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cidentel ; je me bornerai à ce que j’ai dit ,
qu’ils y emploient les mêmes parties dont
ils fe fervent pout marcher , & que ces parties
font alors l’office de rames ; les quadrupèdes
, les oifeaux qui ne font pas nageurs
naturellement , fe foutiennent fur l’eau , en
étendant , les quadrupèdes, leurs jambes antérieures
en avant , leurs poftérieures en
arrière , & les oifeaux , en étendant leurs
jambes en arrière ; par cette pofition , le
corps préfente une plus grande furface, il
approche plus d’être en équilibre avec l’eau,
il ne faut qu’un léger effort fur le point d’appui
pour le foutenir, & le faire avancer à
la furface de l’eau ; les quadrupèdes nagent
en étendant leurs deux jambes antérieures en
avant, & les repliant vers la poitrine, en
pliant les deux jambes poftérieures fous le
ventre , & les étendant en arrière j ces mou-
vemens font exécutés en même - tems par
les quatre jambes , & répétés fucceflîvement
dans Je même ordre , ils tendent à refouler
l ’eau en arrière , & par cpnféquent ils pouffent
le corps en avant j les oifeaux nagent en flé-
chiflant verticalement leurs doigts, & en
mettant leurs pieds, comme les oifeaux qui
iont naturellement nageurs, dans une po-
fîtton perpendiculaire, puis ils en frappent
l ’eau en arrière , à la manière de ces oifeaux ;
mais comme leurs doigts font dénués de
membrane , ils ne préfentent que peu
de futface, & leur effort n’a qu’un effet borné.
Si l’on ne réuniffoit pas, comme on a
coutume de le faire, les cruftacés & les in-
leétes dans la même claffe, qu’on les diftin-
guât , on trouveroit qu’il n’y a qu’un très-
petit nombre - d'infeâes qui nage naturellement
, même parmi ceux qui paffent
une grande partie de leur vie dans l’eau ,
& qui y habitent pendant qu’ils font dans
leurs ptemiers états. Le paradoxe que cette
propofition femble préfenter ceffera auffi-tôt
qu’on fera attention que la plupart des lu-
feétes qui vivent dans l’eau ne nagent point;
mais qu’ils marchent ou au fond , ou fur
les rives des eaux ; je diftinguerai donc les
infeéles aquatiques en ceux qui nagent, ceux
O U R S
qui marchent au fond de l’eau; tous les autres
infeéles ne nagent que par accident.
Parmi les infeétes aquatiques qui nagent , il
y en a qui ne nagent que pendant leurs premiers
états, qui ne vivent que pendant ce tems
dans l’eau, qui ne nagent que par accident
dans leur dernier état; tel eft le CouJhi, dont
le ver & la nymphe vivent dans l’eau, & y
nagent naturellement, 11 y en a d’autres qui
tantôt nagent, tantôt marchent également
bien dans leur premier état, qui dans le dernier
nagent naturellement très bien , & ne marchent
pas , ou à peine & très-mal ; tels fonr
les Diùques , l’Hydrophile , donc le ver a
fîx pieds , qui pourfuit fa proie tantôt en
nageant, tantôt en marchant,fuivantqu’elle
nage ou marche elle-même; mais l’infeéle,
parvenu à fôn état de perfeélion eft un
excellent nageur, tandis qu’il fe traîne à
peine au fond de l’eau, & qu’il ne peut
marcher fur ies rives inclinées. Enfin, il y .a
des infeéles aquaciqués , tels que la Confié,
le Notohecla, les Punaifies d’ eau, Scc. qui
nagent dans l’état de nymphe & dans celui
d’infeétes parfaits, & qui ne marchent que très-
mal en tout tems ; il y en a encore qui nagent
dans leur premier état feulement, & qui
nagent par ondulations, en pliant & abrogeant
leur corps à la manière des vers, tel
eft celui de la Mouche à mafique,• il y en a
d’autres qui, vivant dans i’eau pendant leur
premier état, ne nagent pas, marchent quelquefois
, & fe laillent le plus fouvent emporter
au cours de l’eau ou flotter à fa fur-
fàce ; ils fe logent dans un étui ou nacelle
qu’ils conftruilenc de différentes fubftances
légères; telles font les larves des Friganes.
Si leur nacelle flotte le long de' la rive,
touche à une plame ou au gravier, &
qu’elles veuillent s’arrêter ou marcher,
elles avancent hors de là nacelle les premiers
anneaux, de leurs corps auxquels les
pieds font attachés, elles fe cramponnent
ou elles marchent, & elles retiennent leur
efquif ou le traînent après elles ; mais s’il
eft trop long-rems à toucher quelque fur-
face fixe , ou s’il eft devenu trop étroit, enfin
fi elles en veulent changer, elles en forcent
P R É L I M CIX
le corps tout entier, fe laiffenc aller au fond
de l’eau, y marchent pour trouver, railler,
joindre des pièces dont elles forment une
nouvelle nacelle.
