
en plus grand nombre, dans tous les genres,
mais c’eft une vérité que la fuite des
faits nous démontre, & une raifon de plaindre
& de refpeéler davantage fon état. z°. On
a peu à rifquer de la Chique quand on a
la liberté d’en faire faire la recherche, &
de la faire promptement enlever : mais elle
eft fouvent difficile à découvrir par la pe-
titefle dont elle eft d’abord, par les endroits
où elle s’eft infinuée, comme entre les doigts
du pied , & particulièrement entre le bout
du doigt & l’ongle; c’eft alors qu’elle eft le
plus redoutable. Cependant, après qu’on l’a
extirpée, le repos, un panfement convenable,
adouciftent bientôt les douleurs Sc procurent
une prompte guétifon ; mais cette méthode,
jugée trop lente pour les nègres qui n’ont
pas d’inftans à perdre, eft remplacée pour
eux par des moyens plus prompts , qui n ont
que l’inconvénient d’être plus douloureux.
Qu’on ne foit donc pas furpris fi la Chique
devient fi fouvent la caufe d’un horrible fup-
plice pour les malheureux nègres à qui l’avance
ne laide pas le tetiis de faire attention à leurs
maux tant qu’ils peuvent les fupporter ; mais
quand leur excès commence à faire craindre
qu’ils ne diminuent le produit des travaux,
alors le maître barbare compte pour rien les
horribles tourmens qu’on met en ufage pour
en délivrer plus promptement les malheureux
efclaves. Ceux-ci redoutent moins leurs maux
que le panfement qu’on emploie pour les en
délivrer ; ils cachent leur fupplice auffi lo.ng-
tems qu’ils le peuvent ; un mal qui n auto, t
été que léger fi on l’eût traité dans l’origine,
devient exceffif pat la négligence à le panfer,
Ce n’eft donc pas le nègre, c’eft l’impoffibi-
lité de continuer fes travaux, qui découvre
fon tourment. 11 femble qu’en Europe, fi le
Boeuf pouvoir faire connoître à fon maître
les premières atteintes d’une douleur qui le
conduira à ne plus pouvoir tracer de fillon ,
fon maître lui diroit : Avertis moi des premières
im preffions de douleur que tu reflèn-
tiras , je t’accorderai du repos , & j’arrê t ai
dans fés progrès un mal qui te deviendrait
funefte , qui me ferait à moi-même préjudiciable.
Mais en Amérique, le Commandeur
dit au nègre : Travailles en fouffrant g
jufqu’à ce que tu tombes fous l’excès de la
douleur; alors je te délivrerai par de prompts
fecours, qui te ren. front bientôt en état de
reprendre ton travail, & qui n’auront coûte
que quelques heures de ton tems.
Plufieurs médecins regardent la galle
comme un mal occafioné pat la piquure d’un
Acarus : M. Geoffroy eft de ce fentiment,
& il a décrie l’efpèce d’Acarus dont il s’agit
fous le nom à.'Acarus de la galle. Cette opinion
eft fondée fur ce que quand on examine
les pullules delà galle, on trouve un Acarus
au centre de la plupart. Mais eft-ce l’Acarus
qui a caulé la pullule , ou cet infeéle ne
s’eft-il introduit deffous que depuis que la
pullule s’eft élevée , & que parce que l’ichor
qu’elle répand eft pour lui une nourriture
qui lui convient ? 11 ne paraît pas que cette
difficulté foit encore bien éclaircie. Si la galle
n’eft due qu’à la piqûre des Acarus, il fuffi-
roit, pour fe guérir, de fe frotter d’huile,
qui ferait périr tous les Acarus en bouchant
lesftigmates : ce moyen eft cependant inutile,
& il en faut employer d’autres qui rendent
très-probable que la galle a pour caufe une
acrimonie particulière des humeurs.
Nous venons de voir quels font les infeéles
qui pourfuivent l’homme & le tourmentenc
dans fon individu , par un choix libre de
leur part. Nous nous occuperons, dans les
articles fui vans, de ceux qui, fans le chercher,
lui caufent différens maux dans fa perfonne,
dans l’occafion, forcément & pour fe fouf-
traire eux-mêmes à fa pourfuite.
Il n’eft pas d’infeéle qui, n’ayant pu échapper
à l’homme, tombé en fa puiffance, ne
cherche à fe défendre ; mais les efforts inutiles
du plus grand nombre font trop foibles
même pour que l’homme s’en apperçoive ;
ceux de beaucoup d’autres ne lu t caufent
qu’une impreffion légère & fans fuite, qu il
méprife; mais il y en a qui emploient pour'ieur
défenfe des moyens douloureux , & , fuivant
P R E L I M I N A I R E . cclxv
les efpcces, fouvent fâcheux, tqcme dangereux
pour celui contre qui ils en font
ufage.
