au vertige idiopathique : elles font fécondées fui va nt
l’obfervation d’Hippocrate, par la mauvaife température
d’une faifon pluvieufe , continuellement in-
feétée par des vens du fu d , ou d’un hy ver rigoureux
: l’âge avancé y contribue beaucoup- Aphor.
jjjSW $ i. lib. I I I . On peut ajouter à ces caufes
les bleffures à la tê te , les fraftures ou les contufions
des os , ■ & fur-tout du pariétal , les épanchemens
de fang ou de pus dans le cerveau , &c. Le vertige
fympathique dépend plus communément d’un vice
de l’eftomac qui peut être produit & entretenu par
toutes les caufes qui donnent des indigeftions , voye[
ce mot ; par des mauvais lues croupiffans dans ce
vifeere & les inteftins, & fur-tout par un amas de matières
bilieules. L’ufage imprudent de l’iv raye , de la
ciguë 9 ,6c quelques plantes narcotiques, comme le
ftramonium , &c. font' des caufes allez efficaces du
vertige fympathique ; les légumes , les corps farineux
, vappides, produisent auffi quelquefois le même
effet. Plus rarement les affeftiors du poumon ,
du foie , de la rate , des inteftins & de la matrice
donnent lieu au vertige : on a auffi obfervé que la
caufe pou voit fe trouver dans, quelque membre , &
monter comme chez quelques épileptiques , ou plutôt
paroître monter en excitant la fenfation d’un
vent léger un peu froid qui de ces parties parvien-
droit à la tête.
Lorfque la difpofition au vertige eft formée , que
la maladie eft décidée, fou vent lesfymptomes font
excités fans qu’il foit befoin d’aucune autre nouvelle
caufe pour les déterminer ; d’autres fois cette difpofition
lente exige pour fe manifefter d’être mife
en jeu ; c’ eft à quoi fe réduit l’ effet des caufes que
nous renfermons dans la fécondé claffe. De ce nombre
font les moindres contentions d’efprit, les pallions
d’ame fubites -, un bruit violent, des cris aigus
, &c. pour le vertige idiopathique , 6c pour celui
qui eft fympathique , un excès dans le boire ou le
manger, l’ui'age de quelques mets indigeftes, une ab-
ftinence trop longue , en un mot quelque dérangement
d’eftomac. En général des odeurs fortes, une lumière
éclatante, le paffage fubit d ’un endroit oblcur
dans un lieu trop éclairé » la vue trop long-tems
appliquée fur un même objet , ou dirigée fur des
corps mûs avec rapidité ou en cercle, une touxopi-
-niâtre , un mouvement trop prompt tel que celui
qu’on fait lorfqu’étant affis , on fe leve vite ; le bain,
le mouvement d’une voiture, d’un bateau , &c. Toutes
ces adions indifférentes pour des fujets fains ,
excitent le vertige idiopathique ou fympathique dans
ceux qui font mal dilpofés.
Le troifieme ordre des caufes comprend celles qui
donnent le vertige momentané aux perfonnes qui n’y
ont aucune difpofition , & qui à plus forte raifon renouvelle.
le paroxifme dans les autres; telles font
l’agitation de fon propre corps en cercle , fur - tout
lorfqu’on a les yeux ouverts. Perfonne n’ignore que
lorfqu’on a les yeux fermés ,-, à moins qu’on ne tourne
avec rapidité fur foi-même , & qu’on ne décrive
un très-petit cercle , on ne rifque pas d’avoir le vertige
, 6c c’eft cette obfervation qui a introduit la coutume
de boucher les yeux des animaux qu’on occupe
à faire aller les moulins , les puits a roue , à battre
le blé dans certains pays , & enfin aux divers travaux
qui-exigent qu’ils décrivent toujours un cercle
; mais on aTattention néceffaire de ne pas faire
le cercle trop p e tit, foit pour donner au levier plus
de longueur 6ç par conféquent plus de fo rce ,, foit
auffi fans doute pour empêcher.que ces animaux
bien-tôt attaqués du vertige ne tombent engourdis ;
6c c’eft dans ce cas que les aveugles peuvent être fujets
au vertige, même momentané ‘ ils ne font point
exempts de celui qui eft réellement maladif, produit
par des vices internes, 6c U n’eft pas néceffaire
d’y voir pour l’éprouver , puifqu'il n’eft pas rarë que
les malades en reffentent des atteintes étant couchés,
6c même endormis; ils .s’imaginent tourner
avec leur l i t , & tranfportés tantôt en haut, tantôt
en bas , & fans-de/fus-deffous comme on dit. Les
autres caufes de cette claffe, font la fituation de la tê-r
te penchée vers la terre pendant trop long-tems , le$
regards portés de deffus une hauteur confidérable fur
un précipice effrayant, fur une multitude innombrable
de perfonnes mues en divers fens, 6c fur-tou,t en
rond , fur un fleuve rapide ou fur une mer agitée ,
&c. Il n’eft perfonne qui ne foit à ces afpeéis faifis du
vertige, 6c qui ne courre le danger de tomber s’il ne
fe retire promptement, ou s’il ne ferme les yeux à
l’inftant.
