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.avec des couleurs fi v iv e s , ■ qu’on Cent, en le Iifàiït,
que c’ eft: le coeur qui parle chez lui. On trouve
peu d’auteurs qui lui foieiit comparables pour la gravité
Surélévation du f ty le , k force & la clarté de
la diftion, la beauté 6c la majefté de l’expreffion,
& pour cette noble négligence des périodes, qui
fait que les termes conviennent toujours au fujet,
uvec une propriété que l’ art & l’étude ne peuvent
donner. Il plaît dans le tems même qu’on le défap-
prouve.
Cet illuftre écrivain eft plus partial en apparence
qu’ en réalité , 6c fa partialité a moins lieu dans l’ex-
pofition des faits, que dans la peinture des eara&e-
res. Il étoit trop honnête homme pour altérer les
premiers, 6c fans qu’il s’en apperçût lui-même, fes
affeâions pouvoient aifément lui déguifer les féconds.
Un air de bonté 6c de probité régné dans le
cours de l’ouvrage ; 6c ces deux qualités embellirent
êffe&ivement la vie de ce feigneur.
Jiaw legh , ou Ralegh (W a lte r) , neveu de l’immortel
Walter Rawlegh, dignes l’un 6c l’autre d’une
meilleure fortune que celle qu’ils ont éprouvée. W alter
Rawlegh le neveu, naquit en 1586 à Downton
en Wiltshir.e , 6c fe deftina à la théologie. Il devint
chapelain ordinaire du roi Charles I. dofteur en
théologie en 16 3 6 , & doyen de Wells en 16 4 1 .
Au commencement des-guerres civiles ,fon attachement
au roi le fît arrêter dans fa propre niaifon,
dont on fit une prifon, & il y fut fi mortellement
blefle par fon geôlier, quHl mourut bientôt après
de fa bleflure, en 1646. Ceux de fes papiers qu’on
'put fauver, ont demeuré plus de trente ans enfevelis
dans l’ ou b li, jufqu’à ce qu’étant tombés entre les
mains du do&eur Simon Patrick, dans la fuite évêque
d’E l i , il les publia à Londres en 1679 in-40.
■ fous-le titre de R&lïquioe Raleighiants, ou difeours 6c
fermons fur différensfujets, par le dofteur R alegh,
avec un court détail de la vie de Fauteur.
Potter ( François ) , théologien, naquit en 1594 ,
& mourut aveugle en 16 78, âgé de 84ans. Il publia
à Oxford en 1642 in-40. un traité plein de folles
& favantes recherches , intitulé explication du nom-
bre 6 6 6 . oii l’on démontre que ce nombre eft un
parfait portrait des traits du gouvernement de R o me
, 6c de tout le corps du royaume de l’Ante-
chrift, avec une réponfe folide à toutes les objections
imaginables. Ce traité bizarre a été traduit en
, françois, en flamand & en latin.
Il établit dans cet ouvrage, i ° . que le myftere
du nombre 666, doit confifter dans fa racine quar-
rée qui eft 2 5 , comme le myftere du nombre de
1 4 4 , qui eft le nombre oppofé à celui de 6 6 6 ,
confifte dans la racine quarrée qui eft 12 . 20. Que
le premier nombre des cardinaux & des prêtres de
paroiffes à Rome, a été fixé à 25 , <& que le premier
nombre d’églifes paroiffiales a été de même de 25.
que le fymbole romain confifte en 25 articles, comme
celui des apôtres en 12 . 30. Il donne enfuite un
court expofé de quelques autres circonftances, où
le nombre 25 s’applique, dit-il, d’une maniéré frappante
à la ville 6c à l’églife de R ome , & même à
l’églife de S. Pierre à Rome. 40. Que le nombre de
25 eft une devife fymbolique affe&ée aux papiftes,
comme il paroît par la mefle des cinq playes de J. C.
répétée cinq fois, par leurs jubilés fixés à 25 ans,
i& a u 25 de chaque mois , 6cc. Un miniftre anglois
fît une grande difficulté à l’auteur; il lui foutint que
25 'n’eft point la véritable, mais la-prochaine racine
<leo666.
M. Potter auroit pu mieux employer fon tems,
car il avoit beaucoup de génie pour les méchaniques,
& il inventa diverles machines hydrauliques, qui
furent trè s- approuvées par la fociété royale. Sa
mémoire fe confer ve encore au college de la Tri-
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nité d’Oxford, par un cadran folaire de fa façon '
qui eft au côté feptentrional du vieux quarré.
