
à d'autres ùfages:triais ce qui efl fur-tout
remarquable, c’eftqu’ils fembleut reconnoicre
les rapports entre la forme, les propriétés de
ces parties , & l’emploi qu’ils en font.
Jufqu’ici nous n’avons pas vu qu’il réfulte
de grands inconvéniens de la défenfe des
infeéles, qui ne deviennent mal-faifans que
parce qu’on leur a fait violence ; nous en
allons obferver q u i, dans ce même cas , cau-
fent un mal réel, des accidens graves & la
mort même.
Les Abeilles foie foliraires , foit celles
qui vivent en fociété , les Guêpes , par rapport
auxquelles on doit admettre la même
divifion , les Bourdons , &c. , font armés
d’un Aiguillon dont ils piquent l’ennemi qui
les inquiète ou les trouble.- Leur piquure caufe"
toujours dans l’iriftant où elle a lieu , une'
douleur vive ; cette douleur plus où moins’
longue efl au moins fui vie.d’un léger gonfle-:
ment de la partie piquée. Mais füuvenc d’un
o-onflement confidérable de cette même par- -
tie j avec rongeur, élancement, chaleur & 1
tous les: fyraptômes d’une véritable inflammation.
On attribue communément ces effets
à uii venin qu’on croit que répandent les in-
fedtes dont nous nous occupons. Cette opinion
ir’ell pas totalement dénuée de fondement ,
maïs elle ffeft vra:e qu’en partie. Lorfque la
piquure eft fimpie , e’ell à-dire que l’infefte
retire fon aiguillon de la plaie complètement
; alors les’effets lé rédtiifent à une len-
faribn vive dans l'inftarit de la piquure , oc-
cafionnée par le déchirement- des fibres, &
enfuire à un legergouflement , avec chaleur
& demengeaifon : ces derniers fymptômes
font l’effet d’une liqueur âcre que l’infeéle a
verfé dans la plaie par l’exrrémïté de fon aiguillon
; nous avons rapporté- dans' le dif-
cours précédent , comment M. -de Résumât
l’a prouvé d-’tme manière incoriteftable ; il
eft poflible quel cétre liqueur plus'âcre, plus
exaltée dans certains.pays que dans d’autres,
oecafimme une douleur beaucoup plus vive.
Ainfi la piquure fim-ple de la Mouche à drague,
qui eft unje- Abeille, peut être infiniment
don'loureufe dans les pays chauds de
l’Amérique , comme les Colons l’affurent.
Cependant lorfqu’il n’eft rien relié d’étranger
engagé dans la plaie , l’eftort feul de la
nature , ou quelques Amples relâchans appliqués
fur l’endroit piqué , dilfipent bientôt
les fÿmpcômes. Mais fi la piquure eft
compliquée , cefl-à-dire , fi quelques parties
de l’aiguillon ou l’aiguillon entier- font reliés
dans la plaie, alors ce font des corps
étrangers qui, comme une épine , une écharpé
, occafionnent de vives-douleurs & les
entretiennent par l’écartement , la fciflïon
des fibres a ient ofcillacion eft augmentée,
les fluides y abondent des parties voifines ,
les vailfeaux s’engorgent , & ces. premiers
accidens font fui vis de tous les fymptômes
de l’inflammation : elle- efl un effet de l’or-
ganifacion de la partie bleffée tendant à la.
;guérir, mais par une vole longue & dou-
loureufe;fi dans le premier inllant de la
plaie , on la dilate & qu’on en retire les
parties qui fout reliées engagées , elle devient
fimpie auflï tôt , & elte eft bientôt
guérie. C ’eft à quoi tend la nature-, elle ouvre
les vaiffeaüx , elle brife les fibres par la
violence des ofcillations, elle macère les
.membranes par les fluides qui font engorgés
, & les ronge par l’acrimonie qu’ils acquièrent
; elle convertit en cette fubftance
blanche & vifqueufe qu’on nomme le pus ,
les parties folides & fluides qu’elle a brifées
& confondues ; alors- la plaie dit agrandie,
l’ofeillarion des parties qui font à fa circonférence
pouffe au dehors, parfon.ouverture,
Je pus qui eft devenu une matière étrangère.,
& qui , fluide & vifqueux , entraîne avec
lui le corps qui a occafionné fa formation.
