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lettres de Charles V. du 9 Mai 13 76 . Voye{ le ncuçil
des ordonnances de la troijîeme race.
V ic o m t e o r d in a ir e étoit celui qui étoit chargé
de la recette du domaine, ou bien on les appelloit
ordinaires, parce que la recette du domaine étoit ordinaire,
à la différence de celle des aides , qui nefe
tenoit qu’extraordinairement. Voye^ l’ordonnance
de Charles V I du 3 Avril avant Pâques 1388.
V ic o m t e -r e c e v e u r , dans la plupart des anciennes
ordonnances , les vicomtes font appelles vicomtes
ou receveurs, ou bien vicomtés & receveurs, parce
qu’ils étoient alors chargés de faire la recette du
domaine dans l’étendue de leur vicomté. VoyefV\-
COMTES DES AIDES O DU DOM AINE.
Sous - v ic o m t e eft le nom que l’on donne en
quelques endroits ail lieutenant du vicomte comme
chez les Anglois. Voye^ C ow e l, Spelman.
VICOMTE,f. f. ( Gram. & Jurifprud. ) ce terme a
trois lignifications différentes ; il fe prend i° . pour la
dignité de vicomte qui eft celui qui tient la place d’un
comte ; i ° . pour une terre érigée fous le titre de vicomté
; 3e. pour un tribunal érigé fous le titre de vicomte,
& oiila juftice eft rendue par un jugeappellé
vicomte. Voye{ ci-devant le mot V ic o m t e .
■ V i c o m t é ad vo u r ieo # V o u l v ie V o u r i e , ces
termes font employés comme fynonymes en plu-
fieurs occafions. Voyelle Glot(faire de du Cange au
mot vice comitatus.
V ic o m t é , impôt, les droits de vicomeés font compté
s au nombre des impôts dans une ordonnance de
Charles'régent du royaume du mois d’Août 13 5 9 ;
c ’étoit apparemment un droit que les vicomtes étoient
chargés de «recevoir 7 & qui te payoit à la recette de
la vicomté.
VICOMTIER , f. m.'( Gram. & Jurifprud?) figni-
fie ce qui appartient au vicomte.
Seigneur vicomtier eft celui qui a la moyenne juftice.
V jye^les coutumes de Ponthieu, A rtois, Amiens,
Montreuil , Reauquefne , Vîme s, Lille , Hefdin ,
&c.
Jufiice vicomtitre eft la moyenne juftice. Voye^ les
-coutumes citées dans l’alinéa précédent.
Ces vicomùers font ceux dont -la connoiffance appartient
à la juftice vicomtiere.
Chemins vicomtiers font les chemins non ro y a u x
qui font feulement d’un bourg à un autre , ou d’un
villa ge . Ils ont été ainfi appelles , pa rce qu’ils tendent
de vico ad vicum. Voye^ au mot CHEMIN.
Voyt^ auiîi ci-devant les mots V ic o m t e & V i c
o m t é .
VICOVARO , ( Géog. mod.) bourg d’Italie dans
la Sabine , à trois milles au nord du Teverone, & à
neuf au nord oriental de Tivoli.
Sabellicus ( Marc-An-toine Coccius ) naquit dans ce
bourg l’an 1436 , & lui donna le premier nom de
Vicus Virronis , pour le rendre plus célébré , au lieu
qu’il s’appelloit auparavant Vicus Valerius. Sabellicus
a fait plufieurs ouvrages qui ont été recueillis en
1560 à B â le , en 4 vol. in-fol. 11 mourut en 1506 à
70 ans d’une maladie honteufe, comme Jove l’a dit
en profe, & Latomus en vers dans l’épitaphe qu’il
lui a faite.
In ventre incerta tamcn hic contabuit, atque
Maluit italiens gai lie a fa ta pati.
