pour exprimer un verger., ■ ou Heu pilante d’arbres &
de légumes. Quelques-uns ont cru mal-à-propos que
verchere fignifioit un fonds donne en dot à une fille,
fous prétexte que-dans quelques anciennes chartes
il eft parlé de verckeres qui avoient ete données en
dot, le terme verchere défignant la qualité de la culture
du bien, & non le titre auquel il elt donné. Voye^
le glojfairede Ducange au motvercheria, 6c à la lettre
B , au mot berbicana, article ver chéri a. (A )
V E R D , adj. (Optiq.) eft une des couleurs primitives
des rayons de lumières- V?ycl C o u l e u r ,
R a y o n & L u m iè r e .
S’il-tombe de l’urine, du jus de citron, ou de l ’ef-
prit de vitriol fur un ruban verd, il devient bleu,
parce que ces liqueurs mangent tellement le jaune
qui entre dans cette couleur, qu’il n’y refte plus que
le bleu. Voyc{ Bl eu , J a u n e , &c. Ckambers. _ ;
V e r d , (Phyjiq.) il y a des écrivains fort diftin-
-gués , qui ont regardé comme un effet de la providence
, le foin qu’elle a eu de tapifler la térre de verd,
plutôt que toute autre couleur, parce que le verd eft
un fi jufte mélange du clair S i dufombre, qu’ il rejouit
6c fortifie là vu e , au-lieu de l’affoiblir ou de l ’incommoder..
Delà vient que plufieurs peintres ont un
tapis verd pendu tout auprès de l’ endroit oii ils travaillent
, pour y jetter les yeux de tems en tems, &
les délafler de la fatigue que leur caufe la vivacité
des couleurs. Toutes les couleurs, dit Newton, qui
font plus éclatantes, émouffent 6c dilfipent les efprits
animaux employés à la vue ; mais celles qui font plus
-obfcures né leur donnent pas affez d’exercice, au
•lieu que les rayons qui produifent èn nous l’idée du
■ verd, tombent fur l’oeil dans une fi jufte proportion,
-qu’ils donnent aux efprits animaux tout le jeu nécef-
fa ir e , 6c par ce moyen ils excitent en nous une fen-
fation fort agréable. Que la caufe en foit tout ce qu’il
vous plaira, on ne faùroit douter de l’effet, & c’eft
pour cela même que les Poètes donnent le titre de
■ gai à cette couleur. (D . J . )
V er d , f. m. (Teinturerie.') le verd des Teinturiers
.n’ eft pas une couleur fimple, mais elle fe fait du mélange
de deux des couleurs qu’on appelle Jimples ou
primitives. C’eft de l’union du jaune ÔC du bleu que fe
•font toutes les fortes de verd qu’on donne aux étoffe
s déjà fabriquées, ou aux foie s, laines, fils 6c cotons
qu’on met à la teinture, pour en fabriquer. Les
.principaux verds que produit ce mélange, fuivant le
plus ou le moins qu’on met de chacune de ces deux
couleurs, font:
L e verd jaune,
L e verd nailîànt,
L e verd gai,
Le verd d’herbe,
.Le verd de laurier,
Le verd de chou ,
Le verd molequin,
Le verd brun,
L e verd de mer,
Le verd obfcur,
Le verd céladon,
Le verd de perroquet.
Il n’eft pas poflible de rapporter tous les différens
verds que peut produire la teinture , ne dépendant
que du teinturier d’en faire à fon gré de nouvelles ,
en augmentant ou diminuant la dofe de l’une 6c de
l ’autre couleur primitive, avec lefquelles il les com-
pofe. Les couleurs d’o liv e , depuis les plus brunes
jufque aux plus claires, ne font que du verd rabattu
avec de la racine, ou du bois jaune, .ou de la fuie de
cheminée.
Tout verd doit être premièrement teint en bleu ,
puis rabattu avec bois de campêche 6c verdet, 6c
enfuite gaudé, n’y ayant aucun ingrédient dont on
puiffe fe fervir feul pour teindre en verd. On appelle
verdnaijfant, cette couleur v ive 6c agréable qui.ref-
femble à celle qu’ont les feuilles des arbres.au prin-
tems ; on la nomme aufli verd gai 6c verd d’émeraude.