La plaie devient fimpie, la meffatian des
douleurs & la .guér.ifon fuivent .bientôt ce-
[changement : il n’arrive qu’en un. ou deux
jours fi on ne le hâte pas par des moyens con-
iveïlables.- Ce font autant d’heures d’une douleur
aigue ; quelque partie qui ait ccésblelïée,
&. c’en-four de plus violences à proportion ,
q-u’une partie plus fcnfible a été piquée.-
Lors donc qu’on a été blêffé par un itï*
feéle armé d’un aiguillon , il convient de
s’affûter fi la plaie ell fimpie , ce qu’on recon-
noîci en ne découvrant pis à fa l’urface 1 extrémité
.des patries qui feroient reftees engagées
dans une plaie compliquée ,e t i fsn-
raùr que la douleur diminue au lieu d’aug.-
menter. Alors quelques lotions relâchantes ,
faites'avec de, l’eau . chargée d un mucilage;
quelconque, avec le lait ou .1 huile, font-
celîer le mal léger qu’on a refleuri.
Mais fi à l’orifice de la plaie on apper-
çoit l'extrémité d’un corps qui eft relié engagé
au fond , fi . les élancement vont en
augmentant d’inllant en inllant, il -faut cu-
laiec l'ouverture de. la plaie., failli- avec la
pointe d’une pince l’extrémité du corps etranger
. &, lé-tirer àu-dehors. doucement, en
prenant bien garde de le rompr-e , fe conduire
après comme fi la plaie eut ete
fimpie.
Quelque douloureufes que foient , dans;
l’inftant, & quelques,- fuites que laiflentj
après elles, les piquures faites par les Abéillesj
& les autres iiVfeélës, donc l’aiguillon relie,
fouvenr’ engagé en tocalité où en patrie, il
n’en réfulte pas des accidens bien graves,
quand on a éprouvé qu’une ou deux piquures ;
mais leur multiplicité pourroit les rendre,
& les a rendues quelquefois très-fâcheufes.'
Alors les douleurs partielles affectent le fyf-
tème nerveux en général; les accès de fievre
locale en excitent une générale, & une inflammation
univerfelle réfulte de la combinaifon
des inflammations particulières. C ’eft amfi
qu’on a vu les animaux les plus grands..&
les plus vigoureux, ayanc renverfé une ruche,
être affaillis par les infeéles en fureur qui
eu- forcent , & fuceomber fous, le nombre
de leurs piquures. L’homme ferons daiis le
même cas expofé au même accident, fi
• fes vêtemens ne mecroient une grande par-!
tie de fou corps à couvert. Cependant cellqsj
qu’il ne couvre pas, comme la . main , le;
vifaoe , celles qu’il couvre detvêtemens trop
peu épais , pour les garantir de l’adion de
l ’aiguillon, comme les. jambes^ préfeatent
une futface affez étendue pour que toutes
les fois qu’on s’expofeà l’attaque d’un grand
nombre, d’infeélès en même rems, on doive
couvrir ces parties de maniéré qu elles foient
à l’abri de l'aiguillon c eft pour, cela que
quand il s’ag-ic de tranfporter , de renver-
fer , de couper des ruches , oe raffemblec
des effaims , on fait ufage de forts gants
de peau, qu’on fe couvre.la tête d'un cama.il
de crin , donc les mailles la'iflenr un pillage-
à la lumière & à l’a ir , & dont l’écartemenc
avec la rêre-laiite uu-efpace vide- trop grand
pour que l'aiguillon puiffe penetrer jufqu a
la forfaee de la peau ; q-u’on s’entoure les
jambes de plùfieurs fervietees en double.
Ces précautions ne font point non plus inutiles
quand on s’approche des Abeilles ou
des autrés infeéles qui font egalement a redouter
,. .pour les, obferver de près & furvre
leurs, travaux.
Les Scorpions paffent pour être très-dangereux;
leur arme,ell un aiguillon courbe,
placé , en deffus du, dernier anneau'de lent
corps.; cet aiguillon eft filloné,. depuis, fon
origine.à fa pointe , par ;une.gouticre. qui
aboutir à un réfervoir, ou capfule membra-
neufe toujours remplie d’une humeur qui
s’y filtre. Quand le Scorpion vient à enfoncer
fon aiguillon , Ja prellion que la capfule
éprouve en touchant l’orifice de la plaie en
exprime l’humeur quelle contient ; elle Coule
par la pô-iuière de l’aiguillon dans la plaie,
& devient la caufe des accidens qui peuvent
avoir'lieu. Car l’aiguillon du.Scorpion ne
-refte jamais engagé dans la, plaie, qui, pat
cette raifon , eft toujours (impie,.Quoiqu’on
paroiffe , dans les pays,chauds,, qui font les
, feul s où l’on trouve des Scorpions, redouter
en général leur piquure, il eft avéré quelle
n’eft pas , dans les provinces méridionales
, de l'Europe, plus dangeteufeque la piquure
fimpie des Abeillesou des autres infeéles de ce
genre. L’habitude,où l’on eft d’avoir, dans
toutes les maifons de 1 huile dans laquelle
on a- noyé des Scorpions, & de s’en frotter
quand on, eft piqué , eft moins fondée fur le
danger de cette piquure que fur fa fréquence.