
*ermées dans des bocaux avec des morceaux
de ferge frottés avec une toifonnon préparée
y ont paffé plufieurs le mai nés fans manger,
8c le befoin feul les a forcées à attaquer ces
morceaux de ferge, tandis que. des morceaux
non frottés, placés dans les mêmes
bocaux, ont été attaqués fu'r le champ.
Ces obfervations conchnfent Mi de Réau-
mur à confeiller de frotter les meubles &
les étoffes avec des. toifons non dégraiffees,
ou à faire bouillir ces toifons dans de l’eau,
à tremper dans cette eau des broffes 8c à
en vergetter les meubles ou étoffes ; il affure
que cela n’altère en aucune manière les cou
leurs. Conduit par cette première notion ,
l ’auteur a effayé l’ufage des différentes graiffes,
des huiles, 8cc. & il n’a rien trouvé d’auffi
efficace . que le frottement avec les toifons
grades. Mais il ne paroît pas qu’il ait éprouvé
ce moyen en grand ; il ne^ nous apprend
pas ce qu’il, auroit produit fur une-tenture;
il eft différent de frotter un morceau de'
ferge ou une tenture 5 l’application du corps
dont on fe fert pour frotter peut être complexe
fur un morceau, & elle peut manquer
en beaucoup d’endroits fur une étoffe
étendue ; le dernier procédé exige un foin,
une attention qui peuvent rendre l’opération
infuffifante. D ’autres épreuves, par Je
moyen dèfquelles l’auteur avoit imprégné
des morceaux de ferge de l’infufion ou décoction
de différentes plantes 3 de la diffolution
de différens fels, dans lefquellesil avoir chargé
l’étoffe de poudres amères ou odorantes ,
ont eu quelque fuccès , mais trop bornés
pour que M. de Réaumur lui-même s’arrête
aces moyens & les regarde comme propres
a la confecvation des étoffes; il paffe enfuite
à un autre moyen connu, celui d’envelopper
des pommes de pin dans les étoffes ; il lui
paroît que ce moyen eft propre à éloigner
les Teignes par l’odeur que répandent les
pommes.de pin , 8c cette conjecture eft fortifiée
, parce que des Teignes mifes dans un
bocal avec de la ferge frottée de thérébentine
d’un coté > furent trouvées mortes le lendemain.
Cette expérience a conduit l’auteur à
chercher la quantité qu’il faut de thérében-
thine en évaporation dans un efface déterminé
pour faire périr les Teignes il a trouvé
qu’elles mouroient à un degré d’odeur ,
qu’un homme, dont la tête n’eft pas tres-
foible , peut fupporter; cependant, plus les
armoires les garde - meubles, feront- remplis
d’une forte odeur., plutôt & plus fure-
men.t détruira-1 - on les Teignes. Si l’odeur
eft très - forte 8c les garde - meubles ,. armoires
bien fermés, les Teignes périront
en un feul jour. Pour répandre une pareille
odeur , il fuffit de placer dans les chambres
ou armoires des morceaux de toile, d’étoffe,
de papier, fur lefquels on ait étendu de la
thérébenthine.
Je ne peux me difpenfer de faire deux
remarques. D’abord M. de Réaumur n a
pas déterminé allez précifément l’étendue
entre les furfaees imprégnées de thérebea-
thine 8c celle des armoires 8c garde-,
meubles.
i° . Malgré l’extrême confiance dans fes
obfervations, je fuis forcé de rapporter que
j’ai inutilement employé le moyen quil
indique pour des oifeaux enfermés dans des
boîtes vitrées. Les Teignes n’ont pas fouffert,
quoique l’odeur fût très - forte dans ces
boîtes. Mais peut - être les Teignes trou-
voient-elles fous Tépaiflfeur des plumes une
retraite où l’odeur ne les affedoit pas,
comme elle peut les affeéfer fur une étoffe,
fur une furface expofée à toute l’adion des
vapeurs odorantes.
J’ajouterai que le moyen indiqué par
notre auteur pour les meubles , dans le tems
qu’on les ferre , qu’on les renferme, me
paroît mériter d’être vérifié par de nouvelles
expériences , & que , comme c’eft au
mois d’aoûr & de feptembre que las Teignes
nailîenc, qu’elles font plus délicates., que
c’eft dans ce même tems qu’on fe fert
moins des meubles, ce feroit aulli dans ce tems
qu’il conviendroit de détruire les Teignes en
répandant pendant un jour une forte odeur
de thérébenthine dans les armoires ou les
garde-meublés.