Il témoigna en mourant que comme auteur il
avoit la même tendreffe que les peresqui fententplus
d’amitié pour les plus infirmes de leurs enfans , que
-pour les mieux conftitués ; car il recommanda l’im-
preffion d’un manuferit qui n’étoit pas capable de lui
faire honneur, & queEguatjus, fon collègue , mit
au jour à Strasbourg en 1508 , -fous le titre de Marti
An tond Coccii fabellici exemplorum libri decem , ordi-
•n t , elegantid, & utilitate prceflantifjimi ; cependant
■ malgré ce titre faftueux, jamais livre ne mérita mieux
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que celui-ci, qu’on lui appliquât cette penfée de Pli,
ne : inferiptiones propter quas vadinionium defcripqffi
jt t cum iutrdvéris , d'à, àeaque, quàrn nikil in medio
inventes /
Ses autrés ouvrages font i ° . Rapfodioe hi(ioriarUm
■ en/ieadcs ; efpece d’hiftoire univerfelle qui ne vaut
pas grand-chofe. Paul Jove dit que c’ eft un ouvrage
ôii les matières font fi preffées , qu’elles n’ y paroff-
fent que comme des points. z°. Rerum venetarum kif
toria, livre plein de flatteries & de menfonge. 30. Dc
vetufaieAquileioe libri fe x , &c. On peut voir fon article
dans les fném. des ‘homm. illufl. du Pere Niceron
tom. X I I . p. 1 4 4 ,6 - fu iv . (D . J . )
V IC T IM A IR E , f. m. ( Hijl. anc. ) c’étoit chez les
anciens un miniftre ou ferviteur des prêtres, un bas
ôfficier des facrifices dont la foniftion d’amener fie
de délier les vi&imes, de préparer l’eau,le couteau
les gâteaux & toutes les autres chofes néceffaires pour
les facrifices.
' C’étoit aufiî à eux qu’il appartenoit de terraffer 1
d’affommer ou d’égorger les vi&imés ; pour cet effet
ils fe plaçoient auprèsde l ’autel, nuds jufqu’à la ceinture
, & n’ayant fur la tête qu’une couronne de lau»
fier. Ils tenoient une hache fur l ’épaule ou un couteau
à la main, & demandoient au facrificateur s’il
étoit tems de frapper la vi&ime , en difant, agone}
frapperai-je. C’eft de là qu’on les a appelles agonts,
cultellarii ou cultrarii. Quand le prêtre leur avoit don-
fié le lignai, ils tùoient la viâ im e , ou en l’affom-
ihant avec le dos de leur hache, ou en lui plongeant
le couteau dans la gorge ; enfuite ils la dépouilloient,
& après-l’avoir lavée & parfemée de fleurs, ils la met-
foient fur l’autel : ils avoient pour eux la portion mi-
fe en réferve pour les dieux, dont ils faifoient leur
profit, l’expofant publiquement en vente à quiconque
vouloir l’acheter. Ce font ces viandes offertes aux
idoles dont il eft parlé dans les épîtres de S. Paul fous
le nom d'Idolothyta, & qu’il étoit défendu aux chrétiens
de manger. Voye\ Sa c r if ic e s .
VICTIME HUMAINE, ( M . desfuperfit. relig.)
Soepius olim
Relligio peperit feelerofa , atque impid facial
Lucret. 1 . 1 . v. 8 j.
» Depuis long-tems la religion fuperftitieufe a'
» produit des avions impies & déteftables ». La
principale eft certainement les facrifices humains faits
aux dieux pour leur plaire , ou pour les appaifer.
L ’hiftoire nous offre tant de faits contraires à la nature
, qu’on feroit tenté de les nier s’il! n’étoient
prouvés par des autorités inconteftables : la raifon
s’en étonne: l’humanité eh frémit: mais comme après
un mur examen la critique n’oppofe rien aux témoins
qui les atteftent , on eft réduit à convenir en gémif-
f3nt_qu’i l n’y a pcÿnt d’a&ion atroce que l ’homme ne
puiffe commettre_quand le cruel fanatifine arme fa
main.
’C'ejl lui qui dans Raha, fu r les bords de l*Arnon
Guidait les dèfcendânS du malheureux A/nmon,
Quand à Moloc leur dieu , des mtr es gémi(Jantes
Gfroient de leurs enfans les entrailles fumantes.
, I l dicta de Jephté le ferment inhumain :
Dans le cceur de f a jille il.condiiijitfamain.
Ce(l liiïqui de Càlcas ouvrant la bouche impie
Demanda par fa voix la mort d’Iphigénie.
France, dans tes forêts il habita long- tems ;
A l'affreux Tentâtes il offrit ton encens !
Tu nias pas oublié ces Jacrés homicides ,
Qu a tes indignes dieux préfehtoiênt des druides.
Dans Madrid, dans Lisbonne, il allume ces feux }
Ces bûchers folemnels, ou des Juifs malheureux
' Sont tous les ans en pompe envoyés par des prêtres y
P our n'avoir point quitté la fo i de leurs ancêtres.
