. les maîtres des carroffes, les fermiers des coches
d’e au, les loueurs de chevaux , les maîtres des polie
s, 6c autres, qui ont des privilèges & des pancartes.
Voyt{ Me s sa g e r s , Co ch e s, Carrosses,
Postes, &c.
Quant aux voituriers routiers, cpioiqu’ils foient libres
à certains égards, comme fur la faculté d’entretenir
autant de voitures qu’ ils veulent ; de n’être
fixés ni pour le prix à certaine fomme invariable; ni
pour le départ ou l’a rrivée, à certains jours & à certains
lieux , comme les maîtres de coches ou carrof-
les publics y font obligés : les routiers cependant
fontaftreints à divers reglemens de police & de commerce
, concernant le foin qu’ils doivent avoir des
marchandifes ; les frais 6c indemnités dont ils font
tenus en cas de perte occafionnée par leur faute ; les
avis qu’ils doivent donner aux propriétaires ou com-
miflionnaires de l’arrivée des marchandifes ; la maniéré
dont ils doivent fe comporter par rapport aux
lettres de voiture. Les voituriers par eau lont auffi
fujets à de femblables reglemens, qu’on peut voir
en détail dans le Dictionnaire de Commerce.
VOITURIN , f. m. ( Commerce. ) lignifie la même
chofe que voiturier, 6c elt ufité en ce fens dans
quelques provinc es de France, comme dans le L y on-
nois, en Languedoc, en D auphiné, 6c en Provence.
Voye^ Voiturier , D iîl. de Com. Tom. I I I ,
lettre V. pag. S jo .
V O IX , ( Phyjiologie. ) c’eft le fon qui fe forme
dans la gorge 6c dans la bouche d’un animal, par un
méchanifme d’inftrumens propres à le produire.
Voye^ Son.
Voix articulées font celles qui étant réunies enfem-
b le , forment un affemblage ou un petit fyllème de
fions : telles font les voix qui expriment les lettres de
l'alphabet, dont plufiieurs, jointes enfemble, formept
les mots ou les paroles. Voye{ L et t r e , Mot , Parole.
Voix non articulée , font celles qui ne font point
organifées ou affemblées en paroles, comme l’aboi
des chiens, le fifflement des ferpens, le rugiffement
des lions , le chant des oifeaux , &c.
La formation de la voix humaine , avec toutes
fies variations, que l’on remarque dans la parole,
dans la mufique, &c. eft un objet bien digne de notre
curiolité & de nos recherches ; 6c le méchanifme
ou l’organifation des parties qui produifent cet
effet, eft une chofe des plus étonnantes.
Ces parties font la trachée artere par laquelle l’air
paffe 6c repaffe dans les poumons ; le larynx qui eft
un canal court 6c cylindrique à la tête de la trachée ;
6c la glotte qui eft une petite fente ovale , entre deux
membranes fémi-circulaires , étendues horilontale-
rnent du côté intérieur du la ry n x , lefquelles membranes
laiffent ordinairement entre elles un intervalle
plus ou moins fpatieux , qu’elles peuvent cependant
fermer tout-à-fait, 6c qui eft appellée la glotte.
Voyei la deficription de ces trois parties aux articles
T rachée , Larynx , & Glotte.
Le grand canal de la trachée qui eft terminé en-
haut par la glotte, reffemble fi bien à une flûte que
les anciens ne doutoient point que la trachée ne
contribuât autant à former la v o ix , que le corps de
la flûte contribue à former le fon de cet inftrument.
Galien lui-même tomba à cet égard dans une elpece
d’erreur ; il s’apperçut à la vérité que la glotte eft
le principal organe de la voix , mais en même-tems
il attribua à la trachée artere une part confidérable
dans la produôion du fon.
L ’opinion de Galien a été fuivie par tous les anciens
qui ont traité cette matière après lu i, 6c même
par tous les modernes qui ont écrit avant M.
