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j e. M é m o i r e .
De la mécanique avec laquelle diverfes efpèces
de Chenilles plient, roulent & lient des
feuilles de plantes <& à’arbres, & fur-tout
celles de chêne.
Plufieurs efpèces de Chenilles vivent feule
a feule fut la même plante ou le même arbre
, dans des fortes de coques qu’elles fe
forment en roulant, les unes une feuille en-
tout ou en partie, d’autres en la pliant feulement,
certaines en rapprochant plufieurs
feuilles les unes des autres. Tous ce s ouvrages
, au centre defquels ces infeétes vi
vent ifolés, font' exécutés par le moyen de ■
fils de foie qui retiennent les feuilles dans la
pofition convenable aux Chenilles. Le chêne j
eft de tous nos arbres celui fur lequel on
voit le plus de feuilles roulées par des Che
nilles. L ’auteur fuit & décrit la mécanique
employée pour ce travail. On ne peut, par
‘un extrait, en donner une jufte idée, on
peut feulement conclure que l’opération
confifte à étendre, d’un point à un autre ,
des fils de foie, à placer a différentes dif-
tances, des couches de ces fils : on conçoit
que ce font autant de liens qui retiennent
les feuilles ; mais comment' les Chenilles les
recourbent-elles ? c’eft qu’il eft beaucoup plus
difficile de fe repréfencer , & ce qu’on ne
petit comprendre ou qu’en voyant les Chenilles
travailler'ou en fuivant, comme dans
l’ouvrage de l’auteur , auquel je fuis forcé
de renvoyer j des planches qui repréfentent
les différentes manoeuvres des Chenilles.
Heureufement cet objet n eft que de pure
curiofité. J’ajouterai que les Chenilles changent
plufieurs fois d’habitation en roulant,
pliant ou rapprochant de nouvelles feuilles,
& qu’outre celles qui roulent les feuilles du
chêne, à l’égard defquelles M . de Réaumur
s’eft plus étendu, il parle encore de beaucoup
d’autres Chenilles remarquables fous
le' même point de vue, 8c donc il décrit
les opérations avec les details qui lui font
ordinaires. Toutes ces Chenilles font petites
en général , elles fubiffenc leur métamor-
U R S
phofe au centre de leur dernière habitation
& deviennent des Papillons peu apparent.
6e. M é m o i r e .
De quelques efpèces de Chenilles remarquables ,
fo it par leurs attitudes , foit par leurs
formes, foit par la figure de quelqu’une
de leurs parties. ■
Les premières Chenilles dont il eft fait
memion dans ce mémoire font celles qui ,
d’après l’attitude qui leur eft ordinaire, ont
été comparées aux Sphinx , & auxquels on en
a donné le nom j ce font des Chenilles xafes,
qui, dans les items de repos embraffent avec
"leurs pieds membraneux une tige de la plante
dont elles fe nourriflênt, & qui tiennent le
relie du corps, ou fa partie antérieure, relevée
& un peu recourbée vers la tête, tandis
que le relie du corps eft horizontal ;
telle eft une Chenille du troène. Ces Chenilles
ont une corne fur le dernier anneau,
elles en changent en même- tems que de
peau , ou plutôt de l’envelope de la corne
qui eft contenue fous les-peaux dont la Chenille
doit changer comme dans autant-de
gaines enfermées les unes dans les autres.
Il eft quellion enfuite d’une Chenille remarquable
par la ftru&ure de fes deux-der-'
nières jambes écailleufes qui s elargiffent à
leur bout, font terminées pat deux crochets ,
& reffemblent, en quelque forte , â un poing
fermé; puis d’une autre Chenille à demi-
velue , dont les poils font, les uns fem-
blables à des cheveux très - fins , les autres
terminés en fer de lance, plufieurs par une
palette portée fur un long pédicule. Une
troifième Chenille fe fait remarquer par fon
attitude bizarre dans Les tems de repos; les
deux tiers de fon corps font parallèles-à l’horizon
, tandis ique le tiers antérieur eft relevé
& replié én-arrière. Sur l’ofier vit une
Chenille qui n’a pas, comme les précédentes
, une pofition confiante , mais qui
en varie prefque continuellement, même en
mangeant,
P R É L I M I N A I R E . ' ccj
mangeant, qui tantôt relève fa tête, tantôt fa
queue, quelquefois le milieu du corps, &c.
