d’hui cette charge 9 on compte trente-fix grands veyjiturs.
VÉNÉZUELA , (Géog. modé) province de l'Amérique
méridionale. Elle eftbornée au l'eptentrion par
la mer du Nord, au midi par la nouvelle Grenade, au
levant par la province de Cumana, S i au couchant
par celle de Rio de la Hacha, fur un golfe de meme
nom. Le terroir produit en quelques endroits deux
récoltés. Cette province a été decouverte en 1 499,
par Alphonfe Ojéda qui avoit fur fon bord Améric
Vefpuce, riche marchand florentin. Sa capitale fe
nomme Macardibo, dont la longitude eft 3 09. Latit.
■LO. 1%.
Ojéda S i Vefpuce ayant découvert en Amérique
par les onze degrés de latitude feptentrionale, un
grand go lfe , le nommèrent Venezuela , ou petite V
nife, à caufe d’un village qu’ils y trouvèrent bâti fur
pilotis, dans des petites île s , avec des elpeces de
ponts de communication de l’une à l’autre.
Quelques années après, le faûeur royal Jean d’Am-
quez eut ordre, en 1 5 1 7 , d’aller s’y établir avec 60
-hommes qu’on lui donna. Il débarqua à l’endroit où
Ojéda avoit trouvé cette bourgade , bâtie à la maniéré
de Venife, au milieu d’une lagune ; S i il s’allia
avec Manauré, cacique puiffant, ce qui lui facilita
l’exécution des ordres dont il étoit chargé. Il bâtit la
ville de Coro dans une lituatipn très avantageufe, Si
il fe rendit maître fans beaucoup de peine de toute
cette belle province, comme aufli des îles de Curaçao
ou Coraçol, d’O tuba, Si de Bonayre, qui ne font
qu’à 14 lieues.
Les Velfes , riches marchands d’Augsbourg , qui
avoient fait de grandes avances à Charles - Quint,
ayant oui parler de Venezuela, comme d’un pays
abondant en o r , en obtinrent de cet empereur le domaine
à titre de paiement, pendant un tems limité,
& à de certaines condition!* ( Ils confièrent l’exécution
de leur entreprife à un allemand nommé Ajjin-
g e r, qui arriva à Venezuela., en 15 x 9 , avec trois navires
qui portoient quatre cens hommes de pié; mais
cette colonie périt bientôt , parce qu’Aflinger au-lieu
de gagner l’amitié des Indiens, ne fongea qu’à fatis-
faire fon avarice par toutes fortes d’aftions barbares,
ce qui révolta les peuples qui le tuerent, & lui coupèrent
la tê te , jufte récompenfe de fes cruautés. H I I .
V EN G EAN C E , (Droit naturel.) peine qu’on fait
fouffrir à fon ennemi, foit par raifon, foit par reflen-
timent d’une offenfe qu’on en a reçue.
La vengeance eft naturelle; il eft permis de repouffer
une véritable injure , de fe garantir par-là des in-
fultes, de maintenir fes droits, S i de venger les of- .
fenfes oii les lois n’ont point porté de remede ; ainfi
la vengeance eft une forte de juftice ; mais j ’entends I
la voix des fages , qui me difent qu’il eft beau de pardonner
, qu’on doit de l’indulgence à ceux qui nous
ont manqué en des chofes legeres, & du mépris à
ceux qui nous ont réellement offenfés : l’homme .
qui a profité des lumières de tous les fiecles, condamne
tout ce qui n’eft que pure vengeance ; celles ;
qui partent d’une ame baffe S i lâche, il les abhorre ,
S i les compare à des fléchés honteufement tirées pendant
la nuit. Enfin il eft démontré que les perfonnes
d ’un efprit vindicatif reffemblent aux forciers , qui
font des malheureux, S i qui à la fin font malheureux
eux-mêmes; je conclus donc que c’eft une grande
yertu d’oppofer la modération à l’injuftice qu’on nous ;
a faite- ( D . J . )
V ENGÉÜ R DU SANG, (Critiquefacrée.') la loi de
îyloïfe permetfoit au vengeur <iu fang, qui de voit être
le plus proche parent ou héritier d’une perfpnne tuée
par quelque cas fortuit, de venger fon fang ; .c’eft-à- •
d ire, que fi ce parent trouvait le meurtrier.ipyolpn* j
taire. hors de? bornes de l’ afile , il lui étpit permis par ;
------ -- .s. - encore meme que
le malheureux homicide eût été déclaré innocent par
les juges f J’hémier du fang ns fera point coupable de
ntortre , dit le légiflatetir, Nombre, c. xxv. r.
