tieux pouces de long, fervant à fixer le diamant dans
la main de l'ouvrier,
Lorfque le diamant a coupé la furfacede la glace,
on frappe avec le petit marteau , fig. 5 . immédiatement
au-deffous du trait, on le fait ouvr ir, & on lui'
fait pénétrer toute l’épaiffeur de la glace.
Pendant qu’on ouvre le trait, un ouvrier foutient
la tête de la glace pour que fon poids ne la faffe pas
féparer trop promptement.
Lorfque la tête de la glace eft féparée avec des
pinces , .fig. 8. appellées pinces à cgruger, on ôte les
inégalités que pourroit avoir laiffées le trait de diamant
auffi biep que Us langues , c’eft-à-dire les endroits
où l’ouverture du trait, au-lieu de le fuivre,
auroit tendu à entrer j>lus avant dans la glace.
Après toutes ces operations, un ouvrier tire la glace
par la tête, ( j’appelle tête dans cet endroit le lieu où
elleétoit), & trois ouvriers de chaque côté la prennent
par la bande, à mefure qu’elle fort de la carquaife,
fans hauffer ni bailler les uns plus que les autres.
Lorfque la glace eft entièrement dehors, 6c ne touche
plus à rien, les ouvriers 1 , 4 , 6 , vignette de la
PI. X X F I . baillent leur bande jufqu’à ce qu’elle pofe
fur deux coétes ,fig.<). qu’on difpofe une vers chaque
tê te , 6c qui ne font autre chofe que des morceaux
de bois quarrés, dont on rembourre une des
faces. Les ouvriers 3 ,5 ,7 , qui tiennent l’autre bande,
la foutiennent pendant que 1 , 4 , 6 , baillent, 6c dès
que la bande de ces derniers touche au coëte 3 ,5 ,7 ,
en levant la leur, donnent à la glace la pofition verticale.
L’ouvrier 1 , qui eft à la tête de la g lace, fuit
avec fes bras le mouvement des bandes, 6c même le
réglé.
Lorfqu’on a mis la glace dans cette pofition , on
l’ enleve au moyen de Bricoles , fig. y . dont on met
une vers chaque extrémité de la glace , 6c une troi-
lieme au m ilieu, fi la glace ell bien grande.
La bricole n’ eli qu’un angle garni de cuir au milieu
, ayant une poignée de bois à chaque extrémité.
Le tout enfemble a.environ quatre piés de long.
On fait pofer la glace fur le cuir du milieu de la
bricole , 6c un homme de chaque côté de la glace
prend une des poignées. C’ell lorfque tous les ouvriers
tiennent les poignées, de leurs bricoles qu’ils
enlevent la glace en la ferrant de leurs épaules, pour
l’empêcher de vaciller, 6c qu’ils la portent au maga-
fin du brut, où on doit la vifite r, l’examiner 6c l’é-
quarrir.
La mife des pots dans le four eft une opération
allez compliquée pour exiger la même précaution
que nous avons prife pour la coulée, de décrire tous
les outils néceffaires à l’opération avant de décrire
l’opération elle-même.
Il fembleroit naturel d’avoir décrit la mife des
pots avant aucune autre opération, parce que fans
pots il eft impolfible d’en faire aucune. Mais la mife
des pots ne s’ell pas préfentée la première à mon
imagination ; d’ailleurs elle ell de faifon dans tous
les tems , car il ell inévitable qu’on n’ait dans une ré veillée
nombre de pots à remplacer.
L ’opération de mettre un pot préfente trois inf-
tans ; i ° . celui auquel on le retire de l’arche ; 20. celui
auquel on l’introduit dans, le four ; 3 0. celui auquel
on le place fur le fiege. Les outils qui fervent
à la première partie de l’opération font le fergent, le
moïfe, les deux grands crochets, le balai 6c le grand
chariot ; ce dernier fait feul la fécondé partie de l’opération.
Enfin pour la troifieme , on emploie la
fourche , les grands crochets, la dent de loup , la barre
d'équerre, les deux barres cro.ches 6c le rable du ti-
feur.
