entre le fonceau & le cul du pot. On paffe 6c repaffe
plufieurs fois les ongles 6c le deffus des doigts fur la
terre , dans la vue d’en approcher les parties , de la
rendre plus com p a re , fur-tout de donner pafla«e
aux particules d’air qui feroient reliées engagées"
dans fa terre, & qui ne pourroient que nuire comme
corps étranger , 6c comme corps fufceptible de dilatation.
Lorfque le cul du pot ell fait dans ï’ épaiffeur convenable
, fi on veut le monter en moule , onpofefur
le fonceau le moule A , PI. V. qui n’ell autre chofe
que des douves de tonneau , reliées en-haut &c en-
bas de deux cercles de fer léger qui les retiennent.
Le moule fe ferme 6c s’ouvre au moyen d’une charnière
, 6c tient fermé par deux clavettes exprimées
dans la figure. On fent très-bien que le moule doit
avoir de dedans en-dedans.la mefure que l’on veut
donner au pot de dehors en-dehors.
Lorfque le moule ell placé , le potier preffe les
bords du cul du pot jufqu’à ce que la terre touche le
moule : c’ell cette opération qui fait l’union du cul
du pot à fa fléché, 6c qui forme le jable ( m). Le potier
prend enfuite de la terre , dont il forme des patons
, il pofe fes patons tout-autour du moule avec
les mêmes précautions que nous avons indiquées en
parlant des conftruétions de' four. Sur cette première
affife , il en pofe une fécondé , 6c ainfi de fuite, jufqu’à
ce Qu’il ait atteint le haut du moule , inllant oii
le pot eft fini. Alors le potier n’ell occupé qu’à l’unir
en-dedans, en ôtant avec le doigt les parties qui débordent
, 6c paflant deflus la main mouillée. L ’ouvrier
doit pour la folidité de fon ouvrage appuyer
de fon mieux fes patons, tant fur ceux d’au-deffous
que contre le moule. La maniéré dont il pofe fes patons
ell encore pour luiunffujet de grande attention ;
il ne doit ,pas les pofer,, tirâtumfuper Jlratum , mais
de maniéré qu’en approchant du moule ils faflent la
lame de couteau. Le paton fupérieur fera la moitié
de l’épaifleur, tandis que l’autre moitié.fera formée,
par le paton inférieur : leur profil fera c b d celui du
paton inférieur, ck abc celui du fupérieur. Il y aura,
ce me femble , plus de liaifon de cette façon que li
l_es pâtbns.ne feiloient que pofer l’un fur l’autre, comme
a b c d yc d e f
L e potier à la main agit comme le potier en moule,
avec la différence que n’ayant rien qui appuie fon
ouvrage , comme le .potier en mOi-deftl. ell obligé
de travailler fa terre un peu plus dure: S’il apperçoit
que la terre foit un peu trop molle;, il la Iàiffe raffermir,
& discontinue fon travail. En commençant un
Pot ? j ^ | ace le fonçeau fur un efcabeau dans la vue
de haufler fon ouvrage & de travailler plus à fon
aife. j ,& i l bailfe l’elcabeau à mefure qu’il éleve fon
pot. ; .
Le potier à la main en pofant fon paton met la
gaucfie en-dedans du pot. Elle lui fert d’un
point .d’appui, au moyen, duquel il ell en état de
ferrer les parties de fon pot, 6c de lui donner autant
de çqnfiftance 6c de denfité qu’un potier en moule.
Les cuvettes font des vafes quarrés : elles font dans
le meme- cas que les pots, on les fait de même en
moule ou a la main. Les moules, à cuvettes ne font
autre chofe que quatre planches quarrées qui s’alfem-
blent à mortaifes , PL.. V. f ig .C , D .
La grandeur ; des cuvettes dépend de la capacité
des pots 6c du nombre, des cuvettes, qu’on veut que
contienne chaque pot. Il feroit aifé de déterminer
géométriquement la capacité des p ots, 6c par-là
meme les dimenlions des cuvettes. Mais li on fuivoit
en cela l’exaûitude géométrique, on feroit en danger
d errer dans pratique. Le verre étant une matière
(m) L e jable ell la jonétion du cul du pot à fa fléché, & la
Heche renferme toutes les paires du pot, depuis le cul juf-
qu a fon bord fupérieur.
vïfqiieufe 6c gluante , il s’en attache autour du pot
en tréjettant,une certaine quantité qui eft. affez long-
tems à couler jufqu’au fond du pot pour faire défaut
dans l’operation. L’expérience nous apprend qu’un
pot tel que nous les avons déjà décrits , contient lix
; cuvettes de feize pouces fur chaque face de dehors
en-dehors, & feulement trois de vingt-fix fur feize:
on voit le moule de la première en C , 6c celui de la
fécondé en D , PI. V.
