tôt elle n’en a pas ; c’eft comme une forte
de colle; il eft probable que c’eft un réfidu
de la cire brutte & du miel changés et)
cette pâtée par l’aétion des vifcères de la
mouche qui la dégorge. Mais ce qui doit
être remarqué, c’eft que les Abeilles proportionnent
à l’âge des Vers la pâtée dont elles
les nouriffent ; infipide & plus claire dans les
commencemens, elle a plus de cünfiftance &
prend un goût fucré à mefure qu’ils avancent
en âge. ( Nous nous interromperons ici un
iuftant pour remarquer que les oifeaux qui
nouriffent leurs petits en dégorgeant comme
les Abeilles l’aliment dont ils ont befoin,
leur donnent de même dans les premiers
jours une nourriture fluide qu’on a regardée
dans ces derniers tems comme un véritable
lait , fourni par des glandes du pharinx ,
qu’enfuite ils les alimentent d’une pâtée
plus épaiffe, & finiflènc par les nourrir de
grain Amplement amoli : cette analogie entre
des infeétes & des oifeaux qui nourriffenc
leurs petits par regorgement , nous a paru
mériter de fixer un moment l’attention du
lecteur ; s’opéreroit-il dans les Abeilles ,
■ comme on l’a cru de nos jours pour les oifeaux,
une fécrécion laiteufe dans les premiers mo-
mens de la naiflânce des jeunes ; où l'aliment
plus fluide n’eft-il que le réfidu d’un
grain plus longuement digéré , du miel &
de la cire brutte plus élaborés par les vifcères
de l’Abeille qui s’en eft nourrie ?
Les Vers des Abeilles n’ont pas de pieds ;
ils paffenc leur état de Ver roulés fur eux
mêmes ; ils font d’abord d’un blanc bleuâtre
& d’un blanc de lait par la fuite; ils font fi
mois Sc fi pulpeux qu’on ne peut guère les
toucher fans les bleffer : ils ont une tête de
figure confiante, une forte de bouche alon-
gée & deux dents peu fortes & peu apparentes
: ils prennent leur accroiflèment en moins
de fix jours Sc au bout de huit de la ponte,
car ce n’eft qu’au bout de deux jours qu’ils
forcent de l’oeuf. Lorfqu’ils ont atteint leur
grandeur & qu’ils n’ont plus befoin d’alr-
mens , des ouvrières ferment la’ cellule en
£ appliquant un couvercle de cire. Alors le
Ver fe déroule, il s’étend, il tapilîe fa demeure
de foie ; il refte dans l’inadion
après cette opération & il paffe , environ
au bout de vingt-quatre heures, à l’état de
nymphe.
Lorfqite par un accident quelconque un
gâteau fe détache en tout ou en partie Sc
tombe au fond de la ruche , les Abeilles arrachent
les Vers des cellules qui ne font pas
fermées, les tuent & les portent hors delà
ruche ; il arrive quelquefois même qu’elles
ufent de ce cruel procédé envers les Vers
qui fe trouvent de même dans des cellules
ouvertes, quoiqu’il ne foit arrivé aucun dérangement
dans les gâteaux : nous ne fui von 3
point l’auteur dans les fuppofitions qu’il fait
pour expliquer une manière d’agir fi oppofée
aux foins que les Abeilles prennent ordinairement
de leur poftérité. : il nous paroîc trop
difficile de pénétrer les caufes de ces contradictions
apparentes & que c’eft trop
hafarder d’en donner des explications morales.
La cellule pour une mère eft, comme on
l’a dit, plus grande; les Abeilles l'approvi-
fionnent auffi de plus de nourriture j il n’en
refte pas dans les cellules ordinaires après le
changement du Ver en nymphe & on ne
trouve une portion furabondante après ce
changement que dans les cellules des mères.
