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Cette première partie des jours confacrés à la religion
, qui commençoient ainfi dès le.foir de la veille
, étoit employée par les premiers chrétiens à chanter
des hymnes, & à pratiquer d’autres aétes de dévotion
; &c comme ces exercic.es de piété ne finif-
foient fouvent que fort avant dans la nuit, on les
àppelloit veilles ou vigiles. Foye{ VEILLES.
; Ces vigiles s’alongerent fucceflîvement au point
que tout le jour qui précédoit la fête, fut appellé à
la fin vigile.
Forbes attribue l’origine des vigiles à une coutume
de l’ancienne églife , lûivânt laquelle les fideles de
l'un & l’autre fexe s’affembloient la veille de Pâques
pour prier &: veiller enfemble, en attendant l’office
qu’on faifoit de grand matin, en mémoire de la réfur-
reâion de J. C. Cette pràtique eft encore en ufage en
France dans plufieurs diocèfès. - . • • . •*! '
Tertullien dans le livre qu’il adreffe à fa femme,
obferve que dans la fuite les chrétiens firent la même
chofe à d’autres fêtes ; mais comme il s’ÿ étoit glifle des
abus, ces veilles furent défendues par un concile tenu
en 1 3 2 1 , & à leur place on inftitua des jeûnes qui
jufqu’à préfent ont retenu le nom de vigiles. Ce font
les jours qui précèdent immédiatement les fêtes les
plus folemnelles, celles des apôtres & de quelques
martyrs ; ce qui varie fuivant les divers ufages des
diocèfès.
VIG ILES efl aufîi en terme de Bréviaire, le nom qu’on
donne aux matines & aux laudes de l’office des morts,
qu’on chante foit devant l’ inhumation d’un mort,
foit pour un obit ou fervice. Les vigiles font à trois
ou neuf leçons, fçlon qu’elles font compofées d’un
ou de trois no&urnes. Foye[ N o c t u r n e .
V IG IN T IV IR A T , l e , {Hiß. rom. ) on compre-
noit fous ce nom les emplois de vingt officiers chargés
refpeûivement de la monnoie , du foin des priions
, de l’exécution des criminels, de la police des
rues , & du jugement de quelques affaires civiles.
Pèrfonne ne pouvoit être exempt de ces emplois
fans une difpenfe du fénat. Quand Augufle monta
fur le trône , il voulut aufîi qu’avant que d’obtenir
la queflure qui étoit le premier pas dans la carrière
des honneurs, on eût rempli les fondions du viginti-
virat ; mais on fut bien plus curieux de fe trouver
dans l’antichambre de l’empereur, que d’exercer la
queflure ; & le vigintivirat devint l'office de gens de
la lie du peuple. ( D . J . )
V IG IN T IV IR S , COLLEGE DES, {Hiß. rom.) ce
college étoit compofé des magiflrats inférieurs ordinaires
, nommés les triumvirs monétaires, les triumvirs
capitaux , les quatuorvirs nocturnes & les décemvirs.
Tous ces officiers avoient chacun leurs fonctions
particulières. Foye1 leurs articles pour en être
inftruit. {D . J . )
VIGNAGE , f. m. {Gram. & Jurifprud.) ancien
terme qui fignifroit un droit que le feigneur percevoir
fur les marchandifes & beftiaux qui paffoient
dans fa feigneurie. Il en efl parlé dans la fomme rurale
au chapitre d u # c& d e s amendes. Voyez le elofT
deM. de Lauriere. {A )
VIGNE , f. f. v i t i s , ( H i ß . n a t , B o ta n . ) genre de
plante à fleur en ro fe , compofée de plufieurs pétales
dilpofés en rond ; lé piftil fort du milieu de cette
fleur ; il efl entouré d’étamines, qui font tomber
Ordinairement les pétales, & il devient dans la fuite
une baie molle , charnue & pleine de fuc ; elle renferme
le plus fouvent quatre femeneeS , dont la forme
approche de celle d’une poire. Tournefort, in ß .
i e i herb. F o y e ^ PLANTE.
Tournefort diftingue vingt-une efpeces de ce genre
de plante , entre lefquelles nous décrirons la vigne
commune cultivée, parce que fa défcription fe rapporte
à toutes les autres efpeces.
Cette plante, nommée vitis vinifera par C . B . P.