Henfiade^ chant /.
Cette
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Cette peinture poétique eft tirée des annales de
l ’hiftoire qui nous apprennent que les autels des
dieux furent autrefois fouillés prefque en tous lieux
par lefang innocent des hommes. La certitude de cet
«fage eft trop bien établie pour qu’on puiffe en dou-
ter.En matières de faits , les raifonnemens ne peuvent
rien contre les autorités : les différentes fcien-
ces ont chacune leur façon de procéder à la recherche
des vérités qui font de leur reffort, & l’hiftpire ,
comme les autres, a fes démonftrations. Les témoignages
unanimes d’auteurs g raves, contemporains,
defintéreffés , dont on ne peut contefter ni la lumière
ni la bonne fo i , cbnftituent la certitude hiftorique ;
& ce feroit une injuftice d’exiger d’elles des preuves
d’une efpece différente. Les auteurs dont.les témoignages
concourent à prouver cette immolation
des victimes humaines , fe préfentent en foule.'-Ce
font Manethon, Sanchoniaton , Hérodote , Paufa-
nias , Jofephe , Philon , Diodore de Sicile , Denys
d’Halicarnaffe , Strabon, Cicéron , Céfar Tacite ,
Macrobe, Pline , T ite -L iv e , enfin la . plupart des
.poètes grecs & latins. • .-j;: . 1 .>•
De toutes c‘es dépofitions jointes enfemble , il ré-
/ulte que les Phéniciens , les Égyptiens, les Arahes ,
.les Chananéens , les habitans de T y r & de Carthage
, les Per/es, les Athéniens , les Lacédémoniens ,
les Ioniens, tous les Grecs du continent & des iûes ;
les Romains , les Scythes , les Albanois , les Germains
, les anciens B retons, les Efpagnols , les Gaulois
; & pour paffer dans le nouveau monde , les habitans
du Mexique ont été également plongés dans
cette affreufe ,^iperftition : 011 peut en dire ce que
Pline difoit.autrefois.de la magie , qu’ elle avoit parcouru
toute la terre , .& que fes habitans , tous inconnus
qu’ils, étoient les uns aux autres , & fi diffé-
rens'd’ailleurs d’idées & de fentimens.,.fe réunirent
dans cette pratique malheur.eufe ; tant il eft vrai
qu’il .n’y a prefque point eu de peuples .dans le
monde dont la religion n’ait été .inhumaine fan-
glante ! ,
Comment a-t-elle pu devenir meurtrière ? Rien
n’étoit plus louable & plus naturel que les premiers
facrifices des payens; ils n’offroient à leurs dieux que
du laurier ou de l’herbe verte ; leurs libations confif-
toientdansdeTeau.tiréed’uneclairefontaineT& qu’on
portoit dans des vafes d’argille. Dans la fuite on employa
pour les pffrandes .de la farine & .des gâteaux
qu’on.paîtriffoit avec un peu d.e fiel, & qu’on .ciiifoit
lous la cendre. Infenfiblement on joignit à ces offrandes
quelques fruits de la terre , le miel, l’huile & l ç
vin ; ‘l’encens mêmem’étoit point encore venu des
bords de l’Euphrate, ni le coftus de l’extrémité de
l ’Inde, pour être brûlés fur ies autels ; mais quand
l’ufage des facrifices fanglans eut fuccédé., l’efFiifion
.du fang des .animaux occafionna l’immolation des
victimes humaines.
On ne fait pas qui le premier ofa confeiller cette
barbarie ; que ce foit Saturne , comme on le trouve
dans le fragment de Sanchoniaton; que ce foit Ly.caon,
comme Paufaniasfemble l’infinuer , ou quelqu’autre
Ænfin qu’on voudra , il eft toujours fur quecette horrible
idée fit fortune. Tantus fu it pertubatx mentis, &
fedibus fuis pulfa furor , ut fie dii placarenttir , quemad-
rnodum ne hommes quidern foeviunt, dit à merveille S.
Auguftin, de civit.Dei. L VI. c .x. Telle étoit l’extravagance
de ces infenfés, qu’ils penfoient appaifer
par dès afres de .cruauté , que des hommes même ne
lauroient faire dans leurs plus grands emportemens.
L immolation d.es victimes humaines que quelques
oracles vinrent à preferire , faifoit déjà partie des
abominations que Moïfe reproche aux Amorrhéens.
n ht auffi dans le Lévitique ,,c. x x . que les Moabies
lacnfioient leurs enfans à leur dieu Moloch.
