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à la pourfuite de l'homme ou des animaux,
qu’elles fe délivrent de l’ennemi qui pille
leur magafin , comme les Bourdons, ou qui j
renverfe leurs demeures , comme divers
animaux, dans différentesoccafions; c’eft par
le moyen de leur aiguillon qu’elles s’attaquent,
les unes & les autres, qu’elles tuent, en un
certain tems , les mâles, & qu’elles fe livrent
des combats à mort.
Les mâles n’ont point d’aiguillon, mais les ’
femelles ou mères en ont un; elles paroiffent :
moins difpofées que les ouvrières à s’en fer- I
vir, caron peut les manier, les tenir entre fes j
doigts fans qu’elles piquenr, & ce n’eft qu’en j
les irritant long-tems qu’on les y détermine.
Les ouvrières fortent de la ruche de grand
matin-dans les beaux jours, au lieu que
les mâles ne fortent guère que d’onzè heures :
à cinq heures du foir.
Les mâles ne rapportent jamais rien à la
ruche , mais ni leurs pattes ni leurs dents.
ne font conformées comme ces mêmes parties
des ouvrières , les dents de façon à inci-
fer & ouvrir les capfules des fleurs, les pattes'
à fe charger des pouflières; ainfi ce font les
ïnftrumens qui leur manquent pour le travail,
& c’eft un préjugé d’attribuer leur inaétion
à un défaut moral.
La trompe dès mâles eft de même plus
courte , moins grande & moins propre à ra-
ma(I#r le miel que celle des ouvrières.
Les yeux à réfsaux & les antennes font plus
amples dans les mâles quedans les ouvrières.
Ces deux dernières loix font allez générales
par rapport à tous les infedes.
Les mâles font plus velus que les ouvrières.
Les mères font fur-tout remarquables par
la longueur de leur corps ; leurs dents &
leur trompe font, comme Celles des mâles,
plus petites que celles des ouvrières; leurs
ailes fur tout font propres à les faire remar- J
quer par leur extrême petitefle; les mères
O U R S
e n fin fo n t m o in s v e lu e s q u e le s m â îe s & q u e
le s o u v riè re s.
8 e . M i u o I R s .
Des gâteaux de cire ; comment les Abeilles
parviennent à les conjïruire ; comment elles
■ changent en véritable cire la poi'JJière des
étamines : de la récolle & de temploi de
. , la propolis • comment elles remplijfent les
alvéoles de miel, & comment elles l’y
confervent.
Les ruches font compofées de gâteaux de
cire parallèles, difpofés au-defftis les uns des
autres ; ces gâteaux contiennent à chacune de
leur furface des cellules ou alvéoles de figure
régulière. Les alvéoles font des tuyaux exa-
gones ; cetceconfiguration procure aux Abeilles
i’avantage de faire des cellules les plus grandes
qu’il fe puiffe, en occupant le moins de
place & laiffant le moins de vide pofiible ;
d’employer à leur confeâion la moindre
quantité de cire, & le rang d’alvéoles qui fe
trouve à chaque furface., lçs double dans le
même efpaçe.
Le fond de chaque cellule eft formé par la
réunion de trois pièces quadrilatérales. U faut
lire dans le mémoire même ce que l’auteur
dit fur la forme des alvéoles & de leur bafe ;
il examine enfuire comment lés Abeilles conf-
ruifent les alvéoles & les gâteaux ou rayons
dont la roche eft compofée; ce font les dents
ou mâchoires qui leur fervent d’inftrumeris
& aveclefquelles elles appliquent, étendent,
’ amincilTènt & .pétrifient la cire ; cè font
encore des objets qu'il faut chercher dans le
mémoire ; M. de Réaumur pafte aux ufages
des alvéoles. Il y en a de deftinés à fervir de
magafin pour le miel, d’autres à l’éducation
ou accroîffeménc des Vers, & à leur changement
en Mouches.
La grandeur des alvéoles eft proportionnée
à celle des Vers qui doivent y être élevés,ainfi
les alvéoles deftinés aux mâles font plus
grands que ceux qui font deftinés aux ouvrières,
& les alvéoles pour les mères fur-
paflent tous les autres.