Dodart : mais ce dernier ayant fait attention que
nous ne parlons n i ne chantons en refpirant ou enattirant
l’air , mais en foufflant ou en expulfant l’air
que nous avons refpiré , & que cet air en fortant
de nos poumons, paffe toujours par des véficules qui
s’ élargiffent àmefure qu’elles s’éloignent de ce vaif-
leau ; 6c enfin par la trachée même , qui eft le plus
large canal de tous, de forte que l’air trouvant plus
de liberté 6c d’aifance à mefure qu’il monte le long
de tous ces paffages , 6c dans la trachée plus que
par-tout ailleurs, il ne peut jamais être comprimé
dans ce canal avec autant de violence , ni acquérir
là autant de vîteffe qu’il en faut pour la production du
fon ; mais comme l’ouverture de la glotte eft fort
étroite en comparaifon de la largeur de la trachée
l’air ne peut jamais fortir de la trachée par la glotte
fans être violemment comprimée,& fans acquérir un
degré confidérable de vîteffe ; de forte que l’air ainfi
comprimé 6c pouffé , communique en paffant une
agitation fort vive aux particules des deux levres de
la glotte , leur donne une efpece de fecouffe , &
leur fait faire des vibrations qui frappent l’air à mefure
qu’il paffe , 6c forment le fon. Voye^ Vibration.
Ce fon ainfi formé paffe dans la cavité de la bouche
6c des narines, où il eft réfléchi 6c où il réfon-
ne ; 6c où M. Dodart fait voir que c’eft de cette ré-
fonnance que dépend entièrement le charme de la
voix. Les différentes conformations , confidences,
6c finuofités des parties de la bouche, contribuent
chacune de leurs côtés à la réfonnance ; 6c c’eft du
mélange de tant de réfonnances différentes , bien
proportionnées les unes aux autres, que naît dans la
voix humaine une harmonie inimitable à tous les
muficiens : c’eft pourquoi lorfqu’une de ces parties
fe trouve dérangée , comme lorfque le nés eft bouché
, ou que les dents font tombées, &c. le fon delà
voix devient défagréable.
11 femble que cette réfonnance dans la cavité de
la bouche, ne confifte point dans une fimple réflexion
, comme celle d’une voû te , &c. mais que c’eft
une réfonnance proportionnée aux tons du fon que
la glotte envoie dans la bouche : c’eft pour cela que
cette cavité s’alonge ou fe raccourcit à mefure que
l’on forme les tons plus graves ou plus aigus.
Pour que la trachée artere produisît cette réfonnance
, comme c’étoit autrefois l’opinion commune,
il faudroit que l’air modifié par la glotte au point de
former un fo n , au-lieu de continuer fa courte du dedans
en d ehors, retournât au-contraire du dehors en
dedans , 6c vînt frapper les côtés de la trachée artere
, ce qui ne peut jamais arriver que dans les per-
fonnes qui font tourmentées d’une toux violente,
6c dans les ventriloques. A la vérité dans la plupart
des oifeaux de riviere qui ont la voix forte , la trachée
artere réfonne, mais c’eft parce que leur glotte
eft placée au fond de la trachée, 6c non pas à la
fommité, comme dans les hommes.
Aufli le canal qui a paffé d’abord pour être le principal
organe de la v o ix , n’en eft pas feulement le fécond
dans l’ordre de ceux qui produifent la réfonnance
: la trachée à cet égard ne fécondé point la
glotte autant que le corps d’une flûte douce leconde
la cheville de fon embouchure ; mais c’eft la bouche
qui fécondé la glotte, comme le corps d’un certain
inftrument à v en t, qui n’eft point encore connu dans
la mufique, fécondé fon embouchure : en effet la
fondion de la trachée n’eft autre que celle du porte-
vent dans une orgue , favoir de fournir le vent.
Pour ce qui eft de la caufe qui produit les différens
tons de la voix , comme les organes qui forment la
voir font une efpece d’inftrument à v en t, il femble
qu’on pourroit le flatter d’y trouver quelque chofe
qui pût répondre à ce qui produit les différences de
tons dans quelques autres inftrumens à vent ; niais
il n’y a rien femblable dans le hautbois , dans les
orgues, dans le clairon , &c.
