
ques ; le mâle éft le premier à les commencer
: il bequette fa femelle autour des yeux ,
fur les différentes parties de la tête , elle fe
prête à fes carefles , elle lui en rend de pareilles
, & elles on t, par le rapport des parties
, quelque reflemblance avec le baifer ;
le mâle dégorge de la nourriture-, quand
c’eft la manière dont l’efpèce nourrit fes pe7
tits, il l'offre à la femelle qui l’accepte ; mais
dans les efpèces même qui n’ont pas la faculté
de dégorger, le mâle & la femelle approchent
fouvent la pointe de leur bec, l’en-
tr’ouvtent & l’entrelacent dans un mouvement
rapide & palfager ; ainfi les parties contenues
dans le bec , la langue, le palais , ne
font point infenfibles dans les oifeaux comme
on l’a cru, elles jouilfent, au contraire , d’un
toucher fin & délicat ; mais couverts de plumes
comme ils le font, les oifeaux n’ont
point d’autres parties dans lefquelles ils puif-
lent éprouver l’impreffion du coucher , &
ces animaux , dont les poëces avoient eu rai-
fon de confacrer à Vénus , celui qui paroît le
plus voluptueux , femblent l’être en général,
diftinguer toutes les efpèces de jouiflances &
les chercher'. Dans l’inftant de lacté , qui a
toujours été précédé par des careffes , mais
qui n’y fuccèdenc pas toujours, la femelle
s’accroupit à demi , elle baiffe fes aîles qu’elle
entr’ouvre, elle les retire en avant, elle écarte .
fa queue de côté & la relève , elle abailfe le
devant de fon corps & en élève la partie pof-
térieure ; le mâle s’élance fur le dos de la femelle
, la faifït avec la pointe de fon bec fur
le fommet de la tête ou au haut du cou en
arrière , s’accroupit, entr’ouvre les ailes , en
embtaffe la femelle, écarte fa queue de côté,
la relève, abaiffe la partie poflérieure de fon
corosj touche de fon extrémité celle du
corps de la femelle. L’acte eft confommé
dans cet inftant , car fa durée n’eft que d’un
moment ; pendant celui qu’il a rempli, les
yeux du mâle ont etéardens, fes plumes fe
font hériffées , elles ont eu un éclat pafTager, •
les parties de fa tête ou de fon cou , qui
font nues , fe font teintes de couleur de
fang , ou les nuances , dont elles font peintes
en tout tems j ont eu une vivacité momentanée
: la femelle, fans être auflî agitée
que le mâle, a paru éprouver les mêmes
effets,, mais à un moindre degré. A la fin
de l’aéte , le mâle & la femelle fecouent
leur plumage , comme pour diflîper le fpaf-
me qui a alleété toute la furface de la peau ,
& tous deux courent fouvent fe défaltérer
au bord de quelque marre, ou de quelque
ruiffeau voifin : ni l’un, ni l’autre ne tombe
dans l’accablement, tous deux continuent
leurs mouvemens ordinaires , & après un intervalle
fouvent court, ils fe livrent à de nouvelles
carelfes. Durant les momens qu’ils
s’en abftiennent, ils travaillent à la conftruc-
tion de leur nid.
J’ai dit que l’aéte ne dure qu’un inftant,
& qu’il ne confifte que dans le contaét des
parties. C ’eft tout ce qui eft apparent dans
le plus grand nombre des oifeaux, Cependant
il eft bien reconnu aujourd’hui, que
tous les mâles ont un organe au moyen duquel
ils contraétent une union intime avec la
femelle; mais cet organe eft interne, il ne
s’étend hors du corps que dans l’inftant de
l’aéte,fon aétion eft momentanée,il s’élance
& fe retire, il s’introduit dans le vagin de
la femelle en même - tems qu’il fe prolonge
, 8c il eft rentré à l’intérieur du mâle
avant que les parties des deux fexes ceflènt
d’être en contaét ; on ne peut donc le diftinguer.
Mais dans la famille des O ie s ,
des Cignes , du Canard cet organe eft beaucoup
plus volumineux que dans les autres
oifeaux, il ne fe retire pas auflî prompte-:
ment à l’intérieur du corps des mâles après
l’accouplement, & il eft facile de le remarquer.
Quelques oifeaux, mais en petit nombreî
font brufques & impétueux dans leur approche
à la manière des quadrupèdes ; aucun
prélude ne précède leur union ; leur
accouplement eft une invafion du mâle qui
s’empare de la femelle & la fubjugue, Le
Faifan court fa femelle , la maltraite en
l’approchant, l’abat, en jouit & la quitte.