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iêfo, J. B . 2 . Cy'. R a ii, hiji,. /(f/3. a la racine' longue "
peu profonde , ligneufe, vivace. Elle pouffe un ar-
briffeau qui s’élève quelquefois à la hauteur d’un
arbre, & dont la tige 'efl mal faite , tortue , d’une
-écorce brune , rougeâtre , crevaffée;, portant plu.
fleurs farmens longs , .munis de mains ; ou vrilles qui
s’attachent aux arbres voifins , aux charniers ou aux
échalàs. Ses feuilles font grandes, belles , larges
prefque rondes, incifées , vertes, juifantes, un peu
rudes au toucher, d’un goût aftringent. Ses fleurs
naiffent dans les aiffélles'des feuilles, petites , compofées
chacune de cinq pétales , dilpofées en rond
réunies par leur-pointe, de couleur jaunâtre ., odo-
rantes-, avec autant d’étamines droites à fommets
flmpleSi ,
Lorfque les fleurs font tombées , il leur fuccéde
des baies rondes ou ovales , ramaffées & preffées les
unes contre les autres, en grofles grappes, vertes 8c
aigres dans le commencement, mais qui en mûrif-
lant prennent une couleur blanche, rouge ou noire
& deviennent charnues, pleines d’un lue doux 8c
agréable ; chaque baie rénferme ordinairement dans
une feule loge cinq lemences ou pépins offeux en
coeur, plus pointus par un bout que par l’autre.
Cette plante fe cultive dans les pays chauds &
tempérés ; elle s’élève en peu de tems à une grande
hauteur, fi l’on n’a foin de l’arrêter en la taillant, elle
croît même jufqu’à furmOnter les plus grands ormes,
elle fleurit en été , & fes fruits ou raifins mûriffent
en automne. I ln ’y a guere de plante qui foit, plus
durable ; l ’étendue qu’elle occupe efl étonnante,
car on a vu des maifons couvertes des branches d’une
feule fouche.
Nous préférons la vigne , difoit autrefois Colu-
melle à tous les autres arbres & arbriffeaux du monde
, non-feulement pour la douceur. de fon fruit,
mais aufîi pour la facilité avec laquelle elle s’ élève ;
elle répond à la culture & aux foins des hommes
prefque en tout pays , à-moins qu’il ne foit ou trop
froid ou trop brûlant, en plaines, en coteaux , en
terre forte ou légère & meuble, graffe ou maigre,
humide ou feche. Selon Pline, les terreins ne different
pas plus entr’eux que les efpeces de vignes ou
de raifins ; mais il. feroit impoflible de reconnoître
aujourd’hui dans Les noms modernes ceux de l’antiquité
qui y répondent, parce que les anciens n’ont
point caraâérifé les diverfes efpeces de vignes
dont ils parloient, ni les fruits qu’elles portoient.
w g u H . - . , .
V ig n e , {Agriculture?) la terre qui convient mieux
aux vignes pour avoir de bon v in , efl une terre pier-
reufe ou à petit cailloutage, fituée fur un coteau
expofé au midi ou au levant. Il efl vrai que la vigne
n’y dure pas fi long-tems que dans une terre un peu
forte , & qui a plus de corps. Les terres graffes &
humides ne font point propres pour la vigne, le vin
qui y croît n’eft pas excellent, quelles que foient les
années chaudes & hâtives qui puiffent lurvenir.
Pour les terres fitué.es fur des coteaux expofés au
couchant, il n’en faut guere faire de crus pour y élever
des vignes ; quoique ces vignes foient bien cultivées
& fumées, leur fruit mûrit d’ordinaire imparfaitement.
Quant aux coteaux expofés au nord, il
n’y faut jamais planter de la vigne, parce qu’on n’y
recueilleroit que du verjus.
La vigne fe multiplie de croffettes & de marcottes.
Pour avoir de bonnes croffettes, il faut en taillant
la vigne les prendre fur les jets de la derniere annee,
& que ces croffettes aient à l’extrémité d’en-bas du
bois de deux ans. On ne prend pas-tes croffettes. fur
la fouche de la vigne , parce qu’elles ont, en cet endroit
des yeux plats &. éloignés les uns des . autres.
On connoît la bonté des croffettes ôc du plapt enraciné
quand le dedans du.bpis efl d’un verd-clair ; s’ils
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font d’un verd-brun, il faut les rejettèr.