La manutention pratiquée pour faire des cuvettes
ell la même que pour faire des pots. On forme feulement
les coins de la cuvette qui doivent être des
angles droits, avec une petite équerre de fer qu’on
pafle intérieurement de. bas en-haut. Les cuvettes
n’ont pas befoin d’une aufli grande épailfeur que les
pOtS»-
Les pots 6c les cuvettes en féchant fe détachent
du moule ; 6c lorfqu’ils en font parfaitement détachés
, on démonte le- moule , ce qu’ôn appelle démouler
les pots & les cuvettes. Lorfque la cuvette eft
démoulée, on forme avec de la terre qu’ori y appli-'
que dans fa longueur 6c au milieu de la hauteur deux
feuillures d’environ 1 pouces de large, & lix lignes
de profondeur. On détermine ces deux dimenfions
au moyen d’une réglé qu’ftn pofe au côté de la cuvette
, & autour.de laquelle le potier place fa terre.-
Ces deux couliffes font connues fous le nom de ceintures
des cuvettes , 6c fervent à les prendre avec les
outils que nous décrirons dans la fuite. " 8
On doit avoir le foin de rebattre les pots 6c les'
cuvettes , jufqu’à ce que la terre devienne trop
dure pour céder à l’adion de la batte. On voit en
E , E , E , F , les diverfes fortes de battes dont on fe
fért.
On doit avoir le plus grand loin de procurer aux
pots 6c aux cuvettes un deflechement égal, 6c point
trop précipité : l’humidité contenue dans la terre ne-
pourroit le difliper fi' promptement, fans occalion-
ner des gerçures. Je ne fâche pas d’autre précaution
à prendre pour parvenir à ce b u t,- que de tenir les
pots 6c les cuvettes- dans un lieu affez chaud, pour
éviter la gelée dans les faifons qui pourroient en faire
courir le danger ; affez renfermé pour être à l’abri
des coups de v e n t 6c tel qu’on n’ait pas à y craindre
le hâle de l’été. Lé deflechement eft à la vérité long
dans de tels endroits, mais il y ell prefque lïir:
lorfque les pots & les cuvettes fon bien fecs , on
coupe'extérieurement l’angle que formé la -jon&lon
du fond 6c de la lleche, pour donner pr-ife aux pinces
avec lefquelles on remue quelquefois ces vafes -
ce qu’on appelle chanfreindre les pots &4es cuvettes<
De la recuiffon& l'attrempage des'fours & des creu-
fets. Un four, quelque, forme qu’on lui donne , :nê
fiuiroit être employé fans préparation , 6c cette pré-:
paration confifte.à l ’amener par degrés', pour ainfi
dire, infenfibles au degré de chaleur qu’il-doit fubir
dans fon travail.-Si l’on expofoit tout-à-coup un four
à l’aûion d’un feu violent, cette feule conduite feroit
une raifon fuffifante pour fa deltruclion, l’humidité
renfermée dans l’argille ne manqueroit pas de
faire des ravages d’autant plus confidérables que le
feu feroit plus fort : les parties du four étant expo-
fées trop précipitamment au feu, éclateroient plutôt
que d’obéir à fon a&ion ; 6c par toutes ces raifons,
la folidité en feroit non-feulement expofée, mais indubitablement
anéantie. Cette aélion d’amener le
four, par une chaleur graduée au point où il doit
être, ell ce qu’on appelle attrempage & recuiffon d'un
fou r., i <■
Oü. confond fovivent dansfte langage ordinaire attrempage
&c recüiffon;:)e ne- crois 'cependantpas^KÆr-
tremper 6c recuire foient fynony mes:, 'Il'.mè- femble
qu-attremper exprimé i’bperation de monter peü-à-
-pevi & avec ménagementila chaleur, du forur'/j& que
recuire ell chauffer quelque tems avec le dernier degré
de feu, pour achever de faire prendre au four
la retraite dont il ell fufceptible. Selon ma défini^
tion, la recuiflon feroit la fuite de l’attrempage, l’attrempage
à fon plus haut degré, en un mot, la perfection
& le point définitif de l’attrempage. »
On ne fauroit prudemment expofer un four à l’attrempage
, fans qu’il foit aufli fec que l’air extérieur
peut le fécher à lui feul. Il feroit dans cet état bien
moins fufceptible des ravages de l’humidité, en contenant
beaucoup moins , & celle qui y étoxt s’étant
évaporée fort lentement.
