féquence nécefiaire, attaquer jufque dans fes iond.e-
xx\ens celui de Xinco.Tna.tion , car ces deux myfteres
ineffables exigeant pour être crus le même facrifice
de la raifon à l’au to r ité ils ne fe feroient pas luivis
s’ ils euffent admis l’un rejette l’ autre. Mais mal-
heureufement ils n’ont été que trop confequens, ainfi a
qu’on l’a pu voir par tout ce qui précédé : quoi qu’il
en foit ils prétendent,
Que l’opinion de ceux qui difent que le verbe, ou
la fécondé perfonne de la trinité a été unie hypofia-
tiquementk l’humanité de J . C. & qu’en vertu de cette
union perfonnelle de la nature divine avec 1 humaine
il eft Dieu & homme tout enfemble, eft fauffé &
contradictoire.
Que ce Dieu incarné n’a jamais exifte que dans le
cerveau creux de ces m yftiques, qui ont fait d’une
vertu, ou d’une manifeftation divine externe, une
kypo/Iafc diftinâe, contre le fens naturel des termes
dont S. Jean s’eft fervi.
Que lorfqu’il d it , que la parole a été faite chair,
cela ne fignifie autre chofe, finon que la chair de J.
C. a été le nuage glorieux où p ieu s’eft rendu vifible
dans ces derniers tems, & d’où il a fait entendre fes
volontés. .
Que ce feroit fe faire illufion, & donner à ces paroles
claires en elles-mêmes, l’interprétation la plus
forcée que de les entendre comme fi elles fignifioient
qu’un Dieu-s’eft.véritablement incarné, tandis qu’elles
ne défignent qu’une fimple préfence d’affiftance&
d’opération.
Que fi on lit avec autant d’attention que d’impartialité,
les premiers verfets de l’évangile félon S. Jean,
& qu’on n’y cherche pas plus de myftere qu’il n’y
en a réellement, on fera convaincu que l’auteur n’a
jamais penfé ni à la préexiftence d’un verbe diftinû
de D ieu , & Dieu lui-même, ni à l*incarnation.
Non contens d’ accommoder l’Ecriture à leurs hy-
pothèfes, ils foutiennent
Que l’incarnation ©tort inutile, & qu’avec la foi la
plus v iv e , il eft impofîible d’en voir le cui bono.
Ils appliquent à l’envoi que D ieu a fait de fon fils
pour le falut des hommes, le fameux paffage d’Horace..
Nec Deus interfit, niß dignus viïldicé nodus
Incident.
Si on leur répond qu’il ne falloit pas moins que le
fang d’un Dieu-homme pour expier nos péchés &
pour nous racheter, ils demandent pourquoi Dieu
a eu beloin de cette incarnation, & pourquoi au-lieu
d’abandonner aux douleurs, à l ’ignominie & à la mort
fon fils Dieu*, égal & eonfubftantiel à lui, il n’a pas.
au contraire changé le coeur de tous les hommes, ou
plutôt pourquoi il n’a pas opéré de toute éternité
leur fanâifieation par une feule volition.
, Ils difent que cette derniere économie s’accorde
mieux avec les idées que nous avons de la puiftance,
de la fageffe & de la bonté infinies de Dieu.
Que l’hypothefe de l’incarnation confond & obf-
curcit toutes ces idées, & multiplie les difficultés au<-
lieu de les réfoudre.
Les Catholiques & les Proteftans leur oppofent
avec raifon tous les textes de l’Ecriture; mais les
Unitaires foutiennent au contraire, que fi on fe fût
arrêté au feul nouveau Teftament, on n’auroit point
feit de J . C. un Dieu. Pour confirmer cette opinion.,
ils citent un paffage très-fingulier d’Eufebe, Hiß. te-
clef. I. /. c. ij. où ce pere dit ? « qu’ il eft abfürde &
„ contre toute raifon ,-quê la nàture non engendrée
„ & immuable du Dieu tout-puiffant, prenne la for-
„ me d’un horfufie, & qùê i'Ecfiture forgé de pàrèil-
» les fauffetés ».