En général, la morfure eft la défenfe commune
des iufeélçs, comme elle l’eft de;tous
les animaux; tous ceux qui ont des mâchoires
tâchent de s’en fervir pour mprdpe, & quand
ils font d’un certain volume, leur morfure
fait affez de mal, ou pour qu’pn les prenne
avec précaution, ou pour qu’qu les, lâche ,
quand , les ayant pris fans attention, on
s’en fent mprdu ; tels font quelques grands
Çoléoptères, certains .Capricornes, les ,Sauterelles
, 'les Demoifelles d’une grande taille,
Sic. Les infeéles , lorfqu’ils font munis de
parties propres à pincer , les font encore fervir
à leur défenfe ; ainfi le Cerf-volant tâche
de comprimer la peau de celui qui le faifit
entre l’extrémité des deux branches de fon
bois , l’Ecreviffe, les cruftacés, font le même
ufage de leurs pieds de devant ou de leurs
pinces , & le faible Nep.a, qui a aufli deux
fortes de pinces, les rapproche pour fe défendre
de la même manière. Mais il ne ré-
fulte pas de ces divetfes tentatiyes de la
part des infeétes d’impreffion fâcheufe, ni
qui mérite que, nous y donnions une plus
longue attention. L’Araignée eft le premier
dont la défenfe pafle pour être dangereufe. On
croit même que fa morfure eft comm.uné-
meut venimetrfe, & qu’elle expofe quelquer
fois à de graves accidens. Nous avons déjà
prouvé plus haut que la morfure de l'Araignée
ire peut être venimeufe, .puifqu’eiie n’a
ni v.éficule vénéneufe, ni filière p.ar où elle
paille tranfmettre. de venin. Nous avons
obfetvé que fi quelquefois il réfulte des accidens
graves de la morfure des Araignées,
ce n’eft, i que de ia morfure des plus groffes
efpèæs ; i ° . que c’eft parce que leurs pinces
fonurès longues.; ; p. qu’il n’arrive daccident
que quasid elles ont piqué quelque partie
tendineufe, ligamenteufe ou apouévrqtique,
Sc qu’alors les fympcômes fout les mêmes
que fi ces parties avaient été piquées par
une pointe quelconque, comme celle d’une
aiguille, d’une alêne, d’une épine ; 4°. que
Hilaire Naturelle, Infectes, Tome 1.
le mal eft. fo.uvent qggyayé,' parcç que,
d’après l’opinion reçue, on emploie,les alexi-
pirarmaques , & que ce font au cqqçraire les
antiphlpgiftiçjçres (font il convient dç faire
ufage. Nous avons conclu que les Araignées
n’étant jamais fort gçoffes dans nos climats,
leur morfure ne pouvoir y être que rarement
dangereufe, m,ais que dap? les pays chauds,
où il y a d,e crès-gtancjes A.rajgnées en grand
nombre, il pguvpit, comme le$ voyageurs
Je rappprtçnt , arriyer de fréquens & de
fâcheux accidens de leur morfure.
Nous ayons appliqué, aux efpèces du genre
de la Srplppaqdte , fos mêmes raifonnemens
qu’aux efpèces du genre de l’Araignée, par les
mêmes raifens; ainfi nous concluons'que les
Araignées & les Sçolopandres font peu Sc
rarement dangereufes dans nQ„S contrées , que
ces infeétes p.eLjyent l’être fréquemment, &
caufer de grave? accidens dans, les pays
chauds; que' le traitement amiphlogiftique
doit être employé dans le cas de la morfure
de l’uo ou de l'autre infeéle- Ceci eft fuffifant
en cet endroit, & nous renvoyons à ce qui a
été développé plus en détail précédemment
fur le même fujgt.
• Plufieurs des infeétes qui ont uqe tarrière
deftinée, dans l’ordre naturel,! introduire
leurs oeufs dans Içs fubftançes propre? à en
favorifer ls développement, s’en fecyent pour
fe défendre quand pn les contraint ; ils cherchent
à piquer , Sc caufent fouv.ent une don-
leur affez vive en pîquaut, tels font certains
Ichneumons , & les infeéles en général qui ont
une tarrière fine & acérée ; mais pn ne remarque
rien d’appjQchant de-la part de ceux
dont la tarrière eft ohtufe , d’une fubilancç
qui a p.eu de raffo.tt, & qui ferait fans effet
comme arme difeufivp. Telles font les Sauterelles
, les Cigales, & c. JL.es Afles dont la
trompe aiguë eft un véritable dard dont ils
perceijt leur proie , de gu moyen dp laquelle
dis fucent fon fang , s’en fervent auffi pour
fe défendre ; ils piquent & fouvent avec j
beaucoup de force- Ainfi tes infeéles fç fervent
, pQur leur dqfgnfg , du parties deftiuées