Il ell cependant très-difficile d’avoir un four à ce
degré de féchereffe , parce que vu l’épaiffeur 4e fa
malle, je fuis convaincu qu’un an fuffiroit à peine
pouf le delfécher au point néceffaire à l’attrempage,
encore faudroit-il qu’il fût bâti dans un lieu bien fec,
fur des fondations bien exemptes d’humidité, 6c qu’on
travaillât fous un climat favorable ; car il ell clair que
toutes ces chofes entrent en eortipte dans les condi- j
tions du deflechement d’un four.
On peut deflecher un four artificiellement d’ une
maniéré aufli fure & bien plus prompte, mais on
doit avoir attention de faire long-tems à une dillance
de lui un feu peu v iolent, 6c dont il ne reçoive de
chaleur , pour ainfi dire , que celle de la fumée. On
fent par les dangers qu’on courroit, en faifant trop de
feu, jufqu’à quel point il faut porter le ménagement
6c le fcrupule dans ce deflechement artificiel.
On peut commencer à allumer le feu , dont nous
venons de parler , vis^-à-vis des deux tonnelles un
mois ou lix femaines après fon entière confeélion ,
6c alors un intervalle de trois ou quatre mois fuffit,
depuis la conffruâion finie jufqu’à la fin de la recuif-
fon. On peut compter, fi l’on v eu t, le tems du def-
féchement artificiel dans l’attrempage , 6c alors on
fera environ deux mois à attremper oit recuire. Si
on a voit, à attremper un four bien fec , un attrempage
bien foigné pofirroit durer une douzaine ou
une quinzaine de jours ; fa recuiffon parfaite feroit
l ’affaire de cinq ou lix jours de plus , 6c on auroit
fon four recuit dans les environs de trois femaines.
- Voici comme on s’y prend ordinairement pour
conduire le feu. avec gradation lors de l’attrempage,
en fuppofant le four bien fec. On allume d’abord le
feu à l’entrée de deux autres , & même en-dehors
avec du gros bois. Après l’avoir laiffé long-tems en
cet endroit, pour que le four en ait été autant échauffé
qu’il'e ll poffible..qu’un tel feu l’échauffe à cette
dillance, on l’approche un peu davantage de la tonnelle,
6c pn le laiffe en fa nouvelle place encore un
.certain,tems..On l’approche de nouveau, & ainfi de
fuite , jufqu’à ce qu’il foit fpus la tonnelle , c’ell-à-
dire dans, l’intérieur même du four. On chauffe fous
la tonnelle toute ouverte encore quelque tems avec
.du gros .bois. : après quoi on fait la glaie ; mais on
.chauffe fans mettre le chio par le bas de la glaie, en
le bouchant feulement d’une ferraffe: on met le chio,
6c on chauffe aye,c du petit bois par le tifar. C’ell
alors qu’on fait grand feu 6c qu’on termine la re-
cuiffon.
On niet les plateaux aux ouvfeaux pendant l’attrempage
, Je feu ne devant pas être violent, 6c les
oourans d’air étant conféquemment inutiles ; mais à
la recuiffon, ôn fubîlitue les tuiles aux plateaux.
- ; Lesarchçs;fe recuifent tr,è&rbién, fans ajouter: de
nouveaux foins. On n’a qu’à fermer les arches, laif-
Xer les lunettes débouchées.; & lorfque les- arches
font aufli rôùges qu’elles peuvent le devenir par le
jeu des lunettes , on finit par les chauffer quelque
tems au moyen du bonnard. Enfuite on les refroidit
par gradation en commençant par fupprimèr lé féU
du honnard, margeant la lunette, 6c ouvrant enfin
j le devant des arches.
fou te s les précautions pratiquées îôrs de la re*
c.uiffon d’un fo u r, 6c le tems néceffaire à cette opération
reçoivent neceffairement des modifications
6c des changemens relativement aux efpeces de terre
qu’on emploie aux pays qu’on habite, au climat fous
lequel on vit.