Le Cocq, toujours impérieux, diftingue d’un
coup
coup d’oeil entre les femelles qui l’environnent
celle dont il fait choix , pouffe un cri qui
annonce fa volonté, s’élance fur la Poule
qu’il a diftinguée , la faifir par la crête, fe
fatisfait, bat des aîles, le tedreffe & chante
fouvent. Ses moùverheiis fuivent & ne
précèdent pas l’aéte ; ils. annoncent plutôt
la fierté & l’empire-que le fentiment ; ils
fembieut n être relatifs qu’à lui, & n’avoir'
aucun rapport à la femelle. Lés mouvemens
des autres oifèjux- précèdent au contraire
l’aéte ; on dirait qu’ils rendent à plaire,
que la femelle en eft l’objet. C a r , indépen-
ditumênt des carefles dont j’ai parlé qui
précèdent immédiatenient l’aétè , piufièurs
oifeaux , avant de le eorifommer, avant de
le faire des catèliés , prennent différentes-'
attitudes 8c exécutent divers mouvemens j!
il n'y i que les mâles qui fe livrent à cei
exercices, mais c’elt en préfetice de leur
femelle, & cornu- fi c’éroit un moyen de
l’engager à recevoir leurs carefles' & à en obtenir
d’elle. Ces mouvemens différens felo'n
les efpèces appartiennent à l’hiftoire particulière
de chacune.
Lés quadrupèdes ovipares fe pofent, dans
l'accouplement, fur le dos dès femelles;
l'organe des mâles éft interne & ne fe prolonge
an dehors que dans l’inftant & pendant
la durée de l’aéte. Elle eft plus Ion-1
gue en générai que parmi les autres animaux ;
mats elle l’eft fur tout dans la famille dés
Grenouilles & des Crapauds ; elle- s’éténd
parmi des efpèces de ce dernier jufqu’à quarante
jours confeCutifs. Pendant ce long intervalle
, les deux animaux unis fe donnent
peu de mouvemens, & négligent de prendre
de là nourriture; là femelle change quel-’
quefois de place & porte dans le transport
le male qui refte en tout tems immobile,
les'quatre pieds pliés, & colés parleurs
mammelons fur la peau de la femelle. H eft
en'ftupeut ou par l’excès de la feufation
qui! éprouve, ou par excès d’épuifemeln ;
on peut le toucher, le mutiler même fans
qui! donne aucune marque de fgnfibiücé ,
celle dont il jouifloit eft abforbéé fans ré-
Hjftoire Naturelle, Infectes, Tome I.
1 ferve dans l’accompliflëmçnt de l’afte qui
a lieu ; il né change pas d’attitude fi on ne
lui à amputé lés 'pieds, & que n’ayant pins
dè; moyens dè garder (a pofition, le poids
de fon corps hé l’en fafle changer. Cer excès
fébible plutôt un ehgcutdiffemebt qu’une
jdùiliSnce. Mais il ferait téméraire de prononcer
plutôt pdür l’fiti que pouf l’autré, comme il
le 1 ferait ’ également dé vouloir déterminer
la càitfé d’une fi longue uriion, tandis qu’un
aéie fi cutirt fuffit pour le même but dans
les autrës animaux.
On dit que lés reptiles s’accouplent en
fe fedréflànt, eii s’appuyant mutuellement,
en fermant de leur corp's des noeuds réciproques,'
en fé fott’énàht fur ldur queue ;
que tandis qù’ils s'unifient pàr' lès parties
dé là génération fituéés à l’extrémité de leur
ventre, ils dardent &r entrelacent réciproquement
lent langue. L ’crgane des mâles
eft interne & l’aéte eft de peu de durée.
L’union des" poiîTons paraît encore plus
fupefficieile & moins intime que celle des
oifeaux. Lorfqüe les femelles, prêtes à dé-
pofer leurs oeufs ,-paflem & repaflent fur le
bord des eaux pour y chercher uri endroit
convenable à frayét , ou que dp" la mer
eliès' remontent pour le mèmè but l'embouchure
des flèuvès bü des rivières, elles
font fûmes dhus leurs fnôuvémens par les
mâles; ils s’én approchent fouvent, fe ré-
retourrient, fe pàric’hent de côté, nagent à
contre-fêiis des femelles, & frottént, par un
contaét léger Sc rapide, l’orifice de leurs
parties de la génération contré celui des
parties de la femelle qüi a pris la même
pùfition ; tous deux fe remettent dans le moment
fuivant dans la pofition qui leur eft ordinale.
C ’eft dans ce léger’ contaét que con-
fifté l’accouplement de la plupart des poifi.
lobs , fi ce contact mérite ce nom ; mais
comme on a reconnu dans piufièurs des ef-
pèc'es qui ne s'unifient pjs autrement, que
les'mâles ont des organes au moyen defquets
ils peuvent communiquer intimement avec
leurs femelles, à la manière des autres ani-
bb