Uirne peut douter que cette coutume fanguinaire
Tome X V I I ,
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ne fut établie chez les Tyriens & le s Phéniciens. Les!
Juifs eux-mêmes l’avoient empruntée de leurs yoifins:
c’ eft un reproche que leur font les prophètes; & les
livres hiftoriques de l’ancien Teftament fourniffent
plus d’un fait de ce genre. C’eft de la Phenicie que
cet ufage paffa dans la G re ce , Sc de la Grèce les Pelages
la portèrent en Italie.
On pratiqupit à Rome ces affreux facrifices dans
des occafions extraordinaires , comme il parpît par
je témoignage de Pline, L. X X V I I I . c. ij. Entre plufieurs
exemples que l’hiftoire romaine en fournitun,
des plus frappans arriva dans le cours de la,if^co/ule
guerre punique. Rome conftemée gar la çléfalte.jde
Cannes, regarda ce revers,comme un Égne manifefte,
de la colere des dieux, & ne crut p o uy oir. les, a;p pai -
fer que par un facrifice humain. Après avoir çopful-
té les livres facrés, dit Tite-Live , L X X I I . c jjÿijn
on immola les victimes preferites en’pareil cas.- Un
ga;ulois & une gauloife, un grec & une greque ,furent
enterrés vifs dans une des places publiques,def-
tinée depuis long-tems à ce genre de facrifijcès fi
contraires à la religion de Numa. Voici l’explicatipn
de ce fait fingulier.
Les décemvirs ayant vu dans les livres fibyllins
q.ue les Gaulois & les Grecs s’empareroient de la
ville , urbem occupatiiros, on imagina que pour détourner
l’effet de cette .prédiction , il falloit enterrer
vifs dans lac place publique un homme & une femme
de chacune de .ces deux nations, & leur faire prendre
ainfi poffeffion de la ville. Toute puérile qu’étoit
cette interprétation , un très-grand nombre d’exemples
nous montre que les principes de l’art divinatoire
adraettoient ces fortes d’aecommodemens avec
la deftinee.
Tite-Live nomme ce barbare facrifice fa.crum mi-
nimh romanum ; cependant il fe répéta fouvent dans
la fuite. Pline, l. X X X . c. J . allure que l’ufage d’immoler
des victimes humaines au nom du public-, fub-
fifta jufqu’à l’an 95 de Jefus-Chrift , dans lequel il.
fut aboli par un fénatus-confulte de l’an 6 57 de R o me
; mais on a des preuves qu’il continua dans le s
facrifices particuliers de quelques divinités, comme,
par exemple , de Bellone. Les édits renouvelles en
différens tems par les empereurs , ne purent mettre
un frein à cette fureur fuperftitieufe ; & à l’égard de
cette efpece de facrifice humain preferit en confé-,
quence des vers fibyllins , Pline avoue qu’il fiiblîf-
toit .toujours, & affure qu’on en avoit vu de-fon tems
des exemples, etiam no (Ira atasvidit.
Les facrifices humains furent moins communs chez
les Grecs ; cependant on en trouve l’ufage établi dans
quelques cantons ; & le facrifice d’Iphigénie prouve
qu’ils furent pratiqués dans lés tems héroïques , oit
l’on fe perfuada que la fille d’Agamemnon décharge-
roit par fa mort, l’année des Grecs des fautes qu’ils
avaient commifes.
•Et cafta incejle, nubendi tempore in ipfo., - ;
Hoftia concideret maetaru méfia parentis.
Lucrets -/. I .v . $ ÿ , i-oa.Z
« Cette chafte princ.effe.tremblante au pie d.es autels
» y fut cruellement immolée dans la fleur de fon âge
» par l’ordre de fon propre pere ».
Les habitans de .Pella facrifioient alors.un homme
à Pelée; & ceux de Ténufe, fi l’on en croit Paufa-
riias,, offroient tous les ans en facrifice une fille vierge
au génie d’un des compagnons d’Ulyffe qu’ils
avoient lapidé.
On peut affurer., fur la parole de Théophrafte
que les Arcadiens immoloient de fon te-ms des victimes
humaines, dans 1 es fêtes nommées^ lycxa. Les victimes
étoient .prefque toujours des enfans. Parmi les
inferiptions rapportées deGreçe par M. l’abbé Four-
mont, eft le deffeind’un bas-relief trouvé en Area-*
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