L e verd de mer eft la couleur dont paraît la mer quand
.die eft vue de loin ; elle tire un peu fur le bleu, ou
comme on dit en terme de Teinture, elle eft plus lavlt
que le verd gai. Le verd brun tire fur le noir, aufli en
eft-il mêle pour le brunir. L ’urine, le jus de citron,
6c l ’élprit de v itriol, déteignent les verds, 6c les rendent
bleus, leur acide confommant le jaune de la
gau de. (D . / .)
V er d de Corroyear, (Corroytrie.) il eft compofé
de gaude, dont il faut une botte fur fix féaux d’eau,
à quoi l’on ajoute, après que le tout a bouilli fix
heures à petit fe u , quatre livres de yc/vJ-de-gris.
< / > . / . )
V er d d’ a z u r , (Hiß. nat.) nom donné par quelques
perfonnes à la pierre appellée communément
lapis armerais.
V erd d e m o n t a g n e , ( Hiß. nat.) c’eft ainfi
qu’on nomme une fubftance minérale, de la couleur
du verd-de-gris artificiel, qui eft formée par la natu-
te , ôc qui fe montre dans les fouterrains de quelques
mines de cuivre. On l’appelle aufli cerugo nativ a ,
ochra cupri viridis, chryjocolla viridis, viridt monta--
niait. Ce n’eft autre chofe que du cuivre mis en dif-
folution dans le fein de la terre. Sa couleur verte varie
pour les nuances, 6c eft tantôt p lus, tantôt moins
foncée. Le verd de montagne varie aufli pour la con-
fiftance & la figure ; il y en a qui eft comme de la terre
, tandis que d’autre eft plus compaûe 6c feuilletée
, 6c quelquefois folide comme la malachite. Le
verd de montagne eft quelquefois en petites houppes
foyeufes, 6c formé d’un aflfemblage de petites ltries
ou d’aiguilles, comme dans la mine de cuivre foyeu-
fe de la Chine. D ’autres fois cette fubftance eft en
globules, & en petits points répandus dans de la pierre
: c’eft une vraie mine de cuivre.
La Hongrie fournit, dit-on, le plus beau verd de
montagne , il fe trouve ordinairement joint avec une
terre calcaire, qui fait effervefcence avec les acides;
l’a&ion du feu lui fait perdre fa couleur. Cependant
cette regle n’eft point générale, 6c M. Pott a trouvé
du verd de montagne lùr qui les acides n’agiffoient
point. En effet, la couleur verte du cuivre peut fe
joindre avec des terres de différentes natures.
Le verd de montagne eft;une couleur qui s’emploie
dans la peinture.
V er d d e Pr a t a , (Hiß. nat.) en italien verde di
Prata. Nom donné à un marbre d’un verd tirant fur le
jaune, rempli de veines bleuâtres fuivant les uns,
6c de veines rouges fuivant d’autres. Son nom vient
de Prata en Tofcane, d’où on le tire.
V e r d a n t iq u e , (Hiß. nat.) les Italiens appellent
verde antico ou verd antique, un marbre verd,
rempli de taches ou de veines blanches : les anciens
l’appelloient marmor Tiberiüm ou marmor Augußum:
il venoit d’Egypte, d’où ces empereurs l’avoientfait
venir.
V er d m o d e r n e , (Hiß. nat.) on nomme ainfi un
marbre verd, rempli de taches 6c de veines blanches
6c noires , que les Italiens nomment verde modernd ,
o cipollino moderno, ou verde mefchio, cipollacio par-
diglio, bigio antico. Il eft d’ un verd pâle, très-dur,
prend très-bien le poli; il fe trouve en Italie. Scheu-
chzer dit qu’il fe trouve un marbre verd, mêlé de
veines 6c de taches noires, pourpres 6c blanches,
dans le canton de Berne en Suiffe. On trouve aufli
un marbre verd, tacheté de blanc 6c de noir, à Brieg
en Siléfie. Voye^ d’A cofta, natural hißory o f foßils.
V e r d -d e -g r i s , ou V e r d e t , ( Chimie. ) on entend
fous cette dénomination toute rouille vertè
ou bleue, qui fe forme fur tous les vaiffeaux & inf-
trumens qui font faits de cuivre ou d’autres cornpo-
fitions métalliques non malléables , où le cuivre entre
, 6c qui font connues fous différens noms , comme
'laiton , bronze , fimilor, 6cc. dont on fe fert dans
les arts pour faire une infinité de machines.