T elles font les diverfes caufes apparentes que l’ob-
fervation nous apprend, produire, déterminer & exciter
ordinairement le vertige. Soumifes au témoignage
des fens , elles font certainement connues , mais leur
maniéré d’agircachée dans l’intérieur de la machine ,
eftunmyfterepour nous. Réduits pour le percer à la
foible 6c incertaine lueur du raifonnement plus propre
à nous égarer qu’à nous conduire, nous n’ayons que
l’alternative de garder le filence , ou de courir lç
rifque trop certain de débiter inutilement des erreurs
6c des ablurdités ; tel eft le fort des auteurs qui ont
voulu hafarder des explications ; toujours différens
les uns des autres , fe combattant, & fe vainquant
mutuellement, ils n’ont fait que prouver la difficulté
de l’entreprife , 6c marquer par leur naufrage les
écueils multipliés fans même les épuifer. Après toutes
leurs differtations frivoles , il n’ en a pas moins
été obfcur comment agiffent les caufes éloignées du
vertige , quel eft leur méchanifme , quel effet il en
réfulte, de quelle nature eft le dérangement intérieur
qui doit être la caufe prochaine du vertige , où eft
■ ion fiege , s’il, eft dans les humeurs des yeux , dans
les membranes , dans les vaiffeaux , dans les nerfs
ou dans le cerveau. Je n’entreprends point de répondre
à ces queftions , d’effayer de diffiper cette obfcu*
rité , je laifle ces recherches frivoles à ceux qui font
plus oififs & plus curieux d’inutilité ; je remarquerai
feulement que le vertige étant une dépravation
dans l’exercice de la vifion, il faut néceffairement
que les nerfs qui fervent à cette fonction foient affectés
par des caufesintérieures de la même façon qu’ils
le feroient par le mouvement circulaire des objets
extérieurs , & que cette affeftion doit avoir différentes
caufes dans le vertige idiopathique , dans le vertige
fympathique, & dans le vertige momentané ; que
dans le premier, le dérangement eft fûrement dans
le cerveau , 6c dans le dernier il n’eft que dans la
rétine.
Les obfervations cadavériques confirment ce que
nous venons de dire au fujet du vertige idiopathique,
& découvrent quelques caufes cachées dans la cavité
du crâne ; Bauhin & Plater rapportent, qu’un
homme après avoir eu pendant plufieurs années un
vertige prefque continuel, & li fort qu’il le retenoit
toujours au lit , tomba dans une affeftion foporeu-
fe qui, s’augmentant peu-à-peu,devint Je fommeil de
la mort. A l’ouverture de la tête, on trouva tous les
ventricules 6c les anfraâuofités du cerveau remplis
d’une grande quantité d’eau, les arteres prefqu’en-
tierement endurcies & obftruées. Scultetus fait mention
d’un homme qui ayant reçu un coup fur le devant
de la tête, qui avoit laifle une contufion peu
confidérable que quelques remedes diffiperent, fut
pendant plus d’un an tourmenté de vertige, & malgré
tous les remedes mourut, après ce tems, apoplectique
; en examinant le cerveau, il vit une efpece de
follicule de la groffeur d’un oeuf de poule, rempli
d’eau & de petits vers qui étoit place fur le troifie-
me ventricule qu’il compriment.. U obferya la-mênte
caufe de vertige 6c de mort dans deux brebis, j . Scuî-
tet chirurg. armamentor. obferv. io 6* »/ .la même
obfervation s’eft préfentée plufieurs fois fur ces animaux
fort fujets au vertige, & une feule fois fur l’homme
à Rolfinkius, Dijfert. anat. lib. I. cap. k ïij. ‘Wep-
fer dit auffi avoir trouvé dans une geniffe attaquée
de vertige, une veffie plus groffe qu’un oeuf de poule
qui occupoit le ventricule gauche, & l’avoit extrêmement
diftendu ; le même auteur rapporte que dans
un quartier de la Suiffe, les boeufs font très-fujets à
cette maladie, & pour les en d élivrer, les bouviers
