
L’efpèce de Teigne qu’on trouve le plus
communément dans les coileftions , eft la
Teigne, la plus ordinaire auffi lur les pelleteries
& les étoffes de laine ; mais on trouve
encore, quoique plus rarement , quelques
autres efpèces de Teignes dans les collerions ;
elles font plus grandes, & par cela plus dan-
gereufes ; il fufht, pour l’objet que je traite ,
qu’on fâche les reconnoîrre au même indice
que les Teignes des pelleteries.
La Pince eft un très-petit infefte , recon-
noiffable par fes deux antennes oufesdeux premiers
pieds en forme de pince de Scorpion.
Cet infefte eft fort v i f , il fe cache peu,
il va , vient fouvent', & il eft , par cette rai-
fon , facile à découvrir. Il paraît en aftivicé
toute l’année ou une grande partie de l’année.
Je ne l’ai pas obfervé comme les infeftes
précédens, j’ignore le tems où il multiplie
, & fi le froid l’engourdit : il eft fi petit
, que^chaque individu ne peut faire que
très-peu de mal, mais l’efpèce peut nuire
beaucoup pat le nombre des individus. Cependant
quelques perfonnes doutent que la
Pince foit nuihble , elles croient au contraire
quelle eft utileg parce qu’elle ne fe nourrit
pas des objets donc la colleftion eft com-'
pofée, mais des Mitres que ces objets attirent,
& qui en yivent.
Les Mittes, plus petites encore que les
Pinces, font peu à craindre fépàrémenr, &
il n’y a que leur très-grand nombre qui
faffe un mal fenfible : on les voit courir en
tout tems, comme les Pinces ; elles rongent
les aîles à réfeau, les poufîières des ailes des
Papillons, & les parties les moins dures;
leurs excrémens font'une pouffière très-fine
& impalpable. A peine leurs dégâts méricent-il
attention , à moins que, par négligence, l’ef-
pècene fe foit multipliée "à un point extrême.
Ce font, dit on, les Mittes que les Pinces -
cherchent dans les herbiers , où les unes &
les autres font fouvent bien nombreufes. j'ai
peine à concevoir que les Pinces , en aufli
grand nombre que les Mittes , ne. les dé-
truifent pas, & que_les dégâts rapides, confîdérables
, qui ont fouvent lieu, ne foienc
pas dus aux deux efpèces très -multipliées.
Je n’affure cependant rien fur ce fa it,
n’ayant pas eu lé tems de le vérifier par
l’obfervation.
Après avoir fait connoître les efpèces def-
truéiives des colleftions d’infeftes, le tems
ou elles font à craindre, le moyen de les
reconnoîrre dans les différens états , je terminerai
cet article par l’indication des
moyens d’areêter les ravages en dérruifant
les infeftes qui les caufenc.
si r on n’a pas employé la cire pour y fixer
les épingles qui percent les infedes 3 quelque
méthode qu’on ait fuivie d'ailleurs , le
moyen le plus fur d’arrêter le dégât des infectes
deftru&eurs, eft de recourir à un degré
de chaleur qui les fafte périr. 11 y a deux
maniérés de mettre ce moyen à exécution»
Le premier, praticable feulement du mois
d’avril à la fin de celui d’août, confifte a
expofer les cadres ou les tiroirs, pofés verticalement
ou un peu inclinés au pied d’un
mur frappé des rayons du foleil dans lés heures
de la journée les plus chaudes, comme dé
dix heures à quatre. Le reflet du mur,, la
réfraftion des verres, occafionnent une vive
chaleur a l’intérieur des cadres ; fi le tems
eft beau, le ciel découvert, & ce font lés
circonftances qu’il faut choifir, en peu d’heures
la chaleur devient fi forte, que les in-
feâes deftrufteurs ne peuvent la fupporter;
ils fortent des parties du corps des infeftes
defféchés où ils le tenoient cachés, ils coureur
à travers le cadre, s’agitent, s’arrêtent, tombent
èn convulfions & meurent. Ce n’eft pas
le feul avantage dont on jouilfe , l’excès de
chaleur tue les larves chryfâlideS auflî-bien que
les infeftes , & détruit les germes dans lés
oeufs. Ainfi toute la race contenue dans un
cadre, en quelqu’étar que foient les individus,
périt en même- tems & en une fois.
11 faut employer le procédé que je viens
de décrire pour tous les infeftes qui n’avoieùc'
pas encore été placés, qui avoiént été attà-’
qués, ou qui étoient fufpefts; on les âftàf-
ni’ra en lés expofant au foleil fous un bocal
de verre.
