
Le fort de l'hiyer & les tems de brume
conviennent le mieux pour écheniller, & ce
font ceux où l'on eft le moins occupé ; ces
deux raifons doivent les faite préférer. Cependant
, ne feroit-il pas poffible qu’en août,
quand les amas d’oeufs font appareils fur les
feuilles, que des femmes, des enfans, enlevaient
tous ceux qui fe trouveroient à leur
portée , & abatilfent les autres comme on
abat les nid*. Ce travail feroit prompt ,
parce qu’il faudroit moins de tems pour couper
les pédicules des feuilles que des branches
, & parce que les amas d’oeufs ne font
jamais fi élevés que les nids, il faudrait
feulemenr être attentif à ramaffer .tous les
paquets qui tomberaient , en faire des tas
qu’on écraferoit ou qu’on brûlerait avec foin.
Par ce moyen , on verrait peu de nids l’hiver
fur les arbres , & les Chenilles qui y feraient
cachées feraient dévorées en plus grand nombre
par les Méfanges , les Chardonerets qui
déchirent, ces nids pour manger les Chenilles
; il en relierait donc peu au printems. Je
dois finir par avertir qu’en échenillant , on
doit éviter de trop toucher les nids , de les
ouvrir , parce qu’ils font entrelacés des poils
des Chenilles qui , emportés par le vent &
introduits dans les pores de la peau , caufent
des ampoules.
On n’apperçoit les Chatons de la fécondé
efpèce de Phalène qu’aucant qu’on les cherche
avec foin. Comme les oeufs dont ils font com-
pofés ne font point encore éclos dans le tems
de la taille des arbres., les jardiniers pourraient
alors examiner les jeunes branches , &
enlever les Chatons qu’ils y découvriraient,
en écrafer les oeufs , & diminuer beaucoup
le nombre des Chenilles de cette efpèce.
Il y a des Chenilles en grand nombre , autres
que les deux dont nous venons de parler,
qui font beaucoup de tort aux atbres. Mais
comme il eft très-difficile de découvrir leurs
oeufs , cui’elles vivent éparfes, il y a peu de
moyens de leur, donner la chaffe en grand.
Hcureufement elles naiffent plus tard &
dans un tems où les arbres fouffrent moins
de la perte des feuilles ; il eft rare aufïï
qu’elles les en dépouillent totalement comme
la commune & la livrée.
A peiné les fruits fuccèdent-ils aux fleurs
qu’ils font attaqués par un grand nombre
d’infeétes différens, d’autres ne les entament
qu’à leur maturité , & ce n’eft qu’alots qu’ils
en occafionnent la perte.
Plufieurs efpèces de Teignes dépofent leurs
oeufs fur les fruits nouvellement noués ; un
grand nombre de Cinips, quelques Mou-
ches-à-fcie, percent l’enveloppe des jeunes
fruits à l’aide de leur tarrière & y dépofenc
des oeufs. 11 eft remarquable que chaque infecte
ne dépofe qu’un oeuf fur chaque fruit,
& que deux efpèces différentes ne dépofent
pas fur le même embrion. Le contraire arrive
cependant quelquefois, mais rarement; les
larves qui viennent à éclorre percent le jeune
fruit tranfverfalemenrde fa furface à fon centre
, où elles fe fixent. Leur trace laiflë une
ouverture fiftileufe plus grande que le diamètre
de leurs corps, parce qu’en creu-
fant, elles ne fe font pas feulement fait un
chemin , mais qu’elles fe font alimentées ;
fixées au centre du fruit, elles y agrandiffent
leur logement à mefure qu’elles enlèvent des
parties voifines pour fe nourrir ; elles y parviennent
à leur terme, y fubiffent ordinairement
leur changement, & l’infeéte parfait fort
par l’ouverture fiftuleufe que la larve a déterminée.
Les fruits ainfi piqués tombent plus
tôt.ou plus tard; très peu parvienent à maturité;
ils y font plus tôt que les autres, mais
[ ils fe ’gâtent en fort peu de tems.