Lotfque les parties de l’Abeille ont pris
leur confiftance fous la peau de nymphe ,
cette peau fe fend, l’Abeille en fort; elle fe
fert de fes dents pour percer le couvercle
de cire qui ferme l’alvéole, pour le rompre
par fragmens; lorfque l’ouverture eft alfez
grande, elle paffe au dehors fa tête & fes
deux premières pattes qui lui fervent, en fe
cramponnant à tirer au dehors le refte du
corps; elle fe pofe aux environs de la cellule
dont elle vient de fortir ; fes ailes achèvent
de fe développer, & fes membres de fe fortifier
en perdant l’humidité furabondante qui
les mouille encore ; cette évaporation eft accélérée
par d’anciennes mouches qui s’ap^
prochent de la nouvelle & l’eifuient avec
leur trompe; l’Abeille nouvellement née a
les couleurs moins foncées & le ventre plus
gros : fi on l’ouvre on le trouve rempli de
miel, Sc cet aliment entroit en plus grande
proportion dans la pâtée dont les Vers ont
été alimentés dans les derniers tems : ainfi
le miel qu’ils ont confommé fur la fin de
leur vie s’eft confervé dans leur vifcèré , les
a nourris pendant qu’ils étoient en nymphe
Sc c’eft encore leur premiet aliment dans
l ’état de Mouche.
Qu’on me permette de rappeller encore
ici l’analogie qui fe trouve entre le Poulet
Sc le Ver des Abeilles: le jaune, aliment le
plusconfiftant de la nourriture que l’oeuf renferme
fe conferve plufieurs jours dans les
vifcères du Pouflin tout formé , renfermé
fous la coquille, état qui répond à celui de
nymphe, & il eft encore le premier aliment
du Pouflin forti de la coquille : de même
le miel, partie plus nourriffante de Ia.pâcee
fe conferve dans les vifcères du Ver, & il
eft la première nourriture de l’Abeille nouvellement
née:aulfi-tôtquelle fent fesmem-
bres affermis elle prend fon effor, elle fuit
les autres Mouches à la campagne, & elle
exécute les mêmes travaux ; il naîc quelquefois
plus de cent Mouches par jour dans une
feule ruche.
IJ e. M i m o I R i .
D e s EJfaims.
Les ruches font des pertes confiderabies
pendant l’hiver, mais au retour du printems
l’Abeille mère recommence fa ponte. Les
oeufs qu’elle dépofe d’abord ne produifent que
des Abeilles ouvrières qui ne font qu au bout
d’environ trois femaines en état de travailler;
quelque tems après il naîc des males
ou faux Bourdons , & peu après une & quelquefois
plufieurs jeunes mères; le nombre
des ouvrières depuis le printems eft conlide-
rable, & alors la ruche fe trouve furthargee.
Cependant ce n’eft pas feulement le manque
de place, la gêne, qui déterminent une partie
des Abeilles à quitter leur habitation Si
à en chercher une nouvelle; il faut de plus,
& c’eft une condition indilpenfable, qu il
foie né dans la ruche une jeune mère que
l’eflaim puiffe fuivre & qui lui allure une
poftérité ; fans cette condition il ne fe fart
pas d’émigration.
Des ruches fi peuplées quelles ne fau-
. roient contenir toutes les mouches, ne donnent
pas d’eflàim parce qu'il n y a pas de
jeune mère, & d’autres ruches dans lefquelles
il refte encore beaucoup de place à occup-
per, en donnent aufli-tôt qu’une jeune mère
eft née : elle eft en état de conduire les
Abeilles qui la fuivent & auxquelles on
donne le nom d’ ejfairn fort peu de jours
après fa naiffance, peut - être dès le jour
, même : mais la féténité du ciel, la température
de l’air accélèrent ou retardent fa
fortie.
Une ruche ejfaimera bientôt ou jettera
un éflaim , lorfqu’on y voit des males, quand
dans un' beau jour il fort peu d Abeilles ;
l’inftant eft plus proche lorfque le foir Sc
la nuit même on entend dans la ruche un
bruit qui n’y eft pas ordinaire.
C ’eft de dix heures à trois que les effaims
fortent ; dans le moment qui précède leur
fortie on entend redoubler^ le bourdonnement
dans la ruche, on voit des Mouches
en fortir en grand nombre : auffi toc que la
nouvelle mère a prit elle-même l’eiïor, les
Mouches fe précipitent à fa fuite en fi grand
nombre, quelles forment dans l’air un tourbillon
qui l ’obfcurfit aux environs. 11 paraît
que leur vol a pour objet de découvrir un
lieu propre pour une nouvelle habitation Sc
que ce n’eft pas la mère qui en détermine
le choix.
Car fi quelques Mouches fe pofent en
un endroit, elles y font b;entôt fuivies par
d’autres : la mère ne s’y rend que quand
le grouppe eft déjà confidérable ; mais auffi