propos de lès Rechercher dans le fud-eft, quoique
les Saxons, les Danois ôc les Normands ayent été
grands navigateurs ê'n leur tèms , 6c qu’on piiiflfe
affez naturellement préfumer qu’ils Ont rapporté
leurs noms germaniques' en Angleterre.
L e do&eur Jean Arbüthnot dans la préface de fes
tables dés anciennes monnoies, poids & mefurès j &C.
expliqués en plufieurs differtations, donne une haute
idée des recherches du dofteur H oôper, 6c nous dit
que fi l’on examineTunité de vue qui régné dans
tout l’ouvrage , l’ exaâitude des calculs, la fagacité
des conjeâùres , l’habileté à corriger , & à comparer
enfemble les partages dès anciens auteurs, & l’érudition
qui brille dans fes recherches, on eft obligé
d’ayouer qu’elles furpaffent tout ce qu’on avoit encore
publié fur cette matière.
Mais l’ écrivain lé plus fameux du comté de Wor-
eèjler eft Butler (Samuel) , aiiteur d'Hudibras. Il naquit
en 1 6 1 Î , félon lés lin s, ou plutôt vers l'année
1600', félon M. Charles Longueville , qui a pu en
être miéux inftruit que pérfonne. Butler étoit fils
d’un honnête fermier $ qui le fit étudier à JVorcefier,
6c à l’univërfité. Au goût de la Poéfie , il joignit celui
de la Peinture ; & l ’on ne doit pas s’en étonner,
car prefque toutes les parties de la Poéfie fe trou vent
dans la Peinture. Le peiptre doit animer fes figures,
6c le poëte prête un corps âux fentimens 6c aux ex-
préflïons ; l’un donne de la vie à une belle image,
-& l’autre de la forcé 6c du corps à des penfées fu-
blimes.
Après le rétabliffement de Charles II. ceux qui
étoient au timon des affaires faifant plus de cas de
l ’argent quë du mérite, notre poëte éprouva la vérité
d’une féntence de Juvenal.
, Haudfacile emergunt, quorum virtutibus objlat
Res angufia domi.
- Jamais efpéranèes ne furent plus belles que les
fiennes lorfqu’il vint à Londres. Devancé par fa réputation
, il fe vit accueilli de tout le monde, lu
avec admiration-& nourri de promeffes de fe voir
honoré de la faveur du prince. Mais quelle fut fa
rëcompenfe ? Il nè gagna par fon génie , par l’agrément
de fà conVèrfâtion , par la régularité de fes
moeurs , que là pauvreté 6c des louanges.’ II ne retira
pas du prôdüit de fes vers de quoi fe faire enfe-
véiir ; mais il confërva fa fanté jufqu’à la derniere
Vieilleflè , 6c mourut en 1680 fans plaintes & fans
regrets à l’ âge d’ènviron 80 ans.
Il demeura fâns tombé jufqu’à ce que l’Alderman
Barber , depuis maire dè.la ville de Londres, eut la
générofité d’honorër la mémoire de cet homme il-
luftre , ëri lui érigeant un tombeau dans l’abbaye de
W eftminfter.
- C’èft le poëme à'ffudïbras qui lui acquit fa grande
réputation ; 6c quoiqu’il s’en foit fait plufieurs éditions
, il n’y eh â àücù'në qui égale le mérite dé l’ouvrage.
M. Hogarth, dont le génie femble avoir beaucoup
de rapport avec celui de Butler, a gravé à l’eau-
forte une fuite de tailles-douces, contenant les aventures
d’Hudibras & dé Rodolphe fon écuyer , qui
ont tout le grotefque qui convient au fujet. 1
On a fait quantité d’imitations de cet agréable
poème , parce qu’un ouvrage original n’a pas plutôt
p a ru , que les barbouilleurs en font de mauvaifes
copies. Dès que Guilliver eut publié'fes voyages,
il fe vit d’abord une multitude de parens qui naif-
foièht comme autant de .champignons , & qui fatiguèrent
le public dé leurs fades aventures. Le Beg-
gàr’s opéra a été accompagné d’une longue fuite
d’opéras infipides. Le bon Robinfon Crüfoé lui-
même n’a pu fe fauver des mains de la gent imita-
trieè. Je regarde de femblables produ&ions comme
autant d’avortons difgraciés , deftinés par Apollon
à fervir de mouche aux béautés virginales.'