Les cultivateurs favent combien la piquure
des infeétes détruit de fruits, en particulier
de pommes & de poires ; il y a des années où
plus des trois quarts font perdus par cetre
calife ; les fruits rouges à noyau font auflï
très fujets aux vers,.ainfi que les prunes;
les amandes , qu’une écorce figneufe devroit
en défendre, de même que les noilettes , les
glands, n’en font pas exempts. Non-feulement
les Vers caufent la chute & la perte
d’un
d’un grand nombre de fruits, mais ceux qui
parviennent â leur terme en font moins bons
& leurfuc en eft altéré ; ainfi-lesboilfons faites
avec le jus des pommes Ou des poires-font
moins bonnes dans les années où on à employé
beaucoup de fruits; attaqués1 dé; Vers. '
Eu Provence, il y a une Mouche qui pique
les olives, en fait tomber beaucoup, & communique
à celles qui ne font pas tombées
une mauvaife qualité dont l’huile fe reffént.
fur-tout des raifins ; mais cette perte eft peu
de chofe en comparaifon de celle que les piquâtes
occafionnent au -printems.
On accufiÿbeâucouples Fourmis d’endommager
les fruits, cependant elles n.attaquent
guère que ceux qui font déjà ouverts , & ces m-
feâ es, qu’on connoît mal, ne font pas du
nombre'de eeux qui font de-très grands torts
aux arbres ;ou aux plantes en végétation.
Les larves d’une efpèce de Chryfomèle 8c
celle d’un Charanfon s’attache à la grappe
de la vigne nouvellement fortie du bourgeon,
la coupent en travers, & font, en certaines
années, un fi grand dégât , que plus de la
moitié de la récolte en eft perdue.
11 n’eft donc que trop avéré que différens
infeétes nous privent par leur piquure de ,
plus.de la moitié des fruits que nous devrions
recueillir, & qu’ils gâtent mie partie
de ce qui nous relie. Combien donc feroit-il
à fouhaiter de pouvoir s’oppofer à ce genre;de
ravage contre lequel on ne connoît pas juf- j
qu’à prefeut de remède. Pour en découvrir, il
faudrait commencer par bien connoître chaque
ennemi:, fa manière de vivre, fes goûts,
toute fon hiftoire , alors on pourrait peut-
être le combattre.-Ne feroit-il pas poffible que
des fumigations faites fous les arbres dont les
fruits commencent à nouer, laiffent.fur les
embrions une amertume qui écarterait les
infeétes ; mais les fumigations ne nuiraient-
elles pas aux fruits , & comment les. diriger
quand le vent’ soppoferoic à leur afcenfion;
il eft donc bien difficile de remédier au fléau
donc nous parlops, 8c fi l’on y parvient, ce ne
fera'que par la cbnnoilîance de l’ liiftoire des
infeétes qui le caufent.
Les Guêpes, attaquent en automne les raifins
& les fruits fondans qui font en maturité,
comme les pêches, plufieurs efpèces des meilleures
poires; les Mouches A d’autres infectes
profitent des ouvertures que les Guêpes y
Ont faites pour achever de dévorer cés fruits;
il y én a beaucoup de gâtés de cette façon ,
Hiftoire Naturelle, InfeÜes, Tome I.
Les graines & les différentes femences ne
font pas moins que1 les-fruits expofes a la.
voracité ; des . infeétes. Tout le mondé fait
que le bled eft fouvent infeété par une efpèce
de Charanfon dont la larve vit a 1 intérieur
du grain , en dévore la fubftance ,
y fubic fes changemens, & ne laiffè , en
forçant, que l’écorce. Le grand nombre ce
ces infeétes eft caufe qu’ils'fom fouvent d horribles
dégâts dans les-greniers. On s eft beaucoup
occupé , M. du Hamel en1 particulier,
des moyens de diminuer le nombre des Cha-
ranfons ; il paraît que le plus efficace eft de
placer les grains à l’expofition du nord ,. de
façon qu’ils foient-toujours dans un courant
•d’air à la faveur d’une ouverture oppofée à
celle qui eft pratiquée au nord. Les CharaiV-
fons craignent beaucoup lè froid & : fuient les
grains parmi lefquelsils réprouvent.. 11 eft auflï
fort utile de les remuer fouvent parce que l’in-
fèété qui les dévore quitte , comme le font
tous les infeétes, les endroits où il y a de
fréquens mouvemens. Le froment eft de tous
les bleds celui quel le Charanfon- préfère ; il
y en a cependant-fouvent dans le feigle &
même dans l’orge.
Une efpèce de Teigne s’attache auffi au
bled1 dans les!greniers, en lie; plufieurs grains
•’pour s’en Tormer un fourreau & fe nourrir
•de leur fubftance. Elle fait peu de dégâts
parce que Tefpèce n’eft pas nômbreufe en
individus : il n’en eft pas de même , au moins
en certainfes années , d’une autre Teigne qui
dépofe fes oeufs fut de grain, encore verd ;
la 'larve s’y introduit onda porte ou dans
les granges1 ou dans les greniers avec le bled
nn