. 11 ne s’enfuit point de-Ià néanmoins , que ce ven-
g<ur du fang, en tuant à fon tour l’homicide involontaire
, fut innocent devant le tribunal dè la cos»
faence, devant Dieu, & félon le droit naturel ; mais
Moite avoit jugé à- propos, par des raifons politiques,
d accorder 1 impunité au vengeur du fang devant les
juges civils ; ainfi ces mots, il ne fera point coupable
de meurtre, veulent dire feulement, les juges civils ne
pourront pas le condamner comme meurtrier. Apparent
ment que le légiflateur regardoit dans ce cas partiçu-
y avoit de la faute du mort, qui aurait
du ne pas fortir des bornes de l’a fy le , comme la loi
1 avoit défendu pour de très-bonnes raifons • il n’i-,
gnoroit donc pas la lo i , enforte que pour ne point
s expofer aux malheurs qui en pouvoient réfulter il
devoit auparavant, pour fe mettre à couvert de* la
lo i , faire dans l’afÿle même, Si fans en fortir fon
accommodement avec le plus proche parent* ou
[’heritier de celui qu’il avoit tué par malheur, &Vort
involontairement. (Z). J . )
V E N IA T , {. m. (Gram. & Jurifprud.') terme latin
ulite dans le difeours françois pour exprimer l’ordre
qm eft donné à quelqu’officier de juftice, foit par
fon fuperieur ou par le roi même pour venir en per-
fonne rendre compte de fa conduite. Foyer L e t t r e
^DE CACHET. (A )
V ENICN 1UM PROMONTOR JUM, (Géog. anc \
promontoire de l’Hybernie , fur la côte feptentrionale
de l*île, entre le promontonum Borcum , S i l’em-
bouchure de la riviere Vidua, félon Ptolomée, I I I -
( j> ' J T 3™ Cr0lt aujourd’hui Ramlshtaî.
V É N IE L , PjÉçjàÉ, (Thiolog■ ) (es théologiens ca-
tholiqu'és definiflent le pèche véniel, un péché qui al-
•fpiblit en aous la grâce fanaifiante, quoiqu’il ne
nous 1 ote pas , telle qu’une legere impatience un
murmpre, un doute involontaire contre la f o i , é-c.
La çonfeffion des pécliér véniels n’eff pas abfolu.
ment néceffaire, mais elle eft fort utile.foit pour lui.
miher ! ‘Oit pour purifier de plus en plus le pécheur
Ce qui carafténfe le péché véniel, & le différencie du
peche mortel; c’eft quand fa matière eft legere ou
que le cpnfentement de la vo(ç!pjé'eft imparfaite,’
prétendus féforipès rejettent, çeîte diffin»
éiipn de péchésniortels; Sc véniels, & foutiennenf
gue tpus leç péché^, quelque griefe qu’ils foiént»
lpnt véniels, ç eft-a-dite , pardonnables ; or,tout cela
n’eft .qu’une difpute de njots ; car les catholiques con-t
viennent également qu’il n’y a pojni de péchés ir»
réroiflibles- Mai^ Tes,proteftans ajoutent que tous les
péchés quelque legep -qu’ils puiffeot être, font taon
te)s, parce qulils qffenfent tous Dieu. Doârine également
pppofée é la religion , quLdifte que les plus
juftesqe font pas exempts des fautes de foibleffe t t
d infirmité J & à la raifon qui démontre que tous les
péchés ne font pas égaux. , ainfi que le prétendoient
lp$-ftoïciens. Voye^ S t o ï c i e n .
V ÉN IL IE , f. f. (Mythol.) V ’.nilia , nymphe, fem*
me de Daunus, S i fbeur d’Amate, mere de Lavinieii
qui eut Turnus pour f ils , félon Virgile, Vmilie, dit
Varron , eft l’eau qui vient baigner la riviere'
w m Ë m
} V EN IM EU X , V É N É N E U X ( S.ynon. ) on dit
1 un S i 1 autre ; les fcorpiôns & les vipères font dei
bètes-vénéneufes ou' venimeufes ; 0)1 tire des remèdes
des ferpens les pjvis venimeux ou les plus vénéneux. I
Venimeux fe dit feul dans le figuré ; un.e langue m.
nimeufe, pour médifante. Venimeux dans le proptè
eft beaucoup plus en ufage que vénéneux. . ,
l’académie, venimeux jig fe dit proprement
que des animaux, ou des chofes auxquelles çes animaux
ont communiqué leur venin ; S i vcnêheux ne fe
•dit ordinairement que des plantes ; la chenille eft ve-
nimeufe ; la ciguë eft vénéneufe. (D . / .)