On voit par cet expofé , qui n’eft qu’ufi
précis des mouvemens naturels des infeéles
dans l’eau, combien ces mouvemens font
variés ; je n’entreprendrai donc pas de les
décrire, je me bornerai aux deux principaux.
Le premier eft le marcher au fond ou fur
les bords de l’eau, fur les plantes, & les
corps qui s’y rencontrent ; c’eft ,,le mouvement
progreflif de toutes les larves & nym -
phes aquatiques qui ont des pieds , c’eft celui
des larves & desnymphes des Demoifelles &
des éphémères, dont les derniers paffent tant de
tems fous cette forme daijs.l’eau, & fi peu hors
de cet élément : ç’eft une manière de marcher
exécutée de la même façon, qui a lieu
fur terre, & qui n’offre rien de différent du
marcher ordinaire. Lorfque par quelque
caufe que ce foie , comme par l’agitation
de l’eau , la chute des corps auxquels ces
larves s’éroient attachées, elles perdent pied
Sc fe trouvent livrées à la malle de, l’eau,
elles nagent accidentellement & comme tous
les animaux auxquels la natation n’eft pas
naturelle, par le moyen des parties qui leur
fervent à marcher, & à la manière des animaux
auxquels elles refîemblent fous ce
point de vue, c’eft-à dire, eu fléchi (Tant &
en étendant alternativement leurs pieds.
Le marcher eft auflî un mouvement progreflif
naturel & le plus ordinaire des cruftacés ;
mais ces animaux ont en outre l’avantage
d’être encore de fort habiles nageurs ; ils
jouiffent de plus de la faculté de marcher
en ayant, de côté, en arrière, & de nager
en ayant ou en arrière. Mais quelqu’allure
qu’ils prennent,elle eft toujours lente, la natation,
eft pour eux la plus expéditive : c’eft peut-
être. pour 'compenfer le manque de vîteffe
que la nature leur a accordé la variété des
mouvemens. Quant au mécanifme , elle
dépend de ce que par la manière dont; les
pieds des cruftacés font articulés avec s le
corps & donc les pièces en font articulées
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les unes avec les atrtres, cés animaux ont
à-peu-près une égale facilité à porter eir
avant ou en arrière, ou d’un côté au côte
oppofé, le pied tout entier ou feulement
quelques-unes des patries dont il eft formé ,
de ce qu’ils ont desmufcles propres à exécuter
ces différens mouvemens. L’allure de côté
eft celle des Crabes ; elle n’eft cependant
jamais direéte & par une ligne droite ,
mais toujours un peu oblique ; ils marchent
quelquefois auflî à reculon, & fort
rarement en avant ; ils ne font de cette manière
que quelques pas : les Homares au
contraire marchenc plus fouvent en avant
que des deux 'autres manières ; c’eft auflî
l’allure la plus ordinaire des Ecreviflès,
quoique la marche rétrograde & de côté
leur foit auflî allez familière. Mais tous cts
animaux nagent mieux & avec -plus de vî-
reffe ou moins de lenteur qu’ils ne marchent.
Ils ont la queue large & fort longue, coin-
pofée de feuillets mobiles, les uns fur les
autres ; ils la plient à volonté fous le corps,
l’étendent horizontalement en arrière , ou
l’élèvent même un peu au-deflus de la ligne
horizontale ; elle eft concave en deffous, Je
convexe en deflus , terminée par des pièces
plattes, difpofées en rayons, qui forment
un large épanouiffement dans .les. Homares
ou les Ecreviffes ; la queue des Crabes eft
platte , triangulaire à fa partie poftérieure &
finit en pointe ; elle eft auflî moins longue.
C ’eft en étendant la queue pliée fous le corps ,
en frappant l ’eau en arrière de fa furface
extérieure que les cruftacés nagent en avant,
c’eft en la relevant au-deflus de la ligne
horizontale, en la rabaiflant précipitamment,
en frappant l’eau d’arrière en avant de fa
futface interne , qu’ils nagent en arrière ;
l’effort de leur queue eft le principal mobile
de leur natation , mais ils font en même-
tems aidés par les mouvemens de leurs pieds.
Nous venons.de voir comment s’exécute la
natation de la part des cruftacés; c’eft la fécondé
forte de .mouvement progreflif des
infeéles aquatiques. Les larves des coufins
nagent en dépliant, la-partie poftérieure de