On1 peut donner plufieurs raifons pourquoi des
imitations ou des fuites des pièces originales en ap*
prochent fi rarement pour la beauté. En premier
lieu , les écrivains' d’un génie fupérieur dédaignent
, d’être copiftes ; comme ils trouvent en eux un riche
fonds d’invention , ils ne cherchent point à emprunter
des autres. Secondement, un auteur qui travaillé
dans un goût nouveau eft fi plein de fon idée , il la
Combine fans ceffe de tant de maniérés, qu’il l’en-
vifagé fous toutes les faces où elle peùt paroître avec
avantage;
Les effais qu’on a fait pour traduire Hiidibras eri
latin , ou en d’autres langues, n’ont point eu de fuc-
cès ; 6c l’on ne doit pas le flatter que ce poëme réuf-
fiffe dans une trâdu&ion , parce que le fujet 6c les
diverfes parties qui y èntrent font burlefques , né
regardent qùë l’Angleterre dans un petit point de
fon hiftoire, & n’ont du rapport qu’à fes coutumes.
On raconte dans ce poëme (q u i tourné en ridicule
la guerre civile) une fuite de petites aventures pout
fie moquer des têtes rondes qui faifoient cette guerre.
Or tout cela n’a point de grâce dans' une langue
étrangère.
Il manque un commentaire complet fur ce poëme,
dont quantité d’endroits perdent de lehr beauté , dé
leur force & de leurfeu faute d’être bien entendus
aujourd’hui par les Anglois mêmes. On pôurroït
■ joindre à ce commentaire des obfervations fur l’économie
, la conduite , les comparâifons 6c le ftylè
de ce poëme , ce commentaire donneroit au plus
grand nombre de lefteurs une connoiffance plus juftè
des beautés qui s’y trouvent. Je Vôûdrois aufli qu’on
en remarquât les défauts , car l’auteur d’Hudibras a
trop fouvent affe&é d’employer des images baffes,
• 6c les expreflions les plus triviales pour relever le
ridicule des objets qu’il dépeint. Il reffemble fouvent
à nos bateleurs, qui croient donner de l’efprit à leurs
bouffons par les haillons dont ils les couvrent. La
bonne piaifantérie confifte dans la penfée , & naît
de la repréfentation des images dans des circonftan-
ces grotefques.
Butler a pris l’idée de fon Hudibras de l'admirable
don Quixote de Cervantes mais à tous lés autres
égards , il eft parfaitement original par le b u t , les
fentimens 6c le tour. Voici quel a été fon but. Comme
le tems oii l’auteur vivoit étoit fameux par lé
zele affeété qui reghoit pour la religion 6c la liberté,
zele qui avoit bouleverfé les lois 6c la religion d’Angleterre
en introduifant l’anarchie 6c la confufion,
il ri’y avoit rien de plus avantageux dans cette conjoncture
aux yeux de tous les royaliftes, que d’arracher
le mafque à ceux qui s’ en étoiènt fervi pour
fe déguifer, 6c de.lés peindre des couleurs les plus
ridicules ; c’eft ce qui fait qu’il ne les cenfure pas
d’un ton férieux , mais toujours en plaifantant pour
mieux frapper au but qu’il fe propofe.
Dans cette v u e , le poëte fuppofe que les maximes
prefque impraticables des puritains fur la rigide
âdminiftration de la juftiee ont tourné la cervelle à
fon chevalier, de la même maniéré que la lefture
des livres de chevalerie avoit dérangé l’efprit de
don Quixote. Le chevalier d’Hudibras fe met donc
en campagne pour rétablir chacun dans fes droits ;
6c il étend même fa protection à dès ours qu’on mené
à la foire , non pour leur profit, mais pour celui de
leurs conducteurs , fuppofant que ces animaux ont
été privés arbitrairement de leur liberté naturelle,
fans qu’on leur ait fait leur procès dans les formes
6c par-devant leurs pairs. Comme tout le poëme
eft fur le ton plaifant, les différentes aventures dit
pieux chevalier 6c de fon ridicule écuyer font dans
le même goût , 6c finiffent toujours plaifamment.