Le fergent e ft, par rapport à l’arche, ce qu’ eft, par
rapport au four à fritte, la barre du devant du four.
C’ell une barre de fer qu’on plaçe devant la gueule
de l’arche à diverfes hauteurs , fuivant leb e foin, au
moyen de divers crochets difpofés à chaque côté de
la gueule de l’arche.
Le fergent fert de point d’appui au moïfe dans fon
attion,
Lemoÿèeftun inllrument de fer, reffemblant beaucoup
pour la forme au cornard , PI. X X F U . fig. 4.
mais bien plus fort 6c plus long. Sa longueur doit
être au-moins de douze piés. Ses cornes ont environ
dix pouces de long , 6c font écartées d’environ cinq
ou fix pouces.
On connoît les deux grands crochets.
Le grand chariot eft un des inftrumens le plus con-
fidérable de la glacerie ; on diroit à fa forme que
c’eft un grand m oïfe, emmanché dans un manche de
bois 6c monté fur des roues. On voit le géométral
du grand chariot, fig. 1. PI. X X F I I I . 6c le profil,
fig. 2. même Planche.
Les cornes a b .c b . du chariot, ont environ vingt
pouces de long, 6c s’écartent d’un pié de a en c; depuis
le bout des cornes, jufqu’à l’endroit d où commence
le manche , il y a quatre piés de diftance. En
d. la barre de fer s’ emmanche dans un manche de
bois, portant environ fix pouces d’équarriffage, 6c
fortifie de deux viroles , l’une en d, 6c l’autre en e9
où finit le prolongement de a d dans l’ intérieur du
bois. On garnit même quelquefois l’efpace d e de
tôle.
Le manche du grand chariot a environ onze piés
6c demi de d en f 6 c de A en B . A l’extrémité B 9
eft un anneau où place fes mains l’ouvrier qui dirige
le mouvement du chariot. En g g g font trois boulons
de fe r, diftans entr’ eux d’environ dix-huit pouces
, ainfi que le premier g i de l’extrémité B . Les
boulons paffent de neuf pouces de chaque côté du
manche du chariot, 6c font deftinés à placer les
mains des ouvriers qui mènent cet outil.
Les roues fur lefquelles eft monté le grand chariot,
doivent le porter à une hauteur propre à travailler
dans l’arche avec facilité. Audi leur donne-
t-on environ quatre piés de diamètre ; 6c on' les fait
en bois pour éviter l’exceflive pefanteur qu’elles au-
roient, fi on les faifoit en fer comme celles des autres
chariots. On place l’effieu fur le manche à environ
trois pieds de d deforte qu’il refte environ 8
piés de h en B , partie connue fous le nom de queue
du chariot.
Quant à la longueur de l’effieu, elle dépend de la
largeur de l’antre fous lequel le chariot eft obligé
d’aller. Dans les fours tels que nous les avons décrits,
on peut très-bien fe fervir du grand chariot avec un
effieu d’environ quatre piés.
On voit dans le profil ( fig. a .) que la queue du
chariot fe courbe en haut pour la facilité des ouvriers.
Parmi les outils qui fervent à la troifieme partie
de l’opération, celui qui y contribue le plus eft la
fourche dont on voit le géométral, Plane. X X I X .
fig. 1. 6c le profil fig. 2 . La fourche reffemble au
grand chariot. Les cornes en font à-peu-près auffi
longues, mais elles font moins écartées, A B valant
environ dix pouces.
Comme elle travaille dans le four & que quelquefois
elle met un pot en place par la tonnelle la plus
éloignée, on lui donne fept piés de N ou B en C.
Elle eft emmanchée dans un manche de bois,fembla-
ble à celui du grand chariot.
Les roues ont environ deux piés de diamètre , les
cornes de la fourche n’ayant befoin d’être élevées-
que jufqu’à laliauteur du fiege. On gagne par-là l ’avantage
de faire entrer les. roues mêmes fous la ton-
’ nelle, fion a befoin-: c’eft auffi pour fe conferver
cette facilité, que l’effieu n’a guere que vingt-fept
pouces.
L’ effieu eft placé en E à environ un pie de C ; 6c
on fait la queue de la fourche E F G H = 1 1 piés :
ce qui donne à l’inftrument entier dix-neuf piés de
long.
