
bon excellent; après celui d’Angleterre j celui d’Auvergne
paffe pour le meilleur, que l’on mêle quelquefois
avec celui de Saint-Etienne.
Le bon charbon de terre eft celui qui eft compofé
de peu de foufre ; on le connoît lorfqu’il fait peu de
mâchefer ( ƒ ) & de crafle, qu’il chauffe le fer facilement
& promptement, & lorfqu’il dure long-tems à
la forge.
Il fe trouve une infinité d’endroits où le charbon
de terre devenant très-cher, à caufe de la difficulté
du tranfport ; on eft obligé d’avoir recours à celui de
b o is, qui fouvent ne peut fuffire feul pour de certains
ouvrages ; comme , par exemple, lorfqu’il s’agit
de fouder de l’acier, du fer aigre, rouverain, ou
autre difficile à fouder ; il eft néceflaire qu’ils foient
chauffés vivement, ce que le charbon de bois feul
n’eft pas en état de faire.
Pour bien chauffer le fer , il faut fe fervir de bon
charbon, avoir foin que le feu foit toujours égal, jet-
ter de tems en tems de l’eau defliis pour l’animer,
retirer aufli de tems en tems de côté le mâchefer qui
fe forme dans le fond de la forge & qui empêche le
fer de chauffer, & non pas en découvrant le feu,
comme font mal-à-propos quelques-uns, ce qui en
diminue beaucoup la chaleur ; d’ailleurs ce mâchefer
retiré de côté & déjà enflammé contribue à la
chaleur du fer , & tient lieu d’un pareil volume de
charbon, ce qui fait une économie.
On peut connoître quand \le fer eft chaud en dé^-
couvrant un peu le fe u , ou le retirant un peu dehors
; on peut encore s’en appercevoir lorfque la
flamme eft blanche, & mélangée plus ou moins d’étincelles
brillantes à proportion de fon degré de chaleur.
De la maniéré de forger le fer. Lorfqu’on met le fe r
au feu pour la première fo is , il eft abfolument né-
ceffaire de lui donner une chaude (g)fuante , c’eft-
à-dire le chauffer jufqu’à ce qu’ il prenne une couleur
blanche & fuante, afin qu’en le frappant il puiffe fe
fouder & corroyer bien enfemble ; enfuite pour.finir
l’ouvrage , il eft fuffifant de le chauffer, jufqu’à -ce
qu’il foit rouge ou blanc, félon les différentes fortes
d’ouvrages ; & lorfque l’ouvrage eft fin i, on le recuit
, c’eft-à-dire qu’on le chauffe d’une couleur de
cerife ( h ) , ou avant qu’i l prenne des écailles qui
ordinairement en ouvrent les pores, le rendent craf-
feux & difficile à limer lorfqu’il eft froid ; on le laiffe
enfuite refroidir fans le frapper.
Il y a tant de maniérés de forger le fer pour les
différentes efpeces d’ouvrages , qu’il n’eft pas pref-
que pofîible de les déterminer, l’ufage & l’expérience
en font feuls plus que l’on n’en peut dire. Il
eft vrai que le fer étant chaud , devient prefqu’aufli
maniable que la cire & l e plomb froid ; aufli quelques
uns ont-ils cru en favoir affez en le tenant d’une
main, pofé fur l’ enclume , fig. 4. PL X X V I . & le
frappant de l’autre à coups de marteau. Tous deux
qui l’ont .éprouvé fans connôiffance fe font trompés,
& n’ont pas même manqué de fe bleffer, foit en fe
donnant des contre-coups, foit en le faifant fauter
.en l’air en le frappant à faux , c’eft-à-dire lorfqu’il
ne portoit pas fur l’enclume dans l’endroit qu’ils
frappoient ; ce qui fait alors l’effet du bâtonnet, ef-
pece de petit bâton court & pointu par chaque bout
qui fert de jeu aux enfgns. I
Enfin déterminer exa&emerit la maniéré de forger
le fe r , c’eft ce qu’il n’eft pas poflible de fa ire , y
en ayant autant de forte qu’il y a d’efpece d’ouvrage.
On dira bien qu’on le frappe defliis & deffous, qu’on
le tourne & retourne à propos, mais tout cela & tout
( ƒ ) Mâchefer eft une efpece de pierre dure, formée des
' crafies du charbon ufé. '*
(g) Suante , c’eft-à-dire que. le fer femble en effet fuer.