leur donnent un coup de marteau fur la tête entre
les cornes , & fi par le fon que rend le crâne, ils
croient s’apperéevoir que cette partie eft vuide , ils
y font un trou avec une efpece de trépan & y intro-
duifent une plume ; fi en fuçant ils tirent de l’eau de
ces véficules, l’opération fera heureufe ; fi au contraire
, les véficules trop profondes ne Iaiffënt pàs
venir de l ’eau par la fuélion ; ils jugent que la fanté
ne peut revenir, 6c en conféquence ils font affom-
mer le boeuf par le boucher qu’ils ont toujours pré-
fent à cette opération. On rencontre fouvent, félon
le même auteur, dans les chevaux, les boeufs attaqués
de vertige, des hydatides plus ou moins étendues*
Wepfer, de apoplex. pag. <%>* Bartholin obfer-
Va dans un boeuf toute la fubftance du cerveau noire
comme de l’encre 6c dans une entière diffolution.
Ce vice étoit porté à un plits haut degré dans la partie
gauche, côté vers lequel le boeuf fléehifloit plus
communément la tête. Aclor. medic. anrt. t6 y t. obf.
jH w êêêêêê Tous ces derangemens fenfibles obfervés dans le
cerveau, ne nous mftruifent pas de la nature du v ice
particulier , qui dérobé à nos fens, excite plus
prochainement le vertige ; mais ils nous font eonnoî-
tfe qu’il y a réellement des vertiges idiomatiques, 6c
que par conféquent * ceux qui ont prétendu qu’ils
dépendpient tous de l’affedion de l’eftomae fe font
trompés en généralifant trop leurs prétentions ; nous
pouvons encore juger de ces obfervations, que le
vertige n’eft pas une maladie auffi legere 6c aüfli peu
dangereufe, qu’on le croit communément & que l’af-
fure Willis. Vertigo , d it-il inconfidérément , & fe
fatis ejl tutus morbus-, ( de morb. ad anim. corpor. )
Lorfqu’il a fon fiege dans le cerveau, outre qu’il eft
extrêmement difficile à guérir, il rifque àùffi d’oc-
cafionner la mort, & il dégénéré fouvent en affec*-
tion foporeufe dont il eft un des lignes avant-coureurs
les plusaffurés: « Attendez vous* ditHippo*
» crate, à voir furvenir l’apoplexie, l’épilepfiè, ou
» la léthargie à ceux qui font attaqués de vertige, &
» qui en même tems Ont des douleurs de tê te , tin-
» tement d’oreille, fans fiè vre , la v o ix lente & em-
» barraffée , & les mains engourdies ; coac. preenott
h cap. iv. 7i°. 2 . Les vertiges ocèafiomiés par des hé-
h morroïdes peu apparentes, ajoute dans Un autre
» endroit cet excellent obfervateur, annoncent une
» paralyfie légère & longue à fe former, la faignée
» peut la diffiper, cependant ces accidehs font tou-
» jours très-fâcheux, coac. pnenot. cap. x ij. n °. a/.
9) Les fieVres vertigineufes* dit le même auteur, font
»» toujours de très-mauvais ca ra â e ré , foit qu’elles
» foient accompagnées de la paillon iliaque, foit auf-
» fi qu’elles n’aient pas à leur fuite ce fymptôme
» dangereux » ; ibid. cap. iij. n°. i. Le vertige dégéne-
re fouvent en mal de tête opiniâtre, & réciproque*
>nent il lui fuccéde quelquefois lorfque le vertige eft
récent ; quoiqu’il foit idiopathique, on peut en efpé-
rer la guerifqn, fur-tout s’il doit fa naifiance à quel*
que caufe évidente qu’on puiffe aifément combattre,
la nature le diffipe quelquefois elle-même, fuivant
ob ervation d’Hippocrate, en excitant une hémor-
ragie u nez. Vcrtigines ab initio fanguinis è naribus
fuxiofolVit. ( coac.pranot. cap. xii/. n ° . ) Le vertige
fyhîpatnique eft beaucoup moins grave & moins
dangereux que l’autre , les défangemens d’eftomac
font bien plus faciles à guérir que Ceux de la tête ;
lorfqu’il fe rencontre avec ün défaut d’appétit, l’amertume
de la bouche & la cardialgie, il eft une indication
preffante de l’émétique , Hippocr. aphor. iS .