La queue de la fourche eft garnie d’un anneau à
fon extrémité H , comme celle du grand chariot ; 6c
les trois boulons font femblablement pofés dans les
deux outils.
La dent-de-loup. (fig . 3 . Pl. X X F I 1.) eft une barre
de fer,légère, ayant douze piés de long & formant
à une de fes extrémités un crochet d’environ deux
de / en 2. Le crochet eft tel que / , 3 = deux pouces
ainfi que / , 4.
La barre d?équerre (fig. 2. P l. X X F II.') eft une barre
de fer ayant dix piés 6c demi de long, pliée à angle
droit à une de fes extrémités, où elle forme un
crochet a b de vingt-un pouces.
Les barres'croches font des pinces telles que (fig. /.
P l. X X F I I I ) d’environ huit piés 6c demi de long, 6c
ayant une petite courbure en approchant d’une de
leurs extrémités.
Lorfqu’on a à placer un pot dans le four, on commence
par lever la ferraflë qui forme l’arche, 6c on
abat les glaies tant de l’arche que du four. On dé-
barrafle avec foin les débris des glaies pour que la
manoeuvre n’en foit pas gênée : on place le fergent
au-devant de l’arche, enïùite on pouffe un peu le
pot avec les cornes du moïfe, appuyé fur le fergent ;
6c l’on profite de cet inftant pour ôter avec un des
grands crochets de deffous le pot un des briquetons
lur lefquels il pofe, dans la vue de faire pencher le
pot du côté de la gueule de l’arche. Alors les grands
crochets tirent le pot par le haut de la fléché pour le
renverler, le coucher, fi l’on peut ainfi dire, furie
pavé de l’arche, ce qu’on appelle abattre le pot. Moïfe
le met en-dedans du pot pour le fourenir, crainte -
qu’ii ne foit abattu trop vivement 6c qu’il ne frappe
contre le pavé de l’arche. On voit dans les ouvriers
> > 2 ’ 3 ( ^ - X X F I I I . vignette) l’aélion de moïfe 6c
des deux grands crochets.
Lorfque le pot eft abattu , plaçant les crochets à
fon jable, on l ’attire doucement fur le devant de
l ’arche, de maniéré qu’il préfente fon ouverture à
la gueule de l’arche, & on ôte le fergent. Alors on
balaie le pot pour en ôter la pouffiere, 6c en fa voir
le bon ou mauvais état.
On approche le grand chariot dont on enfonce les
cornes jufqu’au fond du pot. On fouleve un peu le
pot ; 6c lorfqu’il eft ainfi chargé fur les cornes du
chariot, retirant celui-ci en arriéré, on retire le pot
hors de l’arche.
Le chariot eft conduit par neuf hommes, un au
bout de la queue qui dirige le mouvement- de l’outil
6c la manoeuvre ; deux à chacun des trois boulons,
6c un à chaque roue pour les retenir, les accélérer
ou changer la direction du chariot, en retenant
l’une plus que l’autre.
On mene le charriot fous l’antre & on approche
le pot, de la tonnelle avec un mouvement bien réglé,
les ouvriers qui font aux roues oppofant leurs
efforts à la pente du terrein ; à mefure qu’on approche
de la tonnelle, on baiffe le p o t, & on le fait entrer
fous la tonnelle fans toucher à l’âtre , aux piés.
droits , ni au ceintre; on le pouffe affez avant pour
que le bord fupérieur ait paffé le ceintre de la tonnelle
; alors on retire le chariot, 6c on amene la
fourche.
On paffe les cornes de la fourche fous le bord du
Pot » & oq le releve entre les deuxfieges. La dent' I
e-loup qu’on fait paffer par le tifar de l’autre glaie,
accroche le bord du pot de fon côté, le maintient
roit oc 1 empêche de s’abattre de nouveau. L’aélion
de la dent-de-loup donne à la fourche le tems de
prendre le pot par le jable. Onl’enleve jufqu’à la hau- I
Tome X F I I% 1
teur du fiege fur lequel on fait pofer ïe bord de foit
cul. Alors la dent-de-loup devenue inutile fe retire.
