
un intérêt immédiat-& attaché à l’aétion
même d’écheniller ; il propofe de tenter de
carder les nids, & de faire, de la foie qui
les cornpofe , quelqu’ufage qui, par le profit
qu’on y trouveroit , engage à ratnalTer les
nids. 11 remarque enfuite que les Chardonnerets
ouvrent les nids pendant l’hiver, &
qu’ils détruifent une partie des Chenillês.
11 eût pu faire la même remarque à l’égard
des Méfanges. Il fait enfuite la réflexion
que les Chenilles, à l’abri des pluies,
de la neige-, dans leur nid, y font peu garanties
du froid, mais que le plus rigoureux
ne leur porte pas d’atteinte ; il le prouve
par l’expérience des Chenilles plongées dans
un reftoidiflement de dix - neuf degrés au-
delfous de la glace, plus de quatre au-def-
fous du froid de 1709 , qui ne fouffrirent
pas de cette épreuve.
LesChenilles qui fefont féparées au mois
de mai, vivent folitaires jufqu’à la fin du mois
de juin, & commencent alors à filer une
.coque pour fe méramorphofer; elle eft d’un
tiflù lâche, faite d’une foie groflière , d’un
brun fale, & la Chenille l’attache fouvent
à une feuille ou une branche, & le Papillon
naît au bout de dix-huit à vingt jours. Il
dépofe fes oeufs de la manière que nous avons
expofé. M. de Réaumur propofe d’enlever
les amas d’oeufs ; ce feroit une opération
facile , au moins dans les jardins , &
qui aurait l’avantage de prévenir les
dégâts que caufent les Chenilles en automne ;
il propofe auffi de ramafler les coques &
de les carder. Il pâlie enfuite à l’hiftoire des
Chenilles qui vivent fur le pin, qui, comme
les précédentes, paffent une partie de leur
vie en fociété, dont les nids font plus dignes
d’attention par la quantité & la qualité de
leur foie. Je ne le fuivrai pas dans les détails
relatifs à ces Chenilles ; ils ont beaucoup
de rapports avec l’hiftoire de la commune.
Le nom de celle-ci, le tort qu’elle
nous fait-, m’ont engagé à la faire Connaître
d’une manière particulière, & à donner à
fon hiftoire une étendue plus grande que'
celle que les limites, que je ne dois pas
palierÿ me prefcrivent pour la plupart" des
autres infeéles.
Le trüifième mémoire elt terminé par
l’hiftoire de la Chenille appellée Livrée. de
l’arrangement de les couleurs -, c’eft cette-Che.
nille dont le Papillon dépote fes oeufs autour
d’une branche en forme de bague. Les
Chenilles, à melure qu’elle^forcent de l’oeuf,
s’arrangent fur la bague, 8Z quelques1heures
après elles rongent les feuilles1 vOifines, puis
elles affujettiflenr en commun par des fils
defoie des feuilles qu’elles dévorent-, & de
ces feuilles elles patient à d’autres qu’elles
affujettiflenr de même ; elles font du nombre
de celles qui paflènt une partie de leur vie en
fociété, ainfi qu’une autre efpèce qui vit dans
les prairies , & y conftruir, pour s’abriter,
un nid de foie blanchâtre attaché à des
touffes d’herbe ; les Chenilles de cette efpèce
paffent l’hiver dans ces nids, & en forteht dès
la fin de février ou le commencement de mars.
4e. M b tt b t ii 1,
Des Chenilles qui- vivent en fociété pendant
toute leur vie.
