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ft. M é m o i r e .
Des Mouches Ichneumons.
M. de Reaumur traite dans ce mémoire
des Ichneumons proprement dits ; il n’en af
figue pas d’abord les caractères diftinéhfs ,
comme cela fembloit naturel , mais il commence
par leur, hiftoire. Les Ichneumons
font des infeétes dont les femelles pourvues
d’une tarrière , dépofent leurs oeuîs dans le
corps d’autres infeétes , les Vers y trouvent
à la fois l’abri & la nourriture ; ce n’eft que
dans les deux premiers états, celui de larves,'
de nymphes ou chryfalides que les infeétes
font expofés à être percés par les Ichneumons
femelles; quelques-unes cependant percent
auffi les oeufs, & y dépofent les leurs.
Les Ichneumons ont , en général , différentes
manières de dépofer leurs oeufs ; les uns,
Si c’eft le plus grand nombre percent la
peau des infeétes , & dépofent leurs oeufs
deflbus, les autres fe contententde les appliquer
fur l’infeéte que les Vers fauront percer
& qu’ils dévoreront, il y en a qui piquent
les oeufs des infeétes, & y dépofent les4 eurs;
le Ver qui en fort trouve dans le premier
cçuf ce dont il a befoin : enfin d’autres Ichneumons
pénètrent dans les nids dedifférens
infeétes & y font leur ponte ; il y en a qui,
au lien de s'introduire dans le nid* en percent
les parois avec leur tarrière, Se qui
font leur ponte à côté de celle de l’infeéte
auteur du nid.
M. de Reaumur afligne en cet endroit les
caraétères qu’tl regarde comme propres aux
Ichneumons.:Il diltingue dèux genres de ces
infeétes. Les femelles de ceux du premier genre
ont une longue queue compofée dé trois filets
qui ne parodient que des poils, i De ces trois
filets , led deux extérieurs* çreulés en-dedans,
ne font que l’étui du troifiètrie ; le filet du
milieu*.litTel, arrondi, s’applattit.à l’èxtrémicé 1
&;fe terminée» pointe dentelée. Les femelles
des Ichneumons .du fécond genre ojit.aufli une
tarrière, mais qui cft cotifh.ée fous leur ventre
Si qui ne l’excède pas , ou ne l’eScède
O U R S
que peu. Le refie du mémoire eft employé
à décrire différentes efjèces d’Ichnenmons,-"
parmi lefquels on doit en remarquer une
efpèce apportée de Laponie , plus grande
qu’aucune des efpèces qui fe trouvent dans
nos climats , & qui futpalfe même en
grandeur les plus grosFrêlons. Comme M. de
Réaumur, en parlant des ennemis que les
.Chenilles ont à redouter , a déjà beaucoup
parlé des Ichneumons , il n’entre pas, dans
ce mémoire , dans des détails qui devraient
naturellement y trouver place, mais qui feraient
des répétitions, & l’on eft,ce lemble,
en droit de penfet que l’auteur devoir fup-
pnmer ou ce mémoire, ou ce qu’il a dit
des Ichneumons à l.occafion des Chenilles.
1 0 e . M é m o i . r e .
hiftoire du Formica-Leo.
Le Formica-Leo n’étoit pas connu des
anciens* mais c’eft un des infeétes qu’on a
le plus obfervé depuis le commencement de
ce fiécle; il l’a d’abord été par MM.Poupart,
Vallifnier, de la Hire, Sic. On s’eft difputé
la gloire d’en avoir donné les premières notions.
M. de Réauinur définit le Formica-Leo
un Ver à fix pieds* deftiné à fe changer en
un infeéte à quatre ailes ; il en reconnoît
différentes efpèces * mais il n’y esi a qu’une
dans nos contrées, & c’eft celle qui fixe l’attention
de notre obfervateur.
Le Formica Léo a une forme remarquable
i fon corps., qui eft fort gros à proportion
de la fête & du corcelet, cft une efpèce d’el-
lipfoïde ; il eft couvert de rugofités rranfver-
fales * de houppes de poils & de taches noirâtres
fur un fond gris ; les ftigmates font
placés au dellous des houppes de poils.
Le corcelet eft court, il a peu de diamètre,
il fondent les deux premières jambes ; les
deux autres paires font attachées au corps.