lib. IV . Enfin le vertige momentané ne peut pas paf-
fer pour maladie , il n’a d’autre danger que d’occa-
fionner une chute qui peut être fiineue, danger qui
lui eft commun avec les auties efpeces. Le Vertige
tériébreiiX paroît indiquer que la maladie eft plu$
forte & plus enracinée.
La même obfcurité qui énveloppe l’aitiblogie de
cette maladie, fe trouve répandue fur le traitement
qui lui convient ; en conféqitence, chacun a imaginé
des méthodes curatives conformes à fes idées
théoriques, & comme il arrive dans les chofes où
l’on n’eiitend rien, le charlatanifme a gagné, & chaque
auteur eft devémi proelamateur de quelque fpé-
cifique qu’il a donné, comme tfès - approprié dans
tous les cas ; Mayerne faifoit un fecret du calimùs
aromaticus , infufé dans du vin blanc ou de la bierre ;
un médecin allemand débitôit des pilules qui paroift
foieiit àu goût, contenir du fucre de faturné & de la
térébenthine ; Théodor. de Mayérne * prax. medic»
lib. I .
Hartirlftnn vantoit l’efficacité du cinabre naturel *
auquel d’autres préféroient le cinabre d’antimoine ;
la poudre de paon a été célébrée par Craton Bôrel-
lu s , Schroder & Willis, qui lui attribupit le fuceès
d’une poudre, compofée avec la racine & les fleurs
de pivoine mâle, dans laquelle il la faifoit entrer 6C
qu’il d élayoit dans du caffé, ou dans un verre de décoction
de fauge ou de romarin ; il y en a qui ont
regardé & vendu comme un remede afluré & prompt*
le cerveau de moineaux, d’aùtrës l’effehee de cicogne*
un danfeur de corde dont parle Joannts Michael,
débitôit aux malades crédules de la poudre d’éciU
r e u il, comme un remede merveilleux ; quelques^
uns ont propofé comme très-efficace l’huile de nuis*
recommandant d’en frotter les poüis ( les carpes ) *
les tempes * le palais , le col 6c la plante des pies ;
ces applications extérieures ont été variées à l’infini
, k il n’y a pas jufqu’à la poudre de vers-à-foid
qü’on n’ait conleillé de répandre ftir le fommet dé
là tête ; enfin, l’on n’a pas oublié les amuletes ; application
bien digne de ceux qui l’ordonnent & dé
ceùx qui ont la bêtifè de s’en fervir*
Sans m’arrêter à faire la critiqué de tous ces ârcà-
ftes prétendus fpécifiques, ôt à prouver que la plu*
part font des remedes indifféreris, inefficaces, /atas,
uniquement propres à duper le vülgaire fottemfeht
crédule, ou même quelquefois dangereux, & quë
les autres pour avoir réufli dans certains ca s, ne doivent
pas être regardés comme des remedes généraux;
je remarquerai qu’on doit varier le traitement dés
vertiges fuivant fes différentes efpeces ; les caufes qui
l’ont produit, le tempérament & la conftitution pro*
pre du malade ; en conféquence dans le vertige idio -
pathiquè * il eft quelquefois à-propos de faire faigner
le malade , fur-tout lorfqu’il eft fanguin , 6c qu’pn
craint une attaque d’apoplexie ; il faut le purger foii-
v e n t , le dévoiement ëft la crife la plus avantageufe
dans les maladies de la tête * l’art doit ici fupplcer au
défaut de la nature ; s ’il y a eii quelque excrétion
fupprimée, il ne faut attendre la guérifon que de fon
rétabliffement ; fi le vertige eft un effet d’épuifement
furvenu à des débauches, à des hémorragies, fuper-
purgations, &c. les fecours moraux & diététiques,
lés remedes légèrement cordiaux, reftaurans, toniques,
font les plus appropriés * loffqu’il eft oçcafioji-
né par trop d’application, de travail, &c. Le principal
remede confifte à retrancher une grande partie
de l’étude, & à diffiper bééucoup .le malade, §fc. du