On plante la vigne de plufieurs maniérés. Lés ufis
prennent; une pioche ou une bêche , avec laquelle ,
le long d’un cordeau qu’ils ont tendu de la piece de
terre qu’ils veulent mettre en vigne, ils font une raie
de terre d’un bout à l’autre , & enfuite un autre en
continuant jufqu’à ce qüe la terre fojt toute tracée.
Il fuffit dans une terre lèche & fablonneufe de donner
à ces raies deux piés fix pouces de diftance ; mais
dans une terre plus fubftancielle., ces raies doivent
avoir entre elles plus de trois piés.
Ces raies étant faites, ils creufent un rayon d’un
pié & demi en quarré, & autant en profondeur, &
dont le côté droit a pour bornes à droite ligne la
moitié de la ra ie , le long de laquelle on creufe. le
rayon. Cela fait, ils prennent deux croffettes ou deux
marcotes, ils les pofent en biaifant, l’une ;à un des
coins du rayon, & l’autre à l’autre ; puis couvrant
auffi-tôt ces, croffettes, ils abattent dans le rayon
la fuperfîcie de la terre voifine ; ce rayon n’eft pas
plutôt rempli qu’ils en commencent un autre, & continuent
ainfi'jufqu’à la fin. Cette maniéré de planter
s’appelle planter à Vangelot.
Pour avoir de bon plant enraciné ,, il fuffit qu’il pa-
roiffe à chacun trois ou quatre racines. Si l’on veut
que ce plant reprenne heureufement, il faut le planter
avec tous les foins poflibles ; mais on fe fert plutôt
de croffettes pour faire un grand plan de vigne
que de marcottes. Il efl des pays oit ces croffettes
font appellés chapons, quand il y a du bois de l’année
précédente, & poules quand il n’y a que du bois
de l’année.,
appelle p la n t e r a u -b a s ; voici comment elle fe pratique.
Après que le vigneron a trouvé fon alignement,
qui eft ce qui le dirige & ce qu’il ne doit point perdre
de vue , il creufe groflierement un trou de feize
ou dix-fept pouces, qui fe termine en fe retréciffant
dans le fond , & dont l’entaille du côté &: le long de
la raie eft taillée avec art. Ce trou étant fait, on prend
une croffette, on l’y met en biaifant ; puis mettant le
pié deffus, on abat la terre dedans ce trou qu’on remplit
groflierement, après cela on porte devant le pié
qu’on avoit derrière ; puis creufant un autre trpu ,
; on y plante encore une autre Croffette de même
qu’on vient de le dire , ainfi du refte jufqu’à la fin de
f Malignement, & jufqu’à ce que toute la piece de terre
foit plantée.
, On peut commencer à planter dès le mois de No-
S Pr^nc^Palement dans les terres légères &
fablonneufês. Pour les terres fortes, on ne commen-
cera, fi l’on veut, qu’à la fin de F évrier, & lorfque
1 eau. de ces terres fera un peu retirée.
Rien n eft plus aifé que de marcotter la vigne. Pour
y reuffir, il faut choifir une branche de vigne qui
orte directement de la fouche avant que la vigne
i ^ Pou^er- On fait en terre un trou proond
de treize à quatorze pouces, dans lequel on
r couche doucement cette branche fans l’éclater , de
tnamere que la plus grande partie étant enterrée,
extrémité d’en-haut en forte de la longueur de qua-
l re ou cinq pouces feulement. La partie qui eft en-
| erree eft celle qui prend racine ; lorfqu’on eft affûré
I que a marcotte eft enracinée, on la fepare de la fou-
e ’ ce qui.fe fait au mois de Mars de l’année fui-
IjraflliB . k ^ert de marcottes pour planter ailleurs
dina mr Clue" îues places vuides, & on marcotte o r-
finc 'rei?lent les mufeats, les chaffelas & autres rai-
uns curieux.
