelleInfeclest Tome I.
gent de lieu , & paffent d’une place à une
autre ; je me propofe pourfujet de ce paragraphe
les mouvemen- néceftaires pour faifir
les objets , eu difpofer à volonté, en totalité
ou en partie ; ceux au moyen defquels les
animaux foutiennent la rencontre des corps
eu mouvement, en fupporcent le choc, &
diminuent fon effet ;' ceux qu’ils exécutent
ou pour attaquer ou pour fe défendre. Ces
différens tnouvemens font trop multipliés,
ils font trop variés, fuivant les circonftances ,
pour les pouvoir décrire tous en détail : je
ne m’occuperai donc que de ceux qui font
les plus ordinaires , 8c que les animaux exécutent
le plus habituellement. Nous verrons
que, comme les mouvemens qui nous ont
occupés jufqu’ici , ils font fubordonnés à la
forme , au nombre des parties que les animaux
ont pour agir ; que ceux qui ont un
plus grand nombre de parties à mettre en
aélion , des parties conformées plus avanta-
geufement, font ceux qui exécutent davantage,
des travaux plus difficiles , & en même-
tems plus parfaits ; mais nous remarquerons
qu’il ne fuffit pas d’avoir desinftrtimens pour
travailler, . ou agir avec fuite & intention,
qu’il faut encore en fentir le béfoin; que les
travaux des animaux font en conféqueiice en
raifon du nombre , de.la forme des inftru-
rnens ou des parties qu’ils ont .pour agir, &
du befoin qu’ils fentent d’entreprendre 8c
d’exécutet. Ainfi , lé Singe, conformé plus
avantageufement qu’aucun autre animal, pour
entreprendre, fuivre.ee qu’il aurait entrepris,
n’agit qu’à l’étourdi ; il fe meut , il fe tourmente
, il agite tout ce qui eft autour de
lui, parce qu’il a des parties très-mobiles ,-
conformées d’une manière favorable pour
agir, mais il ne marque point d’intention
dans aucun de fes mouvemens,.il n’y met
aucune fuite, il’ tracaffe , il fe remue , il
n’agit ni ne travaille , parce qu’il n’éprouve
pas le befoin de travailler. Habitant des pays
chauds dans lefquels les arbr'es font chargés
toute l'année de fruits dont il fe nourrit ,
il n’a befoin ni de ramaffer des’ alimens,
ni de former des magafins pour les confer-
v e t , ni de fe préparer une retraite contre la
P