Cette rouille qu’on appelle verdet ou verd-de-gris ,
& qui feforme farces différens infinitnéns, eft line
diflolution de cuiv re , que prefaue tous les difl'ol-
'vans tant aqueux, huileux , acides, falins, &c. attaquent.
Ce n’eft pas de ce verd-de-gris que j ai à parler
dans cet article ; c’eft de celui qui le préparedepuis
plufieurs fieclesà Montpellier, où ilformeune branche
de commerce très-confidérable.
Depuis très-long-tems, les habitans de la feule
ville de Montpellier étoient en poffeflion de préparer
tout le verd-de-gris que les étrangers deman-
doient ; & les perfonnes qui le fabriquoient, s’ima-
ginoient qu’on n’ en pouvoit faire que dans cette
feule ville. On leur a démontré le contraire, comme
on le verra dans la fuite de cet article. Depuis plufieurs
années, on en fabrique dans les villes 6c villages
des environs de Montpellier.
Je vais donner le détail de tout ce qui concerne
l’art de faire le verd-de-gris, 6c de tout ce qui concourt
à faire cette opération, d’après les mémoires
que j’ai donnés , qui font imptimés dans le volume
des années 17 50 , 17 5 3 de l’académie royale des
Sciences.
Pour traiter cette matière avec ordre, nous examinerons
le cuivre qu’on emploie, 6c la maniéré
dont on le prépare; les vaiffeaux de terre dont on fe
fert ; la nature du vin , le choix qu’on en doit faire,
& la maniéré de préparer les grappes ou raffles.
Nous rapporterons enfuite fcrupuleufement la maniéré
dont on s’y prend pour faire cette opération.
Le cuivre dont on fe fert pour, faire le verd de-gris,
fe tire de Suede par la voie d’Hambourg. Il eft en
plaques circulaires de zo à z i pouces de diamètre;
fon épaiffeur eft d’une demi-ligne à peu de chofe
près ; chaque plaque eft du poids de quatre livres 6c
demie jufqu’à fix.
On retire de chaque plaque circulaire par le moyen
du cifeau a8 lames, auxquelles les chauderonniers
donnent en les coupant différentes figures; lesunes
ont celle d’un parallélogramme ; les autres ont deux
angles droits 6c un côté curviligne. Ces figures différentes
font très-utiles pour l’arrangement des lames
dans les vafes.
Qn bat chaque lame en particulier fur une enclume
, pour corriger les inégalités que le cifeau peut
avoir laiffées fur les bords, 6c pour polir leur fur-
face', afin que la diflolution fe faffe plus uniformément,
6c qu’on puiffe les racler plus commodément ;
ces lames font du poids de deux onces jufqu’à quatre
onces 6c demie.
Quelques particuliers préparent les lames neuves
de cuivre avant de s’en fervir ; cette préparation
confifte à les enfevelir pendant trois ou quatre jours
dans du verd-de-gris. Ils affurent que par cette préparation
elles ne s’échauffent pas tant, lorfqu’eiles
font mêlées avec les grappes , 6c que la diflolution
s’en fait mieux. D ’autres n’emploient point cette
méthode qu’ils regardent comme inutile ; il eft vrai
que les lames fe diffolvent fans cette préparation,
mais non pas fi aifément ; ainfi je penfe qu’il 'convient
de les préparer de cette façon lorfqu’ellesfont
neuves ; l’acide furabondant qui eft dans le verdet,
dans lequel on les enfevelit, les pénétré, & par-là
facilite la diflolution. Ce qui prouve ultérieurement
■l’utilité de cette préparation, c’eft que les lames qui
ont déjà fervi fe rouillent p lutôt, parce qu’elles ont
été pénétrées par l’acide du vin dans les opérations
antérieures.
Les vaiffeaux dont on fe fert pour faire le verd-de-
g f is , font des efpeces de jare ou d’urne, qu’on appelle
dans la langue vulgaire du pays ouïe, c’eft-à-
direpot. Si on ne prépare ces vaiffeaux, ils perdent
'le vin qu?on y met. Cette préparation confifte à Tes
faire bien tremper huit ou dix jours dans de la vinajfe,
où dans du vin fi on n’avoit point dè vinaffe.
