
qu'elle dévore. Il y a quelques années que
cette Teigne multiplia dans l’Angoumois, au
point d’y exciter une horrible difétce ; MM.
Tillet & Fougeroux, nommés Commiflairés
par l’Académie pour.'examiner les dégâtside
cette Tei gne& s y oppofer, ne trouvèrent pas
de meilleur moyen que de faite -paffer les
bleds à l’étuve. Us détruifirent par ce moyen
la génération préfente , & depuis , quoique
l ’efpèce exifte toujours dans la même province
& dans beaucoup d’autres , elle n’a
pas allez multiplie pour océafionner des perces
remarquables. C ’eft un fait qu’on retrouve
dans l'Iiilloire de.tous les infeétes, qu’en certaines
années il y a des efpèces qui multiplient
extraordinairement, & qui, l’année
fuivante, fe trouvent réduites au nombre
d’individus ordmaire. Ces variations tiennent i
fans doute à des:circonftances qui ont coutume
de limiter le nombre des individus.,
& qui manquent en certaines années. Mais
il eft impoffible de détcrmiuer ni de prévoir
ces circonftances.
Il y a encore quelques Teignes qui vivent
des grains quand ils fe forment dans l’épi ;
d autres qui fe logent, ainli que quelques
Vers, à l ’intérieur des tiges; mais des efpèces
peüTvariées. &c peu nombreufes en individus
ne font pas de grands ravages.
Parmi les femences légumineufes , les I
pois , les lentilles, font très-fouyênt iijfe-f- ’
tés par quatre fortes d’infectes, le même
Charanfon qui dévore le bièd, un autre !
Charanfon , le Mylabre & la Bruche. Non- ;
feulement ces infeétes détruifent une grande
quantité de grains, mais ils rendent l’ufage j
de ceux où ils fe font beaucoup multipliés '
mal-fain; leurs larves , ou. les'(dépouilles
qu’elles larffenc dans les grains ( . caufent des j
maux de gorge inflammatoires ce qui
eft arrivé, il y a quelques années 9 dans plu-
lîeurs provinces, & ce dont la foçiété royale
de Médecine fut informée par fes. corref-
pondans. Elle leur a.dreffa, d'après, fovis de
M. Geoffroy, un moyen fort Ample de fé-
patei les graines attaquées de. cell.es, qui ne
le font pas. Il conflfte à mettre les graines
dans l’eau froide ; toutes celles qui font piquées
furnagent, & celles qui ne le font pas,
tombent au fond ; on enlève les premières,
on rejette l’eau, & l’on fait ufage, fans aucun
rifque , des graines qui le font précipitées.
Des Cynips, quelques Ichneumons, piquent
le fommet des jeunes pouffes, & y
dépofenr leurs- oeufs ; les vaiffeaux piqués
(aillent extravafer des focs qui , en fe coagulant,
forment des conjeftions & des fleures
bizarres ; la texture de la. pouffe eft changée,,
les larves croiffent & fe nourrîffent fous
fon abri , augmentent par leur piquûre le
dérangement d’organifation , & caufent ces
tophus finguliers qu’on remarque fi'fouvent
fur les.-églantiers en particulier.
. D ’autres infeétes , comme beaucoup de
Gynips, ne piquent que les feuilles pour y
dépofer un oeuf fur chacune. La piquûre
fait extravafer des fucs qui s’àmaffenf, autour
de l’oeuf, & la larve qui vient à naître,
continuant d’ouvrir des vaiffeaux, il fe forme
fur les feuilles des excroiffances qui réffem-
blent à des fruits qui ont plus ou moins de
volume & de folidité ; ce font les galles.
Tes Pucerons de plufieuts efpèces font du
nombre des infeétes qui occafionnent des
galles ; ils font fur tout abondans fur les
peupliers.
Les Mouches à fcie, des Ichneumons, &c.
piquent l’écorce des jeunes branches, & dépofenr
leurs oeufs deffous ; mais les larves
quittent ordinairement ce féjour peu après
leur naiffance pour vivre fur d'autres parties
des végétaux.
Toutes les différentes piquûres dont traitent
ces derniers articles caufent pèri'dï mal ;
il n’en eft pas de même des foivantes.
