
XXX ï> I S C O
vital faifanc partie de l'air atmofphérique ; on
peut-donq. dire.q.u’un des ufages de.-l'air dans
la refpiration , eft dabforbet lé carbone du
fang ; déjà cette decouverte fuffiroit pour
expliquer! le changement de couleur que ce
fluide éprouve,pendant la refpiration , puif-
qu’il eft vraifemblable que la nuance foncée
de fang veineux lui eft donnée par l’excès
de cette fubftancej comme cela a lieu dans
routes les matières organiques qui deviennent
brunes, pat l’augmentation de; ce principe
fcombuftible. Mais, ce n’eft pas«là-le feul
ufage de fa it dans la refpiration , & le! feul
effet de cette fonéfion importante. 11 én eft
un qui paraît l’emporter beaucoup,& quon
n’a pu apprécier que depuis quelque tems.
Pour le bien concevoir , il faut obferver que
le gaz acide carboniquè-qui réfulte de la combinaison
de l’air vital atmofphérique , avec
le carbone dégagé du fang , a une- pefanteur.
fpécifique bien plus confidéirable:que l’air
vital, Si qui eft à- peu-près à celle de ce dernier
, comme i f éft à i . Or,, la pefanteur
d’un fluide.élaftique, beaucoup -plus grande j
que celle d’un autreindique: dans le pre-,
mier une denflté , un rapprochement de molécules
plus grand que-dans le fécond ; & l’on
fait, que ,l’air vital n’eft -plus -léger que le
gaz acide carbonique' , que -parce qu’il à
perdu la quantité -de matière! de la chaleur
ou de'calorique qui.,en-tenoit les molécules
très-écartées.- On peut donc conclure, de cette
obfe{vàribni,.q!uè;ljai.tjvitaîl atmofphérique^ en
fechangearttien acide carbonique ; & en diffbl-
vant le carbone du fang-, a .perdu une partie
de fa chaleur latente ou de -fon calorique.
Cette chaleur dégagée fe-porte-dans le. poul-
mon & eft abfor-bée par lenfàng’ ; celui-ci
s’échauffe donc.-en-, proportion reprend |p
pat l’acte de la. J-efpiration ^oe qo’il a perdu
dans les routes -de la -circulation; L’air eft.
donc le magafin de chaleur èùiles animaux
qui le refpirent puifent fans celle., Si réparent
ainfl .celle qui fe .diflîpe continuellement
par leur-.peau ;-le-poulnaon-eft l’organe a qui
la nature, a confié Cette réparation de la chaleur
; &c le fang, qui pafl’eioucentier par -cet,
organe , abforbe la chaleur qu’il va enfuite
U R S
diftribuer dans tout le corps. Cette théorie
eft parfaitement, d’accord avec tous les phénomènes
de la refpiration , & elle en explique
même plufieurs que les phyfiologiftes avoient
regardés comme entièrement inexplicables.
On fait pourquoi la refpiration accélérée produit
, fur tout dans le région thorachique ,
une chaleur confidérable ; pourquoi les environs
du coeur où exifte le foyer de cette forte
de combuftion vitale , font les parties où la
chaleur fe conferve.le plus long-tems; pourquoi
dans les fièvres qui ont pour un ! de
leurs fymptômes' l’accélération & la grandeur
de la refpiration , la chaleur1 animale
s’élève fouv-ent à tin degré ttès-confidéfable!;
pourquoi , tel homme robuüle dont la poitrine
eft large & le poulmon très-ample ,
a un fang plus chaud Si plus rutilant -qu’un
homme foible-ou une femme délicate1; pouri
quoi lie fang qui revient du poulmon dans là
cavité gauche dû coeur eft plus fluide , plus
rutilant, &-plu$ propre, en général,à toutes
les fonéfions vitales ; pourquoi les animaux
qui ne refpirent que lentement l’air atmofphérique,
comme les quadrupèdes ovipares
& les1 ferpen's , n’ont le fàng que très peu
au - deffus de-fa température- de ce même
air : pourquoi-ceux qui ne refpirent point
d’air du tout, comme- lés poiffons i ' ont
le fang froid ou à la température exaéfe du
liquide- où ils font plongés, Voilà donc
en quelques1 années , uii problème qùi-avoit
occupé , fans fuccès ,- les fàvans depuis deux
mille ans-i réfolit-par lesi découvertes de la
Chimie moderne.
Le leéfeur, pour apprécier avec plus de
connoiffancê le fentjment des modernes ,
doit lire dans ,1e diétiouiiaire de Phyfiologie
l’article de la refpiration : nous n’ayons fait
que rapporter ici un précis, Si nous continuons
de traiter notre fujec.
Des organes de la refpiration dans les infectes ;
& de leurxàinparaifcin avec les mêmes organes
dalis'les autres animaux.