Ludlow ( Edmond ) fort connu par fes Mémoires,
fe déclara de bonne heure contre le roi Charles I. &
fut un des jugés de ce monarque. Après la mort de
ee prince , le parlement l’ènvoya en Irlande, en
qualité de lieutenant général de la cavalerie. Dès
que Cromwel eut fini fes jours, Ludlov fit tous fes
efforts pour rétablir la république ; mais Charles II.
ayant été rappelle, il prit le parti de fe retirer à Ve-
v a y , où il mourut; c’eft dans fa retraite qu’il écrivit
fes mémoires imprimés à V e v a y en 1698 6c 1699,
en trois tomes in -8°. Ils ont été traduits en françois,
6c ils ont paru à Amfterdam dans la même année.
Willis ( Thomas ) célébré médecin, naquit en
1 6 2 1 , fut un des premiers membres de la fociété
roy a le , 6c rendit fon nom illuftre par fes écrits. Il
s’acquit une grande réputation par fa pratique, dont
il confacroit une partie du profit à des ufages de
charité ; il y employoit tout ce qu’il gagnoit le dimanche,
& c’étoit le jour de la femaine qui lui pro-
curoit le plus d’argent. Il mourut en 16 7 5 , âgé de
54 ans.
Tous les ouvrages latins du dofteur W illis, ont
été mal imprimés à Geneve en 1676 in -4 0. 6c très-
bien à Amfterdam en 1682 in-40. Le meilleur des
écrits de ce médecin, eft fon anatomie du cerveau,
ctrebri anatome, Londres 166 4 in-8°. Willis à décrit
dans cet ouvrage, la fubftance médullaire dans toutes
1 fes infertions, ainfi. que l’origine des nerfs, dont il a
fuivi curieufement les ramifications dans toutes les
parties du ■ corps. Par-là il eft p rouv é, non-feulement
que le cerveau eft la fource & le principe de toutes
les fenfations 6c de tout mouvement ; mais on voit
par le cours des nerfs, de quelle , maniéré chaque
partie du corps confpire avec telle ou telle autre, à
produire tel ou tel mouvement ; il paroît encore
que là où plufieurs parties fe joignent pour opérer
le même mouvement, ce mouvement eft caüfé par
les nerfs qui entrent dans ces différentes parties, &
qui »giflent de concert. Enfin quoique Vieuffens &
du V erney aient, à divers égards , corrigé l’anatomie
des nerfs de W illis, ils'ent néanmoins confirmé
fon hypothèfe, en la reâifiant.
Scott ( Je a n ) théologien, naquit vers l’an 1638,
6c fut nommé chanoine de Windfor en 16 9 1 ; après
la révolution, 'il refufa l’évêché de Chefter, parce
qu’il ne croyoit pas pouvoir prêter les fermens requis.
Il mourut en 1695. Ses fermons & difeours
de morale ont été imprimés en cinq volumes in-8®.
dont i l s ’eft fait plufieurs éditions. On a réuni ces
cinq volumes èn un feul in-fol. imprimé à Londres
en 1729. Son traité de la vie chrétienne a été traduit
en françois, Amfterdam 1699.
Norris (Jean ) , favant & laborieux écrivain, naquit
en 16 5 7 , & entra dans les ordres facrés en
1684. Nous ignorons le tems précis de fa mort. Il a
beaucoup écrit fur des matières de religion & de
métaphyfique. On lit dans les oeuvres.pofthumes de
L o c k , que M. Norris embràfla l’opinion du P. Mal-
lebranche, que nous voyons tout en Dieu, & il défendit
ce fentiment avec toute l’éloquence.polîible. Ses
mélanges ou recueil de poéfies, d’effais, de difeours
6c de lettres, fut imprimé à Oxford 1687 i&8q. La
cinquième édition augmentée par Fauteur, a paru à
Londres en 1 7 10 in-8°.
Hughes ( Jean ) écrivain fpirituel de notre fieclé,
naquit en 167 7. Dès fa première jeunëfle, il mêla
la poëfie, le deffein 6c la mufique à l’étude'des belles
lettres , ayant befoin de s’amufer agréablement,
parce qu’il étoit fort valétudinaire. En i7 i7,My lord
Cowper, grand-chancelier, le nomma fecrétaire pour
les eomnnffionsde paix, place qu’il occupa jufqifa fa
mort ^arrivée à-42-ans , le 1 7 Fév. 1 7 1 9 , °*eine
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tragédie intitulée 1é Siège de Damai fitt
repréfentée pQitr la première fois fur le théâtre de
Drury-Lane, avec un grànd fucçès.