Beaucoup de Capricornes , les Cerfs,vo-
lans , différens Scarabés , la Phalène appel-
lée Cojjus, &c. ou dépofenr leurs oeufs .for
1 écorce des greffes branches, ou des troncs
même , ou dans la fubftance de l’écorce ; leurs
larves fe nonrriffent des fibres du bois , & fe
creufent des demeures les'unes dans la di-
reétion longitudinale, les autres dans la di
reétion tranfverfale des fibres ; il en réfulce
des trous fiftuleux , des caries , des cavités
dans lefquelles l’eau féjourne , pourrit les
fibres & produit par la fuite des plaies profondes
, larges, qui fouvent rendent un très-
bel arbre defeéfueux , for-tout lorfqu’ii y a
plufieuts plaies dans fa longueur ; les trous
faits eu travers font beaucoup plus dangereux,
parce qu’ils portent le mai beaucoup
plus vers le centre. C ’eft encore un de ces
fléaux contre lefqtiels le remède à trouver eft
peuc-être impoffible à découvrir. Le mal eft
d’autant plus grand, que le même infeéte ne
dépofe qu’un oeuf à chaque endroit, & que
fes larves font autant de trous qu’il a dépofé
d’oeufs ; fans les Grimperanx ,. les Pics, les
Méfanges qui, graviffant le long des arbres ,
y enlèvent un grand nombre de larves , le
dégât ferait encore plus grand , quoiqu’il le
foie beaucoup malgré cette précaution de la
nature.
Les racines. 11e font pas garanties par la
terre qui les couvre de la voracité des infeétes
; c’eft même for les, racines que ces
animaux exercent fouvent leurs plus grands
dégâts. Les larves des Flânerons , tant celles
de la commune que celles du Hanetpn
d’automne , les larves du Monocctos , celles
de plufieurs Coléoptères , s’attachent dans les
potagers aux racines de différentes légumes,
en particulier à celles des laitues, des plantes
chicoracées, lès rongent & les coupent
en travers, d’où ré fui te la perte du plant ; ces
ces mêmes larves fatiguent ou font périr, par
la même caufe ,. différens autres légumes ,
comme les artiebaux, les cardons, &e. Un
autre infeéte plus redouté encore dans ms potagers,
eft la- CourtiUière ou Taupe-Grillon.
C ’eft le plus grand infeéte de nos contrées ,
il a les deux pieds antérieurs larges, armés
d’épines en forme d’éperon , & conformées
à-peu-près comme les pieds de devant de la
Taupe. L ’uii & l’autre s’en fervent au même
ufage ; à fouiller la terre & y former des filions
, l’un & l ’autre font donc de grands
dégâts , moins, par le nombre des racines
qu’ils dévorent, que par la quantité qu’ils
en coupent en courant entre deux terres. On
détruit beaucoup de Courtillières en plaçant
plus bas que le fol des vafes à demi remplis
d’eau. Les Courtillières qui aiment l’eau ,
ou y tombent en fouillant la terre , ou , en
s’en approchant exprès , elles s’y Iaident ailé-
ment tomber fans pouvoir remonter,. parce
, que leurs pieds faits pour fouir la terre, font
peu propres à gravir ou à fe retenir for un
'plan folide incliné & uni,Quant aux larves donc
nous avons parlé, il eft fore difficile de les
(détruire dans un potager. Les mêmes larves ,
celles de plufieurs autres infeétes , comme
les Tipules, font de grands dégâts dans les
prairies , où elles rongent & coupent en travers
les racines des herbes ; les larvés des
mêmes Scarabés s’attachent auffî aux racines
des jeunes arbres , & -détruifent fouvent les
femis ou les plantations des pépinières, ou
des bois. Le grand tort que ces infeétes font
aux prairies & aux femis ou jeunes plantations
des arbres , font caufè qu’on; s’eft
beaucoup occupé des moyens de les détruire
ou de les éloigner, Il paraît , par rapport aux
-prairies & aux terres labourées où l’on trouve
auffi des mêmes larves , que le meilleur procédé
eft de labourer & de retourner fouvent les
terres , ait tant que les circonftances le permettent.
Les Corneilles & beaucoup d’autres
oifeaux , comme Betgeronettes,Lavandières,.
Ttaquets-, qui font très-avides des laryes
qu’on met à découvert, en retournant la terre ,
foivenç le laboureur & détruifent un grand
nombre. de ces infeétes mal-faifans ; mais
comme iis s’enfoncent félon le degré de
froid , c’eft en automne avant les gelées ,
ou en hiv,et pendant les dégels , qu’il y a le
plus à gagner à labourer ; il foudroie trop enfonce
r4 e foc dans les autres cems pour parvenir
à la profondeur cù les larves fe retirent.
Ge moyen confeillé par un fermier des environs
de Paris, paraît fort bon pour les terres
dans le cas d’être labourées , mais il ne fau-
roic. être pratiqué pour les ferais & les plan-
n n ' i j