
lieux où l’on trouve ce Papillon, que je l’ai
reçu de la Chine, de l’Allemagne , qu’il
étoit en abondance dans une boîte d’infeéàes
ramallés, dans diverfes contrées de l’ Inde,
par le chirurgien major de l’efcadre de
M. le Comte de Süffren. 11 ne paroît donc
pas qu'il y ait d’efpèce de Papillons en général
plus répandue,
La Chenille , qui eft très belle & variée
de verd, de jaune , Sic. vit de préférence
fur le jalmin. On la trouvoit rarement aux
environs de Paris anciennement, elle n’y
eft pas rare depuis quelques années; j ’en
ai trouvé qui vivoient des feuilles de la
pomme de terre. Eft - ce parce que cette
plante eft une nourriture agréable pour ces
Chenilles , qu’elles font aujourd’hui plus
communes dans nos campagnes ?
Du Papillon tête de mort, un des plus grands
de nos contrées, l’auteur paffe aux Papillons
qu’il appelle de l’éclair & du chou, &
qui à peine de la grotfeur de la tête.d’une
épingle , font les plus petits qu’il ait connus.
C ’eft l’oppofition de grandeur qui le
détermine à en parler en cet endroit. Ces
Papillons font blancs , mais pour les recon-
noitre pour ce qu’ils font & détailler leurs
parties, il faut avoir recours au microfcope;
on les reconnoît alors pour de véritables Phalènes.
Il s’offre cependant une différence dans
la trompe , qui eft compofée d’une gaîne &
d’un ftilet plus court. Auflî le Papillon ne
cherche r il pas les (leurs, pour en pomper
les fucs ,. mais il fe tient en-deffous des
feuilles de l ’éclair, fur lefquelles fur-tout
il eft abondant , car on le trouve auflî, mais
en moins grand nombre , fous les feuilles
de chou , & il enfonce fa trompe dans le
parenchime des feuilles. M. de Réaumur
ayant ifolé de ces Papillons , eft parvenu à
voir leurs oeufs, à reconnôître & décrire les
Chenilles qui en naiffent. La ponte n’eft au
dIus que de dix à douze oeufs par individu ;
exception qui auroit dû frapper notre auteur
, puifqu’en général les animaux font
d’autant plus féconds qu’ils font plus petits.
Mais il n’ÿ a pas de loi abfolumeiu
invariable. 11 faut lire'dans le mémoire même
la defcription de la Chenille , de la Chry-
falide, du Papillon , de fes oeufs ; cependant
M. de Réaumur obferve que le défaut de
fécondité individuelle eft compenfé par la
multiplicité des générations qui fe fnccèdent;
en forte que d’après les calculs qu’il fait, un
feul Papillon de l’éclair peut avoir en une
atinée une poftérité de deux cents mille
individus, quoique le premier Papillon n’ait
produit que dix oeufs, tandis que le Papillon
qui n’a par an qu’une génération, eft borne
pour la poftérité d’une année aux cinq a
fix cents individus nés des oeufs qu’il a de-
pofés. Ce trait eft un des plus frappans entre
les vues qui femblent avoir déterminé la
nature Si les effets qui ont lieu. 11 faut ajouter
que le Papillon 5c la Chenille fe trouvent fur
la plante qui les nourrit pendant toute l’année,
même pendant le plus fort de l’hiver.
-8e. M i m o 1 - R. E.
Des arpenteufes à dowqe jambes , ou des
Chenilles qui ont fait de grands défordres
en 17 j 5 dans les légumes du Royaume.
Il y a peu d’efpèces d’Arpenteufes à douze
jambes dans nos jardins & nos campagnes.
Ces Chenilles femblent différer fouvent par
leurs couleurs, mais.elles deviennent des Papillons
fi femblables que M. de Réaumur
doute qu’il y ait plus d’une efpèce, & penfe
que les Chenilles diverfement colorées ne
font que des variétés. Ces Chenilles font
de médiocre grandeur , on les trouve ordinairement
fur le chou, la chicorée & la
jacobée ; elles ne font pas communément
en grand nombre, & l’on en rencontre quelques
unes au milieu même de l’hiver. C e pendant
à la fin de juin Si jufqu’à celle de
juillet 17} 5 , il parut un grand nombre de
ces Chenilles, femblables à celles qu’on
voit ordinairement & qui font toutes vertes;
il en parut encore beaucoup plus, qui , avec
le même nombre de jambes, différoient par
un fond de couleur plus brune, Si par quatre
raies longitudinales de couleur citron. Ces
Chenilles étoient fi nombreufes aux environs
de Paris & dans plufieurs provinces
quell-s dévaftèrent les potagers Si les marais;,
elles attaquèrent d’abord les laitues,
enfuite les pois, les grofles feves, les haricots
, 8c n’épargnèrent , après avoir détruit
ces premières plantes, aucune de celles
de nos jardins.