C’eft pourquoi il faut attribuer le ton à la bouche,
ou aux narines qui produifent la réfonnance, ou à la
glotte qui produit le fon : 6c comme tous ces différens
tons le produifent dans l’homme par le même
inftrument ., il s’enfuit que la partie qui forme ces
tons doit être fufceptible de toutes les variations
qui peuvent y répondre : nous favons d’ailleurs que
pour former un ton gra v e , il faut plus d’air que pour
former un ton aigu ; la trachée , pour laiffer paffer
cette plus grande quantité d’air , doit le dilater 6c
fe raccourcir , & au m oyen de ce raccourciffement,
le canal extérieur, qui eft le canal de la bouche 6c
du nés, à compter depuis la glotte jufqu’aux levres,
ou jufqu’aux narines, fe trouve alongé : car le raccourciffement
du canal intérieur, qui eft celui de la
trachée, fait defeendre le larynx 6c la glotte, 6c par
conféquent fa dillance de la bouche , des levres, &
du nés, devient plus grande : chaque changement de
ton 6c de demi-ton opéré un changement dans la longueur
de chaque canal ; de forte que l’on n’a point
de peine à comprendre que le noeud du larynx hauffe
& baiffe dans toutes les roulades ou fecouffes de la
voix, quelque petite que puiffe être la différence du
ton.
Comme la gravité du ton d’un hautbois répond à la
longueur de cet inftrument,ou comme les plus longues
fibres du bois dont les vibrations forment la réfonnance
, produifent toujours les vibrations les plus
lentes, 6c par conféquent le ton le plus grave , il
paroît probable que la concavité de la bouche,
pn s’alongeant pour les tons graves , 6c en fe rac-
courciffant pour les tons aigus , peut contribuer à la
formation des tons de la voix.
Mais M. Dodart obferve que dans le jeu d’orgue ,
appelle la voix humaine , le plus long tuyau eft de
fix pouces, 6c que malgré cette longueur, il ne forme
aucune différence de to n , mais que le ton de ce
tuyau eft précifément celui de fon anche : que la concavité
de la bouche d’un homme qui a la voix la plus
grave, n’ayant pas plus de fix pouces de profondeur,
il eft évident qu’elle ne peut pas donner, modifier,
6c varier les tons. Voye^ T ons.
C’eft donc la glotte qui forme les tons aufli bien
que les fons, 6c c’eft la variation de fon ouverture
qui eft caufe de la variation des tons. Une piece de
méchanifme fi admirable mérite bien que nous l’examinions
ici de plus près.
La glotte humaine repréfentée dans les Planches
anatom. eft feule capable d’un mouvement propre,
favoir de rapprocher fes levres, en conféquence les
lignes de fon contour marquent trois différens degrés
u approche. Les anatomiftes attribuent ordinairement
ces différentes ouvertures de la glotte à l’aâion des
mufcles du larynx ; mais M. Dodart fait connoître
par leur pofition , direction , &c. qu’ils font defti-
nes à d’autres ufages , 6c que l’ouverture 6c la fermeture
de la glotte fe fait par d’autres moyens, favoir
par deux cordons ou filets tendineux , renfermés
dans les deux levres de l’ouverture.
En effet chacune des deux membranes femi-cir-
culaires , dont l’interftice forme la glotte, eft pliée
en double fur elle même , 6c au-milieu de chaque
membrane ainfi p lié e , fe trouve un paquet de fibres T
d’un côté tient à la partie antérieure du larynx, ‘
ûc de l’autre côté à la partie poftérieure : il eft vrai-que
ces filets reffemblent plutôt à des ligamens qu’à des
mufcles, parce qu’ils font formés de fibres blanches
& membraneufes, 6c non pas de fibres rouges & char -
nues; mais le grand nombre de petits changement
qui doivent fe faire néceffairement dans cette ouver-
ture pour former la grande variété de tons, demande
âbfoluriient une efpece de mufcle extraordinaire
, par les contrarions duquel ces variations puif-
fent s’exécuter; des fibres charnues Ordinaires , qui
reçoivent une grande quantité de fang , auraient été
infiniment trop matérielles pour des mouvemetts fi
délicats.