CA) Couleur de cerife eft la couleur qui imite ce fruit. - -
ce qu’on pourroit y ajouter, ne fauroit inftruire fans
la pratique.
Des ouvrages de ferrurerie. Les ouvrages fe font fi
fort multipliés dans la ferrurerie depuis quelques fie-
cles, qu’il n’en eft prefque point maintenant que les
ouvriers un peu intelligens ne puiffent faire oc leur
donner la forme qu’ils jugent à propos. Quelques
hommes ingénieux , fur-tout de ces derniers tems ,
fe font fignales dans plufieurs de leurs ouvrages, &c
nous ont fait voir la fupériorité de leur génie ; les
uns en perfectionnant les ouvrages des anciens , les
autres par l’art avec lequel ils ont travaillé le fer , lé5
brillant qu’ils lui ont donné, le goût des ornemens
qu’ils ont eux-mêmes choifis &c inventés , & dont
ils l’ont enrichi, ont procuré à l’oeil de quoi fe fatif-
faire plus qu’il n’avoit fait jufqu’alors , & nous ont
donné par-là des preuves de leur imagination ; d’autre
s, fecourus par la néceflité , en ont inventé de
nouveàux très-ingénieux, foit pour l’accélération
des manoeuvres ou autres femblables opérations ;
d’autres-encore de concert avec ceux qui ont fubfti-
tué les voûtes aux planchers dans les bâtimens pour
en bannir le bois, caufe trop ordinaire & pernicieufe
des incendies , ont imité avec le fer les1 lambris de
menuiferie, les différens ‘profils des chambranles &c
des cadres décorés ou non de fculpture au point
que l’on pourroit maintenant faire des bibliothèques
, portes à placard, d’armoires & parement Ample
& double , & autres lambris en fe r , plus pefans
à la vé rité , mais imitant parfaitement la menuiferie
& la fculpture en bois : on les divife tous' en deux
efpeces , les brutes & les limés.
Des ouvrages bruts. On appelle communément
ouvrages- brutes, ceux qui n’ayant befoin d’aucune
propreté pour être placés dans l’intérieur des murs
des combles, ou pour être èxpôfés aux injures de
l’a ir , font travaillés feulement à la forge : on les divife
en deux fortes ; la première appellée fers débâti-
mens, eft compofée de fers qui fervent, dans l’a con-
ftruftion des bâtimens, à unir & entretenir énfem-
ble les murs, cloifons; voûtes, tuyaux de ‘cheminée
, la charpente des 'Combles,- la menuiferie,& c .
là fécondé appellée Communément grands ouvrages
ou de compdrtimèris') eft c-dm-pofée d’ouvrages qui re-
préfentent -des compartiments- de deflein de différens
goûts , décorés plus ou moins d’ornemeris-, félon la
richeffe & l ’importance des lieux où ils font placés:
Des fers de bâtimetitï Lés-fers de bâtiment font de
deux efpeces ; l’une qué l’on-appelle gros fers ou gros
ouvrages, a pour objet les ancres, tirans; chaînes,
boulons,chevêtres, étriers, manteaux de cheminée,
feuils, fantons, grilles de fourneau, de chaîneâu de
gargouille, &C autres armatures de bornes, dé b a rrières
, treillages, fers de foupapes, clés & -armatures
de robinets pour les réfervoirs, berceaux- dé jardins.,
vitreaux, fers dé gouttières, pivots , crapau-
d in s, taules, fléaux, crochets & cramaillées de
porte-cochere, pentures , gonds,: chaînés à puits, &
quantité d’autres de cette efpece, de différentes formes
&c groffeur, félon la pouffée des voûtés ou la
pefanteur des murs qu’ils ont à entretenir ; la plupart
fe font fouvent en fer le plus commun,'à-moin's
qu’ils ne foient fpécifiés par les devis bu marchés
faits entre les propriétaires & les ouvriers ; l’autrë
que l’on appelle légers ouvrages, font lés rapointis ,
clous., chevilles, broches; pattes, crochets, pitons,
v i s , &c..&c autres m,enüs-ouvrages.'‘“ ;|i
Des gros. fers. Du nombre des gros fers , les an-
cre s,fig. 12. & 13 . les tirans, fig ,i4 .\es chaities,fig.
/ J. & fig. 16. P l. I I I . font ordinairement lés plus
chargés, parce qu’ils retiennent I’écartemiërit des
murs de face (i)., & de refend ( k ) i oCcàfionné par
Ci ) Murs de face font les murs extérieurs dés bâtimens.