V E N IR , v. n. (Gramé) fe tranfporter d’un lieu où
l’on eft dans un autre. Voilà fon acception la plus
commune. Il en eft beaucoup d’autres, comme il paraît
par les exemples fuivans. Venir fe dit d ’un lieu
oîi l’on n’eft pas , à celui oîi l’on eft, & aller fe dit
du lieu où l’on eft au lieu où l’on n’eft pas. Viendrez
vous à notre campagne. Vene£ à la promenade avec
nous. L ’orage vient de ce côté. Il vient du vent par
cette ouverture. Il lui eft venu mal aux yeux. Il en
eft venu à-bout, quoique la chofe fut difficile. Je nç
fais comment cette penfée me vint. Cette affaire vint
aux oreilles du prince. La mort, la mort, il en faut
venir - là. Il en vint à un tel point d’infolençe ,
qu’il fallut la réprimer. Je viens de chez lui. Il
vient de me parler. Il vient d’être expédié. Cela
vient à vue d’oeil. On vient au monde avec la
pente au mal. Cet ouvrage eft bien venu. La mode
en vient. Les blés viennent mal en cet endroit. La raifon
ne lui viendra jamais. Cette nouvelle vient de bon
lieu. Il m’eft venu un bon lot. Il vient à mourir au
moment où l’on en avoit befoin. Vene[ au fait. Il en
vinrent aux mains. Ce fecours me vient à -p ro p o s ,
&c.
V EN ISE , (Géog. mod.) ville d’Italie, capitale de
la république, Si fur le golfe de même nom, au centre
des Lagunes , à 1 lieue de la Terre-ferme , à 33
de Ravenne , à 40 au nord-eft de Florence , à 50 au
levant de Milan, à 87 au nord de Rome, Si à 95 de
Vienne en Autriche. Long, fuivant Caflini, 3 0 . u-,
3 0 . lat. 4S. 2.S. Si Long, fuivant Manfredi, 3 0 . 12.
$ 5. lat. 4 6 .3 3 .
Elle doit fa naiffance aux malheurs dont l’Italie
fut affligée dans le cinquième fiecle, par les ravages
des Goths & des Vifigoths. Quelques familles de Pa-
doue fe retirèrent à Rialto : les autres îles des Lagunes
devinrent enfuite le refuge de ceux qui fe dérobèrent
aux fureurs d’Attila dans le fac d’Aquilée,
S i de quelques villes des environs , que le roi des
Huns détruifit ; les miférables reftes de toutes ces
villes peuplèrent les îles-des Lagunes, & y bâtirent
des cabanes, qui furent les fondemens de la fuperbe
V\nife, aujourd’hui l’une des plus b elles, des plus
considérables, Si des plus puiffantes villes de l’Europe.
D e quelque endroit qu’on y aborde , foit du côté
de la terre-terme, foit du côté de la m er, l’afpeâ en
eft toujours également fingulier. On commence à
l’appercevoir de quelques milles de lo in , comme fi
elle flottoit fur la furface de la m e r, & environnée
d’une forêt de mâts de vaiffeaux Si de barques, qui
laiffent peu-à-peu diftinguer fes principaux édifices ,
& en particulier ceux du palais S i de la place, de laint
Marc.
Cette ville eft toute bâtie fur p ilotis, & a été fondée
non-feulement dans les endroits qù la mer parut
au commencement découverte, mais encore où l’eau
avoit beaucoup de profondeur, afin qu’en rapprochant
par ce moyen un grand nombre de petites îles
qui environnoient celle de Rialto , qui étoit la principale
, Si les joignant par des ponts, on pût en former
le vafte corps de la v ille , dont la grandeur, la
lituation S i la majefté extérieure font un effet admirable.
Tout le monde connoît les beaux vers de San-
nazar à la gloire de Venife, S i elle a eu raifon de les
graver fur le marbre.
Viderat Adriacis Venetam Neptunus in urtdis
S tare urbem , & tQto dicerejura mari ;
I , nunc tarpeias , qu.antyjp.vis Jupiter arçes
Objice t & Uip tpi mff/ii^Aiarti? t qiç.