L ’économie 6c le tour du poëme dans fon tout ont
quelque chofe de fi n eu f, qu’on y a donné le ftom
de goût hudibrafiique. Les uns l’appellent poème bur- 1
lefque, les autres héroï-comique, 6c d’autres épi-comique
; mais ce dernier nom ne lui convient ni pour
la mefure du vers , ni pour la maniéré brufque
de finir par les deux lettres du chevalier 6c de la
veuve. '■
Quoi qu’il, en fo it , le poëme Hudibras a été fouvent
cité 6c loué par les plus illuftres écrivains de
fon fiecle 6c du nôtre , par le comte de Rochefter,
P rior, Dryden, Addiffon, &c. Le héros de ce poëme
eft un faint don Quixotte de la feûe des Puritains,
& le redreffeur de tous, les torts imaginaires qu’on
fait à fa Dulcinée ; il ne lui manque ni roflinante, ni
aventures burlefques, ni même un Sancho ; mais l’é-
<cuyer anglois eft tailleur de métier, tartuffe de naif-
fance, & fi grand théologien dogmatique , q u e , dit
le poëte,
Myfieres favoit démêler
Tout comme aiguilles enfiler.
On a fur-tout loué dans Hudibras les parodies du
merveilleux (Machinery)poétique; telle eftentr’au-
tres fa description de la renommée, dont on fentira
encore mieux le plaifant, fi l’on veut la comparer
avec la defcription férieufe de la renommée par Virgile.
II ne fe peut rien de plus bifarre que la fmire
& l’habillement de la renommée dans Hudibras*: fes
deux trompettes 6c les avis qu’elle vient donner font
d’un excellent comique.
Il eft vrai que la verfification du poëte n’ eft pas
Jiarmonieufe, 6c qu’ elle doit déplaire à ceux qui n’aiment
que des vers nombreux 6c coulans ; ceux au
contraire qui ne s’arrêtent qu’aux chofes & aux idées,
prendront un grand plaifir à la leClure d’Hudibras.
Ce plaifir, dit un anglois, peut être comparé à celui
que fait une jolie chanfon, accompagnée d’un excellent
violon ; au-lieu que le plaifir qu’on éprouve
à la lefture d’un poëme épique férieux eft femblable
à celui que produit le Te Deum de M. Handel lorf-
qtfiil touche lui-même l’orgue, 6c qu’il eft accompagné
des plus belles voix & des plus beaux inftru-
mens.
Hudibras eft l’idole du parti de la haute-églife
dont il e ft, pour ainfi dire ^ le bréviaire, tandis que
le gros des non-conformiftes regardent ce poëme
comme une piece fort odieufe. M. Fenton, dans fa
belle épître àM. Southerne, faifant allufion au tems
qui fait le fujet $ Hudibras, fuppofe plaifamment que
lorfque les théâtres furent fermés, la comédie prit
un autre habit 6c parut ailleurs , les conventicules
luifervant de théâtres. La réforme qui fuivit la mort
du roi Charles I. ayant été aufli rigide qu’elle le fut,
il etoit naturel à un poëte d’un elprit aufli enjoué que
M. Fenton, d’en railler ; mais c’eft ce qu’il fait avec
noblefle.
Ce tems, dit-il dans le langage des dieux, fut fui-
vi d’un autre plus abominable encore, fouillé du
fang d’un grand monarque : la tragédie n’eût pas
plutôt vu fa chûte , qu’ elle s’enfuit, 6c céda fa place
aux miniftres de la juftiee. La comédie, fa feeur,
continua toujours fes fondions, 6c ne fit que changer
d’habillement. Elle commença par compofer fon
Vifage, & apprit à faire pafler des grimaces pour des
«gnes de régénération. Elle fe coupa les cheveux, &
prit un ton tel que celui d’un tambour de bafque
ou d’un bourdon. Elle inftruifit fes yeux à ne s’ou-
vrir qu’à demi, ou à s’enfuir en-haut. Bannie du théa-
tre , elle prit gravement une robe, 6c fe mit à babiij
i ’ un te x te..........Mais lorfque par un miracle
«e la bonté divine l’infortuné Charles remonta fur
le trône de fon pere , lorfque la paix 6c l’abondance
revinrent dans nos contrées , elle arracha d’abord
r ° n bonnet de fatin 6c fon collet, 6c pria Wvcherlev
Tome X V I I . 1 J
de foutemr fes intérêts, & de faire paroître hardi**
ment de l’efprit 6C du bon fens ;Etheridge & Sidley
fe joignirent à lui pour prendre fa défenle, ils méritèrent
tous, 6c reçurent des applaudiffemens. (L e
chevalier D E J A U CO U R T . ) V
yféO RD T , ( Géog. mod. ) petite ville , Ou plutôt
hourg de France, dans la baffe-Allacc , & qui appartient
au comte de Hanau Lieétenberg. Cette ville
paffoit autrefois pour la capitale du pays de Wafgaw,
aux confins duquel elle eft fituée, fur la riviere Saur.