Il eft furprertant que Fauteur ait été en état dé
tompofer une piece auffi remplie d’efprit, dans un
tems où la mort le talonnoit de près, 6c où il étoit
trop foible pour copier lui-même fon ouvrage. On
convient généralement que cette tragédie brille par
fes deferiptions , que la diftion en eft pure , que la
morale en eft belle , que les fentimens y font convenables
aux eàraderes, 6c que l’intrigue y eft conduite
avec fimplicité. On trouve néanmoins qu;e
l’angoiffe de Phocyas dans les IVe 6c V e aftés, n’eft
pas fuffifamment fondée ; car quel eft fon crime ?
Damas eft vivement attaquée par lès Sarrazins-; Il
n’y a point d’efpérànce de fecours» Elle doit donc
en très^-peu .de tems tomber entre leurs mains,. être
-faccagéë, 6c les habitans ne peuvent échapper à
Tefclavagè. Dans une fi dangereufe conjonfture',
Phocyas aide à l’ ennemi de fe rendre maître de cette
place, quelques jours plutôt. Mais fous quelles conditions?
Que tous ceux qui mettront les armes bas
feront épargnés , 6c que chaque habitant aura la liberté
de fe retirer, & d’emmener avec lui une mule
chargée de fes effets ; que les chefs pourront charger
fix mules, & qu’on leur permettra d’avoir des armes
pour fe défendre contre les montagnards, enfortè
que Duran d it, acle V. feene /. « on ne voit point
» ici l’image de la guerre, mais celle du commerce',
» & il femble que les marchands envoient leurs ca-
» ravanes dans les pays voifins ».
Il n’y a rien en tout cela qu’un homme de bien
,ti’ait pu faire pour fa patrie. Si Phocyas, ditfon, èft
•coupable, fon crime confifte uniquement en ce qu’il
a fait par le fentiment de fes propres maux , & pour
garantir l’objet de fon amour de la violence ou de là
.'mort, kë qu’il auroit pu faire par de plus louables
'motifs. Mais il ne paroît pas que cela foit fuffifant
pour autorifer les cruels reproches qu’il fe fait à lui-
même , & la dureté qu’Eudbcie lui témoigne. Il auroit
été beaucoup plus raifonnable* vu la fragilité humaine
6c la grandeur des'tentations auxquelles il
étoit expofé, qu’il fe fût enfin laiffé gagner à embraf-
fer le mahométifme ; alors fes remords aurbient été
naturels ; fort châtiment jufte , 6c le càraétere d’Eu-
-docie expofé dans un plus beàu jour.
Cette obferVation des connoifleùrs paroît d’autant
plus vraie , que M. Hughes avoit fuivi d’abord le
-plan qu’on vient de voir. Mais quand on offrit fa pièce
aux direfteurs du théâtre de Drury-lene en 17 18 ,
ils refuferent de la repréfenter, à-moins que le poète
ne changeât le cara&ere de Phocyas, prétendant qu’il
ne pouvoit être un héros, s’il changeoit jdè religion,
& que les fpeâateurs ne pourroient fouffrir fa vue
•apres fon apoftafie , quels que fuffent fes remords,
& quelque vive qu’on peignît fa repentance. Il femble
pourtant qu’il paroîtroit plus digne de pitié que
-d’exécration , lorfque dansl’angoifie de fon amé, il
fe laifferoit enfin perfuader, quoiqu’avec répugnance
& avec horreur, à baifer l’alcoran. Mais Fauteur
qui étoit dans un état de langueur, craignit que fes
parens ne perdiffent le profit que cette piece pourront
leur rapporter, 6c confentit à changer le caractère
de Phocyas.
Il y a dans cette tragédie plufieurs beautés, de détail,
des lituations intéreflantes, des peintures vives
& des morceaux touchans. Les réflexions quePho-
Cyas fait fur la m ort, lorfque Khaled l’en a menacé ,
font fortes. « Qu’es-tu, ( dit Phocyas en parlant de
» la mort ) , objet redouté 6c myftérieux de la plus
*> grande terreur ? Les routes pour te trouver font
♦> connues ; les maladies, la faim , l’épée, le feu ,
» tout, en un m ot, tient nuit& jour les portes our
*> vertes pour aller à toi. Arri ve-t-on au terme, dans
f I M 62-1,
moment-meme.on meft plus ènetàt.dV fonger»
» L’inftant eft paflei O fi ce font les déîfeftes , les
» agitations , les angoiffes qu’il faut appréhender
» quand l’ame fe fépare du corps,, .je connoîs fout
» cela, j’en ai déjà fait l’épreitve, & je n’ai plus rien
» à craindre ». Enfuite au moment qu’il tire là fléché
qui lui avoit percé la poitrine, 6C qu’il mevirt, « tout
» eft-fait., s’écrie-t-il a E uap e ie .. . « c’étoitla der-
» niëre.angoifle » i enfin j ’ai renonce.^ tôt. , 6c le
». monde ne m’eft plus rien .»>.