Il ii’eft pas befoin d’ajouter que pour faire un boft
attrempage on doit avoir autant de foin d’empêcher
que le feu pendant l’opération ne tombe, c’eft-à-»
dire ne pafl’e promptement d’un degré de’ feu à un
moindre ; que l’on doit en a vo ir, de ne pas donner
tout-à-çoup un feu trop violent > non-feulement par .
le nfque qu’on courroit fi le four paffoit fubitement
du chaud au froid , mais encore par le danger où
l’on s’expoferoit de nouveau en remontant le feu.
Quelques foins que l’on prenne de ménager l’at-*
trempage, il eft impoflible d’anéantir totalement
if# - ‘ etra^te fies terres , & conféquemment
d éviter tout-à-fait les gerçures ; mais il eft intéref-
fant de réparer ce défaftre le mieux qu’il eft poffi-
ble-: le chanvrage Sc ie coulis font les moyens ufités
en pareil cas. On infinue dans les gerçures, avec la
lame d’un couteau, des filaffes roulées dans l’argiëé»
ce ait on appelle chanvrer. Si les gerçures font peu
profondes , ou dans une pofition telle que le coulis
qu’on y feroit paffer, n’y reliât pas , ou n’y reliât
que très-difficilement , on remplit en entier la gerçure
de filaffe. Si au contraire la gerçure eft telle
qu en en bouchant un cote on pût y retenir du coulis
, on place une filafle dans le lieu par où pourroit
s’échapper le coulis , 6c on remplit tout le vuide
avec un coulis un peu épais. Telles font les gerçures
des fieges. Comme prefque toutes font les, joints des
tuiles qui s’ouvrent plus ou moins, on chanvre le
talud du fiege pour retenir le coulis, 6c on coule
par le deflus du fiege. D ’autres rempliffent les vui-
des des fieges avec du fable pur , après avoir charn
vre le talud : cette maniéré a.des avantages. Le fable
plus cqulant remplit mieux les moindres interfti-
ces .;•& n’ étant pas fufceptible de retraite, la réparation
a moins à craindre de l’açlion du feu. Le leul
danger de cette méthode,feroit que le contaél du
verre qui tomberoit fur les ; fieges , ne. difpofât le
fable;à la fufion ; mais le riique diminue , fi l’on ob-
ferve combien le fable eft infirmé profondément dans
l’intérieur du fiege , & combien il eft enveloppé de
parties >du fiege q u i, . étant argilleufes , lui font un
rempart contre le verre.
Tous'les artiftes conviennent affez généralement
de.la necelfitéde chanvrer, mais ils different beau*
coup furie tems de cette opération. Les uns attrem-
pent leur four & le font rougir, le font enfuite refroidir,
par gradation, en margeant toutes les ouvertures
& le démargeant peu-à-peu, chanvrent 6c procèdent
à rechauffer ce qui eft vraiment un fécond
attrempage. .Voici les raifons fur lefquelles ils fon*
fient leur méthode. Après un grand feu, difent-ils,
la terre a pris à-peu-près toute la retraite dont elle
eft fufceptible, 6c on réparera conféquemment bien
mieux les gerçures, puifqu’elles font toutes déclarées*
keur principe eft v r a i, mais, pour éviter un inconvénient
, ils tombent dans de bien plus confidérables ;
i° . ils courent le rifque de deux attrempages , au-
lieu d’un feul ; 1 ° . ils'perdeht du tems; J^.'què font-
ils^ en échauffant 6c refroidiffant leur four plufieurs
fois ? Ils font paffer fes parties fucceffivement d’un
état de contraftion à un état de dilatation, 6c vice
verfâ ; ce qui ne p.eut fe faire fans déranger la pofition
relative de ces mêmes parties , 6c fans altérer
leur union.
D'autres artiftes Tentant tous ces inconvénient ,
ont fait chauffer leur fo ù r , mais non jufqu’à lé rougir,
ont arrêté enfuite leur attrempage , ont chànvré
6c ont recommencé à attrèmper. Ils ont eu moins de