- - (A) Murs de réfend'font-de gros murs iritéfïétiïs-, 'ôif i’on
' la
la pouffée des voûtes, le poids des planchers, dès
combles, &c. aufli ont-ils pour cela plus befoin que
d’aiitrés de fe trouver fains & fans défauts..
Les aricres & les tiranS ne pouvant être d’aucune
utilité l’un fans l’autre, font inféparables. Une ancre
(fig. i2 . & 13 .) eft une barre de fer quarrée proportionnée
au tiran (fig. 14 .) d’environ trois ou quatre
pies de long fur un pouce ou deux de groffeur, quelquefois
droit (fig. ,2 . ) & quelquefois en effe (fig.
/ j . ) Le tiran (fig. 1 4 . ) eft une barre de fer plat,
d’environ cinq à fix piés de long, repliée fur elle-
memc en A , 8c foudée, formant un oeil cfuarré par
le bout A , dans lequel on fait entrer l’ancre Cûuf-
qu’au milieu ; à l’autre bout eft un talon pour être
entaillé dans l’épaiffeur des poutres qui traverfent
les murs de face, & être attaché aux extrémités avec
des clous de charrette ,fig . y 6. PL. VI.
Les chaînes (fig. / J . Pl. IL & Ko. PL I I I.) font le
même effet que les tirans, à l’exception que les barres,
quelquefois quarrées & quelquefois méplates,
font prifes dans l’épaiffeur des bâtimens, & ont une
mouffle fimple on double par chaque bout ; fi ces
chaînes (fig. /(f. ) paffent quinze ou dix-huit piés,
alors on pratique au milieu une ou deux mouffles
(fig ty. 6’ 13 .) Ces mouffles font compoféès de plu- '
fleurs maniérés ; les unes (fig. ly. ) font compoféès
Amplement de deux crochets pris l’un dans l’autre;
les autres (fig. 18 .& l y . ) font faites en talon par
chaque bout des deux barres pofés l’un fur l’autre &
liés enfemble avec des viroles A A , qui ferrent à
mefure qu’on les chaffe ( / ) ; lorfque l’on juge à propos
de faire ferrer les chaînes en les raccourciffant,
ôn fait paffer entre les deux talons une ferre B , qui
les oblige de s’écarter à mefure qu’on l ’enfonce.
Les harpons (fig. 2 0 .) font des barres de fer méplates
, d’environ trois, quatre, ou cinq piés de lon-
gueur, portant un talon A , à chacune de leurs extrémités
, pour être entaillées dans le bois & attachées
de clous comme le tiran (fig. 14. ) cette piece
fert à unir deux poutres ou pièces de b o is, qui le
plus fouvent fe rencontrent dans l’épaiffeur d’un
mur de refend.
Les barres de languette (fig. 2 1 . & 22 .) font des
barres de fer plat, dont l’une (fig. 2 1 . ) eft fendue
en deux parties par fes extrémités A , dont chaque
morceau B B eft coudé, l’un en-haut & l’autre en-
bas ; l’ufage de cette piece eft de contribuer, avec
plufieurs autres , à entretenir les languettes Qn) des
cheminées en briques. Les boulons font de deux efpeces;
les uns (fig. 2 3 . ) fervent à entretenir les limons
( n ) des efcaliers de charpente ; les autres B
(fig. 2 ^ .) contribuent avec les étriers, ( même fig.)
à entretenir la charpente, comme nous le verrons
dans la fuite ; les premiers (fig. 2 3 . ) font des barres
ou tringles arrondies, d’environ quinze à vingt lignes
de groffeur, fur trois, quatre, cinq, & quelquefois
fix piés de long, félon la largeur des elcaliers,
portant par un bout A une tête quarrée ; l’autre B
eft quelquefois taraudé (o) d’environ fix à fept pouces
de long avec un écrou C , aufli quarré & taraudé
, intérieurement, quelquefois percé d’un trou plat
garni d’une clavette.
Les barres des tremies (fig. 2 4 .) qui fervent à
foutenir le foyer des cheminées dans lefquelles il ne
doit point entrer de bois de peur du feu, font des
barres de fer p lat, d’environ quatre à cinq lignes de
largeur, fix lignes d’épaiffeur, & dont la longueur
adoffe ordinairement lés cheminées, Oc.
(/) Chaffe r , c’eft pouffer le fer à grands coups de marteau.