Mais comment les Abeilles convertiffent-
elles en cire la pouflière quelles ont amaffée
fur les fleurs qui en eft la matière ? Cette
pouflière n’eft point encore de la cire, car fi
on l’enlève aux Abeilles qui font recueillie,
qu’on la preffe entre les doigts, elle ne s’y
pétrit point à la manière de la cire; au lieu
de fe fondre à une chaleur modérée, elle
fe defleche, jette de la fumée & fe réduit en
charbon; cette même pouflière, pvéfentée à
la flamme , s’embrâfe , brûle à là manière
des végétaux fecs ; enfin cette pouflière, jettée
fur l’eau, fe précipite au fond, ail lieu que
la cire fumage. Les Abeilles font donc éprouver
à cette pouflière une préparation qui lui
communique les-propriétés de la cire qui lui
manquoienr.
Plufieurs naturaliftes ont pçnfé que les
Abeilles , en mêlant' le miel aux pouflières
des plantes, les convertifloient en cire ; mais
pat ce mélange on ne change pas l’état des
pouflières , ainfi que notre auteur s en eft
affuré ; il ne préfume pas non. plus-que,
comme Swammerdam l’avoit penfé, ce foit
la liqueur de l’aiguillon qui change la na-„
rure des pouflières ; des tentatives qu’il a faites
à cet égard l’ont éloigné de çette opinion , 6c
ii remarque que les Guêpes, les Bourdons
qui rendent par leur aiguillon une liqueur
analogue à celle de l’aiguillon des Abeilles
ne forment pas de gâteaux de cire. La manière
dont les pouflières font converties en
cire par les Abeilles ne nous eft donç pas
connue. Il ferait utile (ans doute de découvrir
un procédé d’après lequel on pût exécuter
cette opération , parce qu’on, pourrait ra-
fnaflfer beaucoup de pouflières, Sc rendre la
cire infiniment plus commune. Les procédés
fuivans ne réfolvent pas ce problème ,
l’ébullition & enfuite évaporée dans une
cuiller d’argent ; elle a laiflfe un réfidu fem-
blable à de la vraie cire, ce réfidu en avoit
la couleur, l’odeur, la confiftance; mais mis
dans la bouche, il s’y fondit comme un morceau
mais ils mettent fut la voie des expériences
qui pourraient conduire i fa folutioq.
Des pçlotces de cire brute enlevées à des
Abe lies ont été mifes dans un tube rempli
(fefprit de vin, la liqueur- chauffée jufqu’à
de fucre, & il en avoit le goût. Ce
n’étoit donc pas encore de véritable cire?
Cependant l’auteur croyant s’ëtre allure în-
conteftablementque c’eft dans l’eftomucmeme
des Abeilles que la' cire bruce éprouve le
changement qui la convertit en vraie cire ,
ainfi que quelques auteurs La voient foupçon-
né,i! lui a parut dès-lors lupetflu de chercher
des moyens qu’il n’eft pas probable que 1 art
puifle imiter. Swammerdam nioit que les
Abeilles puffént fe nourrit de cire brute, &
il fe fondoit fur ce que l’ouverture de leur
trompe eft trop refîerrée pour admettre des
molécules lolides ; M. de Réaumur convient
de ce fa it, mais il obferve que les Abeilles
ont-, outre leur trompe , une bouche ficuée
au bout de la tête à la partie fupérieure delà
trompe , au bas des dents, & quelle peut
admettre des molécules de cite beute.
Non-feulement un obfervateur peut voir
les.Abeilles occupées à mâcher la cire, mais
il peut la retrouver dans leur eftomac & leurs
inteftins ; il eft donc prouvé qu’elles l’avalent.
Il a déjà été remarqué que les. alvéoles
fervent à deux ufages, à dépofer le miel,
à louer les Vers ; il y en a encore qui fervent
de magafins pour y depofer la cire brute
dans les tems & les jours où la récolte en eft
abondante & excède la confommation qui
peut en être faite!
Les Abeilles rejettent fous la forme dfexcré ■
mens & par l ’anus les fapces de la cire & du
miel, mqis c’eft par la bouche quelles regorgent
la partie de la cite brute quelles
avoienc avalée, & qui a cté convertie en
véritable cire ; cette fûbftanee eft rendue fous
la forme & la confiftance d'une pâte humide
qui, aufii-tot qu’elle eft défléchée, a toutes