Ils font de poterie , mais mal cuite ; 6c quand ces
pots ont été bien pénétrés par la vinaffe, on les lave
avec la meme liqueur, pour détacher & emporter
quelques parties tartareufes qui s’étoient attachées
aux parois ; après ils font très-propres pour faire le
verd-de-grist
L ’expérience a appris que plus ces vafes ont ferv
i , plus ils font propres à cette préparation ; mais
après un certain tems on a foin de les écurer exactement
avec du fable & de la vinaffe, pour emport
e r a s parties graffes 6c mucilagineufes qui par des
opérations réitérées s’attachent à leurs parois.
Ces vaiffeaux de terre font d’une grandeur différente
; on ne fçauroit là-deffus établir rien de pofi-
tif. Communément ils ont feize pouces de hauteur,
quinze pouces ou environ de diamètre à la partie la
plus large ; leur ouverture eft de douze pouces ou
environ, autour de laquelle régné un rebord courbé
en-dedans , qui a un pouce 6c demi de largeur.
On range dans ces vaiffeaux cent lames de cuiv
re , plus ou moins ; il eft de l’intérêt du particulier
d’y en placer beaucoup ; par-là il confomme
moins de vin.
Tous les vins ne font pas également propres à faire
le verd-de-gris. Les vins verds, aigres 6c moifis ,
comme aufli ceux qui font doux donnent peu de verd-
de-gris. Les vins blancs en général font moins propres
à faire cette préparation, que les vins rouges
de bonne qualité ; les premiers en fe décompofant
comme les vins doux , engraiffent ou graiffent les
grappes 6c les vafes : on ne demande pas que les vins
aient une belle couleur, il fuffit qu’ ils n’aient par les
qualités que nous venons d’indiquer, mais il faut
qti’ils aient du feu ( comme parlent les particuliers )
c’eft-à-dire qu’ils foient fpiritueux : aufli tout l’effai
qu’ils, font du vin pour connoître s’ il-eft propre pour
cette opération, confifte à le faire brûler ; celui qui
brûle le mieux eft toujours préféré , 6c lorfqu’il ne
brûle point, on le rejette. Plus un vin rouge donne
d'eau-de-vie, plus il eft propre pour le verd-de-gris •
ainfi quand le particulier qui en fait emploie de bon
vin roujje, qui brûle bien 6c qui eft bien fpiritueux,
il doit être affuré d’avoir une bonne récolté de verdet
, potirvû que les autres çaufes qui concourent
à cette opération ne foient point dérangées dans leur
aftion, comme nous l’expofèrons dans la fuite de
cet article. C’eft donc principalement du choix du
vin que dépend le fuccès de cette préparation.
Les vins de Saint-George, de Saint-Drezery & de
quelqu’autres terroirs des environs de Montpellier,
font extrêmement renommés : fi on n’aimoit pas
mieux les referver pour les boire, ce qui eft plus
avantageux à tous égards, on pourrait les employer
pour le verd-de-gris, ils donneraient pour chaque va-
fe deux livres & jufqu’à trois livres de verdet, pour*
vû que toutes les autres caufes fuffent d’ailleurs dans
l’état convenable.
Les grappes ou rafles demandent des préparations
avant de les employer : on les ramaffe dans le tems
des vendanges. La première préparation confifte à
les faire bien fécher àu foleil ; il faut avoir foin de
les remuer de tems en tems, pendant qu’elles font
expofées à l’a ir , 6c prendre parde qu’il ne pleuve
deffus : fi on négligeoit ces:precautions, on les verrait
bien-tôt noircir, elles deviendraient peu propres
à faire aigrir le vin , 6c il faudrait abfolument
les rejetter, comme le pratiquent en pareil cas les.
femmes qui font du verdet. Lorfque les grappes font
parfaitement féches;, on les ferre au haut de la mai-
fon; je ferai remarquer, que lorfqu’on ferre les grappes
léchées au fo le il, il ne faut pas fe mettre, dans
un endroit où if y ait de l’huile, & moins encore ,
comme Je font par mégarde quelques particuliers *