(m) Languettes, font les murs des cheminées qui les réparent
ou les enferment.
(n) Les limons font ce qui forme le noyau ou milieu de
l’elcalier, fur lequel fontappuyées toutes les marches.
(o) Taraudé ..c’eft-à-dire formant la vis.
Tome X V I L
'différé, lelon la largeur des memes foyers ; ce$ bâr-
res font coudées & recoüdées pàr chacune de leurs
extrémités A , fotitenües en B fur lés plus prochaines
folivesi.
Les étriers (fig. ±5. ) font dés bàrrei de feir plat;-
coudées èn déux endroits A , dont les extrémités
font renforcies & percées d’un gros trou fond, par
lequel paffe uti fort boiilon B 9 a tête ronde par un
bout, & par l’aufre D percées d’un trou plat, garni
d’une clavette double,
Les manteaux de cheminée (fig. 3 G. ) faits pour
foutenir les manteaux des cheminées, font des barres
de fer cparrées dé quinze à viiigt lignes de grofr
feur, coudees en A & en B de la largeur des cheminées
où elles doivent être placées , & les branches
C d’une longueur aufli proportionnée à leur faillie ;
elles font encore fendues & écartées de part & d’autre
par lèur extrémité, qù’on appelle alors fcellement^
(p ) pour être fcellées dans l’intérieiir du miir.
Les armatures de feuils (fig. 2 7 . ) fervent ordinairement
à couvrir les feiiils ( q ) des portes, Sc
principalement des portes coCheres, charretières $
& autres femblables : il eft bon d’obferver que preA
que toutes les portes, grandes & petites, ont des
feuils en pierre, qui,à l’egard de celles où il né paffé
aucune voiture, n’ont pas befoin d’être armes en
fer ; ceux au-contraire des portes où il paffe journellement
des voitures chargées ou non chargées i
ont befoin pour fe conferver d’être armés de f e r ;
& par-conféquent empêcher qiie ces mêmes voitures
ne les écrafent ; les uns font compofés de barres
de fer plat ^ A 9 &c. en plus ou înoins grande quantité
plus ou moins près les unes des autres, coudées
par chaque bout B B , & fcellées en plâtre ou en
plomb dans l’épaiffeur du feuil de pierre ; les autres
font aufli de femblables barres de fer p lat, coudées
par chaque bout j mais entretenues par le milieu
d’entretoifes C C , rivées ( r ) fur chacune des barres.
Les fantons (fig. 2 8 .) ne font autre chofe que
des petites barres de fer coulé d’environ quatre à
cinq lignes de groffeur, de deux à trois piés de long,
recourbées en crochet par chaque bout A , pour
etre acrochées en B (fig. 2 3 . ) on les place ordinairement
en forme de chaîne depuis le haut jufqu’ert
b as, dans l’intérieur des languettes de cheminee en
plâtre, pour les entretenir.
Les fantons des mîtres (fig. 3 0 ,) font des petites
barres de fer coulé femblabie au précédent, d’environ
dix-huit à vingt pouces de long, coudées par
chaque bout, faites pour maintenir le faîte des cheminées,
en forme de mître, dont elles tirent leur nomj
Les grilles de fourneau (fig. 3 1 . & 3 2.) faites pour
foutenir le charbon dans les fourneaux des cuifines,
font de deux efpeces, l’ime quarrée & l’autre circulaire
ou barelongue; chacune d’elles eft compofée
d ’un chaflis A A de fantons, fur lequel font foudées
des traverfes B B de même fer.
Les grilles de gargouilles,/^. 2 3 . placées à l’iffue
des gargouilles , font plus ou moins fortes les unes
que les autres à proportion de leur grandeur ; celle-
ci eft compofée d’une traverfe A dormante ou mouvante
dans fes lacets B , fur laquelle font affemblés à
tenon & martaife plufieurs barreaux à pointe CC.
Les barres de fourneau , / g , 3 4 . faites pour les
retenir & conferver leur arrête fupérieure, font des
barres de fer plat, coudées par chaque bout en A ,
dont les extrémités font fendues à fcellertient pour
être fcellées dans les murs.
Les armatures de borne fe font plus où moins fondement
les unes que les autres ; on revêtit les premières
Amplement d’une barre de fer de cornette;
C p) Scellement eft ce qu’on (celle en effet dans lés niurs.
(?) Seuil eft la première marche des portes.
(0 üivé > c’eft-à-dirè attaché de doux à deux têtes-
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