
au contraire, avoit le double de longueur,
il partait à travers le corcelet 8c pénétrait
dans le ventre ; la partie 'poftérieure de l’ef-
tomac étoit reflèrrée 8c fe changeoir, en le
retrécirtant j en un inteftin grêle; fix appendices
ou cæcums , qui tenoient à l’efto-
mac de la larve, s’en étoient détachés pour
être abandonnés à'la naiffahee du Papillon,
avec la dépouille de-chryfalide. Le coeur 8c
la moelle épinière avoient beaucoup moins
de longueur que dans la Chenille , ces vif-
cères s’étoienc raccourcis en fe retirant fur
eux mêmes. Le huitième jour, l’eftomac étoit
fi rapetiffë , qu’il n’étoit plus qu’un point
ou un rrès-petit làc ; les parties de la génération
avoient fenfiblement augmenté de
volume : le dix-feptième jour, qui précé-
doit celui de la nairtànce du Papillon ,
Peftomac fotmoit un fac rempli de rugofi-
tés ; on voyoit au-deflous les fix cæcums
qui s’en étoient réparés ; la partie poftérieure
de ce vifeère, changée en un inteftin grêle,
fe joignoit aux gros inteftins qui étoient
plus longs, mais plus étroits que dans la
Chenille ou larve ; les organes de la génération
avoient acquis tout leur volume, toutes
les parties du corps étoient formées, mais
abreuvées d’une férofité aüiles rendoit molles,
les aîl»s étoient plirtees, & on pouvoit les
développer en les étendant doucement.
On voit parles dbfervations précédentes
comment les mêmes organes pour les fonctions
principalescelles qui produifent &
qui entretiennent l’exiftencé, le cerveau 8c
la moelle épinière, qui font le principe de
l’irritabilité, le coeur & les trae'hées, dont
l ’un fert à la circulation, les autres à la ref-
piratiou, l ’eftomac & les inteftins, qui prolongent
î ’exiftenc.e en retirant des alimens
les Lues nourriciers, font les mêmes dans la
larve, lachryfalide &l'infeéie parfait ; .qu’ils
font d’ufage dans ces trois états en perdant
de leur volume, de leur capacité , 8c en fe
raccourciflant & fe refferrant à mefure que
l’infeéte parte d’un état à un autre ; quant
aux parties qui font propres à l’état de larve,
or voir qu’elles font rejettées avec la der- j
nière dépouille de cet état ; que celles qui
les remplacent font formées fur l’infeéte pat-
fait , & quelles prennent leur accroiflement
pendant l’état de chryfalide; ainfi la Chenille,
pair exemple, a des pieds différens de ceux
du Papillon ; elle a des mâchoires, & il a
une trompe; les pieds de la Chenillereftent
arrachés, ainfi que fes mâchoires, à fa dernière
dépouille; les pieds & la trompe du
Papillon fe développent pendant l’état de
chryfalide. Mais comment s’opère ce développement
î
L’accroiflement de la larve n’a lieu qu’en
faveur de lachryfalide & de l’infèdle parfait;
pour qu’elle foit à leur égard une enveloppe
d’une grandeur fuffifante à mefure
qu’ils augmentent eux mêmes de volume,
elle prend plus d’alimens, elle en extrait
plus de fucs' nourriciers qu’il n’eft néceffaire
pour fon accroiffement ; la partie fucabon-
dante de ces fucs pafîe à la chryfalide ; celle-
ci fe développe, &r prend l’accroiffement
dont elle eft fufcepiibie : elle n’eft , en quelque
forte, qu’un fac, un réfetvôir dans lequel
les fucs , qui ne font pas employés à fon ac-
croiftement, âc qui font beaucoup plus abolir
dans qu’il n’e'ft néceffaire pour cet ufage,
s’amaftent '8c - demeurent en dépôt : quand
elle a acquis toute fa capacité j qu’elle eft
remplie de tous les fucs qu’elle peut contenir,
la larve touche à fon terme ; elle ne fenf plus
de faim; elle ne prend plus de nourriture,
elle n’en ttanfmet plus aux organes qui produifent
& entretiennent l’exiftence; ces organes
commencent à diminuer de volume ;
. l’expanfion de la chryfalide achève de deffé-
cher la dernière enveloppe de larve , en interceptant
toute communication avec les
parties internes , la force à s’ouvrir, & le
partage .à l’état de chryfalide a lieu :1a partie
aqueufe des fucs que cellerci contient, fe
ililline au dehors par la tranfpiration , tandis
que la partie limphatique & nourrif-
fante eft abfotbée par les pores des membres
de l’infeébe parfait, & fert â leur développement
; .cette a'bforbiion me paraît plus
vraifemblable que le partage de ces fucs par
la
la bouche; i®. parce que, dès les premiers
jours,‘les yeux du Papillon avoient déjà pris
de l’accroiUemenc & de la confiftance , ainfi
que quelques autres parties-, au lieu que la
trompe , fuivant les obfervations de Swam-
merdam , n’avoit commencé,à fe développer
que poftérieurement à ces mêmes par
ties ; a", parce que fi les fucs partbient par
la bouche , ils feraient portés à l’eftomac
& aux inteftins , 8c que ces organes, loin
de diminuer, comme il arrive pendant l’état
de chryfalyde , conferveroient au. moins la
capacité , l’étendue qu’ils avoient au commencement
de cet état.