Ces filets qui dans leur état de rélaxation forment
chacun un petit arc d’une ellipfe, deviennent plus
longs & moins courbes à mefure qu’ils fe retirent,
de lorte que dans leur plus grande contradion, iis
font capables de former deux lignes droites, qui
fe joignent fi exactement,. 6c d’une maniéré fi ferrée
, qu’il ne fauroit échapper entre deux un feu!
atome d’air qui partiroit du poumon, quelque gonflé
qu’il puiffe être , & quelques efforts quepuiffent
faire tous les mufcles du bas ventre contre le diaphragme
, 6c le diaphragme lui-même contre ces
deux petits mufcles.
Ce font donc les différentes ouvertures des levres
de la glotte, qui produifent tous les tons différens
dans les différentes parties de la mufique vo cale , favoir
la baffe, la taille, la haute-contre, le bas-def-
fu s , 6c le deffus ; & voici de quelle maniéré.
Nous avons fait voir que la voix ne peutfe former
que par la g lotte, & que les tons de la voix font des
modifications de la v o ix , qui ne peuvent être formées
non plus que par les modifications de la glotte ;
s’il n’y a que la glotte qui foit capable de produire
ces modifications , par l’approche & l’éloignement
réciproque de fes le v re s, il eft certain que c ’eft elle
qui forme les fons différens.
Cette modification renferme deux circonftances,
la première & la principale eft que les levres de la
glotte s’étendent de plus en plus en formant les tons ,
à commencer depuis le plus grave jufqu’au plus aigu.
La fécondé, que plus ces levres s’étendent, plus
elles fe rapprochent l’une de l’autre.
Il s’enfuit de la première circonftance, que les v ibrations
des levres deviennent promptes 6c vives à
mefure qu’elles approchent du ton le plus aigu , 6c
que la voix eft jufte quand les deux levres font également
étendues, & qu’elle eft fauffe quand les levres
font étendues inégalement, ce qui s’accorde parfaitement
bien avec la nature des inftrumens à cordes.
Il s’enfuit de la fécondé circonftance que plus les
tons font aigus, plus les levres s’approchent l’une
de l’autre : ce qui s’accorde auffi parfaitement avec
les inftrumens à vent gouvernés par anches ou languettes.
Les degrés de tenfion dans les levres font les premières
& les principales caufes des tons, mais leurs
différences font infenfibles ; les degrés d’approche
ne font que les conféquences de cette tenfion, mais
il eft plus aifé de rendre fenfibles ces différences.
Pour donner une idée e xaâe de la chofe , nous
ne pouvons mieux y réuffir, qu’en difant que cette
modification confifte dans une tenfion , de laquelle
réfulte une ample fubdivifion d’un très-petit intervalle
; car cet intervalle, quelque petit qu’il foit, eft
cependant fufceptible , phyfiquement parlant, de
fubdivifions à l ’infini. Voye[ Div is ib il it é.
Cette doârine eft confirmée par les différentes ouvertures
que l’on a trouvées en difféquant des per-
fonnes de différens âges, 6c des deux fexes, l’ouverture
eft plus petite, & le canal extérieur eft toujours
plus bas dans les perfonnes dm fe xe , 6c dans celles
,qui chantent le deffus. Ajoutez à cela que l ’anche du
hautbois, féparée du corps de l’inftrument, fe trou-
| vant un peu preffée entre les levres du joueur, rend
un fon un peu plus aigu que celui qui lui eft naturel;
J fi on la preffe davantage, elle rend un fon encore
S plus a igu , de-forte qu’un habile muficien lui fera
’ faire ainfi fucceflivement tous les tons 6c demi-tons
; d’une oûave.
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