C ’eft "par la bouche ou la partie pàr laquelle
les animaux en général prennent de la
P R É L 1 M xxxj
nourriture , Si rendent des fons, que l’air j
entre dans leur, poitrine , & qu’il én-féru
Aucun infeéte ne reçoit, ni ne rend d’air
par la partie par laquelle il. prend de la
nourriture , ni par celles qui lui fervent à
produire des fons ; car ces parties font différentes
dans les infeétes ; cependant ils réf- 1
pirent, ils refpirent l'air , Si c’eft ce qu’il
faut commencer par démontrer.
1°. Si on les plonge au-deffous de la fur-
face de l’eau’, il fe formé fur les: côtés de
leur corps, à certaines parties dont nous allons ;
parler, par lefquélles ils irefpitenc', des globules
pins légers que l’eau!; & qui viennent1
gagner fa furface ; mais ces globules diminuent
en nombre , en volume , à mefure
que l’immerfion fe prolonge, Si les infeétes
fiuiffent par être noyés. ;
: 'i° , Si on enduit d’huile les parties dont
nous venons de parler , les infeétes périffent
mais fi on ne les en couvre pas routes , ou fi
on en découvre promptement quelqu’une ,
les infeétes continuent de vivre-, où font
rendus à la vie , ce qui ne peut être attribué,
dans le premier cas , qu’à; l’interruption de
l'air j dahs les deux autres, qu’à la continuité
de fon cours, ou à fon rétabiiffement.
3°. Si l’on enferme des infeétes fous le récipient
de la machine pneumatique , qifion
fade le vuide , ils fouffrent, ils meurent plus
lentèpient que des autres animaux , mais-ils
finiffent de même par périr ; l’air leur eft
donc-également néceflaire ; ils le refpirent
donc comme les autres animaux , puifqu ils
fe noyetit fous l’eau , qu’ils font fuffoqués
fous le récipient delà machinepneumatique;
ils n’ont pas befoin de refpirer fi fôuvent,
ils fe. noÿent , & ils font fiiffoqués-plus len-
tement-, parce que dans l’état naturel , ils
font unç provifiond’air -beaucoup plusconfidé-
rable à proportion , que tout leur cot.ps en eft
rempli, comme nous allons le voir , & que
cette provifion leur fuffit pour du tems. Mais
eft-ce l’air atmofphérique dans fort, complet,
ou contenant toutes les fubftances dont il
I N A I R E.
eft compofé, que les inféétes refpirent comme
les autres animaux , ou feulement quelqu’une
des fubftances qu'il Contient, & lefquelles ?
-Je me fuis foüvehr fait cétte qtieftion , fans
avoir trouvé moyen de la réfoudre , Si je la
propefe à la 1 fagacité des •naturaliftes ; fa fo-
îutlon , fi- les' infeétes ne refpirent que certaines
parties de l’air atmofphérique., expli-
queroit comment refpirant l’air , ils font cependant
froids ; comment- certains animaux,
comme les quadrupèdes ovipares , les reptiles,
qui le refpirent auflfi , Font également
privés de chaleur. Ce-fèroic parce’ que les
uns & les autres ne refpireroîent pas routés
les parties de l’air-atmofphétiqùe -, ou l ’àir
complet ! en particulier la portion qui fert à
la produéHon - de la chaleur dans les autres
animaux. Nous lavons donc que’ les infeétes
refpirent , qu’ils refpirent l’a'ir ''atmofphérique
ou complet, ou feulement quelqu’une des
fubftances qu’il contient; comment refpirent-
ils:? i 1
Le long du corps, de chaque côté , font
placées dès ouvertures , que leur forme a
fait comparer-à dés .fortes dé boutonnières,
& à ces mouchetures, que dés perfonnages
pieux • s’ infligent dans différons pays : fur
fa furface de la peau ; on a nommé ces ouvertures
du nom de c'es mouchetures Jligmates,
C ’eft l’entrée des canaux qui reçpivent-i’air ,
i & par -lefquels il reflbrt : leur nombre varie
dans les différentes efpèces ; ’ mais ri eft en
général à-peu- près double du nombre des
, anneaux dont le corps eft compofé, y ayant
un ftigmate de chaque côté , fut chaque
anneau ; cependant il y a toujours quelques
anu.eà-nx fur lefquels il ,n’y a pas de ftig-
mates j ainfi leur nombre n’ eft que près du
double des anneaux ; au contraire; il y a
quelquefois | des endroits ou les fttgmates
fontdoubles ; cela arrivefôuvent, par exemple,
fur le corcelet , qu’il faut envifager ici côm-
me un anneau faifant partie de ceux donc
tour le -corps1 :eft formé.
Les ftigmates s’ouvrent chacun à l’entrée
d’un canal fort court ,-formé d’anneaux carci