A ce paffage ils eh joighent deux autres höh moins
étranges; l ’un dé Jufon thartyt; Sfe l’àntrê dé Tèrtullien,
qui difent la même chofe. ( ƒ )
St on objeôe. aux Sociniens que J. C. eft appelle
Dieu dans les faintes lettres., ils répondent que ce
n’eft quepar métaphore ,•& à raifon de la grande puif-
lance dont le Pere l’a revêtu.
Que ce mot Dieu fe prend dans l’ Ecriture en deux
maniérés ; la première pour le grand& unique Dieu^
& la fécondé pour celui qui a reçu de cet être fuprè-
me une autorité ou une vertu extraordinaire, ou
qui participe en quelque maniéré aux perfe&ions de
la divinité.
Que c’ eft dans ces derniers fens qu’on dit quelquefois
dans l’Ecriture que J. C. eft D ieu , quoi qu’il ne
foit réellement qu’un fimple homme qui n’a point
exifté avant fa naiffance, qui a été conçu à la maniéré
des autres hommes, & non par l’opération du
S. Efprit, qui* n’eft pas une perfonne divine,mais
feulement la vertu & l’efficacité de D ie u , &c.
Socin anéantit enfuite la rédemption de J. C. &
réduit ce qu’il a fait pour les hommes à leur avoir
donné des exemples de vertus héroïques ; mais ce
qui prouve fur-tout le peu de refpeâ qu’il avoit pour
le nouveau Teftament, c’eft ce qu’il dit fur la fatis-
foôion de J. C. dans un de fes ouvrages adreffé à un
théologien. « Quand l’opinion de nos adverfaires,
» dit-il,. fe trouveroit é crite, non pas une feule fois,
» mais, fouvent dans les écrits facrés, je ne croirois
» pourtant pas que la chofe v a comme vous pen-
» fe z ; car comme cela eft impoffible, j’interprète^
» rois les paffages en leur donnant un fens coromo-
» d e , comme je fais avec les autres en pUiûeurs
» autres paffages de I’Ecfiture ».
Voyei ce que les Catholiques oppofent aux argu*
mens de ces hérétiques, fous les mots Incarnation^
Rédemption & Satisfaction.
VII. Septième pas. Sur la difcipline eccléfiaftique.
la politique & la morale , les Unitaires ont avancé
des opinions qui ne font ni moins fingulieres, ni
moins hétérodoxes, & qui jointes à ce qui précédé,
achèveront de faire voir ( on ne peut trop le répéte
r ) , qu’ en partant comme eux de la réje&ion d’une
autorité infailible en matière de fo i , & en fou*
mettant toutes les doctrines religieufes au tribunal
de la raifon, on marche dès ce moment à grands pas
vers le déifme; mais ce qui eft plustrifté encore,
c’eft que le déifme n’ eft lui-même, quoi qu’en puif-
fent dire fés apologiftes, qu’une religion inconfé*
guente, & que vouloir s’y arrêter, c?eft errer incon*
fequemment, & jetter l’ancre dans des fables mou-
vans : c’eft ce qu’ il me feroit très-facile de démontrer
fi c’en étoit ici le lieu-, mais il vaut mieux, fuivre
nos fe&aires, & achever le tableau de leurs erreurs
théologiques, en expofant leurs fentimens fur les
points qui font le fujet de cet article.
Ils difent qu’il y a dans tous les états chrétiens,
un vice politique qui a été jufqu’à préfent pour eux
une fource intarissable de maux & de défordres de
toute efpece.
Que les funeftes effets en deviennent de jour en
jour plus fenfibles ; & que tôt ou tard il entraînera
infailliblement la ruine de eés empires, fi les fouve-
rains n e fe hâtent de le détruire.
Que ce vice eft le pouvoir ufurpé & par conféquent
injufte des eçcléfiaftiques, qui foifant dans chaque
état un cofps à part qui a fes lois, fes privilèges, »
policé, & quelquefois fon chef particulier, rompent
par cela meme cette union de toutes les forces & de
routes les volontés qui doit être le caraâere diftme-
tif dè toute fociété politique bien co'nftituée, & m*
troduifent réellement deux maîtres au lieu d’un.