S t T lie fini Pelago tonfers, urbem afpice ulramque.
Illam homines dices, hanc pofuifje deos.
Quoique Venife (oit ouverte de toutes parts, fans
M m . ^fns muraU!es, fans fortifications, fans citadelle
& fans garnifon ; elle eft cependant une des
plus fortes places de l’Europe. On y compte environ
cent cinquante mille habitans , foixante-douze
paroiffes dont les églifes font fort petites, une tren-
tame de çouvens de religieux, & au-moins autant
de monafteres de rehgieufes , outre plufieurs con-
frairies de pénitens, qu’on appelle écoles. Elle contient
un affemblage prodigieux des plus beaux tableaux
de la peinture; elle poffede tous ceux de Tin-
toret, de Paul Véronèfe, S i les plus précieux ouvrages
du Titien,
Un très-grand nombre de canaux qui donnent de
toutes parts entree dans la ville , S i la traverfent de
toip les fens , la divifent en une fi grande quantité
d ile s , qu’il y a des maifons feules entourées d’eau
des quatre côtes. ; mais s’il n’y a point d’endroits à
Venife où l’on ne puiffe aborder en gondole, il n’y
en a guère aufli où l’on ne puifl’e aller à p ié , par le
moyen de plus de quatre cens ponts , qui procurent
la communication d’un grand nombre de petites
rues qui percent la v i lle , S i de plufieurs quais qui
bordent les canaux.
Il eft vrai que la plûpart de ces quais font fi peu
larges , que deux perfonnes ont de la peine à paffer
de front ; les plus fpacieux n’ont ni appui, ni baluf-
trades, S i font coupes v i s - à - v i s de chaque maifon
par des marches qui defeendent dans les canaux, afin
de pouvoir entrer commodément dans les gondoles
S i en fortir.
Ces fréquentes defeentes qu’on appelle des rives
etreciffent fi fort ces quais, que les paffans font oblig
e s, fur-tout pendant la nuit, de fe ranger près des
maifons, pour ne pas s’expofer.à tomber dans l'eau.
La p«£on_dçur du grand»canal eft confidérable; mais
celle des autres canaux n’eft que de f à 6 piés, lon-
gue pgr la maree l’eau eft d fia plus grande hauteur. -
A 1 egard des ponts , la plupart font de pierre Sc
de brique, & ils font fi délicatement bâtis, que l’arche
n’a ordinaireme'nt que 8pouces d’épaiffeur. Lés
bords & le milieu font de chaînes de pierre dure , &
affez élevés, pour donner paffage aux gondoles’ &
aux grandes barques, qui vont jncelSmmént par les
canaux. On y monte de chaque Côté par quatre ou
cinq.marehesd’une pierre blanche, qui approche de
la nature.du m arbre, S i qui devient fi gliflanfeî que
pendant la pluie & la gelée, il eft difficile de s’empêcher
de tomber ; & comme ces ponts n'ont point do-
garde-fous , la chute n’eft pas peu. dangereule.
Rien ne contribue davantage à la beâuté de Venife
que fon grand canal , qui a près de i : trilles de lo.^
.güeur, Sl yo à fio pas de largeur. «Domine il ÊHEplu-
fieurs retours dans le milieu de la v ille , ofl Idtra-
verfe Couvent, deux à trois fois pour allér en gondole
par le chemin le plus- court d’un côté de la ville à
l’autre. Son eau .eft toujours affez belle à càufe de fa
profondeur^» & du, courant du flux & du reflux ; lés
galères & les grandes barques chargées y troiiyenc
: affez.de fonds. Il eft bordé des plus beaux palais;
mais outre. qu’il lui manque, un quai ■ continué d’un
bout à l’autre, les palais qui le bordent font entre»-
mêlés de petites maifons qui les déparent. -
Ce grand canal qui partame Venife en deux parties
prefque égales, n’a que le feul pont de R ialto qui fè
trouve au centre de là ville ; c’eft un pont fort large,
& tout hâti de pierres.de taille auffi dures que le mat>-
bre ; il a coûté zyiûoop.'ducals ; mais comme l’ineom-
i modité ferait.trop grande pour les habitans, f i i ’oit
i t ÿ i t obligé, d’aller, chetchnr le pont toutes , les fois
qu’on veut paffer d’un côté de la ville à l’autre, U