L’ôdeur de- fefpric de vin tue, d’après
M. de Réaumur, les Teignes comme lo -
deur ~de la thérébenthine ; il pou-rroit etre
employé de la meme façon : 1 ufage en
feroit plus coûteux, mais moins defagreable,
& poürroit fervir pour des meubles précieux.
Comme Fefprit de vin s’évapore très-promptement
, il en faudroic beaucoup plus que
de thérébenthine, & fermer les armoires avec
encore plus de. foin.
Des effais précédens M. de Réaumur a
pair* à celui des fumées de différentes fubf-
tances brûlées. Il a trouvé que toute fumée
épaitfe faifoit périr les Teignes , mais que
l’odeur de la fumée de tabac -qui relïe attachée
à des fubftances qui ont été expsfées
à c-ette fumée , même après que la fumée eft
diflîpée, fait encore périt les Teignes.
Les vapeurs du mercure & du foufre
tuent les Teignes ainfi que toutes efpèces
d’infedes, mais.elles font dangerêufes Sc elles
gâtent les couleurs.
L’auteur finir ce mémoire important par
un réfumé fur la manière d’employer les
moyens qu’il a fait connoitre.
Riende mieux pour conferver les meubles
que de les. frotter avec une toifon graue,
ou de faire tremper cette toifon dans de
l’eau prête à bouillir , de vergetter les meubles
avec une b toile trempee dans cette eau.
Ce n’eft qu’un préférvatif 'pour cloigner les
Teignes qui ne fe font pas encore fixées;
lorfqu’une étoffe , un meuble , en font atteints
, il faut recourir ou à la fumée du
tabac, ou à l’odeur de la thérébenthine.
Si on emploie le tabac on en jette des
feuilles hachées comme pour fumer, fur
des charbons allumés dans un réchaud; en
place ce réchaud dans une armoire , quon
ferme bien, & fi on opère dans un gardemeuble
, on en bouche la cheminee, on
en ferme les fenêtres , on proportionne le
nombre des rcciiaux , la quantité de tabac
à -la grandeur des armoires , des garde-
meublés; de façon que la fumée fdi’t épailfe;
On Te retire de la pièce après avoir pris
les précautions nécelïai-rcs pour n’avoir lien
à craindre du feu. Je remarquerai encore
qu’il eût été à déliré plus de précifion entre
la dofe de tabac .& la grandeur des pièces';
on lailïera les armoires ,’ garde - meubles
fermés pendant vingt-quatre heures. Mais
la fumée de tabac poürroit noircit les galons
& altérer les couleurs tendres. Il faudra
, dans ces cas , avoir recours à l’odeur
• de la thérébenthine. Son odeur fera d’autant
plus forte que la thérébenthine aura été
- étendue fut une plus grande furface. On
peut frotter les meubles mêmes avec un
pinceau ou brolfe de peintre trempée dans
la thérébenthine ; les meubles n’en fouffei-
ront pas, on pourra les plier & les enfermer
enfuite; ils conferveront une forte odeur
qu'on leur fera perdre en les expofanr à
l’air quand on voudra s’en fervir ; fi au lieu
de frotter les meubles mêmes on ne veut
que les expofer à i’acmofphère d’une armoire
ou d’une pièce chargée de l’odeur
de la thérébenthine, on fe rappellera que plus
l’odeur fera forte, mieux l’opération réulîira,
& que l’odeur fera en proportion des fur-
faces qu’on aura imprégnées de thérében- .
thine.
Le tems de faire l’une ou l’autre de ces
opérations eft du quinze août à la fin de
feptembre; alors on détruit toutes les Teignes
en une' feule fois. Mais fi l’on a manqué ce
moment, on peut opérer en toute faifon.
M. de Réaumur conclue que les Teignes
des pelleteries étant les mêmes que celles des
étoffes, on Tes détruira par les mêmes moyens;
que pour garantir les pelleteries il fuffira de
les enfermer dans des étuis ou des boîtes
avec des linges imprégnés de thérébenthine.
La fumée de tabac & l’odeur, de la thé