
pas trop difparats, produit néceffairement
une grande difficulté à décider de quelle
région une efpèce obfervée à de grandes
diftanccs eft originaire , rend bien mal aifé
de déterminer fi des individus qui ont de
part & d’autre de -nombreux rapports 8c
quelques différences , font , comme on ne
femble même pas en douter ordinairement
des efpèces diftinétes , ou de {impies variétés
des mêmes efpèces qui ont été tranf-
portées, comme c’en peut être auffi des
mêmes efpèces qui ne diffèrent que par l’influence
des climats dont elles font originaires.
J’ai rapporté dans le dictionnaire des oi-
feaux , que j’avois eu de Madagafcar vingt individus
du moiheau qu’on y appelle Fcudi,
envoyés à M. de Neiiiiiy, écuyer du roi. Cet
oifeau e ft, dans fon premier âge, d’un
plumage d’un brun nué, fort femblable au plumage
de notre jeune Moineau - franc , il
change avec l’âge & devient d’un beau rouge
fur tout le corps , & ne couferve de brun
que les ailes & la queue. J’ai trouvé, en
plaçant ces vingt individus à côté les uns des
autres , par ordre & en fuivant les rapports
qu’ils avoient entr’eux, que le premier, tout
brun , éroit évidemment le même que le
dernier, entièrement rouge fur tout le corps ,
excepté aux ailes & à la queue ; que cette
identité étoic prouvée en ce que chaque intermédiaire
étoit manifeftement le même que
le? deux qui lui faifoient pendans ; mais que
Je premier avoit tant de rapport avec notre
Moineau dans' fon premier âge , qu’il étoit
probable que c’étoit la même efpèce, & que
pat conféquent , le Foudi, même dans
Ion beau plumage , n’étoit qu’une variété du
Moineau-franc d’Europe, dont la chaleur &
d’autres circonftances dépendantes du climat,'
avoient exalté les couleurs. Combien des
faits de même nature font-ils donc vraifem-
blables, combien peuvent-ils être répétés par
rapport aux infeéfes dont les efpèces ou les
variétés font encore bien plus nombreufes
que celles des oifeaux ? Combien eft-il donc
difficile d’en donner un catalogue qui ne foit
ni au-delà , ni en deçà de la réalité, qui ne
contienne que le nombre vrai & pofitif des
efpèces & des variétés? Mais dans l’impoflw
bilité de dreffer un catalogue qui ne pèche
ni Mans un fens , ni dans l’autre, n’appro-
cheroit-t-on pas beaucoup plus de la vérité,
en indiquant , en 11e comptant que comme
variétés les individus entre lefquels on ne remarquerait
que de légères différences, que
des nuances , qu’en les comptant, comme
on le fait ordinairement , pour autant d’ef-
pèces? N’avanceroit t-on pas plus la fcience,
qui deviendrait plus exaéte , en abrégeant,
avec fondement, le catalogue des infeétes ,
qu’en l’alongeant ? Enfin , certe propofition
de diminuer le catalogue n’eft-elle pas fondée
d'après les preuves que j’ai fournies fur le
tranfport des infeéfes, leur facilité à multiplier
dans les lieux où ils ont été ttanfportés,
fur leur fréquente identité d’efpèce fous les
climats qui font correfpondans ou fous lefquels
ils fe trouvent pendant un teins de Pan-
nee dans les mêmes circonftances ; fur la
vraifemblance , que quand on ne remarque
entr’eux que de légères différences, que
de fimples nuances , ils ne font que des variétés
les uns des autres, fur-tout, files cli—
matsou on les trouve fe correfpondent, ou s’ils,
y vivent pendant un certain tems de-tannée
dans des circonftances pareilles ?
T R O I S I E M E D I S C O U R S .
Dos avantages que nous retirons des in/ecles , SC augmenter des moyens de les ou d'y rem; eddeies rt\o drets l aq up’lialsc en qouu si lsc apuafreonitj,j eSnCt doecsc umpeory ednasn sd el ale sn aptruérvee noiur l’ordre des chojes.
J S fo u s ne retirons des infeéfes que des
avantages peu nombreux , mais quelques-uns
nous en procurent de fort importans. Pour
les mieux connoître, je les, diviferai en avantages
économiques , avantages relatifs à la
médecine humaine ou vétérinaire ; avantages
relatifs aux arts.
Les Abeilles font l’infeéte qui nous rend
le fervice économique le plus important,
c’eft même prefque le feul auquel nous en
devions en ce genre ; fes préfens font ,
comme tout le monde fait , le miel 8c la
cire. Le premier a un double avantage , il eft
un aliment fain & agréable ; on en compofe
une liqueur qui plaît en le diffolvant dans
l’eau , & qui eft d’un ufage fort commun
parmi plufîeurs nations; ilferrpour conferver
les fruits ou leurs fucs que l’on fait cuite en y mêlant
du miel, & dont on compofe descomeffi-
blés ou des fyrops : il éroir, à ce double égard,
d’une utilité beaucoup plus grande & plus générale
pour nos ancêtres, avant le tranfport & la
culture du fucre en Amérique ; mais depuis
cette époque, on emploie encore le miel pour
encompofer, en faveur du pauvre, des comef-
tibles ,& des fyrops , à la vérité moins agréable
qu’avec le fucre , mais moins chers : il
n’eft pas moins en ufage en médecine , 8c c’eft
le fécond genre d’avantage que nous en re
tirons. Perfonne n’ignore que la cire , dont
on a compofé des bougies, produit en brûlant
une lumière plus nette, qui fatigue moins la
vue que les huiles végétales, & la graiffe des
animaux ; qu’elle 11’a pas , comme ces fub^.
fiances., l'inconvénient de répandre de la
fumée , & une odeur défagréable.
Quant à la médecine , la cire & le miel
n’y font pas d’une moindre utilité qu’en économie
: la cire eft la bafe. de la. plupart des
onguens ; le miel eft compté au nombre des
remèdes dérerfifs, il eft en même-tefns regardé
comme adouciffant, & pour les fujets
très-délicats , il peut quelquefois tenir lieu
de laxatif ; on augmente certe propriété en
le combinant avec des médicamens analogues
qui fécondent fon aétion.
La çire eft employée dans les arts les plus
grofliers & dans les plus délicats ; elle ferr, en,
l’étendant fur la furface des meubles & des
planchers, à la luftrer, à en boucher les fentes
, à en cacher les défauts, à les rendre
luifans & plus agréables : en couvrant d’une-
couche de cire une des furfaces d’une toile
groffière, on rend cette toile impénétrable
à l’eau, 8c propre à eu garantir les objets
qu’on en couvre. Tous ces emplois font relatifs
à des arts groffiets ; mais les fuivans
appartiennent à des arts libéraux.
La cire fait partie des préparations qu’on
injeéfe dans le fyftcme des vaifîeaux, foit
de l’homme , foit des animaux ; les injections
de mercure pénètrent plus avant ; mais
-ce demi-métal fùrchargeroir par fon poids,
I les troncs, les forcerait, s’échapperont, 8c
les injeétions ne feroient pas praticables
dans toute l’étendue du fyftême vafculaire;
d’ailleurs, les vaiffeaux remplis de mercure,
qui eft un fluide , n’auraient pas defoutien,
il faudrait les accoller à une furface , ou les
tenir fufpendus 8c étendus dans un autre