L ’empereur Louis IV. accorda à cette ville l’an 13 3 0
quelques privilèges 6c immunités. (D . 7.)
WORINGEN , ( Geog. mod. ) petite ville d’Allemagne,
dans l’élettorat de Cologne, fur la rive gauche
du Rhein, à trois lieues de Cologne. Il s’y livra
en 1 19 7 une grande bataille, entre les troupes de l’é-
lefteur 6c celles de la ville de Cologne, pour favoir
à qui des deux partis fefteroient les clés de Worin-
gtn , qu’on y avoit portées fur un chariot ; la vi&oi-
re décida pour la ville de Cologne. Long. 24> 4G.
Lat. 5 o. 48.
VO R K .SO P , (Géog. mod.') bourg à marché d’ Angleterre
, dans la province de Nottingham, fur le
bord de l’Idle. Le terroir de Ce bourg eft fertile en
régliffe, qui eft la meilleure du royaume de la grande
Bretagne.
"WORKUM ou WORCUM, (Géog. tnôd.) anciennement
Voùdriken, petite ville des Pays B a s, dans la
Hollande méridionale, fur la rive gauche de la Meit-
ch e , au confluent du Vahal, à 5 lieues aii-deflits de
Dort. Elle eft entourée de- bonnes murailles, & dé*
fendue par quatre baftions. L'air qu’on y rèfpire eft
meilleur que dans le refte de la Hollande, 6c les eàux
y font plus faines. Philippe de Montmorency, comte
| | Horn, à qui cette ville appartenoit, ayant été
décapité à-Bruxelles en 1568 , fans laiffer de porté*
rite,la veuve vendit Workurn aux états généraux pour
mille florins. Long. 1 2 . S y. lat* *>2.48. (D . J .)
ORKUM ou y y ORCUM , (Géog. mod.) ville des
Pays-Bas, dans la Frife , au comté de Wefter^o, fur
le Zuyderzée, à 4 lieues de Harlingen j avec un petit
p ort, dont les habitans fe fervent pour faire quelque
commerce. Le territoire de cette ville eft allez
fertile , parce qu’il eft arrofé du V lie t, & coupé de
plufieurs canaux. Long. 2 3 . y . lat. j j ,
Tiara (Petréius) philologue du feizeme fiecle, naquit
à Workum, en Frife , l’an 1 5 1 6 , 6c mourut en
1588. Il a traduit du grec en latin divers m orceaux,
comme Platonis Sophifla, Euripidis Medea , Pytha-
gorte , Phocylidis , & Theognidis Jerttentiez , 6C C .
Bos ( Lambert) littérateur célébré , eft aufîî né à
IVorcum, en Frife, en 16 7 0 , 6c mourut profefleur à
Francker en 1 7 1 7 , après avoir donné plufieurs où-,
vrages qui lui ont fait beaucoup d’honneur ; voici
les principaux: I. exercitationts philologicoe, in quïbus
novifixderis nonnulla loca è prof,unis maximè duclori-
bus gnecis, illufirantur, Francker 1 7 1 3 , in-8 °. c ’eft
un excellent livre en fon genre. II. Myfierii Ellipfios
grcech jpecimen , Francker î j o i f in - 12 . ILs’eft fait
plufieurs éditions de ce liv re , qui eft d’un grand ufa-
ge pour l’étude de la langue grecque. III. Antcfiiitaiurh
gracarum, præcipuè atticarum brevis defcripêio, Francker
17 1 3 , in - 12. IV. Animadverjiones adficnpiofes
quofdam groecos & latinos, Francker 1 7 1 5 , in- S^i Cet
ouvrage Concerne principalement la partie de la cri-
! tique qui regarde la corrë&ion des auteurs ancîensi
M. Bos s’y eft conduit av;eC beaucoup de retenue 6c
ne décide que fur des chofes bien claires. Il explique,
il corrige , 6c il défend divers partages de Céfar 6c
d ’Horace , avec la modération convenable. V. Il
donna en 1709 une nouvelle édition de la vèrfion des
feptantes, in-40. &cette édition accompagnée dé prolégomènes,
eft fort belle, tant pour le papier, que
pour les cara&eres ; mai$ il feroità-defirer que l’au-
M M m m ij