La barre d’equerre paffe par l’ouvreau à trejettef
coirelpondant au pot qu’on place, entre dans le pot,
&c les ouvriers qui s'en fervent peuvent, en tirant à
eux, foutemr le pot que fa pefanteur entraînerait
entre les deux fieges.
Pendant l’aélion de la barre d’équerre la fourche
abandonne le p o t, & le reprenant plus loin du fie^e
eft en état de le porter plus avant : la fourche abandonne
encore le p o t , 6c la barre d’équerre le foutient;
ainfi defuite, jufqu’à ce qu’il foit affez avant
fur le fiege pour s’y loutenir de lui-même. Alorsl’ac‘
tionde la barre d’équerre devient nulle, & c’eft le
moment de mettre en oeuvre les deux barres- cro*
ches.* .. s . ■ . * ■ ■ ■ ' K ,
Lune parte par 1 ouvreau du milieu , & toutes
deux agiffant comme le v ier s, favoriferit l’aaîon de
la toureheyten appellant le pot au mormue (i). '•
L e pot ell bien placé lorfqu’il coupe l'ouvreau du
milieupar la moitié, & qu’il né laiffe de diftance entré
lui Scie mormue , que l’épailleur d’un fabledetifeür*
Lorfqu’on retire un pot du fo u r, c’eft préciféïnent
la même opération que lorfqu’on l’y met : feulement
les outils agiffent en ordre & en tins, contraires. L a
fourche travaille la première, Sc au lieu de pouffer
le pot au mormue, elle l ’attire entre les fieges. La
dent-de-loup au lieu de le foutenir, le pouffe pouf
Iabattre, &c.
Dès qu’on a pris dans l’arche les pots dont on a
eu beloin, s il en refte encore on refait l’arche, &
on laiffe baifferle feu par gradation, jufqu’à ce qu’il
toit réduit à celui de la lunette. .
On a auffi le plus grand foin de refaire promptement
la glaie du four, d’abord que l’opération eft
L ’opération de mettre des cuvettes neuves au four
eft bien moins compliquée. (Pl. X X X . vignette.) On
tire la cuvette fur le devant de l’arche avec les grands
crochets; on la met fur une pelle de tôle, & un
homme tenant la queue de la pelle, aidé d’un gam-
bier, la porte à l’ouvreau, la pofe fur la plaque;
le chariot à tenaille la prend & la place.
On peut auffi porter la cuvette en mettant Jes cornes
demoïfe au fond de la cuvette, & portantlemoïfe
lui-même chargé de la cuvette , jufque fur la plaque
ou on pofe la cuvette. ■ ■
A la vérité , on ne peut alors pofer la cuvette fut1
fon cul , mais on l’y retourne en la foutenant avec
tel outil que ce puiffe être , pour empêcher qu’elle
ne tombe avec trop de force fur la plaque.
Lorfqu’on a pris dans l’arche les cuvettes dont on
a befoin pour conferver celles qui relient, on replace
la tuile de l’arche, on la marge, & on réduit
le feu à celui de la lunette.
Le verre qui fe répand dans le four, foit lors des
operations, foit par la caffe de quelques vafes, fe
fa llit, & devient jaune ou noir par le mé lang eas
cendres. II prend alors le nom de picadil. Lor/que lé
picadil eft trop abondant, il va jufquesfur l’àtre des
tonnelles , 6c gene la chauffe. Alors on prend le parti
de le tirer hors du four, 6c c’eft la feule opération
qui nous refte à décrire.
On ouvre une tonnelle, on puife dans le bain de
picadil aveedes poches de fer (fig. 4. P l. X X X I . )
qui ont fix pbuces de diamètre fur environ autant de
profondeur, & environ onze piés de manche. On
vuide la poche fous l’antre au devant de la tonnelle
qu’on croife d’une bûche un peu groffe, pour empêcher
le picadil de céder à la pente du terrein & de
redefeendre dans le four.
(i) Oh voit, Pl. X XIX. vignette, l'action de la fourche ,
des barres t croches, & de la barre d'équerre-
T i j
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