
.cée continue chaque jour. Parmi les quadrupèdes
& les autres animaux vivipares ,
la femelle fournit fucceffivemeht, lentement
de jour par jour au développement de l’em-
brion, à l’accroiffement & à la nutrition
des foetus , elle ne met bas fes petits que
quand ils ont pris la forme qu’ils doivent
avoir, que leur corps & leurs membres font
complets. Mais parmi les oifeaux, quoique
la femelle fourniffe également lés mêmes
principes pour le même ufage , elle ne les
tranfmer pas immédiatement à l’embrion;
ils s’accumulent pour lui, ils s’amalfent dans
l’oeuf qu’ils compofent. L’embrion ne fe
développe pas dans l’intérieur de ta femelle,
mais dans l'oeuf, & le foetus y prend fon
accroiffeme'nt , fa fotme, fa grandeur. La
femelle a fourni d’avance à fés befoirts par
la formation de l’oeuf fur l’ovaire & pendant
fon trajet à travers l’oviduéfcus. Elle a donc
préparé fa nourriture, elle a été dépofee
dans l’oeufÿ elle le forme, l'accouplement
y porte le principe de la vie, & la femelle
dépofe le germe environné de fiics préparés
d’avance, au lieu de les fournir fucceffive-
merir. Lorfque le nombre des oeufs cil complet
, la femelle commence à garder régulièrement
le nid ; l habitüde qü’eiïé contrarie
alors & qu’etlè conferve jufqu’au moment
où les petits fortent de l’oeuf, eft défigné'e
par le nom d'incubation. Elle répond à la
geflation des vivipares, relativement à ce
qui arrive' au germe pendant la duree de
l’uné Si de l’autre. Car c’eft pendant la gefta-
rion & j M H H que te germe fe développe
, que les foetus prennent leur àcctoif-
femém & lëitf forme. Mais çés chârigevnéns
s’opèrent à l’ intérieur de la femelle’ dans les
vivipares , Sc hors de fort intérieur dans
l’oeuf , parmi les Ovipares pendant l'incubation
: la femelle eft le principe dëceschan-
gemens dans lès vivipares; en four ni (Tant intérieurement
& conrinuement au germe & à
l’embrion la chaleur Si la nourriture néceffàire;
.elle l’eft de même dans les ovipares par les ah-
mens qu’elle a fournis d’avance & qui ont formé
les oeufs; par la chaleur qu’elle leur com-
puinique par lg moyen de l'incubation ; car
fans ce fecotirs les germes relient fans aéiion
dans l’oeuf, ne s'y développent pas, & il
ne s’y forme pas de foetus.
Dans les ovipares qui né couvent pas, qui
n’ont pas béfoin d’un fi puilfant degré de chaleur,
celle de l’atmcfphère fupplée au manque
d’incubation. Mais il faut, dans toutes les
efpèces , que la chaleur vivifie' le germe ,
excité en lüi la première action ou le premier
mouvement & lé foutienne. Nul atome,
nulle molécule dé matière n’a de mouvement
dans l’oeuf, s’il n’a été fournis à
Ifaélion de la chaleur; il ne s’y opère aucun
changement, il ne s’y fait aucun développement
; mais après qu’il a été échauffé pendant
peude tems, on peut y remarquer un point
en mouvement , on voit ce point croître
chaque jour, & prendre une forme nouvelle.
Son mouvement, qui eft celui de battement
ou d’ofeilfation , eft lenfible dans un
oeuf de Poule vingt-quatre heures après le
commencement de l’incubation; peu de jours
après on rec'onnoît le commencement de la
forme d’un animal, enfuite l’animal formé,
ou le foetus. On ne peut douter que ce ne
foie de la même manière que te germe eft
mis en mouvement, qu’il fe développe ,
que le foetus prend fon accroiflemënt dans
les oeufs des différentes efpèces, & ces chan-
gemens font fenfibles ils- fe préfentent à
W vue de la même manière dans tous les
oeuf où l’objet n’eft pas trop petit pour qu’on
puifie l’obferver à l’aide de la louppe ou du
microfcope. Puifqu’il eft démontré , par
l’exemple des oeufs , que ç’eft la chaleur
communiqués intérieurement par la; femelle
dans les vivipares, par elle , ail moyen de
l’inciibacion dans les ovipares , qu'ë le germe
eft mis en riioùverhént, qu’il entre en action
& qu’il eft vivifié, à quoi donc a contribué.