M. de Réaumur commence ce mémoire
par l’hiftoire d’une Chenille à feize jambes
■ qui vit fur le chêne, qui forme une république
ou une famille de fix, fept, & même
huit cents individus. Les Chenilles ne fe
quittent jamais, & deviennent même chry-
falides à côté les unes des autres ; mais l’inf-
tant de la féparation eft celui de la naiffànce
des Papillons. Les jeunes Chenilles ne font
qu’étendre des toiles fous lefqneiles elles fe
mettent à l ’abri Scelles fe cachent pour changer
de peau; elles n’ont point de. demeure
.fixej elles filent tantôt à une place, tantôt
à une autre; mais parvenues1 à-peu près au
tiers de leur grandeur, c’eft-à-dire , vers le
commencement de juin , elles fe conftruifent
un nid, qu’elles n’abandômjent qu’en devenant
Papillons. Ce nid eft le plus fouvent attache
au trône d un chêne, quelquefois à uhe
des principales branches ; il eft pofé toujours
P R E L I M I N A I R E . CXClX
affez bas & auprès de terre , ou à fept ou
huit pieds de hauteur, il eft .vafte, n’a pas
toujours la même forme; tantôt.il eftoblong,
tantôt il approche d’être fphérique; il a
quelquefois dix-huit à vingt pouces de longueur
fur cinq à. fix de large & quarte de profondeur,
il reflemble à un noeud de l’arbre
même, il eft'formé par plufieurs couches
de foie appliquées lés unes fur les autres,
fans cloifon à l’intérieur, en forte que' ce
n’eft qu’une forte de poche. Les Chenilles
reftent dans ce nid pendant que le foletl -
eft fur l’horizon, & elles n’en forrent guère
que le foir. Alors il y a une Chenille qui fe
met en marche, une féconda la fuit, une
troifième, &c. & toutes s’avancent de file-,
tant que la première marche; car les autres
s’arrêtent en même-tems que celle qui eft
en tête. Cette marche a fait nommer par
M. de Réaumur cesChenilles proceffionnaires
ou évolutionnaires. Lorfque les Chenilles
qui marchent les premières ont formé une
file d’une certaine longueur ,‘ celles qui fui-
vent s’arrangent deux à deux & forment une
file fur deux rangs, fuivie d’une file fur trois,
q u ii’eft d’une file fur quatre, &c. Arrivées'
au lieu où elles veulent manger, la première
Chenille "s’arrête, les autres doublent
les rangs & s’arrangent à côté les Unes des
autres.'
Lorfqu’elles font raflafiées , une d’entre
elles recommence la marche, & toutes la
fuivent en files pour retourner & rentrer au
nid; le tems delà métamorphofe arrivé, elles
s’y filent à côté les unes des autres des coques
qui fotmenr toutes enfemble une efpèce-de gâteau
; elles fortifient ces coques des poils.dont
ellesétoient couvertes,& ellesrëftent enchry.
falides environ un mois. Notre auteur avertit
les obfervateurs qui peuvënt examiner les-
nids , que ce n’eft qu’avec précaution qu’il
convient de les ouvrir, fur-tout lorfque les
Chenilles ont fait leur coque, parce que
les poils dont elles étoient couvertes font
mêlés à ces nids , que ces poils pénètrent les
pores de la p e a u & y caufent de vives .coiffons
; il s’en détache que le vent porte au
vifage & aux yeux , qui y caufent de même
beaucoup d’incommodité. Envain emploie-
t-on les lotions de toutes efpèces ; aucune
ne foulage ; le tenîs feul guérit le mal qui
dure, félon la quantité des poils1 qui ont
pénétré, deux , trais, & jufqu’à cinq jours.
M. de Réaumur amortit cependant les cuif- -
fous qu’il fouffroit en fe frottant avec du
perfil ; mais il n’a fait cette épreuve qu’une
fois : il prend occafion du fait précédent pour
avertir qu’il n’y a que les Chenilles velues
qui caufent des démjngeaifons, que cet
effet n’a pas lieu fi elles n’ont,été froiffées;
que- c’eft lorfqu’elles font prêtes de muer,
tems où les pojls ont moins d’adhérence,
qu’on, a plus à en craindre, & qu’il y en a
quelques-unes de celles qui vivent en fociété
qui, dans les tems voifins de leur mue, font
comme entourées d’une atmofphère de poils
que le vent emporte, qui pénètre comme
autant de dards dans les pores, raifon pour
laquelle on éprouve des cuiffons quand 011
a pafle près des familles de ces Chenilles.
L ’auteur termine ce mémoire par l’hif-
toire d’une Chenille qui pafle fa vie & le
fems de chryfalide en fociété; elle vit fur
les pommiers, elle eft petite, rafe , d’un
blanc lavé de jaune, tachetée de points noirs,
elle a feize jambes. Les Chenilles de cette ef-
pèçefe conftruifent plufieurs nids dansleurvie,
elles en changent fouvent, ils leur fervent de
retraite & dé lieu où elles prennent leur pâture,
car elles ne mangent que dans leur nid ;
elles ne rongent jamais que le parenchime
des feuilles, leur nombre eft d’un à deux
cents par famille, leur nid confifte en des
toiles femblàbles à celles des Araignées, dont
elles entourent un certain nombre de feuilles
avant de lés ronger. Elles conflruifent huit à
dix nids différens dans' leur vie , filent chacune
une coque,particulière dans le dernier,
tk y. fubiffent leur changement.