Qui je f ^ncore im autre moyen de multiplier la vigne
le fpn J*1*- ^ es Provins » c’ eft-à-dire en couchant
en cLiïîîT ns llne foffe m m fait au ?ié 1 Puis ° n
bien O iCS ^ rmens les plus beaux qu’on épluché
• n les place tout de fuite le long du bord de
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!a foffe qlù s^ügne aux autres feps. C e !a ft it , & tous
ces farmens étant bien couchés, on les couvre de
terre , & on laiffe paffer l’extrémité environ à ûx
Ou huit pouces dé haut. C'éft par les bourgeons qui
y font qn’on voit le bpniou .mauvais fdecès de ion
travai!:., Qn peut provigneï la yign, depuis la S. Mar*
tin jufqu’au mois deMai*
Soit que h y igm (oit plantée de Croffettes oii autrement
, çô; ne.lui laiffe point manquer de façons or*
dinaires. - On commence d’abord par la tailler. Rien
n’eft plus néceffaire S i utile: à la vigne que Ja taille i
fanslélle Je fruit que cette plante produiroit n'autoit
pas la grolî'eur ni; la qualité de celui dont la taille
auroit été faite .comme il faut. Voici ce qu’on peut
obferver Ihr la taille de la vigne.
_ Il faut d’abord en examiner le plus ou moins tie
force, afin dç la tailler plus ou moins court. On doit
charger les & p s quiont beaucoup de gros boisj c’eft-
à-dif e , leur laifferrdeux;çorfons ou recours , ou vie*
tes pn dit en .certains pays. Il faut que cette
chargé ne caufe point deconfufion, & comme il faut
que les feps_ vigoureux foient taillés de cette manie*
re ' auffi doit-on laiffer.moins de courfons, aux feps
qui ont moins de force. -
Quand on faille la vigftc, ;iî ne .fimt affeoih fa taille
que,.fur les beaux farmens qu’elle a pouffést le tems
de faire Ce travail eft le mois, de F é v r ie ro u .p lu tô t
même li le,tems lepettoét-,La doit;être taillée
quinze jours avant quelle .commente à pouf*
fer. r ,
Sous le mot de vigne , on entend ici. .Celle qu’on
cultive dans les jardins, ainfi que celles: qu’on plante
dans: la campagne.: Les premières principalement
quand elles.font expoféès au midi;, veulent être taillées
.au plutôt. M y a des vignerons qui commencent
a tadler leurs vignes avant la fin de l’hivèr. Ils. laif-
fent pour cela 'tput de leur longueur les farmens fur
lefquels ils veulent affeoir leur taille, fauf après l’hiver
à le s çpyper‘convenablement s cette méthode
avance leur travail.
I l faut quand on taille l a vigne, laiffer environ
deux doigts, de bois .aurdeffus du dernier bourgeon
& fatteentorte que l’entaille foit du côté oppofé à.ce
bourgeon , de crainte que les larmes qui fortent par
.cette plaie ne la noiept. On doit retrancher toutes
les menues branches qui çroifent fur un fep elles
n’ v font qu’apporter de la coniufion.
On doit enigillant la vigne ôter du pié tes feps de
W f qui,Liybnt inutiles, & que la pareffe du v i-
gnëion y auroit laiffe l’année .précédente, dans le
tems de Fébourgeonnement. Lorfque le tronc d’une
vigne eft bien nettoyé , il eft plus aifé à tailler que
quand il ne l’eft pas. Dans la plus grande partie de
la Bourgogne on met en perches les vignes quand eb
les.,ont.quatre, ans, qui eft ordinairement le tems
qu’elles commencent à donner dü.fruit en abon-’
dance.
Lorfque.la ne fait que commencer à pouffer
& qu’elle vient à geler en bourre, on peut efpérer
qu’elle pourra produire huir ou dix jours après ( f i
l’air s’échauffe ) , quelques arrieres-bourgeons, dans
chacun defquels il y aura un ou deux raifins ; c’eft
pourquoi on fe donnera bien de garde de couper d’abord
le bois de cette vigne gelée, ni d’y donner aucun
labour. Il n’y faudra toucher que lorfque.le tems
fera adouci.
I Mais quand la vigne a été tout-à-fait gelée, & qu’il
n’y a plus d’efpérance qu’elle donne d’arrieres-bour-
geons, il faut couper toutle bois ancien & nouveau,
& ne laiffer feulement que les-louches. Cette opération
renouvelle entièrement une vigne ; fi cependant
la gelée vient fort tard , c’eft-à-dire, depuis la
fin de Mai jufqu’au i ^ de Ju in , on ne coupera aucun
bois, parce que la faifon étant pour lors avancée ,