Le peuple imagina.que plufieurs perfonnes
étoient mortes d’avoir mangé de ces Chenilles
reftées parmi des plantes négligemment
épluchées. Ce préjugé & la dilette
réelle des légumes , furent caufe que es
marchés furent dépourvus pendant plufieurs
femaines de légumes herbacées. Ces efpeces
de Chenilles fe noùtrillent en outre d un
grand nombre d’autres plantes, Si de plantes
très-différentes ; elles oeçafionnèrent en particulier
une perte confidétable dans les chanvres.
Ainfi la déprédation de ces Chenu es
fut générale. Les bleds furent les femes
plantes qu’elles épargnèrent. Elles filent des
coques minces quelles attachent aux tiges dès
plantes, & elles roulent autour quelques
feui.lesjdeux jours après elles font en chryfa-
lide, Si au bout de feize à dix-fept jours en Papillon.
C ’eft une Phalène brune nuée de rougeâtre
, de jaunâtre & de gris , avec une
tache couleur d’or pâle fur les ailes qui approche
de la figure de l’Y . Quoique ce
Papillon foit une Phalène, il vole conti-
nuellement en plein- jour. M. de Reaumur
recherche enfuite la caufe de la multiplicité
extraordinaire de ces Chenilles en '7 3 5 >‘a
plus probable eft que l’hiver avoit ete tres-
peu rigoureux, que comme il y a de ces
Chenilles dans les hivers même ordinaires,
elles avoient crû plus promptement, s étoient
métamorphofées phis tôt , que les generations
avoient été devancées au commencement
du printems & multipliées plus que
de coutume à la fin de cette faifon. Notre
auteur s’efforce de faire voir 1 utilité qu il
y auroit de détruire en Août les Papillons
qui naiffent de ces Chenilles. Il prouve qu’en
tuant alors deux de ces Papillons, ce fetoit
quatre-vingt mille Chenilles de moins pour
le mois de juin fuivant. Mais maigre ce grand
avantage il ne perfuadera pas cette forte de
chaffe aux jardiniers & aux agriculteurs :
elle n’eft prt-pofable au plus qu a quelques
particuliers qui , s’y livrant fculs, ne produiront
pas un grand effet. L auteur finit par
rechercher fi les Chenilles ont pu caufer les
maladies qu’on leur a at rib.uces,& il penfe
que non; mais il ne donne pas une preuve
démonftrative & convainquante que des Chenilles
, ou certaines Chenilles, q on auroit
mangées ne puillent incommoder, quoiqu il
foit bien probable, mais non pas prouvé,
qu’il n’en réfulteroir pas de mal.
0e. M é m o i r e .
Des Arpenteufes à d:x jambes, & de quelle
manière les Chenilles favent fe défendre
& fe remonter par le moyen dun fil.
La claffe des Arpenteufes à dix jambes eft
fi nombreufe en efpèces,que pour faire cou-
noître toutes celles que notre auteur a obier-
vées , quoiqu’il ne les ait pas toutes vues alfu-
rément, il faudrait un volume entier. Il fe
borne donc à donner des idées generales des
variétés que cette claffe prefente, Sc a rapporter
ce qui eft particulier à quelques ef-
pèces.
Les Arpenteufes font petites en général ,
quelques-unes, cependant, ont au-delà d’un
pouce, longueur que M. de Réaumur afligne
pour caraétère des Chenilles de grandeur
médiocre. Ces Chenilles, font auflî plus effilées
, & elles ont, à proportion de leur grof-
feur, le corps plus long que les autres. Il
y en a qui s’éloignent moins par ces caraéteres
de la forme ordinaire, 5c c eft de celles-la
dont notre auteur compofe le premier genre
des Arpenteufes à dix jambes. Car il divife
cette clafle en dalles fecondaires 5c en genres.
Je me difpenferai de le fuivre dans ces dé-
tails-qui deviendraient trop longs. La plupart
des Arpenteufes du premièr genre appliquent
deux feuilles l’une contre l’autre
pat le moyen de fils de fo ie , & rongenl r r il