Tantôt le Formica-Leofemble avoir un cou
très-long, tantôt n’en pas avoir, parce qu’il
le rentre fous le corcelet qui paraît donner
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Baiftance immédiate à la tête. Cette dernière
partie elt plâtre , fa plus grande largeur eft a
la partie antérieure ; de chaque côté de la
tête part une corne d’environ- une ligne Si
demie dans le Formica Léo parvenu au terme |
de fa crue. Chacune de ces cornes eft une j
trompe deftinée à pomper le fuc des inieétes
dont le Formica-Leo fe nourrit ; ees trompes
font écailleufes , mobiles , Si ont un mouvement
latéral femblable à celui des mâchoires
de beaucoup d'infectes; elles fe courbent
en-dedans vers leur extrémité, qui va en
diminuant de diamètre.
I,e Formica-Leo ne vit que d’infeétes qu il
ne pourfuit pas * mais auxquels il tend un
piège; il ne mar.he qu’à reculons, il attend
fa proie au fopd d’un trou * creufe dans le j
fable fin Si bien fec, il y demeure caché fous j
lé fable, en ne laiifant paraître au-dehors q,e
que l’extrémité de fes deux cornes ou trompes
qu’il tient écartées* autant quelles le peuvent
être. S’il paffe alors quelqu’infcéte fur le bord
du trou, il ne manque pas de tomber au fond
avec le fable qui s’éboule Si qui 1 entraîne ;
d’ailleurs le Formica-Leo, pour hâter fa
chûte * jette en l’air une pluie de fable en
enfonçant & relevant alternativement fa tête;
l ’infeéte eft entraîné Sc faili entre les deux
fuçoirs du Formica-Leo qui fe renferment; il
entraîné fa proie fous le fable & l’y fuce;
quand elle eft épuifée, il l’a-rejette , dun'
coup de tête, au - delà des bords de fon
trou.
.C’eft communément au pied des vieilles
murailles, ou de quelque gros tronc d arbre
un peu incliné, que les Formica-Leo séta-
blillent, dans les endroits enfin où ils trouvent
un fable fin, fec & un abri; ils ne paffent pas
leur vie dans le même trou , ils n y habitent
que quelques jours, & ils en changent félon
que le talus du premier trou eft devenu moins
tfearpé parleséboulemenscaufes par iesproies
qui y lont tombées, ou qu ils y ont fouffert
la faim faute de proies qui aient donné de-
dedans; ils montent alors de leur trou Si
Se cherchent aux environs une place où ils en
érabliffentun nouveau; leur traceeft marquée
par un fillon en zigzag ctenfé à une nouvelle
place, ils tracent d’abordfuperficiellement un
cercle qui détermine la plus grande ouverture
de leur nouveau trou , dont la profondeur aura
environ les trois quarts du diamètre de la grande
ouverture ; ils cheminent circulairement &
pas à pas en creufant, ils s’arrêtent à chaque
pas, chargent leur tête de fable* & en la
relevant brufquement le jettent hors de l’en-
ceinre du trou. Cependant ce n’eft que dans
le fable, qui eft du côté de l’axe du cône,
qu’ils creulent, ce n’eft que de ce fable qu’ils
chargent leur tête, en pouffant deffus avec la
jambe imérieurede la première paire lacharge
qu’ils veulent enlever; de cette façon ils n’enlèvent
que le fable qui eft au centre , Si non
celui qui eft à il circonférence, comme il arriverait
fans cette précaution : après avoir
jetté du fable deux ou trois fois, le Formica-
Leo fait un nouveau pas, & il recommence
la même manoeuvre ; après un certain nombre
de pas , il fe retrouve au lieu d’où il étoir
parti ; alors il décrit un nouveau cercle* mais
j plus érroir que le premier, Sc il trace enfin
une vraie fpirale.
Ùn trou eft quelquefois l’ouvrage d’une
demi-heure, quelquefois le Formica-Leo met
j de longs intervalles de repos entre un de fes
j pas Si ies autres. S’il arrive qu’il fe trouve
I dans le fable un gravier trop pefant pour
1 qui le Formica-Léo puifie le lancer avec fa
tète, alors il paffe délions ce gravier l’extrémité
de Ion corps* il le glifïe eu-delFoas juf-
qu’à ce que le gravier foit fur le milieu de fou
dos ; enluite il fort de fon trou a reculons ,
le long des parois* en retenant le gravier
roujoLirs ptêt à échapper, par divers mouve-
mens des anneaux de fon corps. Cependant
! il lui échappe fouvent, roule, Scl’infeéte eft
contraint de recommencer fa manoeuvre , qui
exerce fa patience fans la lafler ; s’il ne peut
réuftir, ou il abandonne le trou qu’il creufoit,
ou il range le gravier fur les bords; enfin
quand le trou eft achevé, le Formica Leô fe
tient au fond fous le fable, Si il n’a plus
qu’à attendre qu’il fe préfente tine jproie;