Si l’on n’a remarqué da-nS- la colleftion
que de légères traces d’infeftes deftrufteurs
pendant l’automne & l’hiver , comme les
larves confommenc peu pendant ces deux
faifons, on peut différer d’expofer les cadres
au foleil jufqu’au printems fuivant; mais
fi , dans les faifons que nous venons d’indiquer
, le nombre des individus rend leurs
dégâts à craindre; fi en reconnoît les traces
des Dermeftes, qui font plus grands, qui, con-
fomment par un tems plus frais, il ne faut
pas attendre le printems, mais recourir à une
chaleur artificielle , foit en plaçant les cadres
dans un four, foie à plat fur la tablecté'd’un
poêle, foit verticalement devant le feudhina
cheminée : dans ces différens cas-, pour ne
pas porter trop loin la chaleur, ou ne pas
la laiffer trop au-defloiis'de ce quelle doit
être, il faut placer au milieu des cadres un
thermomètre, porter & entretenir la chaleur
de quarante-cinq à cinquante degrés ; la con-
ferver à ce point trois à quatre heures.
Voici quelques légers incouvéniens qui
réfuirent de la méthode que je viens de décrire.
1°. La chaleur, de quelque façon qu’on
l’excite, élève dans les cadres une vapeur
qui fe condenfe & fe refont en gouttes d’eau
par le frais où les cadres repalfent enfuite.
z°. Les infeftes qui ont reçu la mort roulent
dans les câdres quand on les"remue, ils tombent
fur le fond ou le rebord inférieur, &
ils faliffenr la colleftion. 30. La vive aftion
des rayons folaires ternit les couleurs, mais
bien peu & d’une manière infenfible, fi on
n’y a pas recours fouvent. 4°. Les infeftes
qui ne font que collés fe détachent quelquefois.
Il réfulte de ces inconvénients, qu’après
l’opération il faut ouvrir les câdres, les
nettoyer & réparer les défordres légers
qui peuvent avoir lieu. Mais que font ces
ïnconvéniens en comparaifon de l’avantage
de purger la colleftion en une feule fois, &
d’en aflurer la confervation pour toujours, fi
on a -, après les-réparations né'ceftàires, fermé
les cadres’proenptement'&s exaftemear. Quant
à l-’aftion-du'foléil-,coUVmeâl fùffit d’ y exp'ofsr.
une fois1 la co-Lleftioh., -îl n’y-' a nen a en rè-
d&ür'eri, -olp trop' p'eip pôur ne paS- pcofiter des
avantagés'qifelléi pfoêuté.
Si l’on s’eft fervi de la cire pour couvrir
le fond des câdres ou des boîtes, on ne peut
recourir à la chaleur ; alors il faut, fi les
infeftes font piqués, les tranfporter fur un
autre fond qui permette d’en faire ufage ,
ou s’ils font collés,, il faut ouvrir les cadres,
les placer fur le fond d’une boîte proportionnée
à leur volume & à leur grandeur, allumer
dans cette boîte de la fleur de foufre
enallez, .grande quantité , pour que .la vapeur
qui S'élèvera remplifle toute la boîte
qu’on-âufa:eü-foin de fermer; ouvrir trois
heures- après■ 1®-Boîte-au grand air, & retirer
les cidres. Cette opération aura fait
périr tous les infeftes parvenus à leur der-
nier-écêt- & toutes les larves, mais fans avoir
eu d'aftion fur les oeufs & les chryfalide^f
Il faudra donc avoir foin de n’employer le
fôüfre contre les efpèces qui ont un tems
fixe pour leur génération que dans celui où
les oeufs font éclos , où il 11’y a pas encore
de chryfalides , & où toute i’efpèce réfide
en des larves que la vapeur du foufre fait
périr. Ces efpèces font les Teignes, les An-
thrennes, les Bruches , & le tems d’en exterminer
la race les mois de novembre & de
décembre. Mais par rapport aux Dermeftes,
comme ils ont plufieurs générations en un
an, & peut-être les Pinces, les Mittes, par
la même raifon , on ne peut les détruire en
une fois. Il faut recommencer l’opération
quand de nouveaux infeftes font fortis de
l’état où on 11e les a pas tués ; fi on les ob-
ferve & on les pourfnic de près, deux ou
trois fumigations fuffifent pour extirper la
race.
J’ai d it , en commençant cet article, que
les infeftes expofés à l’humidité, étoient
gâtés par cette production qu’on nomme
moifijfure, qui croît fut leurs différentes par