M. de Réaumur s’occupe enfuite de Chenilles
qui portent à leur derrière une efpèce
de queue, les unes (impie, les autres fourchue.
La pluparc de ces Chenilles font encore
remarquables par leurs attitudes ; telle
eft une Chenille du faule , qui porte une
queue fourchue, qu’elle relève & baiffe a
volonté,. Cette queue eft formée par deux
tuyaux qui contiennent une corne que la
Chenille fait forcir & rentrer à fon gré,
& qu’elle montre fur-tout lorfqu’on l’inquiète.
11 eft probable que cette corne fert à la Chenille
à chaffer les infeétes qui l’incommodent,
c’eft un ufage auquel l’auteur l’a vue 1 employer,
Cette Chenille métite encore d’être
remarquée par la conformation de fa coque.
Elle la compofe de bois tendre qu’elle réduit
en pouffière , dont elle lie les fragmens
avec de la foie, & qu’elle entoure de grains
de terre liés par la mime fubftance ; cette
coque eft plus dure que Je bois de faule
même dont elle eft formée. M. de Réaumur
auroic pu rapporter à ce mémoire la Chenille
du fenouil , qui fait fortir & rentrer
à fon gré d’entre le premier & le fécond
anneau de fon corps endeffus, une corne
bifurquée.
7 e. M é m o i r e .
De quelques Papillons pnguliers , [avoir
du Papillon paquet de feuilles sèches , du
papillon à tête de mort, & des petits
Papillons de ïéclair & du chou.
Le Papillon paquet de feuilles seches,
aiufi nommé de fa reffemblance avec 1 objet
auquel on le compare dans la dénomination
qu’on lui donne, eft fort grand, d’unbrun
rougeâtre ou couleur de feuilles sèches. Ses
ailes fupérieures, qu’il porte en toit, imitent
8c qui ont l’air d’une forte de bec ; ces barbes
& les antennes couchées fur les côtes du cor-
celet, reffemblent au pédicule qui (outiennent
les feuilles. Ce Papillon refte immobile pendant
, par leurs nervures & leurs contours,
les nervures & les échancrures qu’on remarque
fur la pluparc des feuilles ; fa tête ,eft
terminée par deux barbes qui fe réunifient
Hijloire Naturelle, Infectes.Tome IV.
prefque tout le jour ; la -Chenille dont
il provient file une coque brune mêlée de
poils & d’une pouffière blanche, ne prend
point de précautions pour la cacher , & la
conftruit fouvent au pied d’un arbre.-C eft
dans le mois de juillet qu’on trouve ce Papillon.
Sa Chenille, une des plus grandes
de nos pays, a jufqua quatre pouces de
longueur ; elle vit fur le poirier 8c fur le
pêcher ; elle eft a demi velue, a feize jambes,
& eft en-defius d’un gris de fouris , en- def-
fous d’un brun fombre; fon-pénultième anneau
fupporte une corne charnue fort courte.
Le Papillon tête de mort, ainfi appellé parce
que l’on voir fur fon corcelet la reprefen-
tacion affez paffablemenc figurée d’une tête
de mort , eft une Phalène de la première
clafle , fuivant la méthode de notre auteur ;
c’eft pour la grandeur & la malle du
corps , le plus grand de nos Papillons : fes
couleurs font mêlées de brun noir & de
brun couleur de feuille-morte. Ce Papillon ,
remarquable par la figure repréfentée fur
fon corcelet, l’eft encore par un cri très-
fort, aigu , femblable à une forte de grognement
qu’il fait fouvent entendre. Ces
deux caufes réunies ont fouvent fuffi pour
que ce Papillon ait répandu l'effroi, quoique.
la figure repréfentée fur le corcelet ne
foit due qu a un bizarre arrangement de poils
noirs & de poils jaunâtres & que le cri loir
produit par le frottement de là trompe contre
les lames qui en accompagnent l’origine.
On le trouve en des pays très-différerens.
Albin l’a vu en Angleterre, M. Duhamel
l’a trouvé à quelques lieues de Paris, M. de
Réaumur L’avoit reçu d’Egypte; il eft fur-
tout commun en Bretagne, 8c du tems ou
M. de Réaumur écrivoit, 1 abondance des
Papillons tête de mort etoit regardee dans
cette province comme un figue funefte de
mortalité. J’ajouterai aux remarques fur les
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