Qu’il eft-facile de Voir combien un pareil gouver*
( f ) Voy'e^ Jüftin, martyr, dial, cura Trypfion.&c Tertulliety
adv. Prax. cap. i6.
nement eft v ic ieu x , & contraire même au paûe fondamental
d’une affociation légitime.
Que plus le mal qui en réfulte eft fenfible, plus
on a lieu de s’étonner y que les fouverains qui font
encore plus intéreffés que leursfujetsà en arrêter les
progrès rapides , n ’aient pas fecoué il y a long-tems
le joug de cette puiffance facerdotale qui tend fans
ceffe à tout envahir.
Que pour e u x , fans ceffe animés de l’amour de la
vérité & du bien public , malgré les perfécutions
cruelles dont cet amour les a rendus fi fouvent les
viftimes, ilsoferont établir fur cette, matière fi importante
pour tous les hommes en général, lin petit
nombre de principes, qui en affermiffant les droits
& le pouvoir trop long-tems divifés, & par conféquent
affoiblis des fouverains, de quelque maniéré
qu’ils foient repréfentés, ferviront en même tems à
donner aux différens corps politiques un fondement
plus folide & plus durable. Après ce préambule fin-
gulier , nos fe&aires entrent auffi-tôt en matière ,
pofent pour principe, qu’une réglé fûre , invariable,
& dont ceux qui, dans un gouvernement quelconque
, font revetus légitimement dé la fouveraineté,
ne doivent jamais s’écarter, fous quelque prétexte
que ce foit ; c’eft celle que tous les philofophes lé-
giflateurs ont regardée avec raifon, comme la loi
fondamentale de toute bonne politie, & que Cicéron
a exprimée en ces termes : Salus populi fupre-
ma lex «/?, le falut du peuple eft la fuprème loi.
Que de cette maxime inconteftable , & fans l’ob-
fervation de laquelle tout gouvernement eft injufte,
tyrannique, & par cela même, fujet à des révolutions
; il réfulte :
i° . Qu’il n’y a de doftrine religieufe véritablement
divine & obligatoire, & de morale réellement
bonnes, que celles qui font utiles à la fociété politique
à laquelle on les deftine ; & par conféquent que
toute religion & toute morale qui tendent chacune,
fuivant fon efprit & fa nature, d’une maniéré auffi
direfte qu’efficace,au but principal que doivent avoir
tous les gouvernemens c iv ils, légitimes , font bonnes
& révélées en ce fens, quels qu’en loient d’ailleurs
les principes.
2°. Que ce qu’on appelle dans certains états la
parole de Dieu , ne doit jamais être que la parole de
la loi, ou fi l’on veut l’expreffion formelle de la v o lonté
générale ftatuant fur un objet quelconque.
3. • Qu’une religion qui prétend être la feule
vraie , eft par cela même, mauvaife pour tous les
gouvernemens, puifqu’elle eft néceffairement into-
lerantepar principe.
4 • Que les difputes frivoles des Théologiens n’ étant
fi fouvent funeftes aux états où elles s’élèvent,
que parce qu’on y attache trop d’importance , &
?n s’imagine fauffement que la caufe de Dieu y
eft intéreffée ; il eft de la prudence & de la fagefïe
. corps légiflatif, de ne pas foire la moindre attention
à ces querelles, & de laiffer aux eccléfiaftiqiies,
amfi qu’à tous les fujets, la liberté de fervir D ie u ,
félon les lumières de leur confcience.
De croire & d’écrire ce qu’ils voudront fur la
religion, la politique & la morale.
U attaquer même les opinions les plus anciennes.
De propofer au fouverairt l’abrogation d’une loi
5Ul eur paroîtra injufte ou préjudiciable en quelque
° D T5' ^ e.n k communauté.
el éclairer fur les moyens de perfeftionner la lé-
S1 ation, & de prévenir les ufurpations du gouver-
*îes fujets. ,
De fe plaindre hautement des malverfations & c!
l °me XV II\
la tyrannie des magiftrats , & d’en demander Iadé-
pofition ou la punition, félon l’exigence des cas.