Lorfqtie ' l’évaporation _a diflipé la plus
grande partie de la férofité furabondante,
que lès fucs partes dans les membres de
l’infeéte patfait lèur ont procuré le volume
donc ils font fufceptibles, le corps entier, qui
a touces fes dimenfions , fait effort contre
l’enveloppe de chryfalide , que ces différentes
circoiiftances onc réduite à un ctat de
defficcation ; cet état eft plus marqué à la
partie qui répond au dos ou corcelet de
î’infeéfe parfait, parce que cette portion du
corps eft la plus confidérabie,& quel a preflion
y eft plus forte ; c’eft enconféquenceencer endroit
que l’enveloppe de chryfalide fefend;
une fois que cette ouverture a lieu , l’inleéte
fort en retirant fes différentes parties chacune
de l’étui qui les contenoit, & (on corps
entier de celui qui l’enfermnir; il commence
par retirer fa tête , fou corcelet 8c fes pieds
fur lefquels il s’appuie aurti tôt leur fortie;
quand il eft parvenu à ce point, le refte eft
facile, parce que fes pieds lui fervent à
tirer le refte du corps, en fe cramponnant &
en fe tirant en avant.
Les membres de l’infeéte , au forcir de
la chryfalide, font encore abreuves par la
férofité qui les envirounoit , ils ont peu de
confiftance , fes aîles, qui n’ont pu s’étendre
fous l’enveloppe de chryfalide, font pliées:
mais bientôt le contait de l’air dilllpe l’hu midité
fuperflue, les- membres a quièrent
la fermeté qu’ils doivent avoir, 8c îinfeéle
la vigueur qui lui eft propre : en l’éprouvant,
Hijloïre Naturelle , Infectés, Tome I.
il en hâte la jouiffance, & il l’augmente pat
des mouvemens qui accélèrent 1 évaporation
du fluidefuraboudant ; quelques-uns rendent
par l’anus une férofité qui s’eft accumulée
dans le canal inteftinal ; la circulation, en
pouffant la liqueur qui tient lieu de fang
dans les canaux tortueux qui rampent entre
les membranes des aîles, diftend ces canaux ;
les membranes en fuivenc la direction , 8c les
aîles fe développent ; l'humidite qui les macérait
s’exhale, 8c elles.deviennent folides &
compatîtes. L’infeéte arrivé à ce point, prend
fon elforr pour chercher fon fembiable ,s ’y
unir , multiplier 8c ceffer d’exifter.
Des circonjlances qui favorifent la propagation
& le développement des infectes ,• de
celles qui y nuifent : comparaifon dés infectes
des différens climats.
La chaleur paraît être la circonftance ou la
condition la plus néceffaire pour la propagation
& le développement des infeétes : j’entends.
par développement en cet endroit , la
grandeur individuelle 8c celle des efpeces.
Ces animaux multiplient bien davantage’,
les efpèces en font bien plus variées , elles
font bien plus abondantes en individus dans
les pays-chauds, que dans les contrées froides
: les infeéles ne multiplient fous les zones
tempérées & les zones, glacées que pendant
les mois de chaleur ; dans le refte de
l’année , les efpèces ne fe confetvent que par
le moyen des oeufs ou des chryfalides : -ce
font comme des femences dans lefqtielles les
germes fe confervent ; ils ne fe développent
qu’au retour de la belle faifon , que quand
la chaleur les vivifie & les anime. Les générations
ceffent d’autant plutôt que le froid
arrive plus promptement , elles continuent
plus long-tems , même par rapport aux mêmes
efpèces , dans les contrées ou l’hiver eft
plus tardif ; elles , commencent plutôt félon
le retour plus prompt oujilus lent du prir-i
tems ; elles ne ceffent point dans les pays q .i
font fous la zone torride efles fe fucccdenc
fans interruption; les individus pénlfent dans
les pays chauds après s’être reproduits : ils