Tous les. écrits deM. Hughes font foftrgpûtps ; ih
confiftent en poéfie sp iè ce s de théâtre, tràdviftions
& ouvrages en profe. Il a,v o î t t r a du i t u ne; pa r.fi e. d e
Lucain, lorfque M. Rowè publia to.uti’oUvr.age.,SPh
ode au créateur de l’univers paffe pour, une <fes plus
belles qu'il y ait en anglois. Toutes les poéfiesj de cet
auteur ont été publiées à Londres en 17.3.9,, en ^eux
volumes in / 2. Il y a de fa main quantité,denjorceauX
dans léfpeelateur, ainfi que dans le, tatlfr-, ehtr’aù-
tres, les paraéleres de Léonard de. Vinci, de B,âèoh 9
de Boyle 6c du chevalier Newton. On lui attribut
l’ouvrage intitulé The lay-mûnaflery, fuite du fpeelateur,
dont la fécondé édition parut à Londres en
1 7 1 4 , in-12. Enfin on doit à M. Hughes, l’éditipn la
plus exafte qu’on ait des, oeuvres d'Egmond Spencer,
Londres 1 7 , en fix vol. in -12 . Ôn a plis un abrégé
de fa vie & de fès écrits à la tête du premier, volu*
m*e de fes Potms on feverul occajiôns London 17 3 5 ,
in-) 2.
Ajoutons qu’un des grands amis de M. Hughes, 6C
l’un des meilleurs écrivains d’Ângleterj-è , M. Àddif-
fon, étoit compatriote de ce bel efpçit. Il naquit à
Wilton, autrefois capitale du WiUshire, 6c c’eft-là
que nous avons donné fon article.
Mais l’Àngleterre n’a pas eu dans le xvij. fieclé
d’auteur plus célébré que Hobbes, dont on a parlé à
l’article Ho b b isa îe . On fait qu’il naquit à Malmesbû-
ry en Wiltshire , 6c qu’il mourut en .1679 , » 91 (ans.
Ge.t.écrivain fameux eft aujourd’hui fort négligé ,
« parce qu’un fyftème phyfiq'ue ou métaphyfique ,
» dit M. Humes , doit ordinairement fon ÏUjCcès à la
» nouveauté, & n’eft pas plutôt approfondi , qu’on
» découvre fa fôibleffe. La politique de Hobbes n’eft:
» propre qu’à favorifer la tyrannie, & fa morale qu’à
» nourrir la licence. Q'uoiqu’ennemi de toute rel;-
» gion , il n’a rien de l’efprit du fcepticifme ; il eft
» auffi déçifif que fi la railon humaine, 6c la fienne
» en particulier, pouvoient atteindre à la parfaite
» conviftion. La propriété des termes 6c la clàrté du
» ftyle font le principal mérite de fes écrits. Dans
» fon caraâere perfonnel, on le repréfente comme
♦> un homme vertueux : ce qui n’a rien d’étonnant,
» maigre le libertinage de fes principes moraux. Le
» plus grand défaut qu’on lui reproche, eft une e x-
» eeffive timidité ; il parvint à la derniere vieillefle
» fans avoir jamais pu fe réconcilier avec l’idée de
» là mort. La hardieffe de fes opinions 6c de fes ma-
» ximes forme un contrafte très-remarquable avec
» cette partie de fon caraûere ». ( Le chevalier DE
J a u c o u r t . )
WIMBURMlHSTER. ou WINBURMINSTER ;
( 'Géog. niodé) gros bourg d’Angleterre, dans Dor-
lètshire , fur le bord de la Stôure. Ce bourg s’eft élevé
fur les ruines d’une place ancienne nommée Vin-
dugladia ou Vindogladia : ce qui en langue galloife ,
fignifie entre deux rivières, parce qu’ëlle étoit entre
les rivières de la Stoure 6c de l’Âlen, qui vient du
nord y apporter fes eaux. Les Saxons l’appellerent
Winburnham ou Wimburminfier, à caufe d’un ancien
monaftere qui y fut fondé en 7 1 3 , par la princeffe
Cuthburgue, O n y voit un college pour 1 inftruftion
de la jeunefiè , fondé par la princeffe Marguerite,
comteffe de'Richmond , mere du roi Henri VIL On
y voit auffi une affez belle églife, avec un clocher