En un mot, quil eft de l’equité du fouverain de
ne gêner en rien la liberté des citoyens qui ne doivent
être fournis qu’aux lois, & non au caprice aveugle
d’une puiffance exécutrice &c tyrannique.
5°. Que pour ôter aux prêtres l’autorité qu’ils ont
ufurpée, & arracher pour jamais de leurs mains le
glaive encore fanglant de la fuperftition & du fona-
tifme, le moyen le plus efficace eft de bien perfua-
der au peuple.
Qu’il n’y a aucune religion bonne exclufivement.
Que le culte le plus agréable à D ie u , fi toutefois
Dieu en peut exiger des hommes, eft l’obéiffance
aux fois de l’état.
Que les véritables faints font les bons citoyens,
& que les gens fenfés n’ en reconnoîtront jamais d’autres.
Qu’il n’y a d’impies envers les dieux, que les in-
fratteurs du contrat focial.
En un mot , qu’il ne doit regarder , refpefter &
aimer la religion quelle qu’elle fo it, que comme une
pure inftitution de police relative, que le fouverain
peut modifier, changer v& même abolir d’un inftant
à l’autre , fans que le prétendu folut fpirituel des fujets
foit pour cela en danger. C ’eft bien ici qu’on
doit dire que la fin eft plus excellente que les moyens:
mais fuivons.
6°. Que les privilèges & les immunités des ecclé*
fiaftiques étant un des abus: les plus pernicieux qui
puiffent s’introduire dans un état ; il eft de l’intérêt
du fouverain, d’ôter fans aucune reftri&ion ni limitation
ces diftinôions choquantes, & ces exemptions
accordées par la fuperftition dans des fiecles de
ténèbres, & qui tendentdire&ement à la divifion de
l’empire. Vjye^ les lettres ne répugna te %eflro bono.
7°. Enfin, que le célibat des prêtres, des moines,
& des autres miniftres de la religion, ayant caufé
depuis plufieurs fiecles, & caufant tous les jours des
maux effroyables aux états, où il eft regardé comme
d’inftitution divine , & en tant que tel ordonné par
le prince ; on ne peuMrop fe hâter d’aboHr cette
loi barbare & deftru&rice de toute fociété civile
vifiblement contraire au but de fa nature, puifqu’elle
l’eft à la propagation de l’efpece, & qui prive in-
juftement des êtres fenfibles, du plaifir Je plus doux
de la vie , & dont tous leurs fens les avertiffent à
chaque inftant qu’ils ont le droit, la force & le defir
de jouir. Voye^ Célibat & Population.
> Que les avantages de ce plan de légiflation font
évidens pour ceux dont les vues politiques vaftes &
profondes , ne fe bornent pas à fuivre fervilement
celles de ceux qui les gouvernent.
Qu’il feroit à fouhaiter pour le bien de l’humanité,
que les fouverains s’empreflaffent de le fuivre, & de
prévenir par ce nouveau fyftème d’adminiftration
les malheurs fans nombre & les crimes de toute efpece
, dont le pouvoir tyrannique des prêtres & les
difputes de religion ont été fi fouvent la caufe, principalement
depuis l’établiffement du chriftianifme
&c.
D ’autres unitaires moins hardis à la tête defquels
eft Sooin, ont fur la difcipline & la morale des idées
fort différentes : ceux-ci fe contentent de dire avec
leur chef:
Qu’il n’eft pas permis à un chrétien de foire la
guerre, ni même d’y aller fous l ’autorité & le commandement
d’un prince, ni d’employer l ’affiftance
du magiftrat pour tirer vengeance d’une injure qu’on
a reçue.
Que foire la guerre, c’eft toujours mal foire, &
agir contre le précepte formel de J. C.
Que J . C. a défendu les fermens qui fe font en particulier
, quand même ce feroit pour affurer des cho-
D d d ij