fé rnâlé ? Eft ce de lui qn’eft émané
le germe qué la femelle reçoit, auquel elle
fournit' le lieu , la chaleur , la nourriture
dont il a befoin ? Mais le germe eft le principe
de l’animal ; c’eft l’animal même auquel
il ne manque que le développement ;
comment, quand il l’aura acquis, filemâlea
fourni
fourni feul le germe, l’animal participera
t-il des qualités du mâle & de la femelle
qui l’auront engendré ? Le germe n’eft donc
pas un produic du mâle feu l, ce n’en eft
pas un de la feule femelle non plus ; tous
deux concourent pendant l’acte à fa formation
: c’eft à fa production que contribue le
mâle, mais conjointement avec la femelle ;
les qualités mixtes du petit en font une preuve:
l’exemple des oeufs en eft mie que Ie ®ou-
vement eft communiqué au germe par la
chaleur de la femelle , & l’on n’a jamais
douté qu’elle ne fournît fa nourriture. Mais
comment l’aétion combinée du mâle Sc de
la femelle concourt- elle, à la produéfion
du germe? comment eft-elle le produit de
la liqueur que l’un & l’autre répand ? Le
mâle ne fait-il que contribuer à fa production
, ne répand-il pas une liqueur qui foit
fon premier aliment, qui le nourriffe à
l’intérieur de la femelle dès l’inftant de fa
produéfion , qui fe joigne dans l’oeuf aux
alimens fournis par la femelle, pour le fubf-
tanter dans le moment où la chaleur de
l'incubation le met en mouvement ? Ces
queftions, ainfi que toutes celles qu’on peut
faire fur la génération , excitent d'autant plus
la curiofité qu’on y a répondu jufquà pré-
fent d’une manière peu fatisfaifame , qu’il
n’a rien réfulté de lumineux des expériences
qu’on a faites dans la vue d’y répondre, &
que l’inutilité des efforts rentés par les plus
habiles obfervateurs, eft une raifon de croire
que ces queftions, au deffus de notre capacité,
font infolubles. Bornons-nous donc aux faits,
fans efforts inutiles pour en pénétrer les
caufes, & avec une bien foible efpérance
que le tems, les obfervations, les connoif-
fances fucceflivement acquifes, les découvriront
un jour à la poftérité.
Les petits oifeaux font en général plufieurs
pontes pat an, julqu’à trois & quatre ; chaque
ponte eft d’autant plus nombreufe en oeufs
que 1 efpèce eft plus petite : les efpèces
moyennes ne font que deux ou trois pontes,
& dans chaque ponte le nombre des oeufs
plus borné. Les très-grandes efpèces,
Hi/loire Naturelle, Infectes. Totnel.
comme l’A ig le , POutarde , le Cigne, ne
font qu’une ponte, & elle n’eft que de deux
oeufs. Cette loi du rapport entre la grandeur
des efpèces, le nombre des pontes &
celui dçs oeufs à chaque ponte , eft la plus
ordinaire, mais, fouffre fouvent des exceptions.
Ainfi les Oifeaux-mouches, les Colibris
qui font ies plus petits dés oifeaux, ne
font que deux oeufs à chaque ppnte; la Perdrix,
qui eft d’une taille à peu près moyenne,
ne fait qu’une ponte , elle eft .fouve® de
dix-huit, vingt oeufs, quelquefois davantage;
U Perdrix produit donc autant ou plus que '
le Moineau, qui fait quatre pontes à.quatre
oeufs chacune.
C ’eft un fait qui manque dans l’hiftoire '
des oifeaux, de favoir fi dans les pays chauds
où la .npurriture eft prefque tpujours abondante
en tout tems, où la chaleur ne ceffe pas
d’entretenir, la fenfibilité ,ç}es organes , de
l’exalter , les oifeaux multiplient indifféremment
pendant tout le cours-de Tanijée, on en
des faifons marquées.
Les quadrupèdes ovipares fe multip'ient
tous par le moyen des oeufs, comme le
nom qu’on leur a donné l’indique.' S’il y en
a quelqu’un de vivipare, l’efpèce n’eft pas
encore connue, & le fait fur la manière
dont elle fe reproduit eft ignoré.
La plupart des reptiles font ovipares, mais
il y en a de vivipares , c’eft de là qu’un genre
de reptile a reçu le nom de vipère.
Le plus grand nombre des poiffons eft ovipare
; mais il y en a beaucoup de vivipares ;
il y en a qui font , en quelque forte ,
mixtes ; ils dépofent des petits tout formés,
mais qui tiennent par l’ombilic au jaune de
l’oeuf dans lequel ils fe font formés à l’intérieur
de la femelle; ils traînent après eux, en
nageant, cette partie de l’oeuf contenue dans
fa membrane, & qui leur fert de nourriture: le
jaune eft bien de même le premier aliment des
jeunes oifeaux qui fortent de l’oeuf, mais il
paffe à leur intérieur, dans leur inteftin, avant